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RDC: la rébellion respecte la trêve, l'UE étudie une mission militaire

Rédigé par leral.net le Vendredi 31 Octobre 2008 à 12:07 | | 0 commentaire(s)|

La rébellion congolaise qui a pris le dessus sur les troupes de Kinshasa dans l'est de la République démocratique du Congo a proposé jeudi de sécuriser les déplacements des civils chassés par les combats, et l'Europe étudie l'envoi d'une mission militaire humanitaire.


RDC: la rébellion respecte la trêve, l'UE étudie une mission militaire

Goma, capitale de la province du Nord-Kivu et objectif du chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda, est restée paralysée jeudi, avec ses rues vides et ses commerces clos. Des habitants ont continué à fuir la ville.

Au lendemain du cessez-le-feu décrété par la rébellion, la situation dans cette région où les affrontements ont repris fin août était considérée comme "stable" par la Mission de l'ONU en RDC (Monuc).

En revanche, la situation humanitaire est "catastrophique", selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), et l'Unicef redoute des épidémies.

Des dizaines de milliers de déplacés sont pris entre les lignes de feu, aux portes de Goma, et Laurent Nkunda - chef du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) - a proposé à la Monuc "l'ouverture de couloirs humanitaires d'urgence" pour permettre aux déplacés de rentrer chez eux.

Les habitants de Goma redoutaient de nouvelles violences à la faveur de la nuit. Dans une maison du quartier de Katindo, un journaliste de l'AFP a vu sept cadavres de civils tués la nuit précédente, selon les habitants, par des militaires gouvernementaux en débandade.

"Pour l'instant, le cessez-le-feu décidé par le CNDP est respecté par toutes les parties", a indiqué le chef des opérations militaires de la Monuc, le colonel Samba Tall.

Nkunda, général déchu de l'armée congolaise, a néanmoins prévenu que les Casques bleus ne pourraient pas "l'empêcher" de prendre Goma.

L'Union européenne (UE) a annoncé qu'elle étudiait l'envoi d'une mission militaire et que des pays membres étaient prêts à mettre à disposition des avions pour acheminer de l'aide humanitaire, "priorité numéro un" des Vingt-Sept.

La France a évoqué "une assistance aux populations civiles", sous la forme d'un contingent de 400 à 1.500 militaires en soutien "technique et humanitaire" à la Monuc. Une réunion du Comité politique et de sécurité de l'UE est prévue vendredi.

Le chef rebelle a jugé l'envoi d'une force européenne inutile, mais ne s'y est pas opposé à condition qu'elle vienne "appuyer la paix".

Paris a toutefois souligné que la solution à la crise au Kivu, déjà berceau des rébellions qui ont entraîné l'ex-Zaïre dans les guerres dévastatrices de 1996-1997 et 1998-2003, était "politique".

A Kinshasa, les députés congolais ont d'ailleurs réclamé à l'unanimité jeudi l'ouverture par le gouvernement d'un dialogue direct avec la rébellion et l'abandon de l'option militaire.

Nkunda affirme vouloir défendre les Tutsis congolais victimes, selon lui, d'exactions. Il accuse l'armée régulière d'utiliser comme supplétifs les rebelles hutus rwandais hostiles au régime de Kigali et installés dans l'est de la RDC, dont certains sont accusés d'avoir participé au génocide de 1994 au Rwanda essentiellement dirigé contre la minorité tutsie.

De son côté, Kinshasa accuse le pouvoir rwandais, dominé par les Tutsis, de soutenir les rebelles de Laurent Nkunda, ce que Kigali dément.

Le commissaire européen au Développement Louis Michel a affirmé qu'il ne croyait "pas à l'option militaire". Après avoir rencontré le président congolais Joseph Kabila à Kinshasa, il a appelé la communauté internationale "à bouger (...) pour trouver des solutions".

Alors que la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a téléphoné au président rwandais Paul Kagame, son adjointe aux Affaires africaines, Jendayi Frazer, a insisté dans la capitale congolaise sur l'instauration d'un dialogue permanent entre Kigali et Kinshasa "pour que la paix revienne".

Elle a annoncé l'envoi d'une équipe "de réaction rapide" pour évaluer les besoins des déplacés, avant de se rendre, comme Louis Michel, à Kigali.

La ministre rwandaise des Affaires étrangères, Rosemary Museminali, a également été reçue par M. Kabila, alors que les deux pays s'accusent mutuellement d'avoir bombardé leurs territoires.

Comme lors des deux précédentes guerres du Congo, ce conflit encore local n'est pas à l'abri d'une régionalisation. Selon une source diplomatique, Kinshasa pourrait demander "l'intervention" de l'Angola.

Source: AFP