Les pères de famille face à l'équation à plusieurs inconnus consistant à se procurer un mouton pour respecter le sacrifice d'Abraham et faire plaisir aux épouses et surtout aux enfants ne sont pas les seuls à ne plus savoir où donner de la tête. Nombreux sont les hommes qui ont littéralement perdu le sommeil, non pour n'avoir pas encore acheté un mouton pour leur famille ou n'avoir pas de quoi payer les habits à leurs soeurs et frères, mais juste pour n'avoir pas réussi à assurer les exigences de la petite-amie qui entend se faire belle le jour de la Tabaski. Des exigences qui varient en fonction des femmes et qui concernent tout ce qui concourt à la beauté des femmes, de la tête aux pieds. Si certaines filles comptent sur les hommes pour compléter le budget de fête qu'elles ont réussi à mobiliser auprès de leurs papas, mamans ou oncles, d'autres font reposer tous leurs espoirs essentiellement sur les hommes. Trouvée chez son tailleur en train de se faire prendre les mesures, Fatou Ndiaye, étudiante, n'y va pas par quatre chemins. «Il faut absolument que je sois sur mon trente et un le soir de la Tabaski. Tout Le monde le fait, je ne serais jamais l’exception par manque de moyen», explique-t-elle en confiant que «le ziar, on le fait avec des habits neufs et très chics. Même si la religion ne l’impose pas, c’est devenu une coutume».
Également rencontrée sur le même lieu, Awa Ndour estime essentiel de se faire belle. Aussi, elle n'a pas lésiné sur les moyens pour être bien dans sa peau le jour de la fête. «J’ai acheté un ‘Ganila’ à 30 000 F, payé la couture à 40 000 F et les chaussures escarpins m’ont coûté 12 000 F. Maintenant, il me manque la coiffure. J’ai une amie qui vend des cheveux naturels à 80 000 F, sans compter les bijoux et les autres accessoires. Et pour me payer tout ça, il me faut un budget de 162 000 F au moins», confie-t-elle en indiquant que c’est le salaire d’un fonctionnaire moyen qu’elle va devoir dépenser pour la fête. Et sur la provenance de cette forte somme pour une étudiante, elle informe que ce sont ses nombreux petits copains qui casquent.
Une période propice à la collection d'amants
Un état d'esprit qu'illustre à merveille cette serveuse que nous appellerons N.D., rencontrée dans un bar, vers la Gueule-Tapée. «En cette période, je ne parle pas aux étudiants, ni aux chômeurs, les pingres, n’en parlons même pas», renseigne la jeune dame qui ajoute : «J’ai décroché un grand commerçant à deux mois de la fête. Il m’a tout donné d’un coup. Parce qu’à l’approche de la fête, il faut être un bon stratège pour prendre dans ses filets un vrai ‘Goor’». Comprenez un homme qui en a plein les poches, selon un langage bien connu des jeunes filles.
Il faut dire que cette période de fête est mise à profit par les filles pour collectionner les petits-amis. Et elles sont prêtes à prendre le premier venu, du moment qu’il sort les sous. Mensonges, simulations de maladie, plans en tout genre deviennent les meilleurs moyens pour les filles de ferrer les hommes, sans trop de risque. Car les cachotteries deviennent leur arme fatale pour jouer le jeu des intérêts. «Rien que pour la Tabaski, j’ai collectionné trois hommes. Parce qu’un seul ne peut pas tout faire. Alors, j’ai trouvé une astuce efficace. À l’un je fais acheter le tissu. À l’autre je demande de quoi payer la couture. Et au dernier, je réclame l’argent pour les chaussures et les bijoux», lance sans sourciller Binta Faye qui s’empresse de préciser toutefois qu’«il faut être très rusée et audacieuse pour que les hommes ainsi pigeonnés ne se doutent de rien».
Plus d’attention et de tendresse pour soutirer des sous aux mecs
Pour arriver à leurs fins, les filles rivalisent d'astuces. Certaines deviennent plus attentionnées à l’égard de leurs mecs. C'est le cas de Fatou, la trentaine, teint noir. «Les hommes sont comme des enfants, s’ils sont comblés et se sentent aimés, ils sont prêts à tout. Une femme doit surtout avoir du ‘salagn salagn’ pour les ferrer», dit-elle en révélant que le sentimentalisme et la tendresse sont des astuces imparables. Pour ces filles, il est aussi nécessaire de se montrer plus fidèle à l’approche de la fête. Le souci est surtout de faire régner un climat de confiance pour soutirer le maximum d’argent au petit copain. Même la séparation n'est pas exclue par les filles, pour se débarrasser des hommes qui n'arrivent pas à assurer. Ironie du sort, Kiné Fall trouve que c’est une preuve d’amour. Elle confie en effet avoir menacé son homme de le quitter pour le prix des cheveux naturels.
«On a failli rompre à cause de cela. Je lui ai fait comprendre que si on aime la personne, on doit l’assister. Alors ou il satisfait mes besoins, ou je le quitte. Mais comme je l’aime, c’était juste une menace. Et lui aussi m’aime et il s’est plié à mes exigences», lâche Kiné Fall.
Son ami Dieyna, 20 ans, qui dit être amoureuse d’un enseignant, explique avoir préféré rompre parce que son amant n’a pas été à la hauteur. «Mieux vaut être seule que d’être mal accompagnée», lance-t-elle, fataliste. «Il a refusé d’assurer. Je l’ai quitté sans regret. Parce que je refuse d’être le jouet de quiconque», conclut-elle.
Les hommes partagées entre refuser et se plier aux exigences de leurs copines
Les exigences des filles de se faire prendre en charge de la tête aux pieds pour se faire belles le jour de la Tabaski sont différemment appréciées par les hommes. «Comme elles se vendent, nous on a le prix», réagit sans sourciller un taximan, M. Mbaye, que nous avons interpellé sur le phénomène. Nullement prêt à reculer face aux filles qui s'adonnent à cette pratique qu’il nomme «mbaraan», notre interlocuteur martèle, le sourire en coin : «Le jeu en vaut la chandelle. Car c’est du donnant-donnant. On met certes notre argent, mais on se fait payer d’une manière ou d’une autre».
Abou Sy, un jeune étudiant à l’Université de Dakar, trouve que les filles se croient plus malignes que tout le monde. Il soupçonne même son ex-copine, qui l’avait lâché, d'être juste revenue vers lui il y a quelques jours pour lui soutirer des sous. «Elle sait que ces temps-ci je perçois mon rappel de bourse et je crains qu’elle ne soit revenue pour ça. Mais je suis loin d’être un pigeon à plumer. Je sais comment m’y prendre pour ne pas me faire avoir», dit-il.
Mécanicien de son état, Ousmane Ndiaye, qui indique sortir avec une étudiante, confie avoir fait tout le nécessaire pour que sa copine n'envie pas ses amies le jour de la Tabaski «Quand je la vois bien sapée et heureuse, je suis comblée. Car je sais que c’est grâce à moi», souligne-t-il.
Lui emboîtant le pas, Fallou Fall, jeune homme au chômage, avoue qu’il a été jusqu'à vendre ses chaussures pour satisfaire les exigences de sa copine qui menaçait de le larguer. «Quant je suis avec une fille, ses désirs sont des ordres», lance-t-il fièrement, en affirmant être convaincu que c'est son devoir de prendre en charge les frais vestimentaires de sa partenaire. «Seuls les pingres refusent de financer une fille», soutient-il.
Aminata DEME (Stagiaire)
le populaire
Également rencontrée sur le même lieu, Awa Ndour estime essentiel de se faire belle. Aussi, elle n'a pas lésiné sur les moyens pour être bien dans sa peau le jour de la fête. «J’ai acheté un ‘Ganila’ à 30 000 F, payé la couture à 40 000 F et les chaussures escarpins m’ont coûté 12 000 F. Maintenant, il me manque la coiffure. J’ai une amie qui vend des cheveux naturels à 80 000 F, sans compter les bijoux et les autres accessoires. Et pour me payer tout ça, il me faut un budget de 162 000 F au moins», confie-t-elle en indiquant que c’est le salaire d’un fonctionnaire moyen qu’elle va devoir dépenser pour la fête. Et sur la provenance de cette forte somme pour une étudiante, elle informe que ce sont ses nombreux petits copains qui casquent.
Une période propice à la collection d'amants
Un état d'esprit qu'illustre à merveille cette serveuse que nous appellerons N.D., rencontrée dans un bar, vers la Gueule-Tapée. «En cette période, je ne parle pas aux étudiants, ni aux chômeurs, les pingres, n’en parlons même pas», renseigne la jeune dame qui ajoute : «J’ai décroché un grand commerçant à deux mois de la fête. Il m’a tout donné d’un coup. Parce qu’à l’approche de la fête, il faut être un bon stratège pour prendre dans ses filets un vrai ‘Goor’». Comprenez un homme qui en a plein les poches, selon un langage bien connu des jeunes filles.
Il faut dire que cette période de fête est mise à profit par les filles pour collectionner les petits-amis. Et elles sont prêtes à prendre le premier venu, du moment qu’il sort les sous. Mensonges, simulations de maladie, plans en tout genre deviennent les meilleurs moyens pour les filles de ferrer les hommes, sans trop de risque. Car les cachotteries deviennent leur arme fatale pour jouer le jeu des intérêts. «Rien que pour la Tabaski, j’ai collectionné trois hommes. Parce qu’un seul ne peut pas tout faire. Alors, j’ai trouvé une astuce efficace. À l’un je fais acheter le tissu. À l’autre je demande de quoi payer la couture. Et au dernier, je réclame l’argent pour les chaussures et les bijoux», lance sans sourciller Binta Faye qui s’empresse de préciser toutefois qu’«il faut être très rusée et audacieuse pour que les hommes ainsi pigeonnés ne se doutent de rien».
Plus d’attention et de tendresse pour soutirer des sous aux mecs
Pour arriver à leurs fins, les filles rivalisent d'astuces. Certaines deviennent plus attentionnées à l’égard de leurs mecs. C'est le cas de Fatou, la trentaine, teint noir. «Les hommes sont comme des enfants, s’ils sont comblés et se sentent aimés, ils sont prêts à tout. Une femme doit surtout avoir du ‘salagn salagn’ pour les ferrer», dit-elle en révélant que le sentimentalisme et la tendresse sont des astuces imparables. Pour ces filles, il est aussi nécessaire de se montrer plus fidèle à l’approche de la fête. Le souci est surtout de faire régner un climat de confiance pour soutirer le maximum d’argent au petit copain. Même la séparation n'est pas exclue par les filles, pour se débarrasser des hommes qui n'arrivent pas à assurer. Ironie du sort, Kiné Fall trouve que c’est une preuve d’amour. Elle confie en effet avoir menacé son homme de le quitter pour le prix des cheveux naturels.
«On a failli rompre à cause de cela. Je lui ai fait comprendre que si on aime la personne, on doit l’assister. Alors ou il satisfait mes besoins, ou je le quitte. Mais comme je l’aime, c’était juste une menace. Et lui aussi m’aime et il s’est plié à mes exigences», lâche Kiné Fall.
Son ami Dieyna, 20 ans, qui dit être amoureuse d’un enseignant, explique avoir préféré rompre parce que son amant n’a pas été à la hauteur. «Mieux vaut être seule que d’être mal accompagnée», lance-t-elle, fataliste. «Il a refusé d’assurer. Je l’ai quitté sans regret. Parce que je refuse d’être le jouet de quiconque», conclut-elle.
Les hommes partagées entre refuser et se plier aux exigences de leurs copines
Les exigences des filles de se faire prendre en charge de la tête aux pieds pour se faire belles le jour de la Tabaski sont différemment appréciées par les hommes. «Comme elles se vendent, nous on a le prix», réagit sans sourciller un taximan, M. Mbaye, que nous avons interpellé sur le phénomène. Nullement prêt à reculer face aux filles qui s'adonnent à cette pratique qu’il nomme «mbaraan», notre interlocuteur martèle, le sourire en coin : «Le jeu en vaut la chandelle. Car c’est du donnant-donnant. On met certes notre argent, mais on se fait payer d’une manière ou d’une autre».
Abou Sy, un jeune étudiant à l’Université de Dakar, trouve que les filles se croient plus malignes que tout le monde. Il soupçonne même son ex-copine, qui l’avait lâché, d'être juste revenue vers lui il y a quelques jours pour lui soutirer des sous. «Elle sait que ces temps-ci je perçois mon rappel de bourse et je crains qu’elle ne soit revenue pour ça. Mais je suis loin d’être un pigeon à plumer. Je sais comment m’y prendre pour ne pas me faire avoir», dit-il.
Mécanicien de son état, Ousmane Ndiaye, qui indique sortir avec une étudiante, confie avoir fait tout le nécessaire pour que sa copine n'envie pas ses amies le jour de la Tabaski «Quand je la vois bien sapée et heureuse, je suis comblée. Car je sais que c’est grâce à moi», souligne-t-il.
Lui emboîtant le pas, Fallou Fall, jeune homme au chômage, avoue qu’il a été jusqu'à vendre ses chaussures pour satisfaire les exigences de sa copine qui menaçait de le larguer. «Quant je suis avec une fille, ses désirs sont des ordres», lance-t-il fièrement, en affirmant être convaincu que c'est son devoir de prendre en charge les frais vestimentaires de sa partenaire. «Seuls les pingres refusent de financer une fille», soutient-il.
Aminata DEME (Stagiaire)
le populaire