C’est sous une pluie battante que les Présidents sénégalais Ab-doulaye Wade et libérien Ellen Johnson Sirleaf ont foulé le sol de l’aéroport de Conakry-Gbessia samedi dernier. Les deux chefs d’Etat sont arrivés dans la capitale guinéenne à bord du même aéronef. En effet, le Président Wade avait tenu à amener dans ses bagages son homologue du Liberia. C’est ainsi qu’il était allé lui-même chercher Ellen Johnson Sirleaf à Monrovia. Aussi, au retour, l’avion présidentiel sénégalais l’a ramenée dans son pays avant de faire cap sur Dakar.
Il faut dire que le Président sénégalais n’a pas lésiné sur les moyens pour son déplacement sur Conakry. Deux avions ont été affrétés. Le premier avion qui transportait les membres de la très forte délégation sénégalaise était arrivée à Conakry deux heures avant l’avion des deux chefs d’Etat visiteurs. A noter un petit incident à l’aéroport de Conakry, à l’arrivée des deux chefs d’Etat. Abdoulaye Wade et Ellen Johnson ont refusé de descendre de leur avion pour être accueillis par le numéro deux de la junte, ministre de la sécurité, Mamadou Ba Camara dit «Toto». Ils ont exigé la présence de Moussa Dadis Camara à la coupée de l’avion. Et l’homme fort de Conakry de rappliquer illico presto.
Moussa Dadis Camara avait voulu mettre les petits plats dans les grands. C’est ainsi que de nombreux bus de la société de transport public de la capitale ont été mobilisés pour convoyer les militants dans différents quartiers de Conakry. Les jeunes gens transportés par exemple à Kaloma devant le siège du journal satirique Lynx étaient rétribués à hauteur de 20 000 francs guinéens (environ 2 000 francs Cfa) et de t-shirt. D’autres bus venaient notamment de Fria, Dibreka, Horoya etc. pour prendre d’assaut l’esplanade du Palais du Peuple où se tenait l’accueil. Ellen Johnson Sirleaf s’est montrée plus ou moins circonspecte déclarant simplement «nous sommes là pour obtenir des informations, savoir comment les choses se passent en Guinée».
En revanche, le Président Wade ne s’est pas retenu. Il a médusé de nombreux Guinéens qui voyaient en la visite une mission de bons offices de l’Union Africaine de la Cedeao ou de la France qui ont manifesté leur hostilité à une candidature du chef de la junte guinéenne à l’élection présidentielle prévue en janvier 2010. Abdoulaye Wade dira à la presse guinéenne : «Vous savez, nous sommes des voisins des Guinéens, nous sommes des parents. Dadis c’est mon fils... » Il insiste : «Moussa Dadis Camara est mon fils spirituel. Je veux vous dire une chose, c’est que nous, nous n’avons pas l’habitude de nous immiscer dans les affaires intérieures des autres pays. Je suis un père, un conseiller, mais je ne peux pas me mêler dans les affaires intérieures de la Guinée mais le Président Camara est populaire.» Me Wade promet à son hôte de se faire son avocat auprès de la communauté internationale. «Je me fais le devoir d’expliquer à la communauté internationale que Moussa Dadis Camara est populaire. Je demande d’ailleurs à mon équipe de télévision de filmer cet accueil que je vais montrer à la communauté internationale.»
Le chef de l’Etat de faire un bilan élogieux de Moussa Dadis Camara notamment en matière de bonne gouvernance et de lutte contre les narcotrafiquants. Cette sortie du Président Wade a heurté la classe politique guinéenne dans son soutien à Moussa Dadis Camara. «Il est allé trop loin et la popularité dont il parle nous coûte très cher», indique un responsable du parti de l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo. D’ailleurs, au moment où se tenait l’accueil populaire réservé aux chefs d’Etat sénégalais et libérien, des militaires faisaient irruption au siège du parti de Cellou Dalein Diallo, l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg) pour tabasser les personnes massées sur les lieux et qui attendaient leur leader qui était en séjour à Paris et à Dakar. Cinq femmes ont été blessées suite aux affrontements et dénudées de leurs habits portant l’effigie de l’ancien Premier ministre.
De toute façon, Me Abdoulaye Wade, a particulièrement insisté sur la paix et l’unité nationales qui ont fait de la Guinée un îlot de stabilité dans la sous-région ouest africaine. Il a exhorté les Guinéens à travailler pour le renforcement de cette unité nationale. «Le Sénégal n’a rien, la Guinée a tout. Donc la Guinée peut faire dix mille fois mieux que le Sénégal», a déclaré le Président Wade. Le chef de l’Etat sénégalais a pris des engagements fermes de défendre la Guinée au niveau de toutes les institutions panafricaines et internationales. Ceci, pour épargner à ce pays, toute sanction dont le poids pourrait exacerber la crise qu’elle connaît depuis un certain temps. Il a promis d’envoyer à l’Union africaine la bande vidéo du meeting que filmaient ses cameramen.
Pour sa part, le chef de la junte guinéenne a remis son disque «Papa Wade» : «Je ne suis pas Président devant le Président Wade. C’est comme notre mère, notre sœur Ellen Jonhson Sirleaf. Je ne me considère pas Président devant eux... Mais devant d’autres chefs d’État, je me considère comme Président, car j’incarne une Nation... », a notamment dit le président du Cndd.
Après leur accueil à l’aéroport de Conakry, les Présidents libérien et sénégalais ont assisté à une mamaya de soutien à la candidature de Dadis, organisée à l’occasion de leur visite par des femmes proches de la junte. Les entretiens avec le chef de la junte se sont déroulés aux Cases de Belle Vue.
Selon le communiqué final qui a sanctionné la visite de ces deux chefs d’État, c’est «dans le cadre des consultations périodiques» que les Présidents Wade Sirleaf ont effectué la visite de ce 12 septembre.
mdiagne@lequotidien.sn
Il faut dire que le Président sénégalais n’a pas lésiné sur les moyens pour son déplacement sur Conakry. Deux avions ont été affrétés. Le premier avion qui transportait les membres de la très forte délégation sénégalaise était arrivée à Conakry deux heures avant l’avion des deux chefs d’Etat visiteurs. A noter un petit incident à l’aéroport de Conakry, à l’arrivée des deux chefs d’Etat. Abdoulaye Wade et Ellen Johnson ont refusé de descendre de leur avion pour être accueillis par le numéro deux de la junte, ministre de la sécurité, Mamadou Ba Camara dit «Toto». Ils ont exigé la présence de Moussa Dadis Camara à la coupée de l’avion. Et l’homme fort de Conakry de rappliquer illico presto.
Moussa Dadis Camara avait voulu mettre les petits plats dans les grands. C’est ainsi que de nombreux bus de la société de transport public de la capitale ont été mobilisés pour convoyer les militants dans différents quartiers de Conakry. Les jeunes gens transportés par exemple à Kaloma devant le siège du journal satirique Lynx étaient rétribués à hauteur de 20 000 francs guinéens (environ 2 000 francs Cfa) et de t-shirt. D’autres bus venaient notamment de Fria, Dibreka, Horoya etc. pour prendre d’assaut l’esplanade du Palais du Peuple où se tenait l’accueil. Ellen Johnson Sirleaf s’est montrée plus ou moins circonspecte déclarant simplement «nous sommes là pour obtenir des informations, savoir comment les choses se passent en Guinée».
En revanche, le Président Wade ne s’est pas retenu. Il a médusé de nombreux Guinéens qui voyaient en la visite une mission de bons offices de l’Union Africaine de la Cedeao ou de la France qui ont manifesté leur hostilité à une candidature du chef de la junte guinéenne à l’élection présidentielle prévue en janvier 2010. Abdoulaye Wade dira à la presse guinéenne : «Vous savez, nous sommes des voisins des Guinéens, nous sommes des parents. Dadis c’est mon fils... » Il insiste : «Moussa Dadis Camara est mon fils spirituel. Je veux vous dire une chose, c’est que nous, nous n’avons pas l’habitude de nous immiscer dans les affaires intérieures des autres pays. Je suis un père, un conseiller, mais je ne peux pas me mêler dans les affaires intérieures de la Guinée mais le Président Camara est populaire.» Me Wade promet à son hôte de se faire son avocat auprès de la communauté internationale. «Je me fais le devoir d’expliquer à la communauté internationale que Moussa Dadis Camara est populaire. Je demande d’ailleurs à mon équipe de télévision de filmer cet accueil que je vais montrer à la communauté internationale.»
Le chef de l’Etat de faire un bilan élogieux de Moussa Dadis Camara notamment en matière de bonne gouvernance et de lutte contre les narcotrafiquants. Cette sortie du Président Wade a heurté la classe politique guinéenne dans son soutien à Moussa Dadis Camara. «Il est allé trop loin et la popularité dont il parle nous coûte très cher», indique un responsable du parti de l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo. D’ailleurs, au moment où se tenait l’accueil populaire réservé aux chefs d’Etat sénégalais et libérien, des militaires faisaient irruption au siège du parti de Cellou Dalein Diallo, l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg) pour tabasser les personnes massées sur les lieux et qui attendaient leur leader qui était en séjour à Paris et à Dakar. Cinq femmes ont été blessées suite aux affrontements et dénudées de leurs habits portant l’effigie de l’ancien Premier ministre.
De toute façon, Me Abdoulaye Wade, a particulièrement insisté sur la paix et l’unité nationales qui ont fait de la Guinée un îlot de stabilité dans la sous-région ouest africaine. Il a exhorté les Guinéens à travailler pour le renforcement de cette unité nationale. «Le Sénégal n’a rien, la Guinée a tout. Donc la Guinée peut faire dix mille fois mieux que le Sénégal», a déclaré le Président Wade. Le chef de l’Etat sénégalais a pris des engagements fermes de défendre la Guinée au niveau de toutes les institutions panafricaines et internationales. Ceci, pour épargner à ce pays, toute sanction dont le poids pourrait exacerber la crise qu’elle connaît depuis un certain temps. Il a promis d’envoyer à l’Union africaine la bande vidéo du meeting que filmaient ses cameramen.
Pour sa part, le chef de la junte guinéenne a remis son disque «Papa Wade» : «Je ne suis pas Président devant le Président Wade. C’est comme notre mère, notre sœur Ellen Jonhson Sirleaf. Je ne me considère pas Président devant eux... Mais devant d’autres chefs d’État, je me considère comme Président, car j’incarne une Nation... », a notamment dit le président du Cndd.
Après leur accueil à l’aéroport de Conakry, les Présidents libérien et sénégalais ont assisté à une mamaya de soutien à la candidature de Dadis, organisée à l’occasion de leur visite par des femmes proches de la junte. Les entretiens avec le chef de la junte se sont déroulés aux Cases de Belle Vue.
Selon le communiqué final qui a sanctionné la visite de ces deux chefs d’État, c’est «dans le cadre des consultations périodiques» que les Présidents Wade Sirleaf ont effectué la visite de ce 12 septembre.
mdiagne@lequotidien.sn