L’hôpital de Thiès loue un groupe à 250.000 F le jour
Des bébés qui meurent dans des crèches, des cadavres en état de putréfaction avancée, des bus réduits en cendres par des flammes…Les délestages et le lot insoutenable de catastrophes qu’ils causent n’ont pas fini de faire plonger les populations jusque dans leurs derniers retranchements. Le Sutsas s’insurge. Son secrétaire général, Mballo Dia Thiam, a plusieurs fois tiré la sonnette d’alarme. Après les 72 heures insoutenables pendant lesquelles Ourossogui est resté sans électricité, son syndicat a attiré l’attention sur les menaces d’inefficacité des vaccins dont la chaîne de froid a été interrompue. Au mieux, ils n’ont aucun effet, comme s’il s’agissait d’eau. Au pire, ils peuvent constituer des dangers. La poliomyélite a refait surface. Ça pourrait être le cas de la rougeole et du tétanos, si rien n’est fait. Sont aussi concernés par les problèmes de conservation, le sang et les dérivés du sang, de même que d’autres produits pharmaceutiques comme les suppositoires. Les délestages occasionnent par ailleurs des dépenses supplémentaires en carburant, qui passent du simple au double. Ils endommagent aussi les groupes électrogènes qui finissent par tomber en panne à force de tourner.
A l’hôpital de Thiès, par exemple, le groupe qui sauve les malades est loué à 250.000 francs Cfa par jour. « Ces dépenses vont considérablement impacter sur les finances », fait remarquer Mballo Dia Thiam. La Senelec se bombe le torse de ses nouveaux investissements. Mais Thiam trouve que le mieux serait de faire fonctionner d’abord l’existant et de procéder par élimination des groupes qui ont atteint leur limite d’âge.
Son collègue syndicaliste de l’Hôpital Général de Grand Yoff (Hoggy), Cheikh Seck trouve inadmissible que la morgue d’un hôpital ne dispose pas de groupe électrogène. A l’Hoggy, ils en ont, qui assurent le relais dans les secteurs sensibles. « Cela se répercute sur les factures de l’hôpital », s’empresse-t-il d’ajouter, avant de préciser que ce ne sont pas tous les secteurs qui sont dotés de groupes.
Ziguinchor et Thiès enterrent leurs morts à la hâte
A l’hôpital régional de Ziguinchor où trois bébés qui avaient besoin d’être réanimés ont rendu l’âme en pédiatrie, les employés ne décolèrent pas. Chef du service infirmier, Aba Diatta informe qu’à la morgue, des corps commençaient à plonger dans un état de putréfaction. Ils ont été obligés de lancer un appel aux populations pour leur demander de vite récupérer leurs proches. A ces calvaires, s’ajoute la difficulté de la prise en charge des cas d’urgence. Pendant 24 h, ni la radiographie, ni le laboratoire n’ont fonctionné. Il était donc impossible de faire des analyses indispensables pour le diagnostic de certaines maladies. Ce qui plonge les patients dans le désarroi total. Le personnel de garde a été forcé de recourir aux torches, et il n’y en avait même pas assez pour faire le minimum. A la maternité, les femmes qui avaient besoin d’oxygène ont dû s’en passer. L’hôpital avait un groupe mais il est tombé en panne à cause des délestages.
L’hôpital général de Thiès dépense par jour 600 l de carburant à raison de 632 francs Cfa le litre. L’activité opératoire, dit une source, a été considérablement réduite. En cas de fluctuation, le groupe ne fonctionne même pas. Les délestages sont sources de détérioration des équipements et des installations. A force de diminution des recettes, les hôpitaux s’enfoncent davantage dans la crise. Si les parents n’étaient pas venus récupérer les corps à temps, ils se seraient décomposés dans la morgue, où la moitié des chambres ne fonctionne plus à cause des coupures. Triste…
Hadja Diaw GAYE l'asquotidien
Des bébés qui meurent dans des crèches, des cadavres en état de putréfaction avancée, des bus réduits en cendres par des flammes…Les délestages et le lot insoutenable de catastrophes qu’ils causent n’ont pas fini de faire plonger les populations jusque dans leurs derniers retranchements. Le Sutsas s’insurge. Son secrétaire général, Mballo Dia Thiam, a plusieurs fois tiré la sonnette d’alarme. Après les 72 heures insoutenables pendant lesquelles Ourossogui est resté sans électricité, son syndicat a attiré l’attention sur les menaces d’inefficacité des vaccins dont la chaîne de froid a été interrompue. Au mieux, ils n’ont aucun effet, comme s’il s’agissait d’eau. Au pire, ils peuvent constituer des dangers. La poliomyélite a refait surface. Ça pourrait être le cas de la rougeole et du tétanos, si rien n’est fait. Sont aussi concernés par les problèmes de conservation, le sang et les dérivés du sang, de même que d’autres produits pharmaceutiques comme les suppositoires. Les délestages occasionnent par ailleurs des dépenses supplémentaires en carburant, qui passent du simple au double. Ils endommagent aussi les groupes électrogènes qui finissent par tomber en panne à force de tourner.
A l’hôpital de Thiès, par exemple, le groupe qui sauve les malades est loué à 250.000 francs Cfa par jour. « Ces dépenses vont considérablement impacter sur les finances », fait remarquer Mballo Dia Thiam. La Senelec se bombe le torse de ses nouveaux investissements. Mais Thiam trouve que le mieux serait de faire fonctionner d’abord l’existant et de procéder par élimination des groupes qui ont atteint leur limite d’âge.
Son collègue syndicaliste de l’Hôpital Général de Grand Yoff (Hoggy), Cheikh Seck trouve inadmissible que la morgue d’un hôpital ne dispose pas de groupe électrogène. A l’Hoggy, ils en ont, qui assurent le relais dans les secteurs sensibles. « Cela se répercute sur les factures de l’hôpital », s’empresse-t-il d’ajouter, avant de préciser que ce ne sont pas tous les secteurs qui sont dotés de groupes.
Ziguinchor et Thiès enterrent leurs morts à la hâte
A l’hôpital régional de Ziguinchor où trois bébés qui avaient besoin d’être réanimés ont rendu l’âme en pédiatrie, les employés ne décolèrent pas. Chef du service infirmier, Aba Diatta informe qu’à la morgue, des corps commençaient à plonger dans un état de putréfaction. Ils ont été obligés de lancer un appel aux populations pour leur demander de vite récupérer leurs proches. A ces calvaires, s’ajoute la difficulté de la prise en charge des cas d’urgence. Pendant 24 h, ni la radiographie, ni le laboratoire n’ont fonctionné. Il était donc impossible de faire des analyses indispensables pour le diagnostic de certaines maladies. Ce qui plonge les patients dans le désarroi total. Le personnel de garde a été forcé de recourir aux torches, et il n’y en avait même pas assez pour faire le minimum. A la maternité, les femmes qui avaient besoin d’oxygène ont dû s’en passer. L’hôpital avait un groupe mais il est tombé en panne à cause des délestages.
L’hôpital général de Thiès dépense par jour 600 l de carburant à raison de 632 francs Cfa le litre. L’activité opératoire, dit une source, a été considérablement réduite. En cas de fluctuation, le groupe ne fonctionne même pas. Les délestages sont sources de détérioration des équipements et des installations. A force de diminution des recettes, les hôpitaux s’enfoncent davantage dans la crise. Si les parents n’étaient pas venus récupérer les corps à temps, ils se seraient décomposés dans la morgue, où la moitié des chambres ne fonctionne plus à cause des coupures. Triste…
Hadja Diaw GAYE l'asquotidien
CONSÉQUENCES DES COUPURES INTEMPESTIVES D’ÉLECTRICITÉ
Tailleurs, coiffeuses, boulangers pleurent…
La Senelec gagnerait à trouver des solutions pour résoudre dans les plus brefs délais son équation. Les arguments avancés pour convaincre les plus sceptiques quant à sa volonté de trouver des solutions ne sont rien, comparés au calvaire que vivent les populations. Un tour entre Grand-Yoff et Sacré-cœur, hier, permet de constater pour le regretter l’ampleur des dégâts.
Trouvé dans son laboratoire de photos en train de se tourner les pouces au milieu de ses employés, Mafal Ndiaye ne veut même plus entendre parler de services de la Senelec, pour cause. Il explique qu’à Grand Yoff, ils peuvent rester des jours et des jours à se tourner les pouces, à cause des coupures intempestives de courant. N’ayant pas un groupe électrogène, c’est à peine s’il ose engager un grand marché. Conséquence : son chiffre d’affaires a drastiquement baissé.
Assise dans son salon, jambes croisées, les yeux rivés vers la porte principale, Adja Thiam, patronne du complexe « Yacine Coiffure » indique qu’il n’y a plus de mots pour qualifier la situation que vivent les coiffeuses. « On ne travaille plus. Nous sommes fatiguées. Nous n’avons même plus de quoi assurer les salaires à la fin du mois. Le peu que nous gagnons avec les rares clientes, nous sommes obligés de le re-dépenser en termes de carburant pour alimenter le groupe électrogène. Nous dépensons tous les jours 10.000 F pour du carburant et les factures deviennent de plus en plus chères. La « clim » ne fonctionne plus. Nos trois télévisions, n’en parlons même pas. La situation est intenable ».
La gravité de la situation ne se ressent pas que chez les coiffeuses. Chez les couturières aussi, on souffre. À Sacré-cœur, précisément au complexe « Chalar », c’est la même situation. Amina Diagne, gérante de la boutique de prêt-à-porter, ne sait plus ou donner de la tête. Les choses ne marchent pratiquement plus pour elle et sa patronne. Elle est obligée de fournir à tout moment des explications aux clientes de la boîte pour se faire pardonner les retards indépendants de sa volonté. « Nous accusons de plus en plus de retards sur les commandes. Et comme nous avons des clients ici et à l’extérieur, nous sommes obligés d’appeler les uns, d’envoyer des e-mail aux autres pour leur expliquer la situation et les rassurer… Je ne vous parle même pas de la gymnastique que les tailleurs font, la plupart du temps, pour être dans les délais. Actuellement, nous avons du mal à assurer. Nous avons même un problème pour payer les salaires et les charges à la fin du mois. Tout cela, du fait d’une mauvaise qualité du service de l’électricité. Nous sommes obligées de dépenser 10.000 F tous les deux jours pour faire marcher le groupe électrogène. Que les autorités nous viennent en aide. Nous sommes vraiment très fatiguées ».
S’il y a présentement une entreprise où les responsables sont dans la gadoue jusqu’au menton, c’est bien la « Brioche Dorée » qui se trouve à l’avenue Yacinthe Thiandoum. Ici, les activités jadis florissantes, ne marchent maintenant qu’au ralenti. Le chiffre d’affaires n’est plus ce qu’il était. Les clients ne sont pas contents, le groupe électrogène ne fonctionne plus. Et les recettes qui proviennent des maigres ventes ne servent qu’à réparer, et à toujours réparer. Pape Ndiaye, le responsable, est amer : « le groupe électrogène qui nous permettait de tenir le coup ne fonctionne plus depuis hier. Maintenant, il va falloir y mettre beaucoup d’argent. Avant cela, on dépensait plus de 45.000 F en carburant pour assurer le service. Mais avec la nouvelle donne, il faut dire que nous ne sommes pas arrivés au bout de nos peines. Pour le groupe, nous allons devoir segmenter certains éléments. Et pour cette fois, il va falloir y mettre 300 à 400.000 F pour espérer le récupérer au plus vite. La segmentation du moteur seulement, c’est 700.000 F. Nous avons eu à saisir la Senelec mais jusque-là, rien. Elle promet, mais ne vient jamais voir ce qui se passe ».
Des pertes énormes….
Cette situation décrite n’est rien par rapport aux pertes. A l’en croire, rien qu’avec les dernières coupures, la Brioche Dorée enregistre un retour en pâtisserie de 129.500 F alors que d’habitude, c’est 15.000 au maximum de gâteaux perdus. Le pain aussi. D’habitude, explique Pape Ndiaye, « on préparait 8 sacs de farine par jour. Mais maintenant, c’est juste 3 sacs. Hier, c’est 483 Kg de pain qui nous ont été retournés. Avant-hier, 550 Kg… À ce rythme, nous fonçons tout droit vers le mur. Le pain pétri peut être gardé dans la chambre froide trois à quatre heures. Passé ce temps, il n’y a plus possibilité de l’utiliser. Les coupures, ici, font plus que ça. La conséquence est que notre chiffre d’affaires qui était à deux millions (1 million 800 pour les jours ordinaires et 2 millions pour les week-ends) a fortement chuté. Maintenant, c’est à peine si on parvient à atteindre le million. On est délesté trois à quatre fois par jour. Ce n’est pas normal ».
Madou Mbodj l'asquotidien
La Senelec gagnerait à trouver des solutions pour résoudre dans les plus brefs délais son équation. Les arguments avancés pour convaincre les plus sceptiques quant à sa volonté de trouver des solutions ne sont rien, comparés au calvaire que vivent les populations. Un tour entre Grand-Yoff et Sacré-cœur, hier, permet de constater pour le regretter l’ampleur des dégâts.
Trouvé dans son laboratoire de photos en train de se tourner les pouces au milieu de ses employés, Mafal Ndiaye ne veut même plus entendre parler de services de la Senelec, pour cause. Il explique qu’à Grand Yoff, ils peuvent rester des jours et des jours à se tourner les pouces, à cause des coupures intempestives de courant. N’ayant pas un groupe électrogène, c’est à peine s’il ose engager un grand marché. Conséquence : son chiffre d’affaires a drastiquement baissé.
Assise dans son salon, jambes croisées, les yeux rivés vers la porte principale, Adja Thiam, patronne du complexe « Yacine Coiffure » indique qu’il n’y a plus de mots pour qualifier la situation que vivent les coiffeuses. « On ne travaille plus. Nous sommes fatiguées. Nous n’avons même plus de quoi assurer les salaires à la fin du mois. Le peu que nous gagnons avec les rares clientes, nous sommes obligés de le re-dépenser en termes de carburant pour alimenter le groupe électrogène. Nous dépensons tous les jours 10.000 F pour du carburant et les factures deviennent de plus en plus chères. La « clim » ne fonctionne plus. Nos trois télévisions, n’en parlons même pas. La situation est intenable ».
La gravité de la situation ne se ressent pas que chez les coiffeuses. Chez les couturières aussi, on souffre. À Sacré-cœur, précisément au complexe « Chalar », c’est la même situation. Amina Diagne, gérante de la boutique de prêt-à-porter, ne sait plus ou donner de la tête. Les choses ne marchent pratiquement plus pour elle et sa patronne. Elle est obligée de fournir à tout moment des explications aux clientes de la boîte pour se faire pardonner les retards indépendants de sa volonté. « Nous accusons de plus en plus de retards sur les commandes. Et comme nous avons des clients ici et à l’extérieur, nous sommes obligés d’appeler les uns, d’envoyer des e-mail aux autres pour leur expliquer la situation et les rassurer… Je ne vous parle même pas de la gymnastique que les tailleurs font, la plupart du temps, pour être dans les délais. Actuellement, nous avons du mal à assurer. Nous avons même un problème pour payer les salaires et les charges à la fin du mois. Tout cela, du fait d’une mauvaise qualité du service de l’électricité. Nous sommes obligées de dépenser 10.000 F tous les deux jours pour faire marcher le groupe électrogène. Que les autorités nous viennent en aide. Nous sommes vraiment très fatiguées ».
S’il y a présentement une entreprise où les responsables sont dans la gadoue jusqu’au menton, c’est bien la « Brioche Dorée » qui se trouve à l’avenue Yacinthe Thiandoum. Ici, les activités jadis florissantes, ne marchent maintenant qu’au ralenti. Le chiffre d’affaires n’est plus ce qu’il était. Les clients ne sont pas contents, le groupe électrogène ne fonctionne plus. Et les recettes qui proviennent des maigres ventes ne servent qu’à réparer, et à toujours réparer. Pape Ndiaye, le responsable, est amer : « le groupe électrogène qui nous permettait de tenir le coup ne fonctionne plus depuis hier. Maintenant, il va falloir y mettre beaucoup d’argent. Avant cela, on dépensait plus de 45.000 F en carburant pour assurer le service. Mais avec la nouvelle donne, il faut dire que nous ne sommes pas arrivés au bout de nos peines. Pour le groupe, nous allons devoir segmenter certains éléments. Et pour cette fois, il va falloir y mettre 300 à 400.000 F pour espérer le récupérer au plus vite. La segmentation du moteur seulement, c’est 700.000 F. Nous avons eu à saisir la Senelec mais jusque-là, rien. Elle promet, mais ne vient jamais voir ce qui se passe ».
Des pertes énormes….
Cette situation décrite n’est rien par rapport aux pertes. A l’en croire, rien qu’avec les dernières coupures, la Brioche Dorée enregistre un retour en pâtisserie de 129.500 F alors que d’habitude, c’est 15.000 au maximum de gâteaux perdus. Le pain aussi. D’habitude, explique Pape Ndiaye, « on préparait 8 sacs de farine par jour. Mais maintenant, c’est juste 3 sacs. Hier, c’est 483 Kg de pain qui nous ont été retournés. Avant-hier, 550 Kg… À ce rythme, nous fonçons tout droit vers le mur. Le pain pétri peut être gardé dans la chambre froide trois à quatre heures. Passé ce temps, il n’y a plus possibilité de l’utiliser. Les coupures, ici, font plus que ça. La conséquence est que notre chiffre d’affaires qui était à deux millions (1 million 800 pour les jours ordinaires et 2 millions pour les week-ends) a fortement chuté. Maintenant, c’est à peine si on parvient à atteindre le million. On est délesté trois à quatre fois par jour. Ce n’est pas normal ».
Madou Mbodj l'asquotidien