Ainsi, le 13 août dernier, il a annoncé urbi et orbi qu’il allait régler leurs comptes aux journaux L’As, 24 Heures Chrono, Pic et Le Courrier du jour, coupables d’avoir exposé quelques aspects pas trop glorieux de sa vie privée. S’indignant du fait que nul ne se soit ému de ces attaques, et prenant toute l’opinion à témoin, il avait juré de le faire payer très cher aux impertinents. Et Farba, quand il menace, il passe aux actes.
C’est un homme de parole. Ainsi, dans la soirée de dimanche dernier, des commandos de professionnels ont attaqué avec une quasi-simultanéité les locaux de l’As et 24 heures chrono, deux des quotidiens nommément cités par M. Farba Senghor, et les ont mis à sac. Résultat : du matériel informatique de valeur détruit, des employés brutalisés et aspergés de gaz asphyxiant, des domiciles privés violés, au moins un enfant de trois ans violenté et choqué. On s’attendait à ce que le preux Farba Senghor ait le courage de revendiquer son acte mais c’était mal le connaître : l’homme, une fois son forfait accompli, s’est répandu en dénégations pour le moins embrouillées tandis que son cabinet multipliait les déclarations aussi pitoyables qu’incohérentes. Les arguments du chargé de la Mobilisation du Parti démocratique sénégalais (Pds), à savoir qu’il ne se trouvait pas au Sénégal mais en Turquie au moment des faits (autrement dit, je suis une tête de Turc idéale, mais ce n’est pas moi !), et qu’il ne dispose pas d’une L 200 dans son parc automobile personnel ou celui de son ministère, sont tout simplement ridicules et cousus de fil blanc.
Comme s’il avait besoin de se trouver sur le territoire national pour commanditer les actes odieux de dimanche dernier dans les locaux de nos confrères ! Comme si un bandit, un vrai, ou un tueur, utilisait son propre véhicule pour commettre son forfait ou son crime ! Et comme si, parce qu’il fallait justement un sacré culot et une bonne dose d’imbécillité pour, après avoir menacé publiquement, passer aux actes, les menaces pouvaient empêcher d’agir ! L’honorable Farba Senghor, esprit supérieur, élément hors du commun, a justement voulu jouer sur cela pour semer le trouble dans les esprits en prenant tous les Sénégalais pour des demeurés. Des simples d’esprit. Disons-le clairement : sauf si par extraordinaire l’enquête policière confiée à la Sûreté urbaine prouvait que les coupables n’ont aucun lien avec M. Farba Senghor, rien ne peut empêcher d’accuser le ministre des Transports aériens et de l’Artisanat d’être le commanditaire des attaques contre les sièges des journaux L’As et 24 heures Chrono. Toutes les apparences sont en tout cas contre lui.
C’est que, en plus d’avoir dès le départ pris la tête de la croisade libérale contre la presse sénégalaise à la manière d’un Don Quichotte qui combattait des moulins à vent, en présidant avec le ministre Abdoulaye Faye les réunions tenues au siège du Pds sur la Vdn et destinées à vitrifier la presse, M. Senghor s’est invité de force dans le journal télévisé de la Rts pour édicter des mesures destinées à étouffer cette même presse. Non content, il est allé éructer et aboyer sur le plateau de Wal - Fadjri Tv se permettant même au passage de menacer un journaliste de lui faire sa fête.
Comme si tout cela ne suffisait pas, il a sorti son communiqué vengeur du 13 août dernier. Et puis, il aura beau clamer son innocence, son passé récent ne plaide pas spécialement en sa faveur. N’a-t-il pas été la seule autorité libérale à avoir tenté d’agresser un préfet au point de se faire bastonner par les policiers qui montaient la garde devant le bureau de ce brave fonctionnaire de l’administration territoriale ? Après avoir été (brièvement) interdit de palais présidentiel, il avait été récompensé avec… un portefeuille ministériel. N’a-t-il pas, une fois, recruté des nervis pour torpiller une marche pourtant autorisée du Front Siggil Sénégal ? N’a-t-il pas envoyé un commando jeter des détritus aussi bien sur le mur d’enceinte que dans le domicile de l’ancien Premier ministre, M. Idrissa Seck ? Ne parlons pas de ses menaces et voies de fait contre les agents de l’Asecna… Et si par miracle il réussissait à museler la presse, il se retrouverait à la Primature ?
Le plus inquiétant, c’est qu’on n’a jamais entendu le président de la République désavouer publiquement l’honorable Farba Senghor qui a sans doute joué à merveille pendant un bon moment le rôle de fou du Roi mais qui, à présent, a franchement disjoncté et n’a de cesse d’embarrasser son bon Roi. Lequel ferait bien, à défaut de l’envoyer dans un asile pour aliénés, de lui offrir une retraite dorée ailleurs. Mais enfin, ce sont là les oignons du Parti démocratique sénégalais et du régime libéral…
Pour en revenir aux actions – commandos contre les locaux de L’As et de 24 heures Chrono, je dois dire que j’ai été agréablement surpris par la position de notre jeune confrère El Malick Seck, directeur de ce dernier organe, et consistant à ne pas porter plainte après l’agression subie. À quoi bon en effet ? A-t-on jamais vu depuis l’Alternance une affaire d’agression de journalistes ou de mise à sac de locaux de journaux élucidée par la Police ? Les membres du commando qui, nuitamment, avaient tenté d’incendier le siège du groupe Wal - Fadjri ont-ils jamais été identifiés ? Et s’ils l’ont été, nul n’a osé mettre la main sur eux. Bien que formellement reconnus, les policiers de la Bip qui avaient bastonné nos confrères Kambel Dieng et Karamokho Thioune le 21 juin dernier au stade Léopold Sédar Senghor ont-ils été inquiétés à ce jour ? Les talibés de Cheikh Béthio Thioune qui étaient venus violenter notre ancien collaborateur Aliou Diongue dans nos locaux ont-ils jamais été retrouvés ? Où sont les agresseurs de Pape Cheikh Fall, le correspondant de la Radio Futurs médias (Rfm) à Mbacké ? Cela dit, il ne faut pas incriminer seulement le régime de l’Alternance dans l’impunité accordée aux agresseurs de journalistes puisque les individus qui avaient déposé une bombe dans mon domicile un matin de 1997 courent toujours…
De même, les policiers du Groupement mobile d’Intervention (Gmi) qui s’étaient acharnés sur notre collaborateur Pape Ndiaye avec une sauvagerie inouïe au point de lui casser une jambe, n’ont guère été inquiétés. Et pourtant, à l’époque, c’est-à-dire en 1998, nous avions porté plainte devant le doyen des juges d’instruction. Une caution de 100 000 francs nous avait été réclamée que nous avions payée. Il n’y a jamais eu le moindre acte d’instruction… Quant à notre confrère Ibou Fall, membre fondateur du Témoin, et ancien directeur de publication des quotidiens Tract et Frasques, sa plainte contre le footballeur El Hadj Diouf qui l’avait injurié publiquement à maintes reprises (y compris par voie de presse !) n’a pas été digne d’être diligentée par le procureur de la République de l’époque qui n’avait même pas daigné en accuser réception. Pour un peu, si le confrère avait insisté, il se serait retrouvé en prison. On ne touche pas à El Hadj Diouf, voyons !
Alors, bien sûr, dans ce pays dit de droit qu’est le Sénégal, dans ce berceau de la démocratie africaine, il existe deux catégories de justiciables : ceux qui méritent que les juges disent le droit en leur faveur, et ceux qui sont tout juste bons à être lourdement condamnés à la moindre plainte d’un citoyen de la première catégorie. Voire à être jetés en prison à la moindre incartade, au moindre clignement d’yeux de l’Exécutif. Oui, dans ce pays béni des dieux qu’est le Sénégal, il existe des fils de p… nommés journalistes qui ne sont tout juste bons qu’à être battus, emprisonnés, vilipendés, qui ne méritent pas que la Justice condescende à examiner leurs plaintes et qui, bien évidemment, ne peuvent compter sur la protection de la Police qui les considère au mieux comme des punching-ball. Encore que, dans un véritable Etat de droit, tous les citoyens, même les fils de p…, ont droit à la justice et à la protection de la force publique. Dans ces conditions, en effet, à quoi bon pour les journalistes porter plainte quand ils sont agressés ?
Au contraire, ils doivent même s’estimer heureux de l’honneur insigne que leur font les nervis de M. Farba Senghor en venant saccager leurs locaux. Porter plainte ? Pour qu’au finish l’enquête policière débouche sur la conclusion selon laquelle les journalistes auraient saccagé leurs propres locaux pour se faire de la publicité et faire accuser un honorable ministre de la République ? Il est vrai que les policiers aussi ont payé : pour le meurtre de l’étudiant Balla Gaye, n’a-t-on pas envoyé en prison pour de longs mois… un policier (qui sera innocenté plus tard par la justice) tandis que les coupables présumés, des étudiants libéraux, étaient exfiltrés vers l’Europe ?
Bref, ce serait une divine surprise si l’enquête policière aboutissait et que les membres du commando qui ont attaqué dimanche dernier les locaux de L’As et de 24 heures chrono étaient arrêtés et mis à la disposition de la Justice…
C’est un homme de parole. Ainsi, dans la soirée de dimanche dernier, des commandos de professionnels ont attaqué avec une quasi-simultanéité les locaux de l’As et 24 heures chrono, deux des quotidiens nommément cités par M. Farba Senghor, et les ont mis à sac. Résultat : du matériel informatique de valeur détruit, des employés brutalisés et aspergés de gaz asphyxiant, des domiciles privés violés, au moins un enfant de trois ans violenté et choqué. On s’attendait à ce que le preux Farba Senghor ait le courage de revendiquer son acte mais c’était mal le connaître : l’homme, une fois son forfait accompli, s’est répandu en dénégations pour le moins embrouillées tandis que son cabinet multipliait les déclarations aussi pitoyables qu’incohérentes. Les arguments du chargé de la Mobilisation du Parti démocratique sénégalais (Pds), à savoir qu’il ne se trouvait pas au Sénégal mais en Turquie au moment des faits (autrement dit, je suis une tête de Turc idéale, mais ce n’est pas moi !), et qu’il ne dispose pas d’une L 200 dans son parc automobile personnel ou celui de son ministère, sont tout simplement ridicules et cousus de fil blanc.
Comme s’il avait besoin de se trouver sur le territoire national pour commanditer les actes odieux de dimanche dernier dans les locaux de nos confrères ! Comme si un bandit, un vrai, ou un tueur, utilisait son propre véhicule pour commettre son forfait ou son crime ! Et comme si, parce qu’il fallait justement un sacré culot et une bonne dose d’imbécillité pour, après avoir menacé publiquement, passer aux actes, les menaces pouvaient empêcher d’agir ! L’honorable Farba Senghor, esprit supérieur, élément hors du commun, a justement voulu jouer sur cela pour semer le trouble dans les esprits en prenant tous les Sénégalais pour des demeurés. Des simples d’esprit. Disons-le clairement : sauf si par extraordinaire l’enquête policière confiée à la Sûreté urbaine prouvait que les coupables n’ont aucun lien avec M. Farba Senghor, rien ne peut empêcher d’accuser le ministre des Transports aériens et de l’Artisanat d’être le commanditaire des attaques contre les sièges des journaux L’As et 24 heures Chrono. Toutes les apparences sont en tout cas contre lui.
C’est que, en plus d’avoir dès le départ pris la tête de la croisade libérale contre la presse sénégalaise à la manière d’un Don Quichotte qui combattait des moulins à vent, en présidant avec le ministre Abdoulaye Faye les réunions tenues au siège du Pds sur la Vdn et destinées à vitrifier la presse, M. Senghor s’est invité de force dans le journal télévisé de la Rts pour édicter des mesures destinées à étouffer cette même presse. Non content, il est allé éructer et aboyer sur le plateau de Wal - Fadjri Tv se permettant même au passage de menacer un journaliste de lui faire sa fête.
Comme si tout cela ne suffisait pas, il a sorti son communiqué vengeur du 13 août dernier. Et puis, il aura beau clamer son innocence, son passé récent ne plaide pas spécialement en sa faveur. N’a-t-il pas été la seule autorité libérale à avoir tenté d’agresser un préfet au point de se faire bastonner par les policiers qui montaient la garde devant le bureau de ce brave fonctionnaire de l’administration territoriale ? Après avoir été (brièvement) interdit de palais présidentiel, il avait été récompensé avec… un portefeuille ministériel. N’a-t-il pas, une fois, recruté des nervis pour torpiller une marche pourtant autorisée du Front Siggil Sénégal ? N’a-t-il pas envoyé un commando jeter des détritus aussi bien sur le mur d’enceinte que dans le domicile de l’ancien Premier ministre, M. Idrissa Seck ? Ne parlons pas de ses menaces et voies de fait contre les agents de l’Asecna… Et si par miracle il réussissait à museler la presse, il se retrouverait à la Primature ?
Le plus inquiétant, c’est qu’on n’a jamais entendu le président de la République désavouer publiquement l’honorable Farba Senghor qui a sans doute joué à merveille pendant un bon moment le rôle de fou du Roi mais qui, à présent, a franchement disjoncté et n’a de cesse d’embarrasser son bon Roi. Lequel ferait bien, à défaut de l’envoyer dans un asile pour aliénés, de lui offrir une retraite dorée ailleurs. Mais enfin, ce sont là les oignons du Parti démocratique sénégalais et du régime libéral…
Pour en revenir aux actions – commandos contre les locaux de L’As et de 24 heures Chrono, je dois dire que j’ai été agréablement surpris par la position de notre jeune confrère El Malick Seck, directeur de ce dernier organe, et consistant à ne pas porter plainte après l’agression subie. À quoi bon en effet ? A-t-on jamais vu depuis l’Alternance une affaire d’agression de journalistes ou de mise à sac de locaux de journaux élucidée par la Police ? Les membres du commando qui, nuitamment, avaient tenté d’incendier le siège du groupe Wal - Fadjri ont-ils jamais été identifiés ? Et s’ils l’ont été, nul n’a osé mettre la main sur eux. Bien que formellement reconnus, les policiers de la Bip qui avaient bastonné nos confrères Kambel Dieng et Karamokho Thioune le 21 juin dernier au stade Léopold Sédar Senghor ont-ils été inquiétés à ce jour ? Les talibés de Cheikh Béthio Thioune qui étaient venus violenter notre ancien collaborateur Aliou Diongue dans nos locaux ont-ils jamais été retrouvés ? Où sont les agresseurs de Pape Cheikh Fall, le correspondant de la Radio Futurs médias (Rfm) à Mbacké ? Cela dit, il ne faut pas incriminer seulement le régime de l’Alternance dans l’impunité accordée aux agresseurs de journalistes puisque les individus qui avaient déposé une bombe dans mon domicile un matin de 1997 courent toujours…
De même, les policiers du Groupement mobile d’Intervention (Gmi) qui s’étaient acharnés sur notre collaborateur Pape Ndiaye avec une sauvagerie inouïe au point de lui casser une jambe, n’ont guère été inquiétés. Et pourtant, à l’époque, c’est-à-dire en 1998, nous avions porté plainte devant le doyen des juges d’instruction. Une caution de 100 000 francs nous avait été réclamée que nous avions payée. Il n’y a jamais eu le moindre acte d’instruction… Quant à notre confrère Ibou Fall, membre fondateur du Témoin, et ancien directeur de publication des quotidiens Tract et Frasques, sa plainte contre le footballeur El Hadj Diouf qui l’avait injurié publiquement à maintes reprises (y compris par voie de presse !) n’a pas été digne d’être diligentée par le procureur de la République de l’époque qui n’avait même pas daigné en accuser réception. Pour un peu, si le confrère avait insisté, il se serait retrouvé en prison. On ne touche pas à El Hadj Diouf, voyons !
Alors, bien sûr, dans ce pays dit de droit qu’est le Sénégal, dans ce berceau de la démocratie africaine, il existe deux catégories de justiciables : ceux qui méritent que les juges disent le droit en leur faveur, et ceux qui sont tout juste bons à être lourdement condamnés à la moindre plainte d’un citoyen de la première catégorie. Voire à être jetés en prison à la moindre incartade, au moindre clignement d’yeux de l’Exécutif. Oui, dans ce pays béni des dieux qu’est le Sénégal, il existe des fils de p… nommés journalistes qui ne sont tout juste bons qu’à être battus, emprisonnés, vilipendés, qui ne méritent pas que la Justice condescende à examiner leurs plaintes et qui, bien évidemment, ne peuvent compter sur la protection de la Police qui les considère au mieux comme des punching-ball. Encore que, dans un véritable Etat de droit, tous les citoyens, même les fils de p…, ont droit à la justice et à la protection de la force publique. Dans ces conditions, en effet, à quoi bon pour les journalistes porter plainte quand ils sont agressés ?
Au contraire, ils doivent même s’estimer heureux de l’honneur insigne que leur font les nervis de M. Farba Senghor en venant saccager leurs locaux. Porter plainte ? Pour qu’au finish l’enquête policière débouche sur la conclusion selon laquelle les journalistes auraient saccagé leurs propres locaux pour se faire de la publicité et faire accuser un honorable ministre de la République ? Il est vrai que les policiers aussi ont payé : pour le meurtre de l’étudiant Balla Gaye, n’a-t-on pas envoyé en prison pour de longs mois… un policier (qui sera innocenté plus tard par la justice) tandis que les coupables présumés, des étudiants libéraux, étaient exfiltrés vers l’Europe ?
Bref, ce serait une divine surprise si l’enquête policière aboutissait et que les membres du commando qui ont attaqué dimanche dernier les locaux de L’As et de 24 heures chrono étaient arrêtés et mis à la disposition de la Justice…