Il ne faut pas attendre d'embellie sur le front de l'emploi avant l'année prochaine, prévient l'OCDE. Le rapport annuel 2012, présenté ce mardi, dresse un sombre panorama du chômage qui touche 48 millions de personnes dans les pays riches, soit 15 millions de plus qu'avant la crise financière de 2008. Le taux, qui a atteint 7,9% en mai, ne baissera que très progressivement dans la deuxième partie de 2013 autour de 7,7%, après avoir culminé à 8%.
«C'est l'effet du ralentissement généralisé, d'une croissance très molle et même négative dans certains pays et du climat d'incertitude qui pèse sur les décisions d'embauche des entreprises», commente Stefano Scarpetta, directeur de la division emploi et politiques sociales.
Une fois encore, le château de la Muette s'inquiète de la situation des jeunes et du chômage de longue durée. Le taux des sans emplois chez les moins de 25 ans atteint globalement 16%, avec d'importants écarts, de 8% en Allemagne jusqu'à 50% dans le cas de la Grèce et de l'Espagne.
Signe de la faible dynamique des embauches, plus de 40% des personnes privées d'emploi le sont depuis plus d'un an. Plus inquiétant, encore, ils sont 20% à l'être depuis plus de deux ans. Les États-Unis, note l'OCDE, ont connu une hausse sans précédent des chômeurs de longue durée, de 10% en 2007 à 30% début 2012.
Grandes disparités
Le rapport souligne les très grandes disparités entre les pays: un premier groupe doté d'un faible taux de chômage entre 3,5 et 5% comprend l'Australie, l'Autriche, la Corée, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, la Norvège, la Suisse et les Pays-Bas. À noter une très forte baisse en Allemagne, de 8,2% fin 2007 à 5,6% en mai.
À l'inverse, neuf pays affichent des taux à deux chiffres, pour l'essentiel dans la zone euro: France, Espagne, Estonie, Grèce, Irlande, Italie et Portugal. La lanterne rouge revient aux pays du Sud, Espagne et Grèce, où le taux dépasse les 20%. L'OCDE prévoit encore respectivement 25,2% et 21,6% à horizon fin 2013. En cause, l'impact de la crise bancaire et des dettes souveraines. «Le stress sur les marchés financiers couplé aux mesures de consolidation fiscales freine la demande et la création d'emplois en Europe», précise l'OCDE.
Pour enrayer la spirale négative, il faut d'urgence relancer la croissance économique. L'OCDE, à l'instar du message lancé au G20 au Mexique, plaide pour une austérité moins systématique et des mesures de relance pour les pays disposant de marge de manœuvre.
À l'échelle européenne, il faut mettre en application rapidement les décisions prises au sommet européen du 29. «Les politiques publiques d'emploi doivent cibler les populations les plus vulnérables pour éviter le cercle vicieux de baisse des revenus, creusement des inégalités, augmentation de la pauvreté et des tensions sociales», recommande Stefano Scarpetta.
Par Anne Cheyvialle