RAPPORT 2010 DE LA CNUCED SUR L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Avec seulement 237 millions de dollars en 2010, le Sénégal absent du «Top 10» des pays africains grands absorbeurs de l'Ide
Le rapport 2011 de la Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) sur l'investissement étranger direct dans le monde a été rendu public, hier, au centre des Nations-Unies de Dakar. Et pour le Sénégal, la situation s'avère peu reluisante. Car, le Sénégal n'a absorbé «que 237 millions de dollars d'investissement direct étranger en 2010, contre 208 millions de dollars en 2009», a indiqué le présentateur du rapport, le professeur Malick Sané, expert des questions liées à l'économie internationale. «Le Sénégal est assez loin d'un pays comme le Nigeria», a-t-il ajouté, tout en soulignant «la faiblesse» du «montant» de l'investissement étranger direct. Et la faiblesse du taux a eu pour cause de ne pas inclure notre pays dans le «Top 10» des pays africains qui ont le plus capté les investissements étrangers directs en 2010.
«Pour 2011, l'effet élection va freiner encore plus l'investissement»
Et la situation va certainement empirer en 2011, car le fossé va se creuser davantage au fur à mesure que les élections approchent. «Le Sénégal s'achemine vers des élections et en général, les années préélectorales, les investisseurs se retiennent. Pour 2011, je crois que l'effet immédiat élection va freiner encore plus l'investissement», avertit M. Sané. Et pour corroborer sa thèse, l'expert souligne qu'aujourd'hui, «même s'il y a beaucoup de chantiers dans ce pays, l'essentiel provient de financement de l'Etat du Sénégal». Et donc, «en 2011, sauf découverte de ressources naturelles, cette baisse va être constatée». De plus, «les moments où le Sénégal a reçu le plus d'investissements directs de l'étranger, c'est durant l'époque des privatisations», informe le Pr Sané.
Et parmi les causes nombreuses qui expliquent cette situation, il y a d'abord la question de la gouvernance. «Il est évident que le Sénégal a fait des progrès dans ce domaine, mais il y a encore beaucoup de choses à faire par rapport aux derniers rapports qui ont été publiés», indique-t-il. De plus, «il y a des facteurs bloquants», notamment avec «le problème du foncier qui se pose aux investisseurs». Ensuite, il y a «le problème de l'électricité». Car, «si des entreprises veulent investir et qu'il n'y a pas d'électricité, pour faire tourner les équipements, c'est un problème majeur», souligne le Pr Sané. En plus des efforts à faire sur le climat des affaires, «il faut davantage d'efforts dans la gouvernance», ajoute le présentateur du rapport.
«Il y a un problème de crédibilité»
Aussi, l'autre cause, selon le Pr Sané, c'est que notre pays ne dispose pas de ressources naturelles comme le pétrole. Aussi, «le Sénégal est un petit pays, car, par rapport aux déterminants de l'investissement, outre les ressources naturelles il y a le marché. Et le Sénégal est un petit pays donc le marché est réduit». En plus, ce qui décrédibilise l'image de notre pays aux yeux des investisseurs, ce sont ses contentieux avec des entreprises : «Le Sénégal a des contentieux au niveau de l'Omc par rapport à des contrats avec Sentel, Hélio Hydro Québec. Donc il y a un problème de crédibilité».
Et même si notre secteur touristique a un peu profité des perturbations en Côte d'Ivoire, c'est le Ghana qui a bénéficié de cette situation, en dépit de la position géographique de notre pays : «Une étude a été effectuée par la Banque mondiale et il s'avère que le pays qui a le plus bénéficié de la situation de la Côte d'Ivoire c'est plutôt le Ghana».
La chute de 9% de l'investissement direct en Afrique et ses dangers sur le financement de l'éducation, la santé…
Bien qu'ayant augmenté de 5% dans le monde en 2010 «pour s'établir à 1244 milliards de dollars», l'investissement direct étranger est resté inférieur à «environ 15% à la moyenne d'avant la crise et de près de 37% à leur niveau record de 2007». C'est ce que révèle le rapport 2010 de la Cnuced sur l'investissement. En Afrique, par exemple, selon ledit document, les investissements directs étrangers ont reculé de 9%. Et l'ensemble des investissements entrés dans le continent se chiffrent à 55 milliards de dollars. Soit 10% du total des flux envers les pays en voie de développement, contre 12% en 2009.
Et parmi les bons élèves en Afrique de l'Ouest, figure le Ghana qui a reçu 2527 millions de dollars en 2010 contre 1687 millions de dollars en 2009. «On a vu que les flux d'investissements étrangers ont considérablement augmenté. Le Ghana est un pays pratiquement émergent», s'est réjoui le présentateur du rapport, le Pr Malick Sané. Et bien qu'étant le pays qui reçoit le plus d'investissements directs de l'étranger, le Nigeria a vu son Ide chuter de 8158 en 2009 à 6099 millions de dollars en 2010.
L'Angola, premier pays d'accueil de l'Ide, a lui aussi enregistré un fort recul. «D'après le rapport, les pays qui reçoivent le plus d'Investissement direct de l'étranger sont des pays qui disposent de ressources naturelles, et en particulier les pays qui disposent de pétrole, c'est l'Angola, le Nigeria, le Ghana aussi avec des pays maghrébins qui reçoivent le plus», explique le Pr Sané.
Mais le cas qui a le plus surpris, c'est celui de l'Afrique du Sud. Ténor de l'Afrique et premier pays émergent du continent, l'Afrique du Sud a enregistré un recul net de son Ide. Et cela, malgré des élections apaisées et surtout après avoir organisé des élections. Et, lit-on aussi dans le document, les pays en développement et les pays en transition ont absorbé 52% des flux mondiaux de l'Ide pour la première fois.
Les conséquences de la baisse des flux
Les conséquences aussi bien pour le Sénégal que pour le reste de l'Afrique ont été répertoriés par le professeur Malick Sané. Pour lui, c'est d'abord des ressources et des capitaux en moins dans le pays, ensuite moins d'emplois créés, moins de salaires distribués, moins de consommation, une demande en baisse, tout en soulignant que «la demande a un rôle important dans la dynamique économique». Et, ajoute-t-il, «c'est aussi moins d'impôts, c'est-à-dire qu'il y aura moins d'activités et les recettes au niveau fiscal au niveau de l'Etat vont baisser». Et tout cela aura également «des conséquences négatives en termes de financement de l'éducation, de la santé. Donc les impacts sur le plan économique et social peuvent être non négligeables».
Youssouf SANE le populaire
Le rapport 2011 de la Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) sur l'investissement étranger direct dans le monde a été rendu public, hier, au centre des Nations-Unies de Dakar. Et pour le Sénégal, la situation s'avère peu reluisante. Car, le Sénégal n'a absorbé «que 237 millions de dollars d'investissement direct étranger en 2010, contre 208 millions de dollars en 2009», a indiqué le présentateur du rapport, le professeur Malick Sané, expert des questions liées à l'économie internationale. «Le Sénégal est assez loin d'un pays comme le Nigeria», a-t-il ajouté, tout en soulignant «la faiblesse» du «montant» de l'investissement étranger direct. Et la faiblesse du taux a eu pour cause de ne pas inclure notre pays dans le «Top 10» des pays africains qui ont le plus capté les investissements étrangers directs en 2010.
«Pour 2011, l'effet élection va freiner encore plus l'investissement»
Et la situation va certainement empirer en 2011, car le fossé va se creuser davantage au fur à mesure que les élections approchent. «Le Sénégal s'achemine vers des élections et en général, les années préélectorales, les investisseurs se retiennent. Pour 2011, je crois que l'effet immédiat élection va freiner encore plus l'investissement», avertit M. Sané. Et pour corroborer sa thèse, l'expert souligne qu'aujourd'hui, «même s'il y a beaucoup de chantiers dans ce pays, l'essentiel provient de financement de l'Etat du Sénégal». Et donc, «en 2011, sauf découverte de ressources naturelles, cette baisse va être constatée». De plus, «les moments où le Sénégal a reçu le plus d'investissements directs de l'étranger, c'est durant l'époque des privatisations», informe le Pr Sané.
Et parmi les causes nombreuses qui expliquent cette situation, il y a d'abord la question de la gouvernance. «Il est évident que le Sénégal a fait des progrès dans ce domaine, mais il y a encore beaucoup de choses à faire par rapport aux derniers rapports qui ont été publiés», indique-t-il. De plus, «il y a des facteurs bloquants», notamment avec «le problème du foncier qui se pose aux investisseurs». Ensuite, il y a «le problème de l'électricité». Car, «si des entreprises veulent investir et qu'il n'y a pas d'électricité, pour faire tourner les équipements, c'est un problème majeur», souligne le Pr Sané. En plus des efforts à faire sur le climat des affaires, «il faut davantage d'efforts dans la gouvernance», ajoute le présentateur du rapport.
«Il y a un problème de crédibilité»
Aussi, l'autre cause, selon le Pr Sané, c'est que notre pays ne dispose pas de ressources naturelles comme le pétrole. Aussi, «le Sénégal est un petit pays, car, par rapport aux déterminants de l'investissement, outre les ressources naturelles il y a le marché. Et le Sénégal est un petit pays donc le marché est réduit». En plus, ce qui décrédibilise l'image de notre pays aux yeux des investisseurs, ce sont ses contentieux avec des entreprises : «Le Sénégal a des contentieux au niveau de l'Omc par rapport à des contrats avec Sentel, Hélio Hydro Québec. Donc il y a un problème de crédibilité».
Et même si notre secteur touristique a un peu profité des perturbations en Côte d'Ivoire, c'est le Ghana qui a bénéficié de cette situation, en dépit de la position géographique de notre pays : «Une étude a été effectuée par la Banque mondiale et il s'avère que le pays qui a le plus bénéficié de la situation de la Côte d'Ivoire c'est plutôt le Ghana».
La chute de 9% de l'investissement direct en Afrique et ses dangers sur le financement de l'éducation, la santé…
Bien qu'ayant augmenté de 5% dans le monde en 2010 «pour s'établir à 1244 milliards de dollars», l'investissement direct étranger est resté inférieur à «environ 15% à la moyenne d'avant la crise et de près de 37% à leur niveau record de 2007». C'est ce que révèle le rapport 2010 de la Cnuced sur l'investissement. En Afrique, par exemple, selon ledit document, les investissements directs étrangers ont reculé de 9%. Et l'ensemble des investissements entrés dans le continent se chiffrent à 55 milliards de dollars. Soit 10% du total des flux envers les pays en voie de développement, contre 12% en 2009.
Et parmi les bons élèves en Afrique de l'Ouest, figure le Ghana qui a reçu 2527 millions de dollars en 2010 contre 1687 millions de dollars en 2009. «On a vu que les flux d'investissements étrangers ont considérablement augmenté. Le Ghana est un pays pratiquement émergent», s'est réjoui le présentateur du rapport, le Pr Malick Sané. Et bien qu'étant le pays qui reçoit le plus d'investissements directs de l'étranger, le Nigeria a vu son Ide chuter de 8158 en 2009 à 6099 millions de dollars en 2010.
L'Angola, premier pays d'accueil de l'Ide, a lui aussi enregistré un fort recul. «D'après le rapport, les pays qui reçoivent le plus d'Investissement direct de l'étranger sont des pays qui disposent de ressources naturelles, et en particulier les pays qui disposent de pétrole, c'est l'Angola, le Nigeria, le Ghana aussi avec des pays maghrébins qui reçoivent le plus», explique le Pr Sané.
Mais le cas qui a le plus surpris, c'est celui de l'Afrique du Sud. Ténor de l'Afrique et premier pays émergent du continent, l'Afrique du Sud a enregistré un recul net de son Ide. Et cela, malgré des élections apaisées et surtout après avoir organisé des élections. Et, lit-on aussi dans le document, les pays en développement et les pays en transition ont absorbé 52% des flux mondiaux de l'Ide pour la première fois.
Les conséquences de la baisse des flux
Les conséquences aussi bien pour le Sénégal que pour le reste de l'Afrique ont été répertoriés par le professeur Malick Sané. Pour lui, c'est d'abord des ressources et des capitaux en moins dans le pays, ensuite moins d'emplois créés, moins de salaires distribués, moins de consommation, une demande en baisse, tout en soulignant que «la demande a un rôle important dans la dynamique économique». Et, ajoute-t-il, «c'est aussi moins d'impôts, c'est-à-dire qu'il y aura moins d'activités et les recettes au niveau fiscal au niveau de l'Etat vont baisser». Et tout cela aura également «des conséquences négatives en termes de financement de l'éducation, de la santé. Donc les impacts sur le plan économique et social peuvent être non négligeables».
Youssouf SANE le populaire