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Quand la Rue dicte sa loi aux institutions au Mali depuis 1968 !

Rédigé par leral.net le Mercredi 19 Août 2020 à 12:14 | | 0 commentaire(s)|

Quand la Rue dicte sa loi aux institutions au Mali depuis 1968 !
Encore et toujours le Mali sous le feu des projecteurs. Depuis ce matin, une mutinerie s’empare de Bamako et semble paralyser, la bonne marche des institutions dans ce vaste territoire ouest-africain d’un peu plus d’un million de Kilomètres au carré.

Triste accouchement d’une longue contestation politique, sociale et religieuse. Le mouvement de l’imam Dicko est en grande partie responsable de cette nouvelle situation confuse et alarmante que vit présentement le Mali. Le Mali ne survivra pas, certainement à une nouvelle crise dans un pays où les agressions à la démocratie sont très fréquentes.

Depuis 2012, l’Etat malien est totalement à genou et les institutions vassalisées. Il aura fallu l’intervention robuste et prompte de la France, en janvier 2013, pour sauver le pays au bord de la catastrophe. S’il n’y avait pas cette opération militaire déclenchée par le président Hollande, nous n’en serions pas certainement à ce stade. Les terroristes marcheraient sûrement vers Bamako, Ségou et Kayes et poursuivraient leur funeste conquête vers les autres pays de la sous-région en y installant leur diktat.

C’est sous cette vague de crise sécuritaire que le président Ibrahim Boubacar Keita est arrivé au pouvoir, à la suite d’un second tour le mettant aux prises avec son principal rival Soumaila Cissé, ancien ministre de l’Economie et des Finances sous le régime d’Amadou Toumani Touré. Sans pour autant omettre le bref passage, du président intérimaire Dioncounda Traoré, lui-même sauvagement lynché et tabassé dans son palais de Koulouba par des manifestants. C’est pour vous dire qu’il y a urgence, à freiner cette menace sociale qui pèse sur la tête de tous les présidents maliens en exercice de Modibo Kéita à Ibrahim Boubacar Kéita.

La rue et l’armée exercent une pression terrible et insupportable sur tous les présidents qui ont eu à diriger le Mali. Le président Modibo Keita a été déposé par l’armée dès 1968, à la tête des putschistes se trouvait un certain Moussa Traoré qui dirigea le Mali de 1968 à mars 1991. Après une dictature féroce et tenace son régime est à son tour renversé par ses anciens collaborateurs, cette fois-ci l’armée reprend le pouvoir et place à sa tête Amadou Toumani Touré. Nous sommes en mars 1991 au moment où les conférences nationales faisaient actualité, à la suite du discours retentissant et tonitruant du président Mitterrand lors du sommet de la Baule en 1990.

Il aura fallu attendre 2012 pour voir revenir tristement encore les militaires au pouvoir. Amadou Toumani Touré victime d’une insurrection au Nord, à la suite de l’assassinat de Mouammar Kadhafi voit ainsi la démocratie qu’il a tant construit, s’effondrer sous les bons vouloir d’une armée devenue capricieuse et très accrochée aux délices mirobolants du Pouvoir.

Ce fut un triste évènement à l’époque et un épisode douloureux pour la démocratie malienne. Il faut saluer tout de même, la détermination et la fermeté de la CEDEAO qui demanda un retour à l’ordre constitutionnel et institutionnel. Ce qui conduira en 2013 à l’élection du président « IBK » au second tour face à Soumaila Cissé. C’est dans un contexte de crises multiformes à la fois sécuritaire, militaire, sociale et politique que le président nouvellement élu est arrivé au pouvoir.

Il a été longtemps dépourvu de ses attributs de chef d’Etat d’un Mali totalement désuni, désorganisé et profondément divisé entre le nord sous l’emprise des djihadistes, une partie du Sud sous la férule de Bamako et Kati, ville garnison et distante de 15 kilomètres de Bamako toujours jalousement gardée par les militaires.

Son administration a été absente et inexistante au Nord toujours sous la domination des terroristes. La contestation sociale a été toujours vive durant ses sept années de gouvernance. Il lui a toujours manqué une légitimité et une stabilité politique, il a eu à consommer sept premiers ministres en sept ans de gouvernance.

Il est vrai que la gouvernance du président Ibrahim Boubacar Keita n’est pas exempt de reproche. Cependant, cela ne donne pas le droit à l’armée de perpétuer un énième coup d’Etat nuisible à la démocratie malienne. Le Mali ne peut supporter une autre crise aussi aiguë que la crise sécuritaire se greffer à son tableau.

Des négociations doivent être ouvertes et supervisées, sous l’égide de la CEDEAO qui devra elle aussi conduire ces pourparlers jusqu’à son terme. Un coup d’Etat au Mali serait synonyme d’une boîte de pandore dans une sous-région ouest-africaine, en proie à une crise sécuritaire au Niger et au Burkina Faso et une incertitude en Côte d’ivoire et en République de Guinée.

Il n’est pas encore tard pour sauver le Mali. Les sensibilités politiques, sociales et religieuses doivent se mettre, au tour d’une table et se dire des vérités afin de s’attaquer aux véritables problèmes de développement que sont : éradication de la pauvreté, réduction du taux de chômage, pacification dans sa partie septentrionale, croissance économique etc.

Dr. El Hadji Cheikh Ibra Faye