Une après-midi, alors que nous nous apprêtions à nous rendre à la Place de l’Obélisque pour prendre part à une des manifestations que le M23 y organisait depuis quelques temps pour s’opposer à la candidature du président sortant, un collègue et ami de longue date nous dit, sur un ton ferme : « Fais attention ; je t’assure qu’ils ont pris toutes leurs dispositions ! ». Nous lui répondîmes, sur un ton plutôt taquin : « Et après ? » et nous fonçâmes en direction de la place mythique. Mais c’est seulement aujourd’hui, après la débâcle du 25 février et le naufrage du 25 mars, que nous avons saisi toute la signification de l’avertissement de notre ami. Le Sénégal et son peuple ont miraculeusement échappé à l’hécatombe que Wade et ses hommes de main leur réservaient !
Sachant bel et bien que la Constitution, dans son esprit comme dans sa lettre, ne lui permettait pas de se présenter à l’élection présidentielle de 2012, le président sortant avait pris toutes les dispositions pour l’imposer au peuple quelles qu’en pussent être les conséquences. Objectif visé : la pérennisation des Wade au pouvoir.
Pour y parvenir, Wade père a d’abord essayé de propulser Wade fils au-devant de la scène politique en le mettant en bonne position sur la liste du PDS durant les Législatives de 2009. L’idée était d’en faire le maire de la ville de Dakar, de lui donner ensuite les moyens financiers et matériels de s’affirmer aux yeux des Sénégalais avec des réalisations grandioses dans la capitale. Ce tremplin devait donc lui ouvrir le cœur des Sénégalais, lui permettre de vite gravir les échelons et d’être parachuté président du Sénat pour pouvoir mettre le pied droit sur la première marche du Palais de la République bien avant la présidentielle de 2012. Une démission du père ferait vite le reste et le fils terminerait le mandat entamé et en profiterait pour tout verrouiller et « gagner » l’élection.
Mais plus malin que leuk-le-lièvre, le peuple sénégalais a vite fait de flairer le plan de dévolution monarchique du pouvoir. Le fils sera battu dans son propre bureau de vote et fera perdre au PDS presque toutes les grandes villes du pays dont la capitale, Dakar.
Ce plan brisé, Wade père en concocte un autre. Toujours obnubilé par le désir de faire de son fils l’idole, voire le messie, des Sénégalais qu’il prend pour des demeurés nés de la dernière pluie, il lui confie un super-ministère qui gère environ un quart du budget national ! Les belles routes, les jolis ponts et tunnels, l’électricité qui devait courir à flots et éclairer toutes les villes et tous les hameaux du pays étaient censés être les piliers de la nouvelle rampe de lancement de la fusée Karim. Mais, hélas, peut-être par incompétence ou par surcharge, ce dernier accumulera les échecs. Les coupures d’électricité entraîneront des émeutes dans tout le pays et s’inviteront même à la campagne électorale de février-mars 2012 ! Seules quelques routes chèrement payées seront visibles, mais laisseront sur leur faim l’écrasante majorité des Sénégalais gagnés par le désespoir face au chômage, aux pénuries, à la vie chère et aux gaspillages indicibles au plus haut sommet de l’Etat.
La carte de la dévolution du pouvoir de père en fils ayant été déchirée en mille morceaux et jetée sur le feu par le peuple, mais étant aussi très conscient de sa propre impopularité grimpante, Wade joue son va-tout et concocte un autre plan : se faire « réélire » coûte que coûte ! D’abord au rabais par 25% des électeurs ! Pour cela, il active ses députés-robots de la Place Soweto qui se réunissent, le 23 juin 2011, pour voter la fameuse loi ! Mais la réaction du peuple sera brutale, déroutante, humiliante ! Prenant d’assaut l’Assemblée Nationale et prête à marcher sur le Palais présidentiel, le peuple fera reculer le président et sa clique de prédateurs de la démocratie. Pour sauver son fauteuil fortement incliné et vacillant, il implore les hauts dignitaires religieux afin qu’ils intercèdent en sa faveur auprès du peuple surexcité. Il retire dare-dare son projet de loi scélérat qui allait le faire réélire dès le premier tour !
Cette humiliation qui a retenti aux quatre coins du Globe ne réfrénera pourtant point l’ardeur du président ! Son objectif, il y tient : il sera président pour la troisième fois pour trouver ensuite les moyens de céder le fauteuil à son fils ! Maintenant que le plan des 25% est rejeté, le président recourt au pouvoir corrupteur de l’argent, à la répression aveugle et à la tactique du ‘diviser pour régner’ bien chère au colonisateur.
Dans la logique du président, chaque Sénégalais, quel que soit son rang social, a un prix ! Qui va de deux mille francs à deux milliards ! La mise en œuvre de ce plan d’achat systématique des consciences troubles constitue, sans nul doute, la période la plus triste de son magistère. On assiste à une kyrielle de rencontres avec des souteneurs de tout acabit : des marabouts et des Imams qui ont subitement mis une croix sur Dieu et le peuple, des lutteurs vieillissants, des musiciens, des transporteurs, de supposés ‘transhumants’, des enseignants, etc. Des voitures et des mallettes remplies de liesses à chaque déplacement auprès des plus hautes autorités religieuses et coutumières sont visibles et alimentaient les conversations. L’objectif du Maître était d’inciter les prétendus colosses de la société sénégalaise à ‘obliger’ leurs ‘obligés’ à voter pour lui ! Pari presque réussi ! Du moins en surface ! Certains religieux proclameront une neutralité de façade qui n’a convaincu que leurs inconditionnels, d’autres se rangeront carrément derrière lui et l’assurent d’un plébiscite jamais vu sous nos cieux, et d’autres encore le feront en sourdine.
Une partie du peuple profond et libre attendit sagement son heure pour se prononcer… L’autre partie choisit la résistance pour contraindre le sortant à renoncer à sa candidature de trop… Mais c’était sans compter avec un élément inédit dans l’histoire politique du pays : la volonté du chef de confisquer le pouvoir à tout prix ! Pour cela, il compte sur deux hommes-clés pour mettre le peuple au pas ! Ses deux hommes de main feront jouer à la police sénégalaise la plus sale besogne de son histoire : se mettre au service d’un homme assoiffé de pouvoir et prêt à faire faucher des milliers de Sénégalais pour le conserver !
Les renseignements étant formels sur son impopularité, le président, même s’il pensait qu’il pouvait, par miracle, gagner, ne misait en fait que sur la répression aveugle pour conserver le pouvoir. Comme il était convaincu que les leaders de l’Opposition allaient continuer d’exiger le retrait de sa candidature (« Pas d’élection avec Wade » était leur slogan favori), la stratégie était de les pousser à installer le désordre, voire l’anarchie et le chaos, pour repousser la présidentielle et imposer l’Etat d’urgence et se maintenir au pouvoir ! Il savait que cela allait être extrêmement difficile pour lui, mais c’était mieux que d’aller à l’élection pour se faire battre ! Ses attaques virulentes contre la France et les Etats-Unis montrent à quel point il était prêt à tout !
Et nous étions tous, ou presque, tombés dans son piège ! La bataille de la Place de l’Indépendance qu’avait engagée une partie du M23 arrangeait fort bien le président sortant ! Le Commissaire et ses hommes, suréquipés par le ministre en matériels dernier-cri dont ce camion déverseur d’eau chaude, faisaient bien le boulot et il ne lui restait qu’à voir la situation dégénérer pour crier haro sur l’Opposition et déclarer l’Etat d’urgence ! Malheureusement pour lui, certains candidats, sans nul doute informés par des taupes établies dans les couloirs du Palais, déserteront Dakar pour aller battre campagne comme lui. C’est cette réaction inattendue qui a sauvé des milliers de vies humaines, notre Nation et notre démocratie !
Comme nous en avertissait mon ami, oubliant les raisons pour lesquelles il avait été élu, le Maître avait fait prendre toutes les dispositions pour réprimer les opposants et protéger « son » pouvoir, « son » bien!
A un moment donné, le président a même utilisé la terrible carte de la division sociale en activant deux leviers d’une dangerosité extrême ! D’abord, pour appâter les Mourides, il dira que c’est Bamba qui l’a élu président et qu’il ne pouvait pas traiter Touba comme les autres villes religieuses du pays ! Mais si une petite minorité de disciples ont mordu à l’hameçon, il faut saluer la très grande maturité des hautes autorités de la Mouridiya et de la Tijaaniya qui ont déjoué le complot satanique par un silence méprisant qui en disait long sur leur rejet systématique de cette tentative de diviser les descendants d’une même famille ! Le second levier du président, c’est le grattage de la fibre ethnique bien somnolente, voire éteinte chez nous ! Il peut gagner à Kébémer, Idrissa à Thiès, Tanor à Mbour, Niasse à Kaolack, sans problème, mais non Macky à Matam ! Là encore, les Sénégalais, dans une unanimité silencieuse, mais fracassante, lui ont fait comprendre qu’il s’était lourdement trompé de pays ! Le Sénégal n’est pas le Rwanda ! Et au second tour, les Dakarois et les Thiessois l’étrilleront plus sévèrement que les Matamois !
Pourquoi un tel entêtement de la part du président sortant? Ce sont d’abord les délices du pouvoir auquel l’homme voue un amour viscéral. Il pense qu’il est le seul être sur Terre capable de diriger tout ce qui bouge autour de lui : son parti (qui est en train de s’effondrer), son pays, son continent, entre autres sphères. Mais hormis cette soif du pouvoir, après douze années de règne marqué par une gabegie sans précédent, le maître voulait surtout cacher la réalité, c’est-à-dire ce qu’il a fait de peu orthodoxe et de peu glorieux du pouvoir que le peuple lui a confié : la destruction de l’Etat et de tous ses biens ! Il a servi ses amis, sa famille, ses proches, ses souteneurs, à tel point que l’Etat s’en est retrouvé complètement en lambeaux ! Les caisses de l’Etat sont vides (ou plutôt vidées !), des véhicules administratifs emportés, des tableaux et autres objets de décoration arrachés des murs du Palais de la République! Et tous ceux qui ont participé, de près ou de loin, directement ou indirectement, à ce pillage systématique de la Nation, doivent se sentir petits dans leurs souliers ou leurs babouches !
Il faut reconnaître que nous l’avons échappé belle, car les conséquences des différentes manœuvres extraordinaires du président sortant auraient pu être pires si les Sénégalais n’avaient pas été à la hauteur ! Notre Nation est sortie indemne de l’épreuve !
Senghor nous avait pourtant avertis depuis belle lurette…
Pr. Gorgui DIENG
Laboratoire d’Etudes Africaines et Postcoloniales
Département d’Anglais
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar
Sachant bel et bien que la Constitution, dans son esprit comme dans sa lettre, ne lui permettait pas de se présenter à l’élection présidentielle de 2012, le président sortant avait pris toutes les dispositions pour l’imposer au peuple quelles qu’en pussent être les conséquences. Objectif visé : la pérennisation des Wade au pouvoir.
Pour y parvenir, Wade père a d’abord essayé de propulser Wade fils au-devant de la scène politique en le mettant en bonne position sur la liste du PDS durant les Législatives de 2009. L’idée était d’en faire le maire de la ville de Dakar, de lui donner ensuite les moyens financiers et matériels de s’affirmer aux yeux des Sénégalais avec des réalisations grandioses dans la capitale. Ce tremplin devait donc lui ouvrir le cœur des Sénégalais, lui permettre de vite gravir les échelons et d’être parachuté président du Sénat pour pouvoir mettre le pied droit sur la première marche du Palais de la République bien avant la présidentielle de 2012. Une démission du père ferait vite le reste et le fils terminerait le mandat entamé et en profiterait pour tout verrouiller et « gagner » l’élection.
Mais plus malin que leuk-le-lièvre, le peuple sénégalais a vite fait de flairer le plan de dévolution monarchique du pouvoir. Le fils sera battu dans son propre bureau de vote et fera perdre au PDS presque toutes les grandes villes du pays dont la capitale, Dakar.
Ce plan brisé, Wade père en concocte un autre. Toujours obnubilé par le désir de faire de son fils l’idole, voire le messie, des Sénégalais qu’il prend pour des demeurés nés de la dernière pluie, il lui confie un super-ministère qui gère environ un quart du budget national ! Les belles routes, les jolis ponts et tunnels, l’électricité qui devait courir à flots et éclairer toutes les villes et tous les hameaux du pays étaient censés être les piliers de la nouvelle rampe de lancement de la fusée Karim. Mais, hélas, peut-être par incompétence ou par surcharge, ce dernier accumulera les échecs. Les coupures d’électricité entraîneront des émeutes dans tout le pays et s’inviteront même à la campagne électorale de février-mars 2012 ! Seules quelques routes chèrement payées seront visibles, mais laisseront sur leur faim l’écrasante majorité des Sénégalais gagnés par le désespoir face au chômage, aux pénuries, à la vie chère et aux gaspillages indicibles au plus haut sommet de l’Etat.
La carte de la dévolution du pouvoir de père en fils ayant été déchirée en mille morceaux et jetée sur le feu par le peuple, mais étant aussi très conscient de sa propre impopularité grimpante, Wade joue son va-tout et concocte un autre plan : se faire « réélire » coûte que coûte ! D’abord au rabais par 25% des électeurs ! Pour cela, il active ses députés-robots de la Place Soweto qui se réunissent, le 23 juin 2011, pour voter la fameuse loi ! Mais la réaction du peuple sera brutale, déroutante, humiliante ! Prenant d’assaut l’Assemblée Nationale et prête à marcher sur le Palais présidentiel, le peuple fera reculer le président et sa clique de prédateurs de la démocratie. Pour sauver son fauteuil fortement incliné et vacillant, il implore les hauts dignitaires religieux afin qu’ils intercèdent en sa faveur auprès du peuple surexcité. Il retire dare-dare son projet de loi scélérat qui allait le faire réélire dès le premier tour !
Cette humiliation qui a retenti aux quatre coins du Globe ne réfrénera pourtant point l’ardeur du président ! Son objectif, il y tient : il sera président pour la troisième fois pour trouver ensuite les moyens de céder le fauteuil à son fils ! Maintenant que le plan des 25% est rejeté, le président recourt au pouvoir corrupteur de l’argent, à la répression aveugle et à la tactique du ‘diviser pour régner’ bien chère au colonisateur.
Dans la logique du président, chaque Sénégalais, quel que soit son rang social, a un prix ! Qui va de deux mille francs à deux milliards ! La mise en œuvre de ce plan d’achat systématique des consciences troubles constitue, sans nul doute, la période la plus triste de son magistère. On assiste à une kyrielle de rencontres avec des souteneurs de tout acabit : des marabouts et des Imams qui ont subitement mis une croix sur Dieu et le peuple, des lutteurs vieillissants, des musiciens, des transporteurs, de supposés ‘transhumants’, des enseignants, etc. Des voitures et des mallettes remplies de liesses à chaque déplacement auprès des plus hautes autorités religieuses et coutumières sont visibles et alimentaient les conversations. L’objectif du Maître était d’inciter les prétendus colosses de la société sénégalaise à ‘obliger’ leurs ‘obligés’ à voter pour lui ! Pari presque réussi ! Du moins en surface ! Certains religieux proclameront une neutralité de façade qui n’a convaincu que leurs inconditionnels, d’autres se rangeront carrément derrière lui et l’assurent d’un plébiscite jamais vu sous nos cieux, et d’autres encore le feront en sourdine.
Une partie du peuple profond et libre attendit sagement son heure pour se prononcer… L’autre partie choisit la résistance pour contraindre le sortant à renoncer à sa candidature de trop… Mais c’était sans compter avec un élément inédit dans l’histoire politique du pays : la volonté du chef de confisquer le pouvoir à tout prix ! Pour cela, il compte sur deux hommes-clés pour mettre le peuple au pas ! Ses deux hommes de main feront jouer à la police sénégalaise la plus sale besogne de son histoire : se mettre au service d’un homme assoiffé de pouvoir et prêt à faire faucher des milliers de Sénégalais pour le conserver !
Les renseignements étant formels sur son impopularité, le président, même s’il pensait qu’il pouvait, par miracle, gagner, ne misait en fait que sur la répression aveugle pour conserver le pouvoir. Comme il était convaincu que les leaders de l’Opposition allaient continuer d’exiger le retrait de sa candidature (« Pas d’élection avec Wade » était leur slogan favori), la stratégie était de les pousser à installer le désordre, voire l’anarchie et le chaos, pour repousser la présidentielle et imposer l’Etat d’urgence et se maintenir au pouvoir ! Il savait que cela allait être extrêmement difficile pour lui, mais c’était mieux que d’aller à l’élection pour se faire battre ! Ses attaques virulentes contre la France et les Etats-Unis montrent à quel point il était prêt à tout !
Et nous étions tous, ou presque, tombés dans son piège ! La bataille de la Place de l’Indépendance qu’avait engagée une partie du M23 arrangeait fort bien le président sortant ! Le Commissaire et ses hommes, suréquipés par le ministre en matériels dernier-cri dont ce camion déverseur d’eau chaude, faisaient bien le boulot et il ne lui restait qu’à voir la situation dégénérer pour crier haro sur l’Opposition et déclarer l’Etat d’urgence ! Malheureusement pour lui, certains candidats, sans nul doute informés par des taupes établies dans les couloirs du Palais, déserteront Dakar pour aller battre campagne comme lui. C’est cette réaction inattendue qui a sauvé des milliers de vies humaines, notre Nation et notre démocratie !
Comme nous en avertissait mon ami, oubliant les raisons pour lesquelles il avait été élu, le Maître avait fait prendre toutes les dispositions pour réprimer les opposants et protéger « son » pouvoir, « son » bien!
A un moment donné, le président a même utilisé la terrible carte de la division sociale en activant deux leviers d’une dangerosité extrême ! D’abord, pour appâter les Mourides, il dira que c’est Bamba qui l’a élu président et qu’il ne pouvait pas traiter Touba comme les autres villes religieuses du pays ! Mais si une petite minorité de disciples ont mordu à l’hameçon, il faut saluer la très grande maturité des hautes autorités de la Mouridiya et de la Tijaaniya qui ont déjoué le complot satanique par un silence méprisant qui en disait long sur leur rejet systématique de cette tentative de diviser les descendants d’une même famille ! Le second levier du président, c’est le grattage de la fibre ethnique bien somnolente, voire éteinte chez nous ! Il peut gagner à Kébémer, Idrissa à Thiès, Tanor à Mbour, Niasse à Kaolack, sans problème, mais non Macky à Matam ! Là encore, les Sénégalais, dans une unanimité silencieuse, mais fracassante, lui ont fait comprendre qu’il s’était lourdement trompé de pays ! Le Sénégal n’est pas le Rwanda ! Et au second tour, les Dakarois et les Thiessois l’étrilleront plus sévèrement que les Matamois !
Pourquoi un tel entêtement de la part du président sortant? Ce sont d’abord les délices du pouvoir auquel l’homme voue un amour viscéral. Il pense qu’il est le seul être sur Terre capable de diriger tout ce qui bouge autour de lui : son parti (qui est en train de s’effondrer), son pays, son continent, entre autres sphères. Mais hormis cette soif du pouvoir, après douze années de règne marqué par une gabegie sans précédent, le maître voulait surtout cacher la réalité, c’est-à-dire ce qu’il a fait de peu orthodoxe et de peu glorieux du pouvoir que le peuple lui a confié : la destruction de l’Etat et de tous ses biens ! Il a servi ses amis, sa famille, ses proches, ses souteneurs, à tel point que l’Etat s’en est retrouvé complètement en lambeaux ! Les caisses de l’Etat sont vides (ou plutôt vidées !), des véhicules administratifs emportés, des tableaux et autres objets de décoration arrachés des murs du Palais de la République! Et tous ceux qui ont participé, de près ou de loin, directement ou indirectement, à ce pillage systématique de la Nation, doivent se sentir petits dans leurs souliers ou leurs babouches !
Il faut reconnaître que nous l’avons échappé belle, car les conséquences des différentes manœuvres extraordinaires du président sortant auraient pu être pires si les Sénégalais n’avaient pas été à la hauteur ! Notre Nation est sortie indemne de l’épreuve !
Senghor nous avait pourtant avertis depuis belle lurette…
Pr. Gorgui DIENG
Laboratoire d’Etudes Africaines et Postcoloniales
Département d’Anglais
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar