Le téléphone moderne est devenu un véritable trou noir engloutissant avec voracité de nouvelles technologies. Il a ainsi déjà absorbé les lecteurs de musique, les appareils photo et même de nombreuses tablettes. Les écrans se sont agrandis, les objectifs des capteurs se sont améliorés, tout comme les applications professionnelles et de divertissement. Mis à part l'iPad et une poignée de tablettes low cost comme la série Fire HD d'Amazon, la tablette autonome a été largement supplantée par les smartphones grand écran.
Beaucoup pensaient que le PC, en particulier l'ordinateur portable classique, serait le suivant sur la liste - en particulier après plusieurs années d'une croissance anémique dans de nombreux domaines de l'industrie du PC. Mais l'ordinateur portable est loin d'être mort. Mieux, il reste chaque année une des catégories vedettes des éditions du CES.
En 2018, les ordinateurs portables présentés au CES, que nous définirons de manière générale afin d'y inclure des hybrides et des tablettes "deux-en-un" sous Windows, montrent même les signes d'un bond en avant sur le plan de l'évolution. La convergence PC-smartphone annoncée depuis longtemps, est en bonne voie. Toutefois, ce ne sont finalement pas les téléphones qui ressemblent de plus en plus à des ordinateurs, mais les ordinateurs qui s'apparentent toujours plus à des smartphones.
Le portable qui pense comme un téléphone
L'illustration la plus évidente de cette évolution, c'est la nouvelle génération d'ordinateurs portables renonçant aux processeurs Intel (et parfois AMD) traditionnels au profit des derniers processeurs Snapdragon de Qualcomm. Jusqu'à présent, trois de ces systèmes Snapdragon ont été présentés : le HP Envy x2, le Asus NoveGo et le Lenovo Miix 630.
Des ordinateurs portables avec des processeurs moins puissants ont déjà été tentés, avec un succès limité. Pourquoi l'heure du succès serait-elle à présent venue ? Parce que ces systèmes ne sont pas promus comme des machines jetables - et en fait, ils coûteront 600 $ et plus, soit autant que de nombreux ordinateurs portables traditionnels. Les fabricants promettent cette fois des fonctionnalités très haut de gamme, dont une connectivité 4G (comme un smartphone) et plus de 20 heures d'autonomie, ce qui les rapproche également plus d'un téléphone que d'un PC.
La contrepartie, c'est pour ces ordinateurs portables Snapdragon l'utilisation de Windows 10 S, une version limitée de Windows 10. Celle-ci autorise uniquement les applications du Microsoft Store. Cela n'est pas sans rappeler les univers clos des applications des OS mobiles adoptés par de nombreux smartphones.
La bonne nouvelle : il est possible de migrer en quelques clics vers Windows 10 Pro , généralement gratuitement. Nous ignorons cependant encore comment le processeur Snapdragon fonctionnera avec des applications plus gourmandes comme Photoshop ou les jeux PC. Le compromis consiste à échanger puissance et flexibilité contre une autonomie accrue et une connectivité mobile.
Ou, en d'autres termes : un ordinateur portable avec le cerveau d'un téléphone sera-t-il assez puissant pour ressembler à un "vrai" ordinateur ?
Le téléphone qui pense comme un ordinateur portable
La convergence entre le téléphone et l'ordinateur portable au CES a également pris une autre trajectoire. Razer, le fabricant de PC et d'accessoires, ne se prive jamais de présenter un ou deux prototypes originaux lors du CES, comme l'ordinateur portable Project Valerie à trois écrans de l'année dernière.
Le prototype du CES 2018, c'est le projet Linda : un boîtier d'ordinateur portable de 13 pouces, avec un large espace à la place de l'habituel pavé tactile. Insérez un téléphone Razer dans cette fente, appuyez sur un bouton, et les deux terminaux se connectent. Le corps de l'ordinateur portable agit alors comme un dock haut de gamme pour le téléphone. Le téléphone joue quant à lui, le rôle de pavé tactile et aussi de deuxième écran. Linda fonctionne avec un nombre croissant d'applications Android spécialement conçues pour les grands écrans d'ordinateur portable ou d'écrans autonomes pour PC.
Oui, le terrain a déjà été exploré : le mort-né Palm Foleo, le Motorola Atrix 4G et le plus récent Asus Padfone X reposaient tous sur une idée similaire : "ajouter un ordinateur portable à votre téléphone".
Mais vu à travers le prisme des ordinateurs portables Snapdragon de Lenovo, HP et Asus, le résultat final est étonnamment similaire. Nous pourrions ainsi dans un avenir proche, voir beaucoup plus de ces expériences hybrides, soit un ordinateur portable, mais alimenté par un cerveau de téléphone.
Article "PC-phone convergence is happening, but not how you think " traduit et adapté par Christophe Auffray, ZDNet.fr