Tous les sénégalais, décideurs, acteurs politiques et citoyens lamda, doivent prendre conscience de leurs droits et devoirs, mais surtout de la nécessité de préserver la paix et la stabilité. En effet, l’obligation nous incombe à tous d’œuvrer pour le développement qui doit se traduire par un système éducatif performant, une politique de santé efficiente, une justice indépendante…
La pertinence de ce plaidoyer pour la paix est évidente et les récents événements survenus au Sénégal, et que nous avons suivis des Etats-Unis où nous résidons, nous confortent dans notre conviction que la paix est un acquis à préserver, à tout prix.
En effet, il convient de tirer tous les enseignements des événements du jeudi 23 juin 2011, en mettant l’intérêt national au dessus de toutes autres considérations.
J’en appelle d’abord à la sagesse du Président de la République, Me Abdoulaye Wade pour un dialogue ouvert, une large concertation et des initiatives d’écoute avec toutes les forces vives de la Nation, la classe politique, les chefs religieux, les syndicats, la société civile, les jeunes qui l’ont toujours accompagné et soutenu, pour que les jalons d’un consensus minimum sur les priorités de l’heure.
Dans la sérénité et la lucidité, le Chef de l’Etat doit prendre des mesures radicales à commencer par son entourage dont certains membres ne lui disent certainement pas toujours la réalité et ne sont obnubilés que par leurs propres intérêts.
Il est nécessaire que le Chef de l’Etat pose par ailleurs des actes forts et rassurants, qui vont dans le sens d’élections libres et transparentes. Il faut que toutes les initiatives en cours pour la résolution de la crise énergétique soient renforcées et que des mesures soient prises pour réduire le coût de la vie, satisfaire dans la mesure du possible les revendications des travailleurs de différents secteurs comme la santé, l’éducation etc.
Une autre mesure d’apaisement pourrait consister à une abrogation des décrets relatifs aux découpages administratifs et en conséquence l’annulation des délégations spéciales.
L’opposition doit dans le même sens s’inscrire dans cette dynamique d’apaisement en acceptant le dialogue et la concertation qui ne saurait signifier renonciation à son ambition légitime de conquérir le pouvoir car c’est sa vocation, mais pour trouver avec le Chef de l’Etat des points de convergence pour consolider la paix et les voies et moyens d’une confrontation saine des idées et des programmes, avec comme seuls arbitres les électeurs que sont les citoyens.
La société civile doit assumer la plénitude de son rôle de veille et d’alerte. Les religieux doivent jouer pleinement leur statut de régulateur social. Tous les citoyens, les jeunes en particulier, doivent exercer leurs droits à l’expression de leurs préoccupations, dans le respect des lois et règlements en vigueur, dans la liberté que leur confère la Constitution, en évitant de s’engager dans la violence, car les préjudices causés lors des manifestations seront imputés aux contribuables qui ont déjà bien du mal à s’en sortir.
Il faut le reconnaître, le Président Abdoulaye Wade a contribué à la construction de la démocratie au Sénégal, en vingt six ans d’opposition, et de par son ambition pour le Sénégal, qui se traduit par des acquis en matière d’infrastructures et dans plusieurs domaines : routes, transport, éducation, santé, agriculture etc. même si l’opportunité de certaines initiatives font l’objet de controverses Il est vrai, la perfection n’est pas de ce monde.
Comme nous l’avons déjà dit, la paix reste un acquis qu’il faut préserver. Il faut que toutes les parties s’accordent sur une plateforme minimum de gestion du processus électoral, de nature à garantir une élection libre, pacifique et transparente en février 2012, par le choix d’un Président en qui les citoyens ont confiance pour conduire leurs destinées, dans l’unité, la paix et la stabilité. Et le seul vainqueur serait le Sénégal, qui doit impérativement préserver et consolider ses acquis démocratiques.
Il est nécessaire qu’à tous les niveaux chacun fasse son introspection, pour évaluer sa part de responsabilité dans la situation du pays, avoir un comportement et une attitude normales et apporter sa contribution au développement du pays.
En effet, quelques constats appellent de notre part des observations.
Le gouvernement du Sénégal, selon les chiffres officiels, injecte plus de 40% du budget national dans le seul domaine de l'Education et pourtant la qualité de l’enseignement n’est pas des meilleures, malgré la floraison des établissements d'enseignement publics. Pourquoi alors? Parce que certains parmi ceux qui sont chargés d'assurer l'éducation de nos enfants n'ont pas toujours le niveau requis ou ne sont pas suffisamment motivés, car parfois peu ou pas formés. On peut aussi déplorer les grèves récurrentes constatées au Sénégal etc.
Dans le domaine de l'Agriculture, si le Président de la République a posé des actes majeurs, en organisant les agriculteurs (Syndicat Japando) et en initiant la GOANA, subsistent des dysfonctionnements, qui se traduisent notamment par des bons impayés qui engendrent un certain mal vivre en milieu rural.
Dans le domaine de la Santé, des problèmes se posent avec acuité. Malgré d’immenses efforts fournis, comme le Plan sésame, la gratuité de la césarienne etc. l’accès aux soins n’est pas toujours assurée, pour preuve le cas de ce père de famille, quinquagénaire qui, plus de trois mois durant a cherché à subir une intervention chirurgicale. Pourquoi? Parce que soit la machine est tombée en panne, soit les agents de la santé sont en grève. Et beaucoup de gens ont péri suite à ce qu’on pourrait qualifier de « non assistance à une personne en danger. »
Dans le domaine de la Justice, le système judiciaire est souvent bloqué par des mouvements d’humeur de magistrats et greffiers non satisfaits de leurs conditions de vie et de travail.
Dans un pays où l'éducation subit régulièrement des perturbations, où nombreux sont ceux qui ne mangent pas à leur faim, où la santé n'est pas assurée à tout le monde et où la justice n’est pas convenablement assurée, il faut tirer la sonnette d’alarme.
Ce n'est ni le seul fait du Président Abdoulaye WADE, ni le seul fait du gouvernement, mais les responsabilités sont partagées. Nous ne sommes plus justes envers nous même, mais nous ne sommes guidés que par nos propres intérêts. Les ressorts de la solidarité et du partage se cassent et à coté d'une population très pauvre, qui vit dans les inondations, d'autres sont propriétaires d'immeubles, de voitures et vivent dans un luxe insolent suscitant l'envie et c’est connu, « l'envie est la mère de tous les soucis. »
Voilà pourquoi des enseignants disent « donnez nous notre part du gâteau, sinon on casse les craies », que l'agriculteur brade sa récolte parce qu'on ne lui pas payé sa récolte de l'année dernière, que le médecin se défait de sa blouse, que le magistrat jette sa robe, que l'agresseur jette son dévolu sur les braves gens, que chacun, à sa manière, réclame sa part du gâteau.
Chacun a sa part de responsabilité dans le développement du Sénégal. Dans cette perspective, nous devons méditer sur le dernier discours du Prophète (Paix et Salut sur lui) qui disait en substance d'être juste envers nos femmes et d'avoir pitié de nos enfants. C’est dire qu'il faut redonner toute son importance à ces deux couches de la société. Plus prés de nous, en termes de temps, relisons le dernier discours de Kéba MBAYE avant sa mort.
Avant de terminer, arrêtons-nous sur certains événements récents événements.
La Coopérative Femme Action, se félicite du titre de Docteur Honoris Causa décerné à Youssou Ndour, et nous adressons toutes nos félicitations à l’enfant de la Médina. Une fierté pour tous les citoyens y compris ceux de la Diaspora. Un symbole pour toute la Nation Sénégalaise.
Nous tenons aussi à présenter nos condoléances à toute la communauté de Sangalkam et plus particulièrement à la famille de Malick Bâ, à son épouse et au Président de la communauté rurale. C’est regrettable et prions que de telles choses ne se reproduisent.
Nous exprimons aussi toute notre solidarité à tous ceux qui ont été blessés, civils comme hommes de tenue, lors des manifestations du jeudi 23 juin 2011.
Chers compatriotes mon dernier mot porte sur les manifestations. Si sur le principe, manifester est un droit, sur le procédé évitons de verser dans la violence et de bloquer tout l’appareil d’Etat alors que la plupart de ceux qui nous gouvernent ou ceux qui sollicitent nos suffrages ont leurs enfants a l’extérieur et si on n y prend garde reviendront un jour diriger nos enfants. Dans ce sens, nous mères et pères de famille, devons faire preuve de vigilance, pour assumer nos responsabilités vis-à vis de nos enfants et de la société.
Que la paix soit avec vous !
Mme Absatou Kane DIOP
Présidente Coopérative Femmes Action (C.F.A)
Washington DC & Area
www.cfaproject.org
diopkane_64@hotmail.com