M. le député, votre collègue Sada Ndiaye vient de déposer une proposition de Loi pour réformer le règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Qu’en pensez-vous ?
Je suis vraiment désolé de constater qu’on va encore tordre le cou à la Constitution pour régler des problèmes de politique politicienne intervenus au sein d’un parti. Je trouve que c’est quand même dommage. Si on veut respecter l’Etat de droit qu’est le Sénégal et également l’intangibilité des lois comme celle fondamentale qu’est la Constitution, je crois qu’il faut éviter de l’utiliser, de l’instrumentaliser pour régler des problèmes crypto personnels. Concernant l’exposé des motifs de cette loi, je suis désolé même au sein de cette dernière qu’on a à peine caché qu’on a envie de régler le compte à Macky Sall, président de l’Assemblée nationale. Cela apparaît nettement dans l’exposé des motifs. Ce que je déplore et regrette car nous sommes en train de reculer. Sur la scène internationale, ceux qui nous observent se demandent si véritablement ce Sénégal-là de Senghor est véritablement celui dans lequel nous vivons aujourd’hui. J’ai lu avant un article d’une interview que l’ancien ministre Abdoulaye Bathily a fait dans « Le Quotidien ». L’analyse qu’il fait de la situation nationale est horrifiante. Et franchement, je suis désolé de constater que pour régler des problèmes de politique politicienne, je ne dis pas politique parce qu’on peut régler des problèmes politiques positifs en modifiant les textes s’il y a des réalités et faire avancer la démocratie. Mais quand il s’agit de prendre des textes pour régler des problèmes de politique politicienne, on recule.
La machine est apparemment déjà enclenchée. Que faut-il donc faire pour trouver des solutions ?
Il faut que l’opinion sénégalaise soit saisie. Il faut que les Sénégalais prennent conscience que l’on est en train dans ce pays de faire des dérives dans toutes les directions. Que le pays est en train de sombrer à tous points de vue, que cela soit sur le plan politique, sur le plan économique, culturel, sur le plan des valeurs. Vous savez, j’étais candidat à l’élection présidentielle et j’ai mis beaucoup l’accent sur ces notions de valeurs aujourd’hui. On n’a plus de repères, plus de respect de la parole donnée plus d’éthique, plus de morale. On parle de détournements, il faut que ça s’arrête. Ce n’est pas le gouvernement en tant que tel mais l’ensemble de la nation qui est en jeu, ; autrement dit, c’est l’ensemble du peuple sénégalais qui doit prendre conscience que nous sommes au bord du gouffre, au bord d’un précipice, c’est cela. J’ai perdu tous mes repères et j’ai peur de ce Sénégal qui n’est ni de Senghor ni d’Abdou Diouf. Au moment où nous étions avec le président Diouf, je crois qu’il y avait quand même un minimum et je pense qu’il y avait un respect des règles, des valeurs. Je ne dis pas que tout était en or mais enfin nous n’avons pas connu une situation comme celle que nous connaissons aujourd’hui. Il faut redresser la barre.
Le Sénégal est encore frappé par les inondations. Des membres de la mouvance présidentielle considèrent que le régime socialiste a une très grande part de responsabilité sur cette situation. Que répondez-vous ?
Mais c’est trop facile. Nous avons été battus en l’an 2000, qu’on arrête de nous accuser de notre passif. Si tout cela était parfait, on ne nous aurait pas battus. On a préféré l’alternance à la situation que nous vivions à l’époque. Nous avons accepté et le président Diouf est parti avec la plus grande dignité en acceptant sa défaite. Mais qu’on ne vienne pas nous dire : telle affaire ne marche pas parce que vous étiez là et c’est vous qui auriez dû. Mais si on nous a fait partir c’est pour concourir ce qui n’a pas été bon. Depuis 8 ans, on ne peut plus nous accuser de quoi que ce soit. Si nous sommes partis, c’est bien qu’on a estimé qu’il fallait changer, mais on a comme l’impression que l’alternance vient d’arriver. Les Blaise Diagne, Ngalandou Diouf, les Lamine Guèye, tous ces gens-là comment ils sont partis par les urnes ? Mais l’alternance, ce n’est pas quelque chose de nouveau. La démocratie sénégalaise est quand même quelque chose qui avance. Mais il ne faut pas reculer et par conséquent, on ne peut pas reprocher au régime de Diouf tout ce que l’on constate aujourd’hui, notamment en matière d’inondations dans la mesure où de notre temps, des dispositions avaient commencé d’être prises. Tous les projets de rénovations des quartiers tels que Dalifort, l’aménagement de la Patte d’Oie, c’était nous à l’époque. C’est tout un programme pour aller de l’avant. Nous n’avions pas de plan « Jaaxay » avec 67 milliards prétendus pour régler ces problèmes. On n’a rien réglé du tout. Nous avions dit que la priorité ce n’était pas d’aller faire des investissements de plus de 400 milliards dans des corniches.
Parmi ceux-là qui sont dans l’inondation à Thiaroye, à Pikine, je suis persuadé que 60 % de ces gens ne savent même pas où se trouve la Corniche. Et vous avez vu, on a fait les choses avec précipitation, on n’a pas pensé à l’essentiel qui est de régler les problèmes d’assainissement. Aujourd’hui, même avec 50 mm, Dakar est inondé. Moi je vous dis au passage, je suis maire de Ziguinchor, vous n’entendez pas parler d’inondations à Ziguinchor. Depuis trois ans, nous avons mis l’argent qu’il fallait et également on a fait ce qu’il fallait faire pour prévoir. Nous avions eu des difficultés, mais aujourd’hui personne ne parle d’inondations à Ziguinchor. Il pleut quatre fois plus à Ziguinchor que ce qu’il pleut à Dakar mais nous avons curé les égouts refait les caniveaux ce qui fait que la localité n’est pas inondée.
Donc il y a un problème de vision et de prévision, ce qui n’a pas été le cas. Donc on ne peut pas imputer la situation au gouvernement précédent. Je dis non ; que les gens prennent leurs responsabilités, reconnaissent leurs insuffisances et assument.
Propos recueillis par Babacar DIONE et Amadou M. NDAO
Je suis vraiment désolé de constater qu’on va encore tordre le cou à la Constitution pour régler des problèmes de politique politicienne intervenus au sein d’un parti. Je trouve que c’est quand même dommage. Si on veut respecter l’Etat de droit qu’est le Sénégal et également l’intangibilité des lois comme celle fondamentale qu’est la Constitution, je crois qu’il faut éviter de l’utiliser, de l’instrumentaliser pour régler des problèmes crypto personnels. Concernant l’exposé des motifs de cette loi, je suis désolé même au sein de cette dernière qu’on a à peine caché qu’on a envie de régler le compte à Macky Sall, président de l’Assemblée nationale. Cela apparaît nettement dans l’exposé des motifs. Ce que je déplore et regrette car nous sommes en train de reculer. Sur la scène internationale, ceux qui nous observent se demandent si véritablement ce Sénégal-là de Senghor est véritablement celui dans lequel nous vivons aujourd’hui. J’ai lu avant un article d’une interview que l’ancien ministre Abdoulaye Bathily a fait dans « Le Quotidien ». L’analyse qu’il fait de la situation nationale est horrifiante. Et franchement, je suis désolé de constater que pour régler des problèmes de politique politicienne, je ne dis pas politique parce qu’on peut régler des problèmes politiques positifs en modifiant les textes s’il y a des réalités et faire avancer la démocratie. Mais quand il s’agit de prendre des textes pour régler des problèmes de politique politicienne, on recule.
La machine est apparemment déjà enclenchée. Que faut-il donc faire pour trouver des solutions ?
Il faut que l’opinion sénégalaise soit saisie. Il faut que les Sénégalais prennent conscience que l’on est en train dans ce pays de faire des dérives dans toutes les directions. Que le pays est en train de sombrer à tous points de vue, que cela soit sur le plan politique, sur le plan économique, culturel, sur le plan des valeurs. Vous savez, j’étais candidat à l’élection présidentielle et j’ai mis beaucoup l’accent sur ces notions de valeurs aujourd’hui. On n’a plus de repères, plus de respect de la parole donnée plus d’éthique, plus de morale. On parle de détournements, il faut que ça s’arrête. Ce n’est pas le gouvernement en tant que tel mais l’ensemble de la nation qui est en jeu, ; autrement dit, c’est l’ensemble du peuple sénégalais qui doit prendre conscience que nous sommes au bord du gouffre, au bord d’un précipice, c’est cela. J’ai perdu tous mes repères et j’ai peur de ce Sénégal qui n’est ni de Senghor ni d’Abdou Diouf. Au moment où nous étions avec le président Diouf, je crois qu’il y avait quand même un minimum et je pense qu’il y avait un respect des règles, des valeurs. Je ne dis pas que tout était en or mais enfin nous n’avons pas connu une situation comme celle que nous connaissons aujourd’hui. Il faut redresser la barre.
Le Sénégal est encore frappé par les inondations. Des membres de la mouvance présidentielle considèrent que le régime socialiste a une très grande part de responsabilité sur cette situation. Que répondez-vous ?
Mais c’est trop facile. Nous avons été battus en l’an 2000, qu’on arrête de nous accuser de notre passif. Si tout cela était parfait, on ne nous aurait pas battus. On a préféré l’alternance à la situation que nous vivions à l’époque. Nous avons accepté et le président Diouf est parti avec la plus grande dignité en acceptant sa défaite. Mais qu’on ne vienne pas nous dire : telle affaire ne marche pas parce que vous étiez là et c’est vous qui auriez dû. Mais si on nous a fait partir c’est pour concourir ce qui n’a pas été bon. Depuis 8 ans, on ne peut plus nous accuser de quoi que ce soit. Si nous sommes partis, c’est bien qu’on a estimé qu’il fallait changer, mais on a comme l’impression que l’alternance vient d’arriver. Les Blaise Diagne, Ngalandou Diouf, les Lamine Guèye, tous ces gens-là comment ils sont partis par les urnes ? Mais l’alternance, ce n’est pas quelque chose de nouveau. La démocratie sénégalaise est quand même quelque chose qui avance. Mais il ne faut pas reculer et par conséquent, on ne peut pas reprocher au régime de Diouf tout ce que l’on constate aujourd’hui, notamment en matière d’inondations dans la mesure où de notre temps, des dispositions avaient commencé d’être prises. Tous les projets de rénovations des quartiers tels que Dalifort, l’aménagement de la Patte d’Oie, c’était nous à l’époque. C’est tout un programme pour aller de l’avant. Nous n’avions pas de plan « Jaaxay » avec 67 milliards prétendus pour régler ces problèmes. On n’a rien réglé du tout. Nous avions dit que la priorité ce n’était pas d’aller faire des investissements de plus de 400 milliards dans des corniches.
Parmi ceux-là qui sont dans l’inondation à Thiaroye, à Pikine, je suis persuadé que 60 % de ces gens ne savent même pas où se trouve la Corniche. Et vous avez vu, on a fait les choses avec précipitation, on n’a pas pensé à l’essentiel qui est de régler les problèmes d’assainissement. Aujourd’hui, même avec 50 mm, Dakar est inondé. Moi je vous dis au passage, je suis maire de Ziguinchor, vous n’entendez pas parler d’inondations à Ziguinchor. Depuis trois ans, nous avons mis l’argent qu’il fallait et également on a fait ce qu’il fallait faire pour prévoir. Nous avions eu des difficultés, mais aujourd’hui personne ne parle d’inondations à Ziguinchor. Il pleut quatre fois plus à Ziguinchor que ce qu’il pleut à Dakar mais nous avons curé les égouts refait les caniveaux ce qui fait que la localité n’est pas inondée.
Donc il y a un problème de vision et de prévision, ce qui n’a pas été le cas. Donc on ne peut pas imputer la situation au gouvernement précédent. Je dis non ; que les gens prennent leurs responsabilités, reconnaissent leurs insuffisances et assument.
Propos recueillis par Babacar DIONE et Amadou M. NDAO