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Présidentielle : le camp Hollande ne veut pas "laisser à Sarkozy les électeurs du FN"

C'est le paradoxe de cette position de leader du premier tour, qu'il n'osait ouvertement convoiter. S'il est "le mieux placé pour devenir le prochain président de la République", comme il l'a d'emblée précisé, dimanche vers 21h20 depuis la tribune installée dans le centre culturel et sportif de Tulle, François Hollande le doit en grande partie à Marine Le Pen, qui a reconquis les parts du marché électoral ravies par Nicolas Sarkozy en 2007, et affaibli d'autant celui-ci.


Rédigé par leral.net le Lundi 23 Avril 2012 à 11:12 | | 0 commentaire(s)|

Présidentielle : le camp Hollande ne veut pas "laisser à Sarkozy les électeurs du FN"
Sans tarder, le candidat socialiste a incriminé, pour le score historique du FN, le chef de l'Etat, "dont le discours ces derniers mois a fait le jeu de l'extrême droite". Et tenté de placer sur ce terrain la mobilisation de l'entre-deux tours, en appelant à "un sursaut dans la République".

Pour M. Hollande, le score de Mme Le Pen et les passerelles tendues vers son électorat par M.Sarkozy constituent un argument de plus pour endosser la posture du "candidat du rassemblement pour le changement, qui doit être le plus large possible". C'est-à-dire aller des électeurs d'Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon aux "citoyens attachés à une république enfin exemplaire, soucieux de l'impartialité de l'Etat", en l'occurrence les centristes.

"LA FRANCE DES VILLAGES ET DE CELLE DU RER"

Un peu plus tard, lors d'un aparté avec la presse, M. Hollande se disait convaincu que le président sortant n'avait d'autre choix que de camper sur "la tactique de la droite décomplexée". "La différence, c'est que le pays n'est pas sur cette ligne", veut-il croire. Un argument qu'il entend faire fructifier dans la lutte finale: "C'est aussi une conception de la République qui sera en cause dans ce scrutin." Mais si le résultat du FN est utilisé comme repoussoir, il fournit également, selon les socialistes, des marges de progression. "Vous avez vu les scores dans le Pas-de-Calais ? C'est énorme", s'inquiétait, dimanche, Aquilino Morelle, directeur adjoint de la campagne et plume du candidat, pour qui "l'idée, c'est de ne pas laisser à Sarkozy les électeurs de l'extrême droite: il y a aussi, parmi eux, des électeurs de gauche égarés."

Cet électorat, quel est-il ? "C'est celui de la France rurale et périurbaine, de la France des villages et de celle du RER, la France qui souffre le plus durement de la mondialisation", explique Olivier Faure, secrétaire général du groupe socialiste à l'Assemblée nationale et conseiller opinion de M. Hollande.

Cette France des "oubliés" et des "invisibles", celle du salariat menacé par le déclassement, ils sont quelques-uns, au PS, à marteler depuis des mois qu'elle serait la clé de la victoire en 2012. C'est le cas de François Kalfon, secrétaire national aux études et coauteur d'un petit livre, Plaidoyer pour une gauche populaire (Le Bord de l'eau, 2011), autour duquel une séance de travail a été organisée autour de François Hollande en décembre2011. "Depuis le début, François a pris en compte cet électorat, il s'agit maintenant de s'adresser à lui de façon encore plus claire, en canalisant sa colère en espoir", veut croire M. Kalfon.

Une réunion de calage devait avoir lieu lundi dans la matinée, pour fixer l'agenda des prochains jours. Plusieurs déplacements sont à l'étude, "peut-être dans l'est ou en Picardie", indique Manuel Valls, le directeur de la communication de M. Hollande. Pour le candidat socialiste, c'est avant tout dans ces territoires meurtris, que devrait se livrer la bataille du second tour.