A 87 ans, l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), de 1999 à 2015, entend difficilement.
Le comprendre n’est guère aisé ; il parle vite, avale certains mots, saute d’une idée à l’autre. Boubou blanc assorti à ses mocassins, il évoque son passé de sportif, de dirigeant et, plus brièvement, d’homme politique. Il résume son enfance à Dakar : « Je suis né à 150 mètres du stade et de la prison. J’ai choisi le stade ! »
Chasse aux « millions »
Ce qui lui vaut désormais de risquer la prison, pour « corruption », « blanchiment aggravé » et « abus de confiance », ce sont les soupçons qui pèsent sur lui d’avoir mis sous le tapis des cas de dopage dans l’athlétisme russe, en échange d’argent.
Entendu par les enquêteurs, en novembre 2015, l’ex dirigeant avait déclaré avoir trouvé un accord, fin 2011, avec le président de la fédération russe, Valentin Balakhnichev.
« i[Il fallait gagner la “bataille de Dakar” [les élections législatives et présidentielle, en 2012], c'est-à-dire renverser le pouvoir en place dans mon pays, le Sénégal. Il fallait pour cela financer notamment le déplacement des jeunes afin de battre campagne, avait alors expliqué Lamine Diack.
M. Balakhnichev faisait partie de l’équipe Poutine et à ce moment, il y avait ces problèmes de suspension des athlètes russes à quelques mois des championnats du monde en Russie. Nous nous sommes entendus, la Russie a financé. C’est Balakhnichev qui a organisé tout ça. Papa Massata Diack [son fils, alors consultant marketing de l’IAAF] s’est occupé du financement avec Balakhnichev. ]i»
En l’absence au procès des deux derniers, malgré des mandats d’arrêt à leur encontre, Lamine Diack est en partie revenu sur ses propos tenus en garde-à-vue. « J’étais complètement à plat », dit-il concernant ses déclarations aux policiers.
Il assume en revanche avoir retardé les suspensions de certains athlètes russes.
« i[Qui a pris la décision qu’il fallait étaler [les sanctions]? C’est moi. Il n’y a pas de problème.]i» Car sa principale préoccupation en 2011, explique-t-il, était de trouver des sponsors. Les caisses de la Fédération internationale se vidaient. M. Diack part alors à la chasse aux « millions ».
A l’approche des championnats du monde à Moscou, durant l’été 2013, il fallait sécuriser la négociation d’un important contrat de sponsoring avec la banque russe VTB, de plusieurs dizaines de millions d’euros.
« Mon devoir, c’était de faire en sorte que l’IAAF s’en sorte. J’étais prêt à faire ce compromis. Tout le monde a dit “casse-cou-président”. La santé financière passe avant tout », explique-t-il.
La présidente : « C’est un peu pour ça que vous êtes là, Monsieur Diack. »
Le contrat signé avec la banque VTB a-t-il été la seule contrepartie aux délais accordés aux athlètes russes ?
Lamine Diack répète qu’il n’a « pas demandé » d’argent à Moscou pour les élections sénégalaises, et qu’il n’en a pas reçu personnellement.
Mais il convient avoir dit aux dirigeants russes : « Pour gagner les élections, il faut 1,5 million. » Et d’ajouter, sans plus de détails, à propos de la jeunesse de Dakar s’opposant en 2012 à Abdoulaye Wade, alors chef d’Etat : « Les gosses, ils ont été aidés. »
Le comprendre n’est guère aisé ; il parle vite, avale certains mots, saute d’une idée à l’autre. Boubou blanc assorti à ses mocassins, il évoque son passé de sportif, de dirigeant et, plus brièvement, d’homme politique. Il résume son enfance à Dakar : « Je suis né à 150 mètres du stade et de la prison. J’ai choisi le stade ! »
Chasse aux « millions »
Ce qui lui vaut désormais de risquer la prison, pour « corruption », « blanchiment aggravé » et « abus de confiance », ce sont les soupçons qui pèsent sur lui d’avoir mis sous le tapis des cas de dopage dans l’athlétisme russe, en échange d’argent.
Entendu par les enquêteurs, en novembre 2015, l’ex dirigeant avait déclaré avoir trouvé un accord, fin 2011, avec le président de la fédération russe, Valentin Balakhnichev.
« i[Il fallait gagner la “bataille de Dakar” [les élections législatives et présidentielle, en 2012], c'est-à-dire renverser le pouvoir en place dans mon pays, le Sénégal. Il fallait pour cela financer notamment le déplacement des jeunes afin de battre campagne, avait alors expliqué Lamine Diack.
M. Balakhnichev faisait partie de l’équipe Poutine et à ce moment, il y avait ces problèmes de suspension des athlètes russes à quelques mois des championnats du monde en Russie. Nous nous sommes entendus, la Russie a financé. C’est Balakhnichev qui a organisé tout ça. Papa Massata Diack [son fils, alors consultant marketing de l’IAAF] s’est occupé du financement avec Balakhnichev. ]i»
En l’absence au procès des deux derniers, malgré des mandats d’arrêt à leur encontre, Lamine Diack est en partie revenu sur ses propos tenus en garde-à-vue. « J’étais complètement à plat », dit-il concernant ses déclarations aux policiers.
Il assume en revanche avoir retardé les suspensions de certains athlètes russes.
« i[Qui a pris la décision qu’il fallait étaler [les sanctions]? C’est moi. Il n’y a pas de problème.]i» Car sa principale préoccupation en 2011, explique-t-il, était de trouver des sponsors. Les caisses de la Fédération internationale se vidaient. M. Diack part alors à la chasse aux « millions ».
A l’approche des championnats du monde à Moscou, durant l’été 2013, il fallait sécuriser la négociation d’un important contrat de sponsoring avec la banque russe VTB, de plusieurs dizaines de millions d’euros.
« Mon devoir, c’était de faire en sorte que l’IAAF s’en sorte. J’étais prêt à faire ce compromis. Tout le monde a dit “casse-cou-président”. La santé financière passe avant tout », explique-t-il.
La présidente : « C’est un peu pour ça que vous êtes là, Monsieur Diack. »
Le contrat signé avec la banque VTB a-t-il été la seule contrepartie aux délais accordés aux athlètes russes ?
Lamine Diack répète qu’il n’a « pas demandé » d’argent à Moscou pour les élections sénégalaises, et qu’il n’en a pas reçu personnellement.
Mais il convient avoir dit aux dirigeants russes : « Pour gagner les élections, il faut 1,5 million. » Et d’ajouter, sans plus de détails, à propos de la jeunesse de Dakar s’opposant en 2012 à Abdoulaye Wade, alors chef d’Etat : « Les gosses, ils ont été aidés. »