«Toujours la même histoire», mais pas cette fois-ci, du moins en apparence: avec 31 ministres, premier d’entre eux compris, le gouvernement Fillon III est un des plus restreints de l’histoire de la Ve République. Avec une taille comparable à celui d’Edouard Balladur en 1993, le premier dont a fait partie François Fillon, et à propos duquel François Mitterrand avait prononcé les propos ci-dessus [1].
Sept ministres en moins
Habituellement, dans le petit théâtre du remaniement, tout semble se mettre en place pour rejouer la scène du gouvernement pléthorique, du dosage des sensibilités politiques aux promotions des jeunes talents en passant par les pressions des groupes d’intérêt (lundi, l’Union nationale des associations familiales s’est d’ailleurs plainte que le mot «famille» ne figure dans l’intitulé d’aucun ministère). Avec, à la clef, plus de dépenses de fonctionnement, plus de conflits de compétences entre ministres, plus de réunions interministérielles.
De là est née la figure, régulièrement invoquée, du gouvernement «restreint» ou «resserré», ressuscitée cet été par Claude Guéant et Bernard Accoyer puis par Jean-Pierre Raffarin et par le quatuor Copé/Baroin/Jacob/Le Maire. Et donc en apparence réalisée dimanche soir, Fillon III basculant sous la moyenne de la Ve République (35,6 ministres par gouvernement, selon les calculs du comité Balladur sur la réforme de la Constitution en 2008) et se situant bien plus près du plancher atteint par le deuxième gouvernement Pompidou et le premier gouvernement Jospin (26 ministres) que du pléthorique second gouvernement Rocard (48 ministres). Et beaucoup plus maigre, aussi, qu'un gouvernement Fillon II qui avait enflé au fil des remaniements successifs, avec sept membres de moins.
Trois promesses effacées
Voilà pour les chiffres, restent les lettres, celles des noms qui composent le gouvernement et des intitulés des ministères. Et là, le bilan du remaniement est à nuancer quelque peu, au point qu’on peut se demander si Fillon III n’est pas, davantage qu'un gouvernement resserré, un gouvernement amaigri vis-à-vis des promesses institutionnelles de Nicolas Sarkozy en 2007 (visibles par exemple sur le baromètre de l’Institut Thomas More).
Moins de ministres... mais plus de ministres. Pendant sa campagne présidentielle, le chef de l’Etat avait promis quinze ministres de plein exercice (hors Premier ministre), pas un de plus. Un chiffre qui était notamment celui fixé par le rapport Picq sur la réforme de l’Etat de 1995 (commandé par un gouvernement où figurait Nicolas Sarkozy) puis par le rapport sur la coordination du travail interministériel remis en 2007 par le Conseil d’Etat et l’Inspection générale des finances. Or, le nouveau gouvernement compte bien quinze ministres «classiques» mais a multiplié par ailleurs (onze contre quatre) les «ministres auprès» d’un autre ministre, «chargés» d’un domaine particulier. Un titre plus flatteur pour ceux-ci que celui de «ministre délégué» des précédents gouvernements, ou que celui de secrétaire d’Etat, qui ne permet pas d’assister de droit à tous les conseils des ministres et impose un cabinet restreint (quatre membres, contre vingt pour les ministres). C’est sur ces derniers que l’essentiel de l’amaigrissement a pesé: on compte vingt-deux ministres de tous types dans le gouvernement Fillon III, un de plus qu’auparavant, au point que le président de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée, Pierre Méhaignerie, s’est plaint de ce que le gouvernement n’a pas été «assez restreint».
Des innovations disparues. Si la disparition du «ministère en CDD» de la Relance n'est pas une surprise, des engagements de campagne de Nicolas Sarkozy ont été effacés: ceux de créer un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, un grand ministère du Développement durable et un ministère associant Santé et Sports afin de développer le sport-santé et la lutte contre le dopage. Le premier ministère, très critiqué, a disparu (même si l'Immigration revient à l'Intérieur); le second, sacré grand chantier du quinquennat, a perdu son titre de ministère d’Etat (qui échoit à la Défense et aux Affaires étrangères) et le département de l'énergie; les Sports, enfin, ont repris leur autonomie.
La fin de l’ouverture et l’affaiblissement du centre. Sans grande surprise, enfin, tant cela était attendu, le resserrement du gouvernement s’est largement fait au dépens du centre-droit (Jean-Louis Borloo, Dominique Bussereau, Anne-Marie Idrac, Valérie Létard) et de l’ouverture aux personnalités venues de la gauche (Bernard Kouchner, Jean-Marie Bockel, Fadela Amara), qui représentent la moitié des départs.
Comme Messmer et Juppé ?
Ce dernier point a conduit l’opposition et certains commentateurs à parler d’un gouvernement «UMP ex-RPR», le storytelling de l’opération se faisant sur le mode d'un retour au passé, et donc plutôt négativement. Coïncidence, cela avait déjà été le cas des deux plus gros «dégraissages» opérés par un Premier ministre parmi ses troupes avant celui de François Fillon: ceux de Pierre Messmer en février 1974 et d’Alain Juppé en novembre 1995, avec neuf ministres en moins à chaque fois. Le premier avait été interprété comme l’ultime tentative de raccommoder une majorité divisée par les ambitions nées de la maladie de Georges Pompidou, le second avait été marqué par la polémique autour de l’éviction de huit femmes, les «juppettes». Dans les deux cas, l’affaire ne s’était pas très bien terminée pour la majorité lors des élections suivantes.
Au Sénégal, le président Wade somnole toujours. Il a mis en place un Gouvernement qui n’a aucun objectif précis. Ses Ministres qui se sont détournés des préoccupations des sénégalais, sont pour la plupart impopulaires ou inconnus. Il se détourne de l’essentiel et laisse le terrain à son opposition qui n’entend pas répéter les erreurs de 2007.
Bitimrew avec Jean-Marie Pottier
Sept ministres en moins
Habituellement, dans le petit théâtre du remaniement, tout semble se mettre en place pour rejouer la scène du gouvernement pléthorique, du dosage des sensibilités politiques aux promotions des jeunes talents en passant par les pressions des groupes d’intérêt (lundi, l’Union nationale des associations familiales s’est d’ailleurs plainte que le mot «famille» ne figure dans l’intitulé d’aucun ministère). Avec, à la clef, plus de dépenses de fonctionnement, plus de conflits de compétences entre ministres, plus de réunions interministérielles.
De là est née la figure, régulièrement invoquée, du gouvernement «restreint» ou «resserré», ressuscitée cet été par Claude Guéant et Bernard Accoyer puis par Jean-Pierre Raffarin et par le quatuor Copé/Baroin/Jacob/Le Maire. Et donc en apparence réalisée dimanche soir, Fillon III basculant sous la moyenne de la Ve République (35,6 ministres par gouvernement, selon les calculs du comité Balladur sur la réforme de la Constitution en 2008) et se situant bien plus près du plancher atteint par le deuxième gouvernement Pompidou et le premier gouvernement Jospin (26 ministres) que du pléthorique second gouvernement Rocard (48 ministres). Et beaucoup plus maigre, aussi, qu'un gouvernement Fillon II qui avait enflé au fil des remaniements successifs, avec sept membres de moins.
Trois promesses effacées
Voilà pour les chiffres, restent les lettres, celles des noms qui composent le gouvernement et des intitulés des ministères. Et là, le bilan du remaniement est à nuancer quelque peu, au point qu’on peut se demander si Fillon III n’est pas, davantage qu'un gouvernement resserré, un gouvernement amaigri vis-à-vis des promesses institutionnelles de Nicolas Sarkozy en 2007 (visibles par exemple sur le baromètre de l’Institut Thomas More).
Moins de ministres... mais plus de ministres. Pendant sa campagne présidentielle, le chef de l’Etat avait promis quinze ministres de plein exercice (hors Premier ministre), pas un de plus. Un chiffre qui était notamment celui fixé par le rapport Picq sur la réforme de l’Etat de 1995 (commandé par un gouvernement où figurait Nicolas Sarkozy) puis par le rapport sur la coordination du travail interministériel remis en 2007 par le Conseil d’Etat et l’Inspection générale des finances. Or, le nouveau gouvernement compte bien quinze ministres «classiques» mais a multiplié par ailleurs (onze contre quatre) les «ministres auprès» d’un autre ministre, «chargés» d’un domaine particulier. Un titre plus flatteur pour ceux-ci que celui de «ministre délégué» des précédents gouvernements, ou que celui de secrétaire d’Etat, qui ne permet pas d’assister de droit à tous les conseils des ministres et impose un cabinet restreint (quatre membres, contre vingt pour les ministres). C’est sur ces derniers que l’essentiel de l’amaigrissement a pesé: on compte vingt-deux ministres de tous types dans le gouvernement Fillon III, un de plus qu’auparavant, au point que le président de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée, Pierre Méhaignerie, s’est plaint de ce que le gouvernement n’a pas été «assez restreint».
Des innovations disparues. Si la disparition du «ministère en CDD» de la Relance n'est pas une surprise, des engagements de campagne de Nicolas Sarkozy ont été effacés: ceux de créer un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, un grand ministère du Développement durable et un ministère associant Santé et Sports afin de développer le sport-santé et la lutte contre le dopage. Le premier ministère, très critiqué, a disparu (même si l'Immigration revient à l'Intérieur); le second, sacré grand chantier du quinquennat, a perdu son titre de ministère d’Etat (qui échoit à la Défense et aux Affaires étrangères) et le département de l'énergie; les Sports, enfin, ont repris leur autonomie.
La fin de l’ouverture et l’affaiblissement du centre. Sans grande surprise, enfin, tant cela était attendu, le resserrement du gouvernement s’est largement fait au dépens du centre-droit (Jean-Louis Borloo, Dominique Bussereau, Anne-Marie Idrac, Valérie Létard) et de l’ouverture aux personnalités venues de la gauche (Bernard Kouchner, Jean-Marie Bockel, Fadela Amara), qui représentent la moitié des départs.
Comme Messmer et Juppé ?
Ce dernier point a conduit l’opposition et certains commentateurs à parler d’un gouvernement «UMP ex-RPR», le storytelling de l’opération se faisant sur le mode d'un retour au passé, et donc plutôt négativement. Coïncidence, cela avait déjà été le cas des deux plus gros «dégraissages» opérés par un Premier ministre parmi ses troupes avant celui de François Fillon: ceux de Pierre Messmer en février 1974 et d’Alain Juppé en novembre 1995, avec neuf ministres en moins à chaque fois. Le premier avait été interprété comme l’ultime tentative de raccommoder une majorité divisée par les ambitions nées de la maladie de Georges Pompidou, le second avait été marqué par la polémique autour de l’éviction de huit femmes, les «juppettes». Dans les deux cas, l’affaire ne s’était pas très bien terminée pour la majorité lors des élections suivantes.
Au Sénégal, le président Wade somnole toujours. Il a mis en place un Gouvernement qui n’a aucun objectif précis. Ses Ministres qui se sont détournés des préoccupations des sénégalais, sont pour la plupart impopulaires ou inconnus. Il se détourne de l’essentiel et laisse le terrain à son opposition qui n’entend pas répéter les erreurs de 2007.
Bitimrew avec Jean-Marie Pottier