DES DIVERGENCES TACTIQUES ET STRATEGIQUES
Toujours est-il qu’au moment où les forces de gauche et le mouvement citoyen revendiquaient une refondation institutionnelle, l’APR représentait la ligne minoritaire, qui émettait de sérieuses réserves sur la candidature de l’Unité et du Rassemblement et sur la période de transition, qui sans être les panacées, semblaient devoir faciliter la réalisation, par des voies pacifiques, de la révolution citoyenne tant convoitée. Car le peuple des Assises en était arrivé à la conclusion, que « pour changer réellement, il ne suffisait pas de changer de personnel politique, mais qu’il était capital de rompre avec les systèmes politiques et les modes de gouvernance qui ont existé depuis 1962, sous Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, respectivement, pour les remplacer par d’autres, en mesure de restituer au peuple toute sa souveraineté ». En réalité, il s’agissait de rompre avec les pesanteurs du passé, avec le clientélisme politique, avec le mode d’accumulation parasitaire et les préoccupations électoralistes et de consolidation de son propre parti, au détriment de la sauvegarde de la Patrie.
Rendons à Macky ce qui lui appartient !
On peut ne pas être d’accord avec ses choix tactiques et stratégiques, ni avec son idéologie socialo-libérale mais on doit reconnaître à Macky sa rupture définitive et irrévocable avec Me Wade, sans aucune animosité excessive, ni déballages indécents. Par ailleurs, il est demeuré constant dans son opposition au «président de transition» et au «candidat du rassemblement et de l’unité». Sans compter le travail de terrain unanimement constaté par tous les observateurs, au moment où d’autres forces politiques restaient cloîtrées entre quatre murs pour délibérer d’une unité électorale que leurs rivalités stériles empêcheront de voir le jour.
C’est cet ensemble de faits, qui conduiront les électeurs sénégalais, malgré les sérieuses réserves, qu’ils nourrissaient à l’endroit d’un ancien fils spirituel de Wade, à identifier le vote pour le candidat de l’APR, comme le plus à même de mettre fin au régime libéral hideux, car porteur de misère sociale, de régression démocratique et de risques pour la paix civile, comme l’ont largement démontré les événements pré-électoraux consécutifs aux manifestations citoyennes du M23. C’est précisément parce que les forces les plus antagoniques au régime libéral n’ont pas été en mesure d’empêcher la matérialisation de la candidature anticonstitutionnelle de Wade, à cause de leur dispersion et de leur inconséquence, que des forces réformistes bénéficiant de la bienveillance l’Union Européenne, particulièrement de la France sarkozyste et des coups de pouce du département d’Etat américain, pèseront pour que se tiennent à date échue des élections tronquées, mais qui présentaient l’avantage de faire émerger des scénarii plus en conformité avec les intérêts bien compris des puissances occidentales.
L’absence de candidature unitaire a désorienté et déçu le Peuple des Assises et permis la qualification des tenants du Yoonu Yookuté au deuxième tour. Le score électoral obtenu par le candidat de l’APR, légèrement au dessus du quart des électeurs inscrits laissait encore la porte ouverte à des négociations sérieuses pour juguler ou tout au mois atténuer ses réticences sur le programme du Bennoo Siggil Senegaal originel. Mais bien peu sera entrepris pour essayer d’infléchir les positions de Macky. En lieu et place d’un programme commun, on se contentera d’une visite de courtoisie au Président des Assises et d’une hypothétique « Commission pluridisciplinaire devant soumettre des recommandations précises dans le cadre de la mise en œuvre des conclusions des Assises nationales ».
QUE VEUT LE NOUVEAU POUVOIR ?
Il y a des difficultés certaines à identifier les forces sociales soutenant le projet « yakaariste » de Macky. A côté de véritables forces de gauche, on note la présence dans le gouvernement, de personnalités liées au Capital français, auxquelles on a confié, de manière assez imprudente, les rênes de notre économie nationale, sous le fallacieux prétexte d’appels de fonds au profit d’une trésorerie nationale mal en point. Paradoxalement, les questions ayant trait à la refondation institutionnelle, à l’approfondissement de la démocratie et à l’amélioration de la gouvernance, qui avaient fait l’objet d’un large consensus au sein du Peuple des Assises (incluant la bourgeoisie nationale) sont reléguées sinon au second plan, tout au moins dans des travaux de Commissions interminables et incertains. Au lieu de s’appuyer sur la dynamique citoyenne pré-électorale pour contourner les contraintes liées à l’héritage wadiste et faussant l’expression libre du suffrage des citoyens, on préfère tabler sur les positions acquises au plus haut sommet de l’Etat, pour arracher une victoire –non pas politique, autour du programme des Assises-, mais électorale, pour ne pas dire électoraliste, à l’aide d’un mode de scrutin inique à prédominance majoritaire favorisant la mouvance présidentielle. Tout cela nous autorise à dire que le mode de gestion actuel des conclusions des Assises est plus marqué par la distanciation que par l’appropriation.
DES FONDEMENTS DE l’alliance ELECTORALE DE Bennoo Bokk Yakaar
Et pourtant, après les deux mandats épouvantables de Me Wade, qui ont différé de plus d’une décennie, la résolution des questions liées à la demande sociale ainsi qu’aux enjeux de la nouvelle citoyenneté et de l’approfondissement de la démocratie, il ne reste au nouveau pouvoir d’autre issue, que celle de matérialiser les dispositions pertinentes contenues dans les conclusions des Assises nationales. Au risque de se retrouver en face du mouvement citoyen, qui a gagné en maturité et en profondeur !
Wade défait, la logique aurait voulu que soient mises en compétition les différentes variantes de la refondation institutionnelle telles que portées par la Coalition Macky 2012 et les Coalitions Bennos dirigées par Niasse et Tanor. Au lieu de cela, par une approche sommaire et de sommet, une liste commune aux législatives a été mise sur pied, sans validation officielle des instances régulières de la plupart des partis impliqués, à commencer par celui présidentiel, comme en attestent les multiples remous agitant la scène politique, ces temps derniers. Au-delà de la course aux strapontins inhérente au monde politique, il est clair qu’il y a objectivement des risques politiques certains à donner carte blanche au nouveau pouvoir « yaakariste ». Il est en effet établi que c’est la concentration excessive de pouvoir au niveau de la Présidence de la République, qui est à l’origine des principales tares observées dans notre système politique, depuis 1960, date d’accession de notre pays à la souveraineté internationale.
Le préalable incontournable à une liste commune aux législatives, pour faire partie intégrante d’une majorité présidentielle devrait être un programme commun sinon de transition, du moins de législature, basé sur la nécessité de procéder à un rééquilibrage des pouvoirs au profit du Parlement. Autrement, les démocrates de notre pays pourraient croire, qu’on envisage de renoncer à l’agenda des Assises pour de futiles positionnements tactiques et politiciens.
Il est devenu patent que la bonne gouvernance au niveau de l’appareil d’Etat, la refondation des Institutions de la République et l’institutionnalisation de la démocratie participative ne pourront jamais se réaliser dans notre pays si les cadres organisationnels que sont les partis, syndicats, organisations professionnelles et même organisations de la société civile…etc. ne rompent pas avec leurs logiques d’appareil ou continuent à être instrumentalisés pour satisfaire les ambitions d’une personne ou d’un groupe, au mépris des normes élémentaires de fonctionnement démocratique.
C’est pour cela, qu’il faut entraîner les masses dans la mobilisation populaire vigilante, seule garante de changements réels et pérennes, comme on a pu le constater avec les succès engrangés par le Mouvement du 23 juin, certes ternis par la boulimie électoraliste et la ruée effrénée vers les stations mirobolantes.
NIOXOR TINE
Toujours est-il qu’au moment où les forces de gauche et le mouvement citoyen revendiquaient une refondation institutionnelle, l’APR représentait la ligne minoritaire, qui émettait de sérieuses réserves sur la candidature de l’Unité et du Rassemblement et sur la période de transition, qui sans être les panacées, semblaient devoir faciliter la réalisation, par des voies pacifiques, de la révolution citoyenne tant convoitée. Car le peuple des Assises en était arrivé à la conclusion, que « pour changer réellement, il ne suffisait pas de changer de personnel politique, mais qu’il était capital de rompre avec les systèmes politiques et les modes de gouvernance qui ont existé depuis 1962, sous Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, respectivement, pour les remplacer par d’autres, en mesure de restituer au peuple toute sa souveraineté ». En réalité, il s’agissait de rompre avec les pesanteurs du passé, avec le clientélisme politique, avec le mode d’accumulation parasitaire et les préoccupations électoralistes et de consolidation de son propre parti, au détriment de la sauvegarde de la Patrie.
Rendons à Macky ce qui lui appartient !
On peut ne pas être d’accord avec ses choix tactiques et stratégiques, ni avec son idéologie socialo-libérale mais on doit reconnaître à Macky sa rupture définitive et irrévocable avec Me Wade, sans aucune animosité excessive, ni déballages indécents. Par ailleurs, il est demeuré constant dans son opposition au «président de transition» et au «candidat du rassemblement et de l’unité». Sans compter le travail de terrain unanimement constaté par tous les observateurs, au moment où d’autres forces politiques restaient cloîtrées entre quatre murs pour délibérer d’une unité électorale que leurs rivalités stériles empêcheront de voir le jour.
C’est cet ensemble de faits, qui conduiront les électeurs sénégalais, malgré les sérieuses réserves, qu’ils nourrissaient à l’endroit d’un ancien fils spirituel de Wade, à identifier le vote pour le candidat de l’APR, comme le plus à même de mettre fin au régime libéral hideux, car porteur de misère sociale, de régression démocratique et de risques pour la paix civile, comme l’ont largement démontré les événements pré-électoraux consécutifs aux manifestations citoyennes du M23. C’est précisément parce que les forces les plus antagoniques au régime libéral n’ont pas été en mesure d’empêcher la matérialisation de la candidature anticonstitutionnelle de Wade, à cause de leur dispersion et de leur inconséquence, que des forces réformistes bénéficiant de la bienveillance l’Union Européenne, particulièrement de la France sarkozyste et des coups de pouce du département d’Etat américain, pèseront pour que se tiennent à date échue des élections tronquées, mais qui présentaient l’avantage de faire émerger des scénarii plus en conformité avec les intérêts bien compris des puissances occidentales.
L’absence de candidature unitaire a désorienté et déçu le Peuple des Assises et permis la qualification des tenants du Yoonu Yookuté au deuxième tour. Le score électoral obtenu par le candidat de l’APR, légèrement au dessus du quart des électeurs inscrits laissait encore la porte ouverte à des négociations sérieuses pour juguler ou tout au mois atténuer ses réticences sur le programme du Bennoo Siggil Senegaal originel. Mais bien peu sera entrepris pour essayer d’infléchir les positions de Macky. En lieu et place d’un programme commun, on se contentera d’une visite de courtoisie au Président des Assises et d’une hypothétique « Commission pluridisciplinaire devant soumettre des recommandations précises dans le cadre de la mise en œuvre des conclusions des Assises nationales ».
QUE VEUT LE NOUVEAU POUVOIR ?
Il y a des difficultés certaines à identifier les forces sociales soutenant le projet « yakaariste » de Macky. A côté de véritables forces de gauche, on note la présence dans le gouvernement, de personnalités liées au Capital français, auxquelles on a confié, de manière assez imprudente, les rênes de notre économie nationale, sous le fallacieux prétexte d’appels de fonds au profit d’une trésorerie nationale mal en point. Paradoxalement, les questions ayant trait à la refondation institutionnelle, à l’approfondissement de la démocratie et à l’amélioration de la gouvernance, qui avaient fait l’objet d’un large consensus au sein du Peuple des Assises (incluant la bourgeoisie nationale) sont reléguées sinon au second plan, tout au moins dans des travaux de Commissions interminables et incertains. Au lieu de s’appuyer sur la dynamique citoyenne pré-électorale pour contourner les contraintes liées à l’héritage wadiste et faussant l’expression libre du suffrage des citoyens, on préfère tabler sur les positions acquises au plus haut sommet de l’Etat, pour arracher une victoire –non pas politique, autour du programme des Assises-, mais électorale, pour ne pas dire électoraliste, à l’aide d’un mode de scrutin inique à prédominance majoritaire favorisant la mouvance présidentielle. Tout cela nous autorise à dire que le mode de gestion actuel des conclusions des Assises est plus marqué par la distanciation que par l’appropriation.
DES FONDEMENTS DE l’alliance ELECTORALE DE Bennoo Bokk Yakaar
Et pourtant, après les deux mandats épouvantables de Me Wade, qui ont différé de plus d’une décennie, la résolution des questions liées à la demande sociale ainsi qu’aux enjeux de la nouvelle citoyenneté et de l’approfondissement de la démocratie, il ne reste au nouveau pouvoir d’autre issue, que celle de matérialiser les dispositions pertinentes contenues dans les conclusions des Assises nationales. Au risque de se retrouver en face du mouvement citoyen, qui a gagné en maturité et en profondeur !
Wade défait, la logique aurait voulu que soient mises en compétition les différentes variantes de la refondation institutionnelle telles que portées par la Coalition Macky 2012 et les Coalitions Bennos dirigées par Niasse et Tanor. Au lieu de cela, par une approche sommaire et de sommet, une liste commune aux législatives a été mise sur pied, sans validation officielle des instances régulières de la plupart des partis impliqués, à commencer par celui présidentiel, comme en attestent les multiples remous agitant la scène politique, ces temps derniers. Au-delà de la course aux strapontins inhérente au monde politique, il est clair qu’il y a objectivement des risques politiques certains à donner carte blanche au nouveau pouvoir « yaakariste ». Il est en effet établi que c’est la concentration excessive de pouvoir au niveau de la Présidence de la République, qui est à l’origine des principales tares observées dans notre système politique, depuis 1960, date d’accession de notre pays à la souveraineté internationale.
Le préalable incontournable à une liste commune aux législatives, pour faire partie intégrante d’une majorité présidentielle devrait être un programme commun sinon de transition, du moins de législature, basé sur la nécessité de procéder à un rééquilibrage des pouvoirs au profit du Parlement. Autrement, les démocrates de notre pays pourraient croire, qu’on envisage de renoncer à l’agenda des Assises pour de futiles positionnements tactiques et politiciens.
Il est devenu patent que la bonne gouvernance au niveau de l’appareil d’Etat, la refondation des Institutions de la République et l’institutionnalisation de la démocratie participative ne pourront jamais se réaliser dans notre pays si les cadres organisationnels que sont les partis, syndicats, organisations professionnelles et même organisations de la société civile…etc. ne rompent pas avec leurs logiques d’appareil ou continuent à être instrumentalisés pour satisfaire les ambitions d’une personne ou d’un groupe, au mépris des normes élémentaires de fonctionnement démocratique.
C’est pour cela, qu’il faut entraîner les masses dans la mobilisation populaire vigilante, seule garante de changements réels et pérennes, comme on a pu le constater avec les succès engrangés par le Mouvement du 23 juin, certes ternis par la boulimie électoraliste et la ruée effrénée vers les stations mirobolantes.
NIOXOR TINE