Le Programme Elargi de Vaccination, un programme mondial initié par l’OM en 1974, a pour objectif de réduire la morbidité et la mortalité, liées aux maladies cibles évitables par la vaccination (1). De six maladies (tuberculose, diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite, rougeole au départ, le PEV a été étendu à trois autres maladies : la fièvre jaune en zone d’endémie amarile, l’hépatite à virus B (HVB) et les infections à l’Haemophilus influenzae type b (Hib).
En 1990, les directives de l’OMS étaient «Eradiquer la poliomyélite, éliminer la rougeole, contrôler le tétanos néo-natal».
Dès 1979, le PEV a été introduit au Sénégal et en 1996 le Gouvernement a souscrit à l’Initiative d’Indépendance Vaccinale (I.I.V.) avec une inscription formelle du gouvernement d’une ligne budgétaire pour l’achat des vaccins et consommables. Cette volonté politique a été renforcée par l’implication des Collectivités locales par la prise en charge des coûts opérationnels des campagnes de vaccination de masse (rougeole et fièvre jaune), l’implication des ONG, le partenariat avec le secteur privé, l’appui soutenu de la coopération bilatérale et multilatérale et l’engagement des personnels de santé. Grâce au soutien de l’Alliance GAVI (2), une politique de renforcement services de vaccination et de sécurité des injections fut mise en œuvre avec l’appui de l’UNICEF et l’OMS. L’utilisation des seringues autobloquantes et des boîtes de sécurité dans toutes les unités de vaccination a été généralisée, de nouveaux vaccins furent introduits dans le PE V : « Hépatite B » en janvier 2004 et « Pentavalent » en juillet 2005.
La mise en œuvre de cette stratégie avait engendré une augmentation satisfaisante de la couverture vaccinale, entraînant une amélioration de la santé des populations cibles. Pour exemple, pour ce qui concerne la rougeole, il a été enregistré une baisse de la morbidité de +90%, aucun cas de décès à partir de 2005 et environ 5.000 décès d’enfants évités. Pour ce qui concerne l’éradication de la poliomyélite, aucun cas de poliovirus sauvage n’a été déclaré depuis 1998, si bien que le Sénégal était le premier pays francophone d’Afrique de l’Ouest certifié libre de PVS autochtone en 2004.
Cet élan a été malheureusement perturbé, ces dernières années, par la rupture des vaccins et consommables, la vétusté de la logistique roulante (motos et autos) pour la mise en œuvre des activités de vaccination, la vétusté de la chaîne du froid pour une bonne conservation des vaccins, les faibles capacités pour le stockage des vaccins et consommables, l’absence de moyens de transport des vaccins et intrants vers les régions, l’insuffisance du personnel de la division qui gère le programme etc. Toutes ces contraintes sont inhérentes aux difficultés récurrentes dans la mobilisation, à temps, de la ligne budgétaire destinée à l’achat des vaccins et consommables et à l’insuffisance du budget alloué au programme par l’Etat du Sénégal. Même les frais de transit administratif pour l’enlèvement des vaccins et consommables au port et à l’aéroport sont payés avec beaucoup de difficultés !
L’insuffisance de moyens plombe les activités stratégiques pour le maintien d’une couverture vaccinale élargie (stratégies fixes, avancées, mobiles, journées ou semaines d’accélération, supervision, monitorage, coordination etc.) ainsi que la recherche d’une sécurité vaccinale renforcée. La sécurité dans la distribution des vaccins est primordiale car quand les vaccins ne sont pas correctement stockés et manipulés (rupture de la chaîne du froid, exposition au soleil ou à la lumière par exemple), leurs effets risquent de s'estomper et ils peuvent devenir totalement inefficaces.
La conséquence directe de cette situation est la baisse de la performance du PEV au niveau de tous les antigènes depuis 2008. En outre, l’on a assisté, en juin 2009, à une réémergence des épidémies de rougeole et en janvier 2010, à la réapparition de la poliomyélite ! Depuis 12 ans on n’avait plus enregistré de cas de polio virus sauvage au Sénégal. Pourtant, l’alerte était donnée depuis quelques années car, des cas de poliomyélite ont été notifiés dans la sous région, au Mali et en Guinée. Le Gouvernement avait l’obligation de mettre des moyens suffisant à la disposition du PEV, pour préserver nos populations de cette maladie à travers le renforcement de la couverture vaccinale et la sécurité des vaccins.
Nos autorités ont encore une fois failli et voilà le résultat.
Nous l’avons déjà dit dans une précédente contribution, les Sénégalais sont malades de la gestion chaotique de leur système de santé, cela se confirme tous les jours. La gestion de nos finances publiques se fait sans une réelle prise en compte des priorités nationales. Pourtant, une importance primordiale doit être accordée à la vaccination qui est considérée par la communauté internationale comme le meilleur moyen pour améliorer la santé et la sécurité des populations. En effet, la vaccination contribue à l’atteinte de 5 des 8 Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) : elle empêche les pertes de productivité dues aux maladies évitables par la vaccination des adultes et des enfants et réduit les dépenses de soins (OMD1); elle favorise la bonne santé des enfants facilitant ainsi la fréquentation régulière de l’école (OMD 2) ; elle peut contribuer jusqu’à 25 % dans la réduction de la mortalité infantile lorsque la vaccination (vaccins ordinaires et récents) de l’enfant est complète (OMD 4) : elle contribue à l’accès et à l’amélioration des soins de santé maternelle si toutes les familles sont vaccinées (OMD 5) ; la réalisation des activités spéciales de vaccination peut faciliter la réalisation concomitantes d’autres activités de prévention (distribution des moustiquaires, des vitamines A, des médicaments vermifuges et d’autres soins de santé) (OMD 6)
La vaccination est un droit fondamental pour tous les enfants sénégalais. Le Gouvernement du Sénégal a la responsabilité de leur permettre d’y accéder dans les meilleures conditions possible et sans discrimination, il a le devoir de respecter les engagements souscrits au niveau international, en assurant le financement suffisant et la gestion adéquate et efficace du Programme Elargi de Vaccination. La solidarité de la communauté internationale est certes une nécessité pour garantir à tous un accès équitable aux vaccins indispensables mais elle ne peut pas et ne doit pas se substituer à la responsabilité des Etats. Les autorités doivent se départir de la forte dépendance financière par rapport aux Partenaires (GAVI, UNICEF, OMS…) pour faire fonctionner correctement et efficacement le Programme Elargi de Vaccination.
Les ménages sénégalais éprouvent déjà beaucoup de difficultés pour prendre en charge leurs soins de santé, qu’on ne leur en rajoute surtout pas avec des maladies évitables par la vaccination comme la poliomyélite et la rougeole !
Mme Penda Ndiaye CISSE
Présidente Commission Santé ANCP
Secrétaire Politique MOUNFEP
Alliance des Forces de Progrès
Les populations cibles sont les nouveau-nés et les nourrissons dans leur première année de vie, mais aussi les enfants plus âgés, jusqu’à 3 ou 5 ans, incorporés dans des actions de rattrapage, les femmes en âge de procréer pour la prévention du tétanos néo-natal, les grands enfants et les adultes pour la vaccination antitétanique et la fièvre jaune.
GAVI (Global Alliance for Vaccine and Immunisation ou ’Alliance Mondiale pour les Vaccins et la Vaccination a été créée en 2000 à Davos afin de coordonner un réseau international d’organisations internationales de développement (OMS, UNICEF, Groupe Banque mondiale), d’Etats, de Banques multilatérales de développement, d’organisations caritatives (dont la Fondation Bill and Melinda Gates et la Fondation Rockfeller), de dirigeants de l’industrie pharmaceutique.
En 1990, les directives de l’OMS étaient «Eradiquer la poliomyélite, éliminer la rougeole, contrôler le tétanos néo-natal».
Dès 1979, le PEV a été introduit au Sénégal et en 1996 le Gouvernement a souscrit à l’Initiative d’Indépendance Vaccinale (I.I.V.) avec une inscription formelle du gouvernement d’une ligne budgétaire pour l’achat des vaccins et consommables. Cette volonté politique a été renforcée par l’implication des Collectivités locales par la prise en charge des coûts opérationnels des campagnes de vaccination de masse (rougeole et fièvre jaune), l’implication des ONG, le partenariat avec le secteur privé, l’appui soutenu de la coopération bilatérale et multilatérale et l’engagement des personnels de santé. Grâce au soutien de l’Alliance GAVI (2), une politique de renforcement services de vaccination et de sécurité des injections fut mise en œuvre avec l’appui de l’UNICEF et l’OMS. L’utilisation des seringues autobloquantes et des boîtes de sécurité dans toutes les unités de vaccination a été généralisée, de nouveaux vaccins furent introduits dans le PE V : « Hépatite B » en janvier 2004 et « Pentavalent » en juillet 2005.
La mise en œuvre de cette stratégie avait engendré une augmentation satisfaisante de la couverture vaccinale, entraînant une amélioration de la santé des populations cibles. Pour exemple, pour ce qui concerne la rougeole, il a été enregistré une baisse de la morbidité de +90%, aucun cas de décès à partir de 2005 et environ 5.000 décès d’enfants évités. Pour ce qui concerne l’éradication de la poliomyélite, aucun cas de poliovirus sauvage n’a été déclaré depuis 1998, si bien que le Sénégal était le premier pays francophone d’Afrique de l’Ouest certifié libre de PVS autochtone en 2004.
Cet élan a été malheureusement perturbé, ces dernières années, par la rupture des vaccins et consommables, la vétusté de la logistique roulante (motos et autos) pour la mise en œuvre des activités de vaccination, la vétusté de la chaîne du froid pour une bonne conservation des vaccins, les faibles capacités pour le stockage des vaccins et consommables, l’absence de moyens de transport des vaccins et intrants vers les régions, l’insuffisance du personnel de la division qui gère le programme etc. Toutes ces contraintes sont inhérentes aux difficultés récurrentes dans la mobilisation, à temps, de la ligne budgétaire destinée à l’achat des vaccins et consommables et à l’insuffisance du budget alloué au programme par l’Etat du Sénégal. Même les frais de transit administratif pour l’enlèvement des vaccins et consommables au port et à l’aéroport sont payés avec beaucoup de difficultés !
L’insuffisance de moyens plombe les activités stratégiques pour le maintien d’une couverture vaccinale élargie (stratégies fixes, avancées, mobiles, journées ou semaines d’accélération, supervision, monitorage, coordination etc.) ainsi que la recherche d’une sécurité vaccinale renforcée. La sécurité dans la distribution des vaccins est primordiale car quand les vaccins ne sont pas correctement stockés et manipulés (rupture de la chaîne du froid, exposition au soleil ou à la lumière par exemple), leurs effets risquent de s'estomper et ils peuvent devenir totalement inefficaces.
La conséquence directe de cette situation est la baisse de la performance du PEV au niveau de tous les antigènes depuis 2008. En outre, l’on a assisté, en juin 2009, à une réémergence des épidémies de rougeole et en janvier 2010, à la réapparition de la poliomyélite ! Depuis 12 ans on n’avait plus enregistré de cas de polio virus sauvage au Sénégal. Pourtant, l’alerte était donnée depuis quelques années car, des cas de poliomyélite ont été notifiés dans la sous région, au Mali et en Guinée. Le Gouvernement avait l’obligation de mettre des moyens suffisant à la disposition du PEV, pour préserver nos populations de cette maladie à travers le renforcement de la couverture vaccinale et la sécurité des vaccins.
Nos autorités ont encore une fois failli et voilà le résultat.
Nous l’avons déjà dit dans une précédente contribution, les Sénégalais sont malades de la gestion chaotique de leur système de santé, cela se confirme tous les jours. La gestion de nos finances publiques se fait sans une réelle prise en compte des priorités nationales. Pourtant, une importance primordiale doit être accordée à la vaccination qui est considérée par la communauté internationale comme le meilleur moyen pour améliorer la santé et la sécurité des populations. En effet, la vaccination contribue à l’atteinte de 5 des 8 Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) : elle empêche les pertes de productivité dues aux maladies évitables par la vaccination des adultes et des enfants et réduit les dépenses de soins (OMD1); elle favorise la bonne santé des enfants facilitant ainsi la fréquentation régulière de l’école (OMD 2) ; elle peut contribuer jusqu’à 25 % dans la réduction de la mortalité infantile lorsque la vaccination (vaccins ordinaires et récents) de l’enfant est complète (OMD 4) : elle contribue à l’accès et à l’amélioration des soins de santé maternelle si toutes les familles sont vaccinées (OMD 5) ; la réalisation des activités spéciales de vaccination peut faciliter la réalisation concomitantes d’autres activités de prévention (distribution des moustiquaires, des vitamines A, des médicaments vermifuges et d’autres soins de santé) (OMD 6)
La vaccination est un droit fondamental pour tous les enfants sénégalais. Le Gouvernement du Sénégal a la responsabilité de leur permettre d’y accéder dans les meilleures conditions possible et sans discrimination, il a le devoir de respecter les engagements souscrits au niveau international, en assurant le financement suffisant et la gestion adéquate et efficace du Programme Elargi de Vaccination. La solidarité de la communauté internationale est certes une nécessité pour garantir à tous un accès équitable aux vaccins indispensables mais elle ne peut pas et ne doit pas se substituer à la responsabilité des Etats. Les autorités doivent se départir de la forte dépendance financière par rapport aux Partenaires (GAVI, UNICEF, OMS…) pour faire fonctionner correctement et efficacement le Programme Elargi de Vaccination.
Les ménages sénégalais éprouvent déjà beaucoup de difficultés pour prendre en charge leurs soins de santé, qu’on ne leur en rajoute surtout pas avec des maladies évitables par la vaccination comme la poliomyélite et la rougeole !
Mme Penda Ndiaye CISSE
Présidente Commission Santé ANCP
Secrétaire Politique MOUNFEP
Alliance des Forces de Progrès
Les populations cibles sont les nouveau-nés et les nourrissons dans leur première année de vie, mais aussi les enfants plus âgés, jusqu’à 3 ou 5 ans, incorporés dans des actions de rattrapage, les femmes en âge de procréer pour la prévention du tétanos néo-natal, les grands enfants et les adultes pour la vaccination antitétanique et la fièvre jaune.
GAVI (Global Alliance for Vaccine and Immunisation ou ’Alliance Mondiale pour les Vaccins et la Vaccination a été créée en 2000 à Davos afin de coordonner un réseau international d’organisations internationales de développement (OMS, UNICEF, Groupe Banque mondiale), d’Etats, de Banques multilatérales de développement, d’organisations caritatives (dont la Fondation Bill and Melinda Gates et la Fondation Rockfeller), de dirigeants de l’industrie pharmaceutique.