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Quand Kémi Séba parle de la vie à la prison de Rebeuss !

Envoyé à la prison de Rebeuss pour avoir brûlé un billet de banque, l’activiste, Kémi Séba, qui a été par la suite libéré au bout d’un procès, ne trouve pas assez de mots pour qualifier les conditions que vivent les détenus. Quand il en parle, c’est avec le cœur.


Rédigé par leral.net le Jeudi 31 Août 2017 à 14:46 | | 0 commentaire(s)|

« C’est les 5 jours, peut-être les plus marquants de ma vie. Je n’ai jamais vu des endroits où l’humanité avait autant quitté le navire ; ce n’est pas un camp d’extermination, c’est un camp de concentration, et un camp d’extermination de leur dignité, de notre humanité.

J’ai vu des choses que je ne pensais pas possibles au 21e siècle. Je ne veux pas jeter l’opprobre sur tout le corps carcéral ; il y a beaucoup de gardiens qui ont été extrêmement professionnels, qui sont très rigoureux.

Mais, j’ai vu aussi des gardiens qui dépassaient les limites de tout ce qui était possible en termes d’autorité.

Michel Foucault qui était l’un de mes philosophes préférés, disait : surveiller et punir. Dans cette analyse, il parlait du fait que la prison devait avoir pour nécessité de transformer les gens, de leur donner le sens de la rédemption. Mais, qu’elle devenue un mécanisme visant à broyer les âmes. Si Foucault avait revisité Rebeuss, il n’aurait pas écrit un livre, il aurait écrit 50 tomes. Les autorités sénégalaises ne peuvent pas boire leur bissap, leur jus de bouille en étant sereines, quand on sait que des crimes contre l’humanité se déroulent à Rebeuss.

Vous ne pouvez pas accepter que dans des prisons, des gens vivent à 80 dans une cellule. Pour une douche. J’étais dans une cellule qu’ils appellent "cellule de luxe". Nous étions 15 ; une chambre qui est aussi grande que ma salle de bain.

Il y avait plus de cafards que de détenus. Si nous étions 15, je crois que j’ai dû tuer 30 cafards en 5 jours. A tel point que j’ai cru que c’était des codétenus. Est-ce que c’est normal que des choses de ce genre de déroulent au 21e siècle ?

A côté de cela, Rebeuss est rempli aussi bien de gardiens que de détenus épris d’humanité, de dignité, faut-il le rappeler. Ce ne sont pas eux le problème. C’est le système ; une élite multimilliardaire se remplit les poches et laisse les autres vivre dans une situation concentrationnaire. Et c’est pourquoi, je parle d’un problème véritable de classe. Celui qui sort de Rebeuss est obligé de minorer son combat contre l’oligarchie d’Occident. Parce qu’il n’y a pas de toubab à Rebeuss ; c’est un impérialisme noir qui tue un prolétariat noir. On devrait tous réfléchir sur ça
 ».



La rédaction de Leral.net