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Prés de 77 milliards d’échanges entre janvier et février 2022 : Dakar et Bamako «contournent» l’embargo

L’embargo décrété par la Cedeao et l’Uemoa contre le Mali le 09 janvier dernier, est-il réellement appliqué par notre pays ? En tout cas, le Sénégal et le Mali continuent d’entretenir d’intenses relations commerciales puisque notre voisin de l’Est est demeuré notre 1er client du Sénégal à fin février 2022. A cette date, les échanges entre le Mali et le Sénégal se sont élevés à 86,46 milliards de francs contre 76,78 milliards durant la même période de l’année dernière


Rédigé par leral.net le Samedi 4 Juin 2022 à 10:32 | | 0 commentaire(s)|

Prés de 77 milliards d’échanges entre janvier et février 2022 : Dakar et Bamako «contournent» l’embargo
Malgré les sanctions économiques, le Mali demeure le 1er client du Sénégal à fin février 2022. L’embargo décidé en janvier dernier par les dirigeants de la Cedeao n’a pas entamé les relations commerciales entre les deux Etats.

Selon le journal sous-régional spécialisé en économie, Sika Finances, les exportations du Sénégal vers le Mali se sont élevées à 86,46 milliards FCFA sur les deux premiers mois de l’année en cours, contre 76,78 milliards FCFA à la même période de l’année précédente, soit une hausse de 12,61 %, faisant ainsi du Mali le plus gros client de notre pays sur la période, devant la Suisse (66,77 milliards FCFA), l’Inde (53,36 milliards FCFA) et la Chine (39,58 milliards FCFA).

Les exportations vers le Mali ont principalement porté sur les produits pétroliers (+67,3 %), les bouillons et potages (+6,2 %), les poissons de mer (+2,6 %) et la farine de froment (+2 %). En glissement annuel, les exportations ont augmenté de 13,1% (+5,1 milliards) à la faveur des produits pétroliers dont les ventes ont augmenté de 16,7 milliards de frs.

Toutefois, il est à noter qu’à partir du mois de mars 2022, l’embargo de la Cedeao sur le Mali a commencé à produire ses effets sur les cimenteries sénégalaises. C’est ainsi que les ventes de ciment vers ce pays partenaire ont été de nouveau nulles sur la période pour le deuxième mois consécutif. Près de 1000 camions sénégalais transportant surtout du ciment et du matériel de construction (produits non essentiels) sont toujours bloqués à la frontière entre le Sénégal et le Mali.

« Le Mali et le Sénégal ont continué à entretenir des relations commerciales parce que l’embargo n’a pas concerné les produits de première nécessité. Il visait seulement des produits non essentiels comme les armes, le ciment, le matériel de construction » explique une source s’activant sur le corridor routier entre les deux pays.

Cette dernière déplore d’autant plus la continuation de l’embargo que, dans notre sous-région, tout est produit de première nécessité. « Même les couches des bébés sont des produits de 1ère nécessité » ironise-t-elle.

Un impact fort limité des sanctions
Il reste que les sanctions décidées par la Cedeao et l’Uemoa le 09 janvier dernier à Accra, au Ghana, notamment un blocus commercial et le gel des avoirs de l’Etat malien dans les banques centrales des pays de la CEDEAO, ont provoqué une cessation de paiement du Mali qui ne peut plus honorer ses engagements vis-à-vis de la communauté internationale. La situation est d’étant plus sérieuse que, le 15 mars dernier, la Banque mondiale a elle aussi décidé de fermer le robinet.

A cette date, l’institution de Bretton Woods avait décidé de suspendre les décaissements en faveur des projets et programmes qu’elle finance au Mali, en raison de l’accumulation des échéances au titre du service de la dette publique extérieure pendant plus de 45 jours. Le ministre malien de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou, a pour sa part déploré le fait que « tous les transferts de flux financiers et monétaires ont été suspendus par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en application de ces mesures

A l’en croire, « lesdites sanctions économiques et financières ont, notamment, empêché le gouvernement du Mali d’honorer ses engagements au titre du service de la dette publique extérieure ». L’économiste Pape Demba Thiam, ancien de la Banque mondiale, a soutenu dans une tribune qu’il reste sceptique sur l’impact de ces sanctions sur l’économie malienne.

« Ce défaut de paiement était programmé dans la mesure où ce sont les instances régionales comme la Bceao qui ont décidé de dicter des sanctions. Donc, c’est difficile de dire qu’on retient la capacité d’un pays à honorer ses échéances parce qu’on détient son argent en voulant le sanctionner une deuxième fois parque le pays n’a pas honoré ses engagements » indique l’économiste Pape Demba Thiam.

« Je ne suis pas sûr que l’asphyxie du « coup chaos » qui avait été recherché puisse fonctionner dans la mesure où le gouvernement malien a la possibilité de mobiliser ou d’accroître la production d’or et liquider cet or » ajoute-t-il.

Selon l’ancien économiste de la Banque mondiale, l’économie malienne ne va pas chuter, mais va évoluer. « La deuxième chose, c’est qu’aujourd’hui, les investisseurs auraient pu avoir peur de la situation malienne, mais vous savez aussi bien que moi que l’économie de guerre est l’économie où l’on fait le plus d’argent. Il me paraît étonnant que des gens aient pu penser que, depuis le 09 janvier, le Mali devait tomber dans les deux semaines et que le pays est toujours debout. Je crois qu’on est en train d’offrir au Mali la possibilité de réorienter son économie et de l’internaliser avec une densité de flux internes qui soit beaucoup plus importante » explique Pape Demba Thiam
Le Témoin