« Alioune Diop a été l’homme de la rencontre, se souvient l’universitaire Amady Ali Dieng. Il avait réussi à réunir des gens qui avaient des idées tout à fait différentes, non seulement sur le plan politique, mais aussi sur le plan philosophique ou religieux. Alioune Diop n’a pas beaucoup écrit, mais il a permis aux gens d’écrire. Ca prouve une certaine générosité. C’était un homme de rencontre, c’était un homme de dialogue ».
La force de Présence Africaine, c’est d’avoir créé des passerelles entre les uns et les autres.
Sarah Frioux-Salgas, commissaire de l’exposition
« Présence Africaine a permis de donner la parole à tous et dans toutes les langues, explique à RFI Sarah Frioux-Salgas, la commissaire de l’exposition. C’est un fait majeur dans un monde noir qui était transnational et dans une Afrique qui avait été divisée pendant la période coloniale. La force de Présence Africaine, c’est d’avoir créé des passerelles entre les uns et les autres ».
Le projet de Présence Africaine n’est pas apparu ex-nihilo. Quand il émerge au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il prolonge des débats qui ont déjà été ouverts au fil du siècle par d’autres mouvements d’idées, d’autres revues : le panafricanisme d’un Marcus Garvey ou d’un William Edward Burghardt Du Bois, le mouvement «New Negro» apparu aux Etats-Unis, à Harlem, dans les années 20 ou encore la Revue du monde noir fondée en 1931 à Paris par la Martiniquaise Paulette Nardal. « Ces différents mouvements d’idées, explique un des textes de l’exposition, sont issus des échanges entre les noirs d’Afrique, d’Amérique et d’Europe et constituent une culture noire transnationale ».
Le portrait de Nardal est là, au croisement de plusieurs lignes qui courent sur les murs de la première salle. Lignes droites qui relient les images, les dates, les citations… comme pour mettre en réseau les différents éléments. La scénographie de l’exposition se veut à l’image de son objet.
« Parler en tant que représentant d’une civilisation originale »
Les lignes se poursuivent et conduisent jusqu’à une deuxième pièce où l’on découvre d’abord les circonstances de la naissance de Présence Africaine. Alioune Diop est là, à son bureau, en noir et blanc. « L’idée remonte à 1942-43. Nous étions à Paris un certain nombre d’étudiants d’Outre-mer qui (…) nous sommes groupés pour étudier la situation et les caractères qui nous définissaient nous-mêmes », explique-t-il dans une citation extraite du premier numéro de la revue.
Le regard glisse vers une vitrine, et vers cette lettre qui témoigne d’une première tentative, avant Présence. Le projet s’intitule « Découvertes ». Le texte qui le présente date de 1946. Il est notamment signé d’Alioune Diop et de l’anthropologue Georges Balandier : « Nous sommes à Dakar un petit groupe d’amis africains qui songeons à créer un organe de rapprochement entre les uns et les autres. Il ne s’agit pas, une fois de plus, d’une entreprise à caractère politique, mais d’une action sur le plan culturel. L’Afrique française possède dès à présent des moyens d’expression dans l’ordre politique, syndical ou confessionnel. Mais l’Africain doit pouvoir parler en tant que représentant d’une civilisation originale ». Présence Africaine est déjà là, en germe.
rfi
La force de Présence Africaine, c’est d’avoir créé des passerelles entre les uns et les autres.
Sarah Frioux-Salgas, commissaire de l’exposition
« Présence Africaine a permis de donner la parole à tous et dans toutes les langues, explique à RFI Sarah Frioux-Salgas, la commissaire de l’exposition. C’est un fait majeur dans un monde noir qui était transnational et dans une Afrique qui avait été divisée pendant la période coloniale. La force de Présence Africaine, c’est d’avoir créé des passerelles entre les uns et les autres ».
Le projet de Présence Africaine n’est pas apparu ex-nihilo. Quand il émerge au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il prolonge des débats qui ont déjà été ouverts au fil du siècle par d’autres mouvements d’idées, d’autres revues : le panafricanisme d’un Marcus Garvey ou d’un William Edward Burghardt Du Bois, le mouvement «New Negro» apparu aux Etats-Unis, à Harlem, dans les années 20 ou encore la Revue du monde noir fondée en 1931 à Paris par la Martiniquaise Paulette Nardal. « Ces différents mouvements d’idées, explique un des textes de l’exposition, sont issus des échanges entre les noirs d’Afrique, d’Amérique et d’Europe et constituent une culture noire transnationale ».
Le portrait de Nardal est là, au croisement de plusieurs lignes qui courent sur les murs de la première salle. Lignes droites qui relient les images, les dates, les citations… comme pour mettre en réseau les différents éléments. La scénographie de l’exposition se veut à l’image de son objet.
« Parler en tant que représentant d’une civilisation originale »
Les lignes se poursuivent et conduisent jusqu’à une deuxième pièce où l’on découvre d’abord les circonstances de la naissance de Présence Africaine. Alioune Diop est là, à son bureau, en noir et blanc. « L’idée remonte à 1942-43. Nous étions à Paris un certain nombre d’étudiants d’Outre-mer qui (…) nous sommes groupés pour étudier la situation et les caractères qui nous définissaient nous-mêmes », explique-t-il dans une citation extraite du premier numéro de la revue.
Le regard glisse vers une vitrine, et vers cette lettre qui témoigne d’une première tentative, avant Présence. Le projet s’intitule « Découvertes ». Le texte qui le présente date de 1946. Il est notamment signé d’Alioune Diop et de l’anthropologue Georges Balandier : « Nous sommes à Dakar un petit groupe d’amis africains qui songeons à créer un organe de rapprochement entre les uns et les autres. Il ne s’agit pas, une fois de plus, d’une entreprise à caractère politique, mais d’une action sur le plan culturel. L’Afrique française possède dès à présent des moyens d’expression dans l’ordre politique, syndical ou confessionnel. Mais l’Africain doit pouvoir parler en tant que représentant d’une civilisation originale ». Présence Africaine est déjà là, en germe.
rfi