D’habitude, le Cncr était très actif dans ce genre d’événement dédié au monde rural. Mais pour cette fête de la Goana, pour quelles raisons vous vous abstenez ?
Le Cncr n’a pas été représenté à la fête de la Goana parce que tout simplement il est prématuré de fêter la Goana au vu du constat fait sur le terrain. Effectivement, il y a Goana en tant qu’idée, en tant que concept. Et c’est à saluer dans la mesure où elle a entraîné un certain engouement. Mais sur le terrain, il y a eu une fusion, une confusion savamment entretenueImage par tous ceux qui parlent de la Goana. Tout le monde a, à l’esprit qu’on avait avancé que pour la Goana, on aurait besoin de 344 milliards de francs Cfa. Et quand le président de la République l’a clamé, c’était pour les six mois à venir. Au finish, on s’est rendu compte que la Goana est venue se superposer au programme agricole qu’on a connu depuis l’indépendance. Donc la campagne agricole ou «Goana» a coûté entre 30 et 35 milliards de francs Cfa. En d’autres termes, la Goana en tant que telle, n’a pas fait plus qu’on a connu. La Goana n’a pas coûté plus que d’habitude par rapport au programme agricole. Ce qui s’est produit n’est rien d’autre que le fruit de la pluie qui est tombée cette année. La bonne répartition de la pluie dans le temps et dans l’espace avec l’engouement, a fait que les gens ont semé. Il faut reconnaître que les facteurs de production ont posé problème. Les intrants de manière globale ont tardé à venir. Les semences ne sont pas de bonne qualité encore moins en abondance et elles ont tardé à être distribuées. Les engrais ont aussi connu un retard. Tout cela fait qu’il faut reconnaître que les facteurs de production ne sont pas arrivés à temps. Pour le commun des Sénégalais, quand on parle de distribution, on pense à la gratuité alors que cela n’a pas été le cas. Il est vrai que les intrants sont subventionnés.
On a eu à faire une confusion entre la Goana et le programme agricole. Par conséquent, on ne peut s’attendre qu’à des résultats mitigés, parce que tous les facteurs qui auraient pu entraîner de bons rendements ne sont pas réunis.
Le ministre de l’Agriculture avance pourtant des chiffres. Pour le mil, 722 164 t, pour le sorgho, 213 573 t, 502 420 t de maïs, le riz 378 623 t, 1 500 t de fonio.
On remet en cause les chiffres avancés par le ministre de l’Agriculture. Ces chiffres ne reposent sur aucun élément fiable. On ne fait que créer. C’est du virtuel.
Est-ce que la mobilisation à la place de l’Indépendance ne milite pas en votre défaveur ? Des cars sont venus de partout, bondés de monde.
Seul le monde rural politique s’est mobilisé pour la fête. Mais celui qui n’a aucune connotation politique est resté dans leur terroir. Les paysans qui ont une coloration politique sont obligés de venir soutenir leur parti. Il faut qu’on fasse le distinguo. C’est aussi une occasion pour certains de venir à Dakar pour régler leurs problèmes. Ce n’est pas la fête des paysans, c’est une fête politique. Nous venons de boucler une tournée à travers le pays. Et véritablement, il y a des acteurs de développement qui se sont plaints de la mauvaise qualité des semences. Au sud, des gens ont déploré le fait qu’il n’y ait pas eu d’affectation de matériel agricole.
La commercialisation de l’arachide, c’est pour bientôt. Mais jusqu’à présent, le prix au kg n’est pas arrêté.
(Il coupe) Cela posera encore problème. Avant d’encourager la production, on devrait, en amont, régler le problème des prix. Au moment où on récolte l’arachide, les prix sont en train d’être négociés. Pour les autres spéculations, c’est encore plus difficile. On n’a jamais eu de marché pour les céréales. Ce sont les «banabanas», (les commerçants à la sauvette) qui vont imposer leurs prix aux producteurs.
A l’occasion de la rencontre sur la formalisation de l’économie informelle, le Président Wade avait dit qu’on ne laissera pas ces commerçants dicter leur loi. Donc l’Etat n’a rien prévu pour ce volet. C’est autant de problèmes qui vont se poser. Des problèmes de conservation, de transformation et de marché. Si tout cela était bien planifié, on aurait dû créer des passerelles entre les industriels et les organisations des paysans. Cela n’a pas été le cas. Si vraiment abondance il y a, il y aura problème, parce que les producteurs vont bazarder leurs produits.
Selon vous que doit faire le gouvernement ?
Le gouvernement devra se concerter avec les paysans à travers les organisations paysannes sur une bonne politique agricole, premièrement. De deux, il faudrait que les paysans soient responsabilisés. Par là, identifier qui est producteur et qui ne l’est pas. Ensuite, ramener une politique volontariste par rapport aux intrants, afin que la politique semencière soit plus conséquente pour permettre d’avoir de bonnes semences à temps et à des prix raisonnés. Pour ce qui concerne les semences, il y a une carte variétale qui était là et qu’on devait respecter. Il n’y avait de semences que de nom. S’il y a des problèmes avec les facteurs de production, il y aura forcément, des problèmes de rendement, de productivité. On a avancé des quantités. Ça vaudra ce que ça vaudra, parce que simplement, ce sont des estimations. Les gens sont en train de récolter. Quand on dit qu’il y aura 1,800 million de tonnes de céréales, il en est ainsi, parce que tout simplement, les services techniques n’ont pas les moyens de leur mission. Ils ne peuvent pas trouver les carrés de rendement comme il se doit là où il faut pour avoir les bons chiffres par rapport à la prévision.
Qu’allez-vous proposer à la place de la fête de la Goana ?
A la place de la fête, j’aurais proposé qu’on identifie dans chaque terroir, les paysans les plus performants, les vrais paysans et qu’on les récompense autrement. Malgré tout, je rends hommage au Président Wade pour son idée, son concept qui a entraîné un engouement vers la terre. Cela a encouragé d’aucuns à revenir vers la terre. Ceux qui étaient à la terre y sont restés. Ils sont encore dans les trois, quatre, cinq, dix ha maximum. Mais ces gens ont toujours des problèmes d’approvisionnement en intrants. A côté, je pense aussi, qu’on aurait récompensé les personnalités qui ont l’idée d’organiser des assises nationales. Car, cela a amené les Sénégalais vers l’essentiel et de discuter de leur sort.
source le quotidien
Le Cncr n’a pas été représenté à la fête de la Goana parce que tout simplement il est prématuré de fêter la Goana au vu du constat fait sur le terrain. Effectivement, il y a Goana en tant qu’idée, en tant que concept. Et c’est à saluer dans la mesure où elle a entraîné un certain engouement. Mais sur le terrain, il y a eu une fusion, une confusion savamment entretenueImage par tous ceux qui parlent de la Goana. Tout le monde a, à l’esprit qu’on avait avancé que pour la Goana, on aurait besoin de 344 milliards de francs Cfa. Et quand le président de la République l’a clamé, c’était pour les six mois à venir. Au finish, on s’est rendu compte que la Goana est venue se superposer au programme agricole qu’on a connu depuis l’indépendance. Donc la campagne agricole ou «Goana» a coûté entre 30 et 35 milliards de francs Cfa. En d’autres termes, la Goana en tant que telle, n’a pas fait plus qu’on a connu. La Goana n’a pas coûté plus que d’habitude par rapport au programme agricole. Ce qui s’est produit n’est rien d’autre que le fruit de la pluie qui est tombée cette année. La bonne répartition de la pluie dans le temps et dans l’espace avec l’engouement, a fait que les gens ont semé. Il faut reconnaître que les facteurs de production ont posé problème. Les intrants de manière globale ont tardé à venir. Les semences ne sont pas de bonne qualité encore moins en abondance et elles ont tardé à être distribuées. Les engrais ont aussi connu un retard. Tout cela fait qu’il faut reconnaître que les facteurs de production ne sont pas arrivés à temps. Pour le commun des Sénégalais, quand on parle de distribution, on pense à la gratuité alors que cela n’a pas été le cas. Il est vrai que les intrants sont subventionnés.
On a eu à faire une confusion entre la Goana et le programme agricole. Par conséquent, on ne peut s’attendre qu’à des résultats mitigés, parce que tous les facteurs qui auraient pu entraîner de bons rendements ne sont pas réunis.
Le ministre de l’Agriculture avance pourtant des chiffres. Pour le mil, 722 164 t, pour le sorgho, 213 573 t, 502 420 t de maïs, le riz 378 623 t, 1 500 t de fonio.
On remet en cause les chiffres avancés par le ministre de l’Agriculture. Ces chiffres ne reposent sur aucun élément fiable. On ne fait que créer. C’est du virtuel.
Est-ce que la mobilisation à la place de l’Indépendance ne milite pas en votre défaveur ? Des cars sont venus de partout, bondés de monde.
Seul le monde rural politique s’est mobilisé pour la fête. Mais celui qui n’a aucune connotation politique est resté dans leur terroir. Les paysans qui ont une coloration politique sont obligés de venir soutenir leur parti. Il faut qu’on fasse le distinguo. C’est aussi une occasion pour certains de venir à Dakar pour régler leurs problèmes. Ce n’est pas la fête des paysans, c’est une fête politique. Nous venons de boucler une tournée à travers le pays. Et véritablement, il y a des acteurs de développement qui se sont plaints de la mauvaise qualité des semences. Au sud, des gens ont déploré le fait qu’il n’y ait pas eu d’affectation de matériel agricole.
La commercialisation de l’arachide, c’est pour bientôt. Mais jusqu’à présent, le prix au kg n’est pas arrêté.
(Il coupe) Cela posera encore problème. Avant d’encourager la production, on devrait, en amont, régler le problème des prix. Au moment où on récolte l’arachide, les prix sont en train d’être négociés. Pour les autres spéculations, c’est encore plus difficile. On n’a jamais eu de marché pour les céréales. Ce sont les «banabanas», (les commerçants à la sauvette) qui vont imposer leurs prix aux producteurs.
A l’occasion de la rencontre sur la formalisation de l’économie informelle, le Président Wade avait dit qu’on ne laissera pas ces commerçants dicter leur loi. Donc l’Etat n’a rien prévu pour ce volet. C’est autant de problèmes qui vont se poser. Des problèmes de conservation, de transformation et de marché. Si tout cela était bien planifié, on aurait dû créer des passerelles entre les industriels et les organisations des paysans. Cela n’a pas été le cas. Si vraiment abondance il y a, il y aura problème, parce que les producteurs vont bazarder leurs produits.
Selon vous que doit faire le gouvernement ?
Le gouvernement devra se concerter avec les paysans à travers les organisations paysannes sur une bonne politique agricole, premièrement. De deux, il faudrait que les paysans soient responsabilisés. Par là, identifier qui est producteur et qui ne l’est pas. Ensuite, ramener une politique volontariste par rapport aux intrants, afin que la politique semencière soit plus conséquente pour permettre d’avoir de bonnes semences à temps et à des prix raisonnés. Pour ce qui concerne les semences, il y a une carte variétale qui était là et qu’on devait respecter. Il n’y avait de semences que de nom. S’il y a des problèmes avec les facteurs de production, il y aura forcément, des problèmes de rendement, de productivité. On a avancé des quantités. Ça vaudra ce que ça vaudra, parce que simplement, ce sont des estimations. Les gens sont en train de récolter. Quand on dit qu’il y aura 1,800 million de tonnes de céréales, il en est ainsi, parce que tout simplement, les services techniques n’ont pas les moyens de leur mission. Ils ne peuvent pas trouver les carrés de rendement comme il se doit là où il faut pour avoir les bons chiffres par rapport à la prévision.
Qu’allez-vous proposer à la place de la fête de la Goana ?
A la place de la fête, j’aurais proposé qu’on identifie dans chaque terroir, les paysans les plus performants, les vrais paysans et qu’on les récompense autrement. Malgré tout, je rends hommage au Président Wade pour son idée, son concept qui a entraîné un engouement vers la terre. Cela a encouragé d’aucuns à revenir vers la terre. Ceux qui étaient à la terre y sont restés. Ils sont encore dans les trois, quatre, cinq, dix ha maximum. Mais ces gens ont toujours des problèmes d’approvisionnement en intrants. A côté, je pense aussi, qu’on aurait récompensé les personnalités qui ont l’idée d’organiser des assises nationales. Car, cela a amené les Sénégalais vers l’essentiel et de discuter de leur sort.
source le quotidien