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Quelle place pour Le Joola dans la déclaration de politique générale du Premier ministre, le 10 septembre prochain…

Rédigé par leral.net le Vendredi 7 Septembre 2012 à 15:03 | | 0 commentaire(s)|

Le 10 septembre prochain, le Premier ministre du Sénégal va faire sa déclaration de politique générale. Un peu plus de deux semaines avant le dixième anniversaire du drame du bateau le Joola. Dix ans après, le chef du gouvernement, devant la représentation nationale, ne manquera peut-être pas d’accorder accordera quelques lignes à la plus grande tragédie de l'histoire de notre pays. Un de ses prédécesseurs à la Primature, Idrissa Seck, avait consacré une dizaine de paragraphes à cette tragédie du bateau le Joola. C'était le 03 février 2003. L'ancien Premier ministre avait abordé les questions relatives à l'établissement de la liste officielle des victimes (1863), au paiement des indemnités pour les familles de victimes, disponibilité de l'argent pour l'acquisition d'un nouveau bateau pour la desserte maritime Dakar-Ziguinchor entre autres.


Quelle place pour Le Joola dans la déclaration de politique générale du Premier ministre, le 10 septembre prochain…
Renflouage de l'épave et justice
Dix ans après, la tragédie du Joola est plus que d'actualité. Les plaies ne se sont pas cicatrisées. La douleur reste intacte et la souffrance est toujours vive. Le 10 septembre prochain, à quelques jours de la commémoration du drame, l'Etat doit rassurer les familles de victimes et les rescapés du Joola, car dix ans après, beaucoup de familles n'ont pas pu faire leur deuil, faute de renflouage de l’épave. Un renflouage capital. Il est encore possible. Cette épave, une fois ramenée sur la terre ferme, participera à l’effectivité du deuil dans les familles de victimes sénégalaises, africaines et européennes. Un deuil entaché et empêché depuis presque dix ans par l'ancien régime. L’épave renflouée peut également servir de mémorial. Et l'argent mobilisé pour la construction de mémorial pourrait servir, par exemple, à soutenir financièrement les pupilles «délaissées» de la Nation dans le cadre de leurs études ou dans d’autres activités.
Hormis le renflouement de l'épave, le Premier ministre devrait donner des assurances sur la question judiciaire. On sait que ce dossier est classé sans suite au Sénégal moins d'un an après la tragédie. Rien n'empêche l'Etat de dépoussiérer ce dossier, d'organiser un procès au Sénégal et de sanctionner les coupables. A «l'impossible», l'Etat sénégalais doit mener une franche collaboration avec les autorités judiciaires françaises pour la manifestation de la vérité. Il est inconcevable que personne ne soit sanctionné pour une tragédie qui a fait près de 2000 victimes!
 
Quai de Carabane, un bateau fret et un second bateau à passagers
Ces deux questions évacuées, le chef du gouvernement doit apporter quelques éclairages par rapport aux travaux du quai d'accostage de l'île de Carabane. Déjà, entre 2004 et 2005, la Banque européenne d’investissement (Bei) et la Banque allemande de développement (Kfw) avaient débloqués 27 millions d'euros pour la réalisation des gares maritimes et la réparation des quais des ports de Dakar et de Ziguinchor et la construction d’un quai d’accostage sur l’île de Carabane. Si la gare maritime internationale de Dakar et la gare maritime de Ziguinchor sont fonctionnelles, ce n'est point encore le cas pour le quai d'accostage de l'île de Carabane. Alors que l'escale de Carabane constituait une économie de temps et d'argent pour les populations du département d’Oussouye et participait également au désenclavement de cette partie de la région naturelle de la Casamance.
Toujours dans le cadre de la «continuité territoriale», la mise à l'eau d'un second bateau à passagers pour la desserte maritime Dakar-Ziguinchor serait la bienvenue pour renforcer les deux rotations hebdomadaires qu’effectue le navire Aline Sitoe Diatta. De même que l'acquisition d'un bateau fret pour redynamiser le secteur économique, réduire les pertes de temps entre Ziguinchor et la capitale sénégalaise et anéantir les pertes des quantités énormes de produits agricoles et fruitiers enregistrées régulièrement dans l'année. Sans oublier le dragage du fleuve Casamance pour une bonne navigabilité. Un dragage réclamé depuis plus de trois ans. L’échouement du navire Aline Sitoe Diatta, le 02 mai dernier avait fait planer l’ombre du Joola et constitue une alerte rouge pour prendre toutes les dispositions nécessaires afin d’éviter d’autres catastrophes.


 
Papa Moctar SELANE
Journaliste
Réalisateur du film documentaire "Le Joola, l'ancre du souvenir"
papamoctar@gmail.com