Coumba Niang, 34 ans, mère de trois enfants, est une des deux épouses de Makhtar Diokhané, un des principaux prévenus du procès qui s’est ouvert lundi devant le tribunal correctionnel de Dakar. 29 personnes, dont trois femmes, sont jugées pour « actes de terrorisme par associations de malfaiteurs, par menaces ayant pour but de troubler l’ordre public, financement du terrorisme et blanchiment de capitaux ».
Avant de partir pour le Nigéria, Makhtar Diokhané « m’avait confié de l’argent, que je n’ai pas compté », a affirmé Coumba Niang, apparue voilée à la barre. Elle a assuré avoir remis sur instruction de son époux, de l’argent à des proches de ce dernier, confirmant les dires d’un autre prévenu, Ibrahima Diallo, qui a indiqué mardi avoir reçu d’elle 22 000 euros à son retour du Nigéria.
« Les demandes d’argent étaient répétées », a-t-elle dit, en référence aux sollicitations de proches de son mari, ajoutant: « Pour cette raison, j’ai voulu m’en débarrasser ».
Argent et documents
Selon le parquet, lors d’une perquisition à son domicile près de Dakar, « 14 500 euros en billets de 500 euros ont été saisis dans sa chambre » en plus de « documents relatifs au jihad ».
Ces documents détaillent notamment « les techniques et stratégies de combat et de déstabilisation d’un État », « les techniques d’enlèvement, de rapt et d’assassinat ». Ils comprennent aussi des livres « légitimant les exécutions sommaires » de personnes opposées au jihad, selon l’accusation.
Durant l’enquête, Coumba Niang a affirmé que l’argent avait été remis à son mari par « le chef de Boko Haram Abubakar Shekau ». Mais cette version, avancée par le parquet, n’a pas été confirmée par la principale intéressée à la barre.
Une partie de ces « importantes sommes d’argent confiées par son mari » était destinée aux collaborateurs de Diokhané et une autre « à financer un travail qui devait être fait au Sénégal », a affirmé le procureur Ali Ciré Ndiaye.
Les prévenus sont accusés d’avoir voulu créer une base jihadiste au Sénégal. Mokhtar Diokhané a fréquenté Boko Haram au Nigeria avant d’être interpellé en 2015 au Niger voisin, à la suite d’une affaire de « faux monnayage » puis remis au Sénégal, selon l’accusation.
Jeune Afrique