Le coup de force du Général Diendéré, à la tête des troupes du Régiment de sécurité présidentielle (Rsp), avait fini de consacrer la fracture entre les différents acteurs politiques et militaires au Burkina Faso. Les négociations avaient été âpres et difficiles et les témoins ont pu assister à des situations de tension forte. La volonté et la sérénité affichées par les autorités sénégalaises pour conduire les discussions ont sans doute pu sauver la situation. Il était certainement évident qu’aucune des parties ne pouvait continuer l’épreuve de force et qu’il faudrait en arriver à une paix des braves mais les exigences brandies par chaque camp rendaient hypothétiques la conclusion d’un accord. Chaque camp a cherché à jouer sur les nerfs de l’autre. Dans une telle atmosphère, la délégation sénégalaise a allié la fermeté, le sens de l’explication et la persuasion. A toutes les heures du jour et de la nuit, un ballet des différents responsables de l’un ou l’autre camp a été observé à l’hôtel Laico de Ouagadougou qui abritait les négociations. Le Président Macky Sall avait été amené à sortir de l’hôtel pour aller discuter avec certains protagonistes qui ne pouvaient se déplacer pour des raisons évidentes de sécurité. La diplomatie sénégalaise aura véritablement joué gros dans cette opération.
Le Président Macky Sall avait la première responsabilité de conduire les négociations en sa qualité de président de la Cedeao. Il s’acquittait ainsi d’un devoir mais on peut dire qu’ils n’étaient pas nombreux à l’aider dans cette lourde tâche. Les autorités ivoiriennes ont eu le rôle facile de se démarquer de toute initiative estimant que l’affaire est une affaire de politique intérieure du Burkina Faso et que la Côte d’Ivoire n’avait pas à s’y mêler. L’attitude de Alassane Ouattara apparaît on ne peut plus choquante car force est de dire que s’il a jusqu’à présent la vie sauve et qu’il a pu être à la tête de la Côte d’Ivoire, c’est justement parce qu’il y avait des pays amis de la Côte d’Ivoire qui n’avaient pas estimé se laver les mains des problèmes ivoiro-ivoiriens. Les autres chefs d’Etat de la sous-région ont l’excuse d’avoir fort à faire dans leur propre pays. Le Béninois Yayi Boni, qui a été le plus disponible, a assisté le Président Macky Sall.
Cette présence était très opportune mais l’intervention du chef de l’Etat béninois a été gâchée par un impair du fait de sa propre turpitude. En effet, au moment où on pensait que les négociations étaient bouclées en fin de journée samedi dernier, le Président béninois devait prendre congé des différents protagonistes et donc laisser le Président Macky Sall finaliser les discussions. Le Président Yayi Boni, après avoir fait une déclaration annonçant la bonne nouvelle pour le lendemain, n’a pas pu résister à la tentation de répondre au micro de la chaîne France 24 pour y donner une réponse malheureuse laissant croire que la transition allait se poursuivre sans le président de la Transition Michel Kafando que les militaires avaient renversé. L’accord qui était déjà obtenu prévoyait pourtant la restitution du pouvoir au Président Kafando.
Seulement, Yayi Boni, pris par une certaine étourderie, a dit le contraire. Patatras. Tout le schéma échafaudé tomba à l’eau du fait que les partis politiques et la Société civile burkinabè croyaient s’être fait hara-kiri. De leur côté, les éléments du Rsp pouvaient encore croire que le général Gilbert Diendéré resterait à la tête du pays. Le Président Macky Sall s’est donc retrouvé seul pour tenter de renouer le dialogue. Il aussi eu l’intelligence de calmer certaines inquiétudes d’acteurs politiques et de la Société civile quant à l’intégrité physique de l’ancien Premier ministre, le Colonel Isaac Yacoub Zida détenu par les putschistes. Macky Sall a exigé et obtenu du Général Diendéré que des émissaires qu’il aura lui-même désignés, notamment en la personne de Mouhamed Ibn Chambas, président de la Commission de la Cedeao et de son ambassadrice à Ouagadougou, aient pu accéder au Colonel Zida pour s’assurer de son intégrité physique et lui rendre compte de l’évolution des négociations et recueillir son adhésion aux pourparlers et aux termes d’un éventuel accord. Dans la matinée du dimanche, les deux camps revenaient à la table des négociations en rivalisant de surenchère. Le Général Diendéré ne pouvait plus rallier ses troupes à un accord qui ne leur garantirait pas un avenir sûr. Il a fallu que le Président Sall se déplace au Palais de Kosyam pour un face-à -face avec les militaires du Rsp. Le chef de l’Etat sénégalais se montra intraitable et leur a fait entendre raison.
Les Burkinabè ont montré toutes leurs faces dans dette affaire. Un jeune responsable d’un parti politique, dépité, se laissa aller dans une colère noire indiquant : «Les Burkinabè, c’est comme on dit en Dioula la gueule du chien. Ils sont capables de gentillesse autant qu’ils sont capables de férocité.» Dans les rangs de la délégation sénégalaise, les nerfs commençaient à lâcher. Il vint alors à l’esprit la sagesse racontée dans le Fouta qui voudrait que quand Samba Guéladjégui avait cherché en vain à réconcilier deux communautés voisines qui se chamaillaient, il avait proposé de les laisser se battre sans aucune intervention extérieure et cela eut ; comme par enchantement, l’avantage de leur faire entendre raison et d’accepter de se mettre autour d’une natte pour discuter et se réconcilier. Le Président Macky Sall n’en était pas arrivé à une telle extrémité mais quand certains membres de la délégation sénégalaise tiraient leurs valises pour se préparer à quitter l’hôtel, de nombreux négociateurs avaient commencé à lâcher du lest.
Le succès est beau et il faudrait bien s’en féliciter car on en voit certains qui auraient ri sous cape si la médiation sénégalaise avait échoué. D’ailleurs, certains médias occidentaux se sont évertué à mettre à l’actif de leur pays toutes les avancées positives enregistrées tout au long des discussions à Ouagadougou alors que leurs ambassadeurs n’avaient même pas assisté à toutes les rencontres. Les autres chefs d’Etat de la Cedeao qui ont donné l’air de se débiner seront devant leurs responsabilités mardi prochain à Abuja. Ils auront le devoir de donner leur caution au compromis proposé. La diplomatie sénégalaise ne portera pas seule la responsabilité de la mise en œuvre.
Le Président Macky Sall avait la première responsabilité de conduire les négociations en sa qualité de président de la Cedeao. Il s’acquittait ainsi d’un devoir mais on peut dire qu’ils n’étaient pas nombreux à l’aider dans cette lourde tâche. Les autorités ivoiriennes ont eu le rôle facile de se démarquer de toute initiative estimant que l’affaire est une affaire de politique intérieure du Burkina Faso et que la Côte d’Ivoire n’avait pas à s’y mêler. L’attitude de Alassane Ouattara apparaît on ne peut plus choquante car force est de dire que s’il a jusqu’à présent la vie sauve et qu’il a pu être à la tête de la Côte d’Ivoire, c’est justement parce qu’il y avait des pays amis de la Côte d’Ivoire qui n’avaient pas estimé se laver les mains des problèmes ivoiro-ivoiriens. Les autres chefs d’Etat de la sous-région ont l’excuse d’avoir fort à faire dans leur propre pays. Le Béninois Yayi Boni, qui a été le plus disponible, a assisté le Président Macky Sall.
Cette présence était très opportune mais l’intervention du chef de l’Etat béninois a été gâchée par un impair du fait de sa propre turpitude. En effet, au moment où on pensait que les négociations étaient bouclées en fin de journée samedi dernier, le Président béninois devait prendre congé des différents protagonistes et donc laisser le Président Macky Sall finaliser les discussions. Le Président Yayi Boni, après avoir fait une déclaration annonçant la bonne nouvelle pour le lendemain, n’a pas pu résister à la tentation de répondre au micro de la chaîne France 24 pour y donner une réponse malheureuse laissant croire que la transition allait se poursuivre sans le président de la Transition Michel Kafando que les militaires avaient renversé. L’accord qui était déjà obtenu prévoyait pourtant la restitution du pouvoir au Président Kafando.
Seulement, Yayi Boni, pris par une certaine étourderie, a dit le contraire. Patatras. Tout le schéma échafaudé tomba à l’eau du fait que les partis politiques et la Société civile burkinabè croyaient s’être fait hara-kiri. De leur côté, les éléments du Rsp pouvaient encore croire que le général Gilbert Diendéré resterait à la tête du pays. Le Président Macky Sall s’est donc retrouvé seul pour tenter de renouer le dialogue. Il aussi eu l’intelligence de calmer certaines inquiétudes d’acteurs politiques et de la Société civile quant à l’intégrité physique de l’ancien Premier ministre, le Colonel Isaac Yacoub Zida détenu par les putschistes. Macky Sall a exigé et obtenu du Général Diendéré que des émissaires qu’il aura lui-même désignés, notamment en la personne de Mouhamed Ibn Chambas, président de la Commission de la Cedeao et de son ambassadrice à Ouagadougou, aient pu accéder au Colonel Zida pour s’assurer de son intégrité physique et lui rendre compte de l’évolution des négociations et recueillir son adhésion aux pourparlers et aux termes d’un éventuel accord. Dans la matinée du dimanche, les deux camps revenaient à la table des négociations en rivalisant de surenchère. Le Général Diendéré ne pouvait plus rallier ses troupes à un accord qui ne leur garantirait pas un avenir sûr. Il a fallu que le Président Sall se déplace au Palais de Kosyam pour un face-à -face avec les militaires du Rsp. Le chef de l’Etat sénégalais se montra intraitable et leur a fait entendre raison.
Les Burkinabè ont montré toutes leurs faces dans dette affaire. Un jeune responsable d’un parti politique, dépité, se laissa aller dans une colère noire indiquant : «Les Burkinabè, c’est comme on dit en Dioula la gueule du chien. Ils sont capables de gentillesse autant qu’ils sont capables de férocité.» Dans les rangs de la délégation sénégalaise, les nerfs commençaient à lâcher. Il vint alors à l’esprit la sagesse racontée dans le Fouta qui voudrait que quand Samba Guéladjégui avait cherché en vain à réconcilier deux communautés voisines qui se chamaillaient, il avait proposé de les laisser se battre sans aucune intervention extérieure et cela eut ; comme par enchantement, l’avantage de leur faire entendre raison et d’accepter de se mettre autour d’une natte pour discuter et se réconcilier. Le Président Macky Sall n’en était pas arrivé à une telle extrémité mais quand certains membres de la délégation sénégalaise tiraient leurs valises pour se préparer à quitter l’hôtel, de nombreux négociateurs avaient commencé à lâcher du lest.
Le succès est beau et il faudrait bien s’en féliciter car on en voit certains qui auraient ri sous cape si la médiation sénégalaise avait échoué. D’ailleurs, certains médias occidentaux se sont évertué à mettre à l’actif de leur pays toutes les avancées positives enregistrées tout au long des discussions à Ouagadougou alors que leurs ambassadeurs n’avaient même pas assisté à toutes les rencontres. Les autres chefs d’Etat de la Cedeao qui ont donné l’air de se débiner seront devant leurs responsabilités mardi prochain à Abuja. Ils auront le devoir de donner leur caution au compromis proposé. La diplomatie sénégalaise ne portera pas seule la responsabilité de la mise en œuvre.