"Quand je suis arrivé en France le 30 septembre 1979, je n’avais qu’un petit sac dans lequel j’avais un exemplaire du Coran, quelques "Khassaïdes", deux ou trois livres d’anglais, un manteau que mon père m’avait offert. J’étais venu rejoindre des amis avec qui je devais faire du basket avant que mon père ne me dise que le basket c’est terminé, va à l’école (…) Quand je suis rentré au Sénégal, il s’est passé une année et demie au cours desquelles je n’ai pas eu de travail. J’ai trouvais un boulot à la Sonadis. J’étais un assistant bénévole d'un inspecteur qui vendait du lait, de l’huile, du riz partout au Sénégal. Et, c’est là que j’ai appris à conduire un camion. Je conduisais des camions à travers tout le Sénégal. Je l’ai fait pendant un an et demi, avant de me résoudre un jour et dire ça suffit, je vais faire le Barreau. Le frère de ma grand-mère, qui était le Bâtonnier de l’Ordre des avocats dit non, Alioune, tu ne peux pas faire le Barreau, tu as un diplôme de français. Nous ici, nous ne pouvons pas l’accepter parce que les Français nous ont refusé la réciprocité. Je suis alors allé à la Fac de droit pour m’inscrire et j’ai fait la chose qui convenait parce que dans la salle, j’ai trouvé une jeune fille qui aujourd’hui m’a donné quatre enfants. C’est ainsi que j’ai fait le Barreau", raconte Alioune Badara Cissé dans un entretien avec L’Observateur.