Point d'orgue de la transition engagée il y a plus d'un an sous l'égide de l'armée, la première élection présidentielle libre et ouverte de l'histoire égyptienne s'est ouverte ce mercredi dans un climat d'extrême confusion et de tension latente. D'ici à jeudi soir, plus de 51 millions d'électeurs sont appelés à départager 12 candidats. Si aucun d'entre eux n'atteint la barre des 50 %, un second tour se tiendra les 16 et 17 juin. C'est alors seulement, sauf événement imprévu, que le Conseil suprême des forces armées (CSFA) remettra ses pouvoirs à la nouvelle autorité civile, avant de regagner ses casernes.
Limpide sur le papier, le scénario du scrutin n'en est pas moins passablement nébuleux dans les faits. Si cinq candidats semblent s'être détachés du lot durant la campagne, l'absence de sondages fiables obère toute tentative d'évaluer leur poids respectif. De plus, 60 % des Égyptiens affirmaient ces derniers jours ne pas encore avoir choisi leur candidat. Une incertitude qui, à l'approche du vote, a semblé alimenter une certaine fébrilité parmi les candidats comme au sein de l'armée.
Démonstrations de force
Le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, compte évidemment parmi les favoris. Malgré son peu de charisme, il devrait pouvoir s'appuyer sur le socle électoral de la confrérie qui, grâce à son implantation locale, a réuni plus de 40 % des voix lors des élections législatives. Il devra toutefois compter avec la concurrence d'Abdel Moneim Aboul Fotouh, un islamiste qui se présente comme «libéral» et a su rassembler sur son nom des militants d'extrême gauche comme des salafistes ultraconservateurs. Les deux hommes ont multiplié ces derniers jours les démonstrations de force, organisant notamment des meetings géants dans le centre du Caire.
Dans le camp «laïque», l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a longtemps semblé faire la course en tête, fort d'une popularité acquise du temps où, ministre des Affaires étrangères de Moubarak, il avait ouvertement critiqué Israël. Tout comme l'ex-général Ahmed Chafiq, bref premier ministre de Moubarak durant la révolution, il courtise le vote copte et en appelle à tous ceux qui redoutent la mainmise des islamistes sur tous les leviers du pouvoir. Une stratégie que les Frères musulmans cherchent à contrecarrer en rappelant que les deux hommes ont, en leur temps, servi l'ancien régime.
Enfin, le candidat «nassérien» Hamdine Sabahi se présente comme le «candidat des pauvres» et affirme être le seul véritable défenseur des acquis de la révolution.
L'armée, qui s'est officiellement refusée à intervenir dans la campagne, a promis une élection «honnête» et «transparente» et s'est engagée à en respecter le résultat. Ces derniers jours, toutefois, plusieurs concurrents ont mis en garde contre des risques de fraude. «Les Frères musulmans laissent entendre qu'ils contesteront les résultats dans la rue si leur candidat n'est pas en tête du premier tour», s'inquiète Hamdy Rizk, directeur de l'hebdomadaire proche du pouvoir el-Mussawar. D'ores et déjà, les observateurs du Centre Carter ont dénoncé des entraves à leur mission.
Par Cyrille Louis
Limpide sur le papier, le scénario du scrutin n'en est pas moins passablement nébuleux dans les faits. Si cinq candidats semblent s'être détachés du lot durant la campagne, l'absence de sondages fiables obère toute tentative d'évaluer leur poids respectif. De plus, 60 % des Égyptiens affirmaient ces derniers jours ne pas encore avoir choisi leur candidat. Une incertitude qui, à l'approche du vote, a semblé alimenter une certaine fébrilité parmi les candidats comme au sein de l'armée.
Démonstrations de force
Le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, compte évidemment parmi les favoris. Malgré son peu de charisme, il devrait pouvoir s'appuyer sur le socle électoral de la confrérie qui, grâce à son implantation locale, a réuni plus de 40 % des voix lors des élections législatives. Il devra toutefois compter avec la concurrence d'Abdel Moneim Aboul Fotouh, un islamiste qui se présente comme «libéral» et a su rassembler sur son nom des militants d'extrême gauche comme des salafistes ultraconservateurs. Les deux hommes ont multiplié ces derniers jours les démonstrations de force, organisant notamment des meetings géants dans le centre du Caire.
Dans le camp «laïque», l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a longtemps semblé faire la course en tête, fort d'une popularité acquise du temps où, ministre des Affaires étrangères de Moubarak, il avait ouvertement critiqué Israël. Tout comme l'ex-général Ahmed Chafiq, bref premier ministre de Moubarak durant la révolution, il courtise le vote copte et en appelle à tous ceux qui redoutent la mainmise des islamistes sur tous les leviers du pouvoir. Une stratégie que les Frères musulmans cherchent à contrecarrer en rappelant que les deux hommes ont, en leur temps, servi l'ancien régime.
Enfin, le candidat «nassérien» Hamdine Sabahi se présente comme le «candidat des pauvres» et affirme être le seul véritable défenseur des acquis de la révolution.
L'armée, qui s'est officiellement refusée à intervenir dans la campagne, a promis une élection «honnête» et «transparente» et s'est engagée à en respecter le résultat. Ces derniers jours, toutefois, plusieurs concurrents ont mis en garde contre des risques de fraude. «Les Frères musulmans laissent entendre qu'ils contesteront les résultats dans la rue si leur candidat n'est pas en tête du premier tour», s'inquiète Hamdy Rizk, directeur de l'hebdomadaire proche du pouvoir el-Mussawar. D'ores et déjà, les observateurs du Centre Carter ont dénoncé des entraves à leur mission.
Par Cyrille Louis