Phénomène récent aux Parcelles assainies, la lutte gagne chaque jour du terrain au détriment du football, particulièrement des « navétanes » (championnat populaire).
Dans les années 2000- 2003, le football était le sport favori des jeunes. Le mouvement « navétanes » occupait une place très importante dans les activités culturelles et sportives des habitants des Parcelles assainies. Chaque quartier - de l’Unité 1 à l’Unité 26 - avait une ou deux Asc (Association sportive et culturelle).
Les joueurs étaient de véritables stars locales et des exemples à suivre pour les jeunes. « Le mouvement « navétanes » a longtemps dominé aux Parcelles assainies. On ne parlait que de football. C’était le seul sport qui parvenait à mobiliser et à unir beaucoup de personnes.
Le stade municipal était toujours plein à craquer et la rivalité entre quartiers était très forte. La lutte, personne n’en parlait, surtout que, dans la zone, il n’y avait que Manga 2 et le « Tigre » de Fass, Moustapha Guèye, comme grands lutteurs », se souvient Chérif Fall, un ancien footballeur. Mais, la population a commencé à se lasser du football.
Pour cause, les violences pourrissaient l’atmosphère et la bonne entente entre habitants. Les jeunes se ruèrent tous alors vers les « mbapattes » (séances de lutte traditionnelle nocturne) et reléguèrent le foot au second plan.
« Le football ne marche plus comme avant, même s’il mobilise des foules jusqu’à présent. D’ailleurs, des footballeurs ont, récemment, troqué les godasses contre un « nguimb », explique Daouda Guissé, qui ajoute : « j’ai commencé à m’intéresser à la lutte au moment où Mouhamed Ndao Tyson faisait ses premiers pas dans l’arène. Il a révolutionné la lutte au niveau de la banlieue. Ouza Sow de l’écurie Fass a aussi poussé beaucoup de jeunes à aimer la lutte. Il était un as de la lutte simple. Et je me rappelle que chaque soir, je le suivais dans les « mbapattes ». Tous les jeunes ne parlaient que de lui. Il était très populaire à l’époque». Et la population juvénile, qui est sans occupation, a vite répondu, ici, à l’appel de l’arène.
Creuset des futurs champions
Le nombre d’écuries et d’écoles de lutte s’est multiplié en un laps de temps dans la zone. En effet, les jeunes n’ont qu’un rêve : devenir de grands champions dans l’arène. Modou Lô, le lutteur le plus populaire, Papa Sow de Fass, Moussa Dioum, chef de file de « Parcelles Mbollo », Zoss de « Door Dorat », Boy Nar et Bruce Lee, entre autre, sont tous d’ici.
Les « apprentis » lutteurs, très nombreux, veulent suivre leur pas. « J’ai arrêté mon métier de menuisier pour m’investir dans la lutte. Je veux être un champion et gagner beaucoup d’argent. Je viens juste d’avoir 17 ans, je m’entraîne tous les jours à la plage. Depuis que j’ai commencé à suivre Modou Lô dans l’arène, je ne rêve que d’une seule chose : devenir aussi populaire que lui », fait savoir Tapha Ndiaye, de l’Unité 13. Même son de cloche pour Papis Fall qui a laissé tomber les études. « Je suis actuellement sociétaire d’une école de lutte. Je veux devenir un grand lutteur, juste pour pouvoir aider mes parents. J’ai quitté l’école et je n’ai aucun regret ».
«Mon fils a arrêté ses études juste pour devenir un lutteur. Pourtant, il avait un très bon niveau à l’école. Je l’ai beau sermonner, mais cela n’a servi à rien du tout. Il campe sur ses positions. Tous les jours il est à la plage avec ses amis lutteurs, pour s’entraîner. Ici aux Parcelles, la lutte a gagné du terrain. Je suis désolé de voir ces jeunes se ruer tous vers la lutte. Ils ne comprennent pas qu’ils ne peuvent pas tous réussir dans ce sport », se désole Pa Vieux Ndiaye. L’ancien lutteur Birahim Ndiaye abonde dans le même sens. Selon lui, beaucoup de jeunes regretteront plus tard d’avoir quitté l’école ou leur métier pour la lutte.
« Ce qui se passe aux Parcelles assainies est très grave. Les jeunes sont obnubilés par les millions de francs dont ils entendent parler dans l’arène. Alors que seuls quelques ténors parviennent à avoir de bons cachets ». Le directeur technique de l’école de lutte « Sakou Xam Xam », basée à l’Unité 14, est d’ailleurs catégorique : « je n’accepte pas, dans mon école de lutte, des gens qui n’ont pas de métier ! ».
« Kharagne Lô », la fierté des « Parcellois »
Modou Lô de l’écurie « Rock Energie » est la plus grande fierté des Parcelles assainies. Son nom est tagué sur presque tous les murs. Ses photos et les tee-shirts à son effigie n’en parlons pas. Ici, ils se vendent comme de petits pains.
« Kharagne Lô », comme l’appellent ses sympathisants, est l’idole des jeunes. Les habitants des Parcelles assainies sont unanimes sur une chose : « si la lutte a pris une telle ampleur dans ce quartier, c’est en grande partie grâce au parcours exceptionnel de Modou Lô ».
Ce n’est pas pour rien qu’il est actuellement le lutteur le plus populaire de l’arène et le plus courtisé des promoteurs. Il est même en train de devenir un …fils de pub avec toutes ces marques d’appareils ménagers aux chips à s’associer à son image. « Modou Lô est notre fierté. Aux Parcelles assainies, tout le monde l’aime, il représente dignement notre fief. Les femmes, les vieux, les jeunes filles et même les enfants le connaissent. Quand il prépare un combat, tous les habitants des Unités (1 à 26) se mobilisent derrière lui. Nous sommes capables de remplir tout un stade juste pour soutenir Kharagne Lô », confie un de ses voisins à l’Unité 10.
SOURCE: LE SOLEIL
Dans les années 2000- 2003, le football était le sport favori des jeunes. Le mouvement « navétanes » occupait une place très importante dans les activités culturelles et sportives des habitants des Parcelles assainies. Chaque quartier - de l’Unité 1 à l’Unité 26 - avait une ou deux Asc (Association sportive et culturelle).
Les joueurs étaient de véritables stars locales et des exemples à suivre pour les jeunes. « Le mouvement « navétanes » a longtemps dominé aux Parcelles assainies. On ne parlait que de football. C’était le seul sport qui parvenait à mobiliser et à unir beaucoup de personnes.
Le stade municipal était toujours plein à craquer et la rivalité entre quartiers était très forte. La lutte, personne n’en parlait, surtout que, dans la zone, il n’y avait que Manga 2 et le « Tigre » de Fass, Moustapha Guèye, comme grands lutteurs », se souvient Chérif Fall, un ancien footballeur. Mais, la population a commencé à se lasser du football.
Pour cause, les violences pourrissaient l’atmosphère et la bonne entente entre habitants. Les jeunes se ruèrent tous alors vers les « mbapattes » (séances de lutte traditionnelle nocturne) et reléguèrent le foot au second plan.
« Le football ne marche plus comme avant, même s’il mobilise des foules jusqu’à présent. D’ailleurs, des footballeurs ont, récemment, troqué les godasses contre un « nguimb », explique Daouda Guissé, qui ajoute : « j’ai commencé à m’intéresser à la lutte au moment où Mouhamed Ndao Tyson faisait ses premiers pas dans l’arène. Il a révolutionné la lutte au niveau de la banlieue. Ouza Sow de l’écurie Fass a aussi poussé beaucoup de jeunes à aimer la lutte. Il était un as de la lutte simple. Et je me rappelle que chaque soir, je le suivais dans les « mbapattes ». Tous les jeunes ne parlaient que de lui. Il était très populaire à l’époque». Et la population juvénile, qui est sans occupation, a vite répondu, ici, à l’appel de l’arène.
Creuset des futurs champions
Le nombre d’écuries et d’écoles de lutte s’est multiplié en un laps de temps dans la zone. En effet, les jeunes n’ont qu’un rêve : devenir de grands champions dans l’arène. Modou Lô, le lutteur le plus populaire, Papa Sow de Fass, Moussa Dioum, chef de file de « Parcelles Mbollo », Zoss de « Door Dorat », Boy Nar et Bruce Lee, entre autre, sont tous d’ici.
Les « apprentis » lutteurs, très nombreux, veulent suivre leur pas. « J’ai arrêté mon métier de menuisier pour m’investir dans la lutte. Je veux être un champion et gagner beaucoup d’argent. Je viens juste d’avoir 17 ans, je m’entraîne tous les jours à la plage. Depuis que j’ai commencé à suivre Modou Lô dans l’arène, je ne rêve que d’une seule chose : devenir aussi populaire que lui », fait savoir Tapha Ndiaye, de l’Unité 13. Même son de cloche pour Papis Fall qui a laissé tomber les études. « Je suis actuellement sociétaire d’une école de lutte. Je veux devenir un grand lutteur, juste pour pouvoir aider mes parents. J’ai quitté l’école et je n’ai aucun regret ».
«Mon fils a arrêté ses études juste pour devenir un lutteur. Pourtant, il avait un très bon niveau à l’école. Je l’ai beau sermonner, mais cela n’a servi à rien du tout. Il campe sur ses positions. Tous les jours il est à la plage avec ses amis lutteurs, pour s’entraîner. Ici aux Parcelles, la lutte a gagné du terrain. Je suis désolé de voir ces jeunes se ruer tous vers la lutte. Ils ne comprennent pas qu’ils ne peuvent pas tous réussir dans ce sport », se désole Pa Vieux Ndiaye. L’ancien lutteur Birahim Ndiaye abonde dans le même sens. Selon lui, beaucoup de jeunes regretteront plus tard d’avoir quitté l’école ou leur métier pour la lutte.
« Ce qui se passe aux Parcelles assainies est très grave. Les jeunes sont obnubilés par les millions de francs dont ils entendent parler dans l’arène. Alors que seuls quelques ténors parviennent à avoir de bons cachets ». Le directeur technique de l’école de lutte « Sakou Xam Xam », basée à l’Unité 14, est d’ailleurs catégorique : « je n’accepte pas, dans mon école de lutte, des gens qui n’ont pas de métier ! ».
« Kharagne Lô », la fierté des « Parcellois »
Modou Lô de l’écurie « Rock Energie » est la plus grande fierté des Parcelles assainies. Son nom est tagué sur presque tous les murs. Ses photos et les tee-shirts à son effigie n’en parlons pas. Ici, ils se vendent comme de petits pains.
« Kharagne Lô », comme l’appellent ses sympathisants, est l’idole des jeunes. Les habitants des Parcelles assainies sont unanimes sur une chose : « si la lutte a pris une telle ampleur dans ce quartier, c’est en grande partie grâce au parcours exceptionnel de Modou Lô ».
Ce n’est pas pour rien qu’il est actuellement le lutteur le plus populaire de l’arène et le plus courtisé des promoteurs. Il est même en train de devenir un …fils de pub avec toutes ces marques d’appareils ménagers aux chips à s’associer à son image. « Modou Lô est notre fierté. Aux Parcelles assainies, tout le monde l’aime, il représente dignement notre fief. Les femmes, les vieux, les jeunes filles et même les enfants le connaissent. Quand il prépare un combat, tous les habitants des Unités (1 à 26) se mobilisent derrière lui. Nous sommes capables de remplir tout un stade juste pour soutenir Kharagne Lô », confie un de ses voisins à l’Unité 10.
SOURCE: LE SOLEIL