Galerie Payenne, il est 15 heures. Ce centre d’art jadis, devenu un quartier général de la couture et de l’habillement se trouve en plein cœur du marché Sandaga. Il est très fréquenté par la gent féminine. D’incessants va et vient sont notés entre les tailleurs et les vendeurs de tissus établis sur les lieux, en cet après-midi de samedi. L’ambiance est aussi rythmée par le bruit des machines à coudre. Dans un contexte de préparatifs de la fête de la Korité, l’endroit grouille de monde plus que d’habitude. Les clients viennent, qui pour récupérer leurs habits, d’autres pour faire leurs commandes. Selon Mor Wade, un tailleur installé à la galerie Payenne depuis au moins une dizaine d’année, le décor est le même, en ces veilles de fête : « pendant les fêtes de tabaski et de Korité, c’est toujours comme ça : les clients sont nombreux. C’est des habitués des lieux pour la plupart, mais il y a d’autres qui viennent pour la première fois, juste pour l’occasion », explique-t-il. Dans son atelier, sont exposés des habits en modèle traditionnel, prêts à être livrés à leurs propriétaires. D’autres clientes par contre n’ont pas encore ce plaisir de partir avec leurs commandes. Comme en témoigne cette dame, la quarantaine, croisée à l’entrée de la galerie Payenne : « le couturier m’avait donné rendez-vous, cet après-midi. Malheureusement, il n’a pas respecté ses engagements, il vient juste de couper le tissu, il ne l’a pas encore cousu ; je suis obligée de revenir demain », dit-elle avec la déception qui se lit sur son visage. Dans cet autre atelier de couture, le décor est le même. Quatre femmes sont installées sur les chaises. Une autre, debout, se fait prendre ses mesures, tout en expliquant au tailleur le modèle qu’elle veut. C’est un véritable dialogue de sourds qui s’est installé entre les clients et le gérant de cet atelier. Selon ce dernier, « les clientes sont très exigeantes et ne sont pas parfois compréhensibles. Et ce qui pose problème surtout, c’est qu’elles attendent le dernier moment pour venir se faire confectionner des habits. Et comme ce sont nos fidèles clientes, on ne peut pas les retourner », souligne Dame. Mais ces propos sont rapidement battus en brèche par sa cliente Wouly Seck, selon qui les propos de ce tailleur sont « juste des arguments pour se dédouaner, parce que c’est eux (les couturiers) qui prennent trop de commandes dans l’unique but de se remplir les poches, alors que le délai d’ici la Korité est très court. » Les vendeurs de tissus, qui partagent le même site que les couturiers, ne chôment pas, eux non plus. Leurs tables, qui font office d’étals, sont remplies de tissus de divers genres et qui s’adaptent à l’occasion qui est la fête de la Korité. «En général, je vends des tissus (super cent) pour pantalons ou vestes. Mais ces temps-ci, ce sont les tissus pour habits traditionnels qui marchent mieux. Alors, je m’adapte à la demande », explique Gora Diaw. Ces vendeurs de tissus, qui confirment que les clients attendent les derniers jours avant la fête pour s’approvisionner, jouent parfois le rôle d’intermédiaires entre les clients et les tailleurs. « Des clients hésitent parfois à acheter des tissus à moins d’une semaine, de peur que leurs habits ne soient pas cousus avant la fête. Mais je les rassure et leur propose des tailleurs qui peuvent leur confectionner leurs habits dans les délais ». Il faut noter qu’à la galerie Payenne, ce réputé centre de couture du marché Sandaga, les clients ne se font pas désirer. Cependant, les tailleurs sont sommés de respecter leurs engagements et de livrer les commandes à temps, sous peine de s’attirer d’interminables disputes des femmes, qui ne demandent qu’à être belles le jour de la Korité. Ce, à tout prix.
FAWADAWELLE
(Stagiaire)
Le Pays au Quotidien
FAWADAWELLE
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