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Quand les banques asphyxient le client !

Le « loyer de l’argent » hante le sommeil de nombreux concitoyens. Les taux exorbitants appliqués sur les prêts bancaires asphyxient le client qui ne sait plus où donner de la tête.


Rédigé par leral.net le Mercredi 1 Avril 2009 à 14:38 | | 1 commentaire(s)|

Quand les banques asphyxient le client !
En 1993, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a décidé de libéraliser les activités bancaires dans toute la zone monétaire ouset africaine. Cette importante décision avait pour objet d’assurer aux consommateurs des services bancaires dans des conditions de concurrence profitables. Le pari ne semble pas gagné. Les coûts du loyer de l’argent et de l’ensemble des services offerts par les banques avoisinent les 15%. Il s’y ajoute un autre phénomène, encore plus préoccupant pour les économies de nos pays. En effet, une définition classique de la banque considère que celle-ci a pour vocation de collecter de l’épargne pour faire des crédits aux citoyens et aux entités économiques. Nous sommes loin du compte, si l’on en juge par la nature des activités bancaires au Sénégal. Quand on lit le bilan global des banques, on note que celles-ci sont loin de considérer le crédit comme leur activité principale. En 2008, une institution financière de la place a affiché un bilan brut de huit milliards de FCFA.

Quand on décompose le contenu de ce bilan, on constate que les résultats réalisés sur les activités de crédits constituent moins de 30% du global. Soit un peu plus de deux milliards de FCFA. Les six autres milliards ont été réalisés sur les autres activités connexes au crédit. Au Sénégal, explique un homme d’affaires : « les banques ne sont que des prêteurs à gage qui font tout sauf le métier de banquier ». Le jugement est sévère. Il n’en reflète pas moins une réalité. « Les attitudes des banques et leurs pratiques laissent croire que celles-ci travaillent contre l’économie nationale. Ce sont de hauts lieux de thésaurisation de l’épargne nationale. Et qui plus est, organisent, selon leurs intérêts du moment, une fuite vers l’étranger de cette épargne, car elles sont toutes d’origine étrangère », ajoute le même opérateur économique.

On dit généralement que les institutions financières, en particulier les banques, sont d’une importance capitale pour la bonne marche des affaires dans un pays. Voire ! Les taux d’intérêts pratiqués par les banques sénégalaises sont très onéreux, selon les bénéficiaires des crédits bancaires. Ces derniers doivent, en plus, faire un véritable parcours du combattant, pour pouvoir bénéficier d’un crédit. Quand il y arrive, il est tenu dans une ignorance totale qui semble volontairement organisée, pour lui soutirer le maximum d’argent. A l’appui de cette volonté, on brandit des données techniques, détails et des considérations multiples, échappant totalement au contrôle des clients pour tenter de justifier un tel état de fait. Un exemple : dans certaines banques de la place, l’ouverture d’un compte vous oblige à souscrire à une assurance absurde dont les termes se présentent ainsi qu’il suit : le contrat proposé stipule qu’en cas de souscription pour un montant variant entre six mille et seize mille francs, vos héritiers toucheront en cas de décès un capital d’un million. Et ce, quelles que soient les années de cotisation cumulées.

Ce capital ne varie pas, il est fixe. En outre, si vous fermez votre compte de votre vivant, vous perdez tous les bénéfices de cette assurance. Totalement absurde ! Il y a beaucoup trop d’autres frais qui sont imposés dans les relations entre les clients et la banque. Dans ce type d’assurance, les banques s’associent avec des assureurs pour organiser et imposer un produit dont l’utilité n’est nullement établie. Cette assurance liée à l’ouverture d’un compte est une arnaque qui ne dit pas son nom. Personne ne contrôle les banques de ce point de vue. Même pas la Banque centrale qui laisse faire. Quand on se hasarde à des comparaisons entre ce qui se passe généralement dans les pays de la zone de l’Union monétaire ouest africaine (Uemoa) et dans un pays comme le Ghana, on reste frappé par les différences constatées dans les pratiques en matière de fixation des taux du loyer de l’argent. Au Ghana, les taux varient au maximum, entre 9 et 11%, alors que dans notre pays, ces mêmes taux se situent entre 7,5% et 17%. En clair, si vous empruntez à la date d’aujourd’hui, la somme de trente millions de F CFA à votre banque, payable sur cinq ans, vous aurez payé, au terme de ce délai, un capital total et des intérêts cumulés de quarante deux millions. Les intérêts payés à la banque sont de l’ordre de douze millions. Les consommateurs et les associations de consommateurs sont unanimes sur la question : le loyer de l’argent est onéreux. Cependant, certains techniciens de banque indiquent que la cherté est motivée par un souci de sécurité. Ils précisent qu’il subsiste une nécessité de prendre en compte plusieurs facteurs pour apprécier un taux. L’octroi de crédits est soumis donc à des conditionnalités variées.

Dans ce jeu disproportionné, les clients ont le sentiment d’être abandonnés à eux-mêmes et à l’appétit insatiable des banques. Face aux récriminations des consommateurs, les banquiers, pour calmer les esprits et rassurer la clientèle, tentent d’apporter des justifications. Ils font d’abord cas des conditions d’ordre environnemental et de facteurs fondamentaux qui, selon Mbaye Dione, conseiller clientèle entreprise à la Sgbs, déterminent les taux du loyer de l’argent. A l’en croire, « les taux d’intérêts dépendent de l’environnement juridique, économique et politique du pays. Si toutefois, ces propos recueillis auprès de ces spécialistes qui tentent de rassurer la clientèle, n’ont pas empêché les consommateurs d’établir une comparaison entre les taux pratiqués sur les prêts bancaires dans l’hémisphère Nord et ceux en cours chez nous. Souleymane Sembéne, Chef du département Crédits à la Banque de l’habitat du Sénégal (Bhs) analyse les écarts notés pour dire : « les différences notées dans les taux entre le Nord et le Sud s’expliquent par plusieurs facteurs. Les économies ne sont pas les mêmes, les niveaux de vie non plus… En Europe ou aux Usa, nous sommes dans une économie de marché où le consommateur vit avec sa carte bancaire. Or ici, c’est un marché de petites économies où le client fonctionne avec sa porte monnaie... Ce n’est pas pareil ! » Toujours pour convaincre, le banquier pose le débat sur la valeur des monnaies. Il affirme : « la force de la monnaie y est également pour beaucoup ». Cette explication est peu convaincante. Son homologue Mbaye Dione de la Sgbs, partage l’avis de son confrère, en fondant son argumentaire sur les risques. Selon lui, « les risques en Europe et aux Usa sont moindres, par rapport à ceux encourus par les banques dans nos pays. Cet état de fait est surtout lié à la stabilité économique constatée dans les pays du nord ».

D’ailleurs, le Vice-président de Western american bank confirme : « vu le niveau de développement économique du Sénégal, les consommateurs ont beaucoup plus d’incertitudes quant à leurs revenus futurs, par conséquent, ils présentent plus de risques ». L’économiste international qui fait la navette entre les Usa où se trouve la société-mère, l’Europe et le Japon, pour s’occuper des filiales, pose également le postulat du coût de financement des banques. Selon lui : « Les banques sénégalaises empruntent localement ou utilisent les dépôts de leurs clients pour faire des prêts. Les banques internationales utilisent des sources de financement plus variées et peuvent donc bénéficier de taux plus compétitifs ».

La notairesse Me Marie Bâ s’inscrit en faux contre l’argumentaire brandi par les banquiers. « Ils (les banquiers) ont l’habitude de soutenir que la Bceao leur loue l’argent avec un taux de 9% ». Ce qui, de son avis, n’est pas une bonne raison pour expliquer le surenchérissement du loyer de l’argent. Me Bâ ne cache pas son amertume et sa colère contre les pratiques des banques. Elle laisse entendre avec fermeté : « c’est trop cher ! Aussi bien pour les intérêts que pour les frais de dossiers bancaires. Je parle en connaissance de cause, pour avoir bénéficié d’un prêt dans une banque de la place avec des conditions de remboursement excessivement chères. Le prêt à hauteur de 20.000.000 F Cfa d’un taux de plus de 12% pour une durée de 7 ans, me revient à 32.000.000 F Cfa ». Un autre client de l’Agence de la Cbao du rond-point « Caseba », soutient le même point de vue que Me Bâ, en affirmant : « le client n’a aucune possibilité pour discuter des taux, sinon une très faible marge que lui concède le banquier qui règne en maître absolu ». La question des taux bancaires est préoccupante pour les consommateurs. Elle a fait l’objet d’un débat chez les consuméristes de l’Ascosen qui ont adopté une position tranchée là-dessus. Ils ont rendu publique cette position par la voie de leur Secrétaire général, Momar Ndao : « nous n’approuvons pas le loyer de l’argent en cours au Sénégal. Nous proposons une révision des taux vraiment démesurés ».

A l’en croire, la Banque centrale qui est l’organe de contrôle en la matière n’est pas d’accord avec les banques sur les taux appliqués. M. Ndao explique : « nous collaborons avec la banque centrale pour plus de transparence dans la gestion des opérations bancaires. Nous nous adressons aussi directement aux banques, à chaque fois que les clients nous saisissent pour faire des réclamations, et nous avons obtenu, dans la plupart des cas litigieux, gain de cause ». Il renseigne que la Bceao prévoit un barème avec des taux maximums et laisse aux institutions financières la latitude d’appliquer leurs propres taux. Ce qui, du reste, s’explique par la libéralisation du marché.

Toutefois, une barrière infranchissable subsiste. C’est un taux d’usure estimé à 18% uniforme dans la zone Uemoa qu’il ne faudrait, sous aucun prétexte, dépasser. Le ton grave, Momar Ndao constate que : « les banques ne se soucient guère de la rentabilité des projets du client. Elles se focalisent plutôt sur la constitution des garanties pour la couverture des risques ». Suffisant, pour qu’il assimile les banques et autres institutions financières de la place à « des trésorières ». Il critique les attitudes et comportements des banques contraires à leur devoir d’information et de conseil vis-à-vis de la clientèle. Dans la même veine, la notairesse Marie Bâ revient et s’insurge contre les clauses bancaires portant sur les pénalités. Elle explique la notion de « dé-protection » qui frappe le client face à une situation aussi draconienne. « Vous ne payez pas à terme périodique échu, la banque vous fait payer une pénalité. Vous payez par anticipation, la banque vous fait payer également une pénalité de 3% du crédit restant. Ce n’est pas normal, surtout dans le dernier cas de figure » fulmine Me Bâ. Mais comme dit l’adage, « qui peut le plus, peut le moins ». Ainsi va la collaboration avec les banques.


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1.Posté par seanso le 02/04/2009 17:26 | Alerter
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salopperie de Banques. Et ce qui est désolant c'est que tout ce qui est écrit dans cet article est vrai ! Elles sont pires que des sangsues ! Même le bic avec lequel tu signe ton chèque est payant ! vraiment je pense que nos autorités devraient trouver une solution rapide et efficace pour régler le problèmes des citoyens sénégalais. Obtenir un crédit bancaire au sénégal équivaut à la traversée de sirate. c'est innacceptable si l'on sait qu'en europe ce sont les banques qui te courent après pour te préter de l'argent ! les banques au Sénégal réalisent des milliard de bénéfices sur le dos des pauvres clients et ne sont mêmê pas foutues de jouer le rôle qui leur est propres et qui constitue leur essence c'est à dire " faire des crédits " !

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