Les partenaires indiens sont donc aux commandes des Ics qui, faut-il le rappeler, leur ont été cédées pour 45 malheureux milliards (750 milliards de FCfa ont été investis aux Ics) contre 85% du capital de l’entreprise. Bon et alors ! La recapitalisation est effective depuis le mois d’avril dernier, mais la reprise tant promise et annoncée à cors et à cris des Industries chimiques de l’Inde, pardon du Sénégal(Ics) est-elle pour autant effective ? Rien ne permet aujourd’hui de l’affirmer, au contraire. Tout porte à croire que de reprise, il est plutôt question de sur place. Illustration, l’entreprise aurait encore toutes les difficultés du monde à produire un seul bateau d’acide phosphorique. Normal, quand on n’a même pas assez de phosphates marchand…
Le stock actuel suffirait à peine pour une semaine de production, au point qu’il a même été envisagé d’importer du phosphate… du Togo dont la production de phosphates brut, ironie du sort, était en dessous des 500 000 tonnes par an, contre un objectif affiché de 800 000 tonnes, pendant que plus haut, au Nord, les ventes marocaines de phosphates et d’acide phosphorique ont plus que doublé au premier semestre 2008 par rapport à la même période en 2007, représentant 31,8% du total de ses exportations contre 15,6%.
Aux Ics, au lieu de 6000 tonnes par jour, la production moyenne de phosphates tournerait aujourd’hui autour de 1500 tonnes par jour soit 25 % des capacités, même pas de quoi produire 60 000 tonnes par mois. Or, pas de phosphates, pas d’acide phosphorique. Quel manque de veine quand on sait que le prix de l’acide sur le marché international est multiplié par quatre et culmine à 1500 dollars la tonne soit 600 000 FCfa la tonne.
Le plus cocasse, c’est que pendant ce temps, on importe du soufre en quantité industrielle, pour une valeur estimée de 40 milliards de FCfa, stocké au niveau du Port. Au demeurant, le cours du soufre est à 700 dollars sur le marché international. Ceci expliquerait peut-être cela, mais quel paradoxe. Le seul intérêt de stocker ainsi du soufre réside dans la prévision d’un relèvement de son prix sur le marché. Or, cela ne se justifierait pas car, pendant ce temps, il faut bien faire tourner les usines d’acide et produire suffisamment d’acide phosphorique, produit principal des Ics et qui, au demeurant, entre dans la fabrication d’engrais dont, rappelons-le, commande aurait été faite par l’Etat, pour la mise en œuvre de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance(Goana), ainsi que l’avait annoncé récemment le ministre en charge de l’Industrie.
Au-delà de l’entreprise et des créanciers
Tout cela passe par le relèvement de l’outil de production, disait-on. Cela coûte de l’argent et cet argent tarde à venir des partenaires indiens qui, dans l’accord qui a prévalu à la recapitalisation, ont promis 45 autres milliards de FCfa d’investissements à mettre notamment dans les usines d’acide phosphorique, entre autres, qui en ont bien besoin.
Bien entendu, il faudra en même temps relever un autre défi, celui-là de taille, le rail. Car si le défi de la production de phosphates et d’acide se pose avec acuité, le chemin de fer qui doit assurer le transport des produits est dans un état tel que le problème reste entier. Ils sont là, les défis pour un fleuron qui produisait trois bateaux de 30 000 tonnes d’acide phosphorique par mois et des activités d’exportation qui représentaient quelque 90% de son chiffre d’affaires, pour une production de 660 mille tonnes d’acide phosphorique, 2 millions de tonnes de phosphate et près de 200 mille tonnes d’engrais.
En attendant, les indiens d’Iffco, unique client des Ics pour l’acide, règnent aujourd’hui en maîtres absolus dans la boîte et occupent tous les postes de responsabilités. On ne peut certes pas le leur reprocher, à priori en tant qu’actionnaires plus que majoritaires à 85% du capital, l’Etat sénégalais ne récoltant que les 15% sans aucune voix au chapitre malgré la présence de deux représentants dans le conseil. Mais cela dénote un manque total de confiance vis-à-vis des « autochtones ».
Aussi, au rythme où vont les choses, les créanciers de l’entreprise notamment le pool bancaire, risquent d’attendre très longtemps avant de voir la couleur de leur argent, quelque 233 milliards de FCfa dont les partenaires indiens ont longtemps réclamé des banques l’abandon de 51% de ce montant, avant qu’un concordat (protection juridique) ne vienne, le jeudi 27 mars dernier, couvrir l’entreprise sur la base du plan de restructuration et de « renaissance » proposé par Indian Farmer Fertiliser cooperative limited » (IFFCO). Mais douze ans (c’est le délai prescrit de paiement dont trois ans de différé) c’est long déjà, même si l’une comme l’autre muni désormais de sûreté, ne courent plus le risque de déstabilisation du marché financier avec le non-paiement des dettes contractées par l’entreprise. Au-delà, c’est l’économie sénégalaise elle-même qui risque de pâtir davantage d’une stagnation des Ics qui ne dit pas son nom.
source sud quotidien
Le stock actuel suffirait à peine pour une semaine de production, au point qu’il a même été envisagé d’importer du phosphate… du Togo dont la production de phosphates brut, ironie du sort, était en dessous des 500 000 tonnes par an, contre un objectif affiché de 800 000 tonnes, pendant que plus haut, au Nord, les ventes marocaines de phosphates et d’acide phosphorique ont plus que doublé au premier semestre 2008 par rapport à la même période en 2007, représentant 31,8% du total de ses exportations contre 15,6%.
Aux Ics, au lieu de 6000 tonnes par jour, la production moyenne de phosphates tournerait aujourd’hui autour de 1500 tonnes par jour soit 25 % des capacités, même pas de quoi produire 60 000 tonnes par mois. Or, pas de phosphates, pas d’acide phosphorique. Quel manque de veine quand on sait que le prix de l’acide sur le marché international est multiplié par quatre et culmine à 1500 dollars la tonne soit 600 000 FCfa la tonne.
Le plus cocasse, c’est que pendant ce temps, on importe du soufre en quantité industrielle, pour une valeur estimée de 40 milliards de FCfa, stocké au niveau du Port. Au demeurant, le cours du soufre est à 700 dollars sur le marché international. Ceci expliquerait peut-être cela, mais quel paradoxe. Le seul intérêt de stocker ainsi du soufre réside dans la prévision d’un relèvement de son prix sur le marché. Or, cela ne se justifierait pas car, pendant ce temps, il faut bien faire tourner les usines d’acide et produire suffisamment d’acide phosphorique, produit principal des Ics et qui, au demeurant, entre dans la fabrication d’engrais dont, rappelons-le, commande aurait été faite par l’Etat, pour la mise en œuvre de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance(Goana), ainsi que l’avait annoncé récemment le ministre en charge de l’Industrie.
Au-delà de l’entreprise et des créanciers
Tout cela passe par le relèvement de l’outil de production, disait-on. Cela coûte de l’argent et cet argent tarde à venir des partenaires indiens qui, dans l’accord qui a prévalu à la recapitalisation, ont promis 45 autres milliards de FCfa d’investissements à mettre notamment dans les usines d’acide phosphorique, entre autres, qui en ont bien besoin.
Bien entendu, il faudra en même temps relever un autre défi, celui-là de taille, le rail. Car si le défi de la production de phosphates et d’acide se pose avec acuité, le chemin de fer qui doit assurer le transport des produits est dans un état tel que le problème reste entier. Ils sont là, les défis pour un fleuron qui produisait trois bateaux de 30 000 tonnes d’acide phosphorique par mois et des activités d’exportation qui représentaient quelque 90% de son chiffre d’affaires, pour une production de 660 mille tonnes d’acide phosphorique, 2 millions de tonnes de phosphate et près de 200 mille tonnes d’engrais.
En attendant, les indiens d’Iffco, unique client des Ics pour l’acide, règnent aujourd’hui en maîtres absolus dans la boîte et occupent tous les postes de responsabilités. On ne peut certes pas le leur reprocher, à priori en tant qu’actionnaires plus que majoritaires à 85% du capital, l’Etat sénégalais ne récoltant que les 15% sans aucune voix au chapitre malgré la présence de deux représentants dans le conseil. Mais cela dénote un manque total de confiance vis-à-vis des « autochtones ».
Aussi, au rythme où vont les choses, les créanciers de l’entreprise notamment le pool bancaire, risquent d’attendre très longtemps avant de voir la couleur de leur argent, quelque 233 milliards de FCfa dont les partenaires indiens ont longtemps réclamé des banques l’abandon de 51% de ce montant, avant qu’un concordat (protection juridique) ne vienne, le jeudi 27 mars dernier, couvrir l’entreprise sur la base du plan de restructuration et de « renaissance » proposé par Indian Farmer Fertiliser cooperative limited » (IFFCO). Mais douze ans (c’est le délai prescrit de paiement dont trois ans de différé) c’est long déjà, même si l’une comme l’autre muni désormais de sûreté, ne courent plus le risque de déstabilisation du marché financier avec le non-paiement des dettes contractées par l’entreprise. Au-delà, c’est l’économie sénégalaise elle-même qui risque de pâtir davantage d’une stagnation des Ics qui ne dit pas son nom.
source sud quotidien