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Publication rapport Cour des Comptes : Macky Sall, Amadou Bâ et Abdoulaye Daouda Diallo font le “mort”

Le silence des acteurs-clés de la gouvernance du pays durant la période allant de 2019 au 31 mars 2024 restent toujours silencieux. Macky Sall, Amadou Bâ et Abdoulaye Daouda Diallo refusent de croiser le fer avec la Cour des comptes.


Rédigé par leral.net le Vendredi 21 Février 2025 à 18:26 | | 0 commentaire(s)|

Publication rapport Cour des Comptes : Macky Sall, Amadou Bâ et Abdoulaye Daouda Diallo font le “mort”
Une semaine déjà ! C'est mercredi dernier que la Cour des comptes a rendu public son rapport. Un rapport tant attendu au regard du contenu explosif de l’audit de l’Inspection générale des finances (IGF). Un rapport alors commandité par l’Etat et qui accablait la gouvernance du gouvernement déchu. Aussitôt après les révélations de l’IGF, le Premier ministre Ousmane Sonko avait fait face à la presse le 26 septembre 2024. “Le régime du Président Macky Sall a menti au peuple et aux partenaires en falsifiant les chiffres pour donner une image économique qui n’a rien à voir avec la réalité”, avait martelé Ousmane Sonko.

Après près de six mois au pouvoir, le nouveau régime, par la voix du PM Ousmane Sonko, fait un état des lieux de la gouvernance de Macky Sall, de 2012 à 2024. “Nous avons l’obligation de dresser l’état des lieux de la situation que notre régime a héritée”, justifiait le Premier ministre Ousmane Sonko, rappelant que le président Bassirou Diomaye Faye avait promis, en prêtant serment le 2 avril 2024, de s’inscrire dans une logique de “transparence, de redevabilité et de vérité envers le peuple souverain”.

Faisant état du rapport établi sur la base des “audits qui ont été effectués”, le Premier ministre a annoncé les deux éléments, objets du point de presse du jour, en l’occurrence la situation de référence des finances publiques et la reddition des comptes se rapportant à la gestion budgétaire du régime de Macky Sall. Des réactions s’ensuivent accusant le PM d’aller plus vite que la musique. “Attendons le rapport de la Cour des comptes”, avaient martelé nombre d’acteurs politiques et autres personnalités. C’est, en effet, la Cour des comptes qui a la prérogative de certifier l’audit de l’IGF. D’ailleurs, la Cour des Comptes a dû réagir le 24 décembre suite à la parution, le même jour, d'un article du journal Le Quotidien, qui annonçait que la publication du rapport sur la situation des Finances publiques pour la période 2019-2024 serait reportée jusqu’au 31 décembre 2024, à la demande du Gouvernement. Une information vite démentie par la Cour des Comptes.

Elle souligne que l’adoption du rapport se fait selon les procédures internes et les règles en vigueur à la Cour, établies par la loi organique n°2012-23 du 27 décembre 2012 et le décret n°2013-1349 du 13 novembre 2013. La polémique née des propos du PM Ousmane Sonko lors de sa conférence de presse du 26 septembre a pris une autre tournure. Depuis le 12 février dernier, date de la publication du rapport de la Cour des comptes, les critiques portent désormais sur la crédibilité du document.

L’Alliance pour la République écrit dans un communiqué : “Le rapport de la Cour des comptes, portant sur la gestion des Finances publiques, durant la période allant de l’année 2019 à celle de 2024, fait l’objet de rejet de la part de l’Alliance pour la République (APR). Le parti de l’ex-Président Macky Sall accuse le gouvernement d’avoir fait dans la manipulation, à travers la publication dudit rapport, pour discréditer le régime précédent. Les responsables de ce parti l’ont fait savoir lors d’une conférence de presse tenue hier à leur siège, à Mermoz’’.

Le communiqué poursuit en relevant que “les accusations contenues dans le rapport de la Cour des comptes n’ébranlent en rien l’APR et ses responsables”. Il s’agit plutôt, selon eux, d’une volonté de salir le bilan “positif” du Président Macky Sall. C’est la conviction de Me Aïssata Tall et ses camarades qui ont animé une conférence de presse après celle du gouvernement tenu au lendemain de la publication du rapport. “Ce rapport a été fait pour jeter le gouvernement du Président Macky Sall à la vindicte populaire. On a voulu salir son bilan et nous n’allons jamais l’accepter”, accuse l’APR. Dans ce tumulte, il ne retentit nulle part la voix de Macky Sall, ni celle de son ministre des Finances, puis PM Amadou Bâ, encore moins celle de Abdoulaye Daouda Diallo, ex-ministre des Finances. Ces personnalités-clés dans la gouvernance incriminée par la Cour des comptes gardent depuis une semaine un silence troublant.

D'après le jounal Point Actu, pour Amadou Bâ et Abdoulaye Daouda Diallo, ce mutisme commence à leur être familier. Ces deux personnalités politiques bien impliquées dans la gouvernance du pays durant la période ciblée par la Cour des comptes ont fait du silence leur stratégie politique. D’ailleurs, Amadou Bâ est passé pour se complaire des combats par procuration. Depuis une bonne semaine, l’ex-ministre de la Jeunesse, célèbre pour son combat de rue contre Ousmane Sonko et ses Patriotes, est à la pointe de la guerre des mots contre le gouvernement.

Le silence le plus troublant est, sans doute, celui de l’ancien président de la République, Macky Sall. Tous les yeux sont braqués depuis quelque temps vers l’ex-chef de l’Etat, parce que les dérives relevées par le rapport de la Cour des comptes ont, pour certains, à tort ou à raison, l’aval du chef de l’Etat. Il en est ainsi, par exemple, du procédé mis en place pour vendre des immeubles du patrimoine de l’Etat comme le building Mamadou Dia ou la Cour suprême.

Ce silence du président Macky Sall est d’autant plus intrigant qu’il en était autrement lors des accusations portées par Ousmane Sonko le 26 septembre 2024. L’ancien président du Sénégal Macky Sall avait brisé le silence lors de la conférence de presse du gouvernement où il a été accusé d’avoir falsifié des chiffres de la dette et du déficit budgétaire. Dans une interview avec Bloomberg tv, reprise par Financial post, le prédécesseur de Bassirou Diomaye Faye a démenti les accusations du Premier ministre Ousmane Sonko. “Je regrette les propos du Premier ministre qui sont totalement faux et qui ont conduit à une dégradation de la note du Sénégal”, avait-il déclaré. “Il ne faut pas se mettre dans la tête que l’on peut se développer sans dette, ce n’est pas possible”, soutenait-il.

“Il ne faut pas confondre emprunter pour financer le développement et parler de surendettement”. Il ajoutait lors de cette interview : “J’ai quitté un pays où les indicateurs étaient au vert. (...). Les résultats des investissements de mon administration sont tellement visibles qu’il ne devrait même pas y avoir de débat”.

Ousseynou Wade