Selon la Banque mondiale, le Produit Intérieur Brut (PIB) mondial diminuera de 5,2% en 2020. Le groupe des pays émergents et en développement devrait connaître sa première contraction en 60 ans, avec une baisse globale de son PIB de 2,5%. Cette récession fera basculer des millions de personnes dans l’extrême pauvreté et le chômage. Les échanges commerciaux devraient accuser une baisse drastique dans presque toutes les régions de la planète. La contraction du commerce devrait probablement être supérieure à celle causée par la crise financière mondiale de 2008-2009.
Un peu partout on assiste à un triomphe de l’Etat keynésien car la crise économique globale qui est en train de découler de la crise du coronavirus rappelle combien le rôle de l’Etat régulateur est salvateur. La bonne vieille planche est ressortie à Washington comme à Pékin. Laissés à eux-mêmes , les marchés boursiers se sont effondrés . Pour une fois, chinois, européens et américains sont d’accord : la main invisible d’Adam SMITH ne peut sauver le marché. D’où les mesures interventionnistes prises un peu partout ( Etats Unis, Allemagne, Grande Bretagne etc….).
Au Sénégal, nous saluons les mesures prises contenues dans le document intitulé : Programme de Résilience Economique et Social ( PRES), seulement nous pensons que les Autorités devraient mettre un accent particulier sur le secteur de l’Agriculture et de l’élevage afin d’assurer la sécurité alimentaire. Une véritable stratégie devrait être élaborée pour en définitive cultiver ce que nous mangeons et développer un véritable label sénégalais et pouvoir même exporter afin d’obtenir des devises dans l’immédiat. Le 28 mars 2020 , Le ministre de l’agriculture et de l’équipement rural a annoncé une stratégie de sécurité alimentaire, concernant le riz, le blé et le niébé. A cet effet, un Conseil présidentiel sur l’agriculture et la sécurité alimentaire ( Directive Présidentielle donnée depuis des années déjà) devrait être organisé afin de résoudre la lancinante question alimentaire.
Il urge de nous mobiliser afin de relancer l’économie à travers, entre autres, les mesures ci-dessous :
1/Vulgariser les travaux de la cellule nationale de crise qui avait été mise en place le 18 mars dernier. A mon avis, cette cellule devrait, entre autres, mesurer l’impact réel de la crise sur tous les secteurs porteurs de croissance. Cela aura pour avantage de redéfinir l’ordre des priorités. A mon avis, l’agriculture peut demeurer la Priorité Numéro 1 du Gouvernement , suivie de la Santé, Priorité Numéro 2 et du Tourisme qui viendrait en troisième position .
La pandémie nous aura appris que le Gouvernement a eu tort d’avoir drastiquement baissé le budget de la santé dans la loi de Finances (LFI) 2020.
2/ Booster les secteurs porteurs de croissance , sans oublier le secteur informel et la question énergétique à travers la poursuite du développement des énergies renouvelables. Accorder une attention particulière à l’agro-industrie et à l’artisanat qui doivent pouvoir s’exporter afin de renverser la tendance structurellement déficitaire de notre balance commerciale dont le déficit se situe à 206,1 milliards de FCFA au mois d’avril 2020 selon la Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE) .
3/ Accorder la part belle au Secteur Privé qui est, en réalité le moteur de la croissance. Poursuivre plus que par le passé l’accompagnement du Secteur Privé car le Chef de l’Etat avait, en novembre 2018 , en perspective de la réunion du Club de Paris invité le Secteur Privé à s’approprier la vision du renouveau industriel et productif et à jouer un rôle prioritaire dans l’exécution de la phase 2 (2019/2023) du Plan Sénégal Emergent (PSE).
Dans le PRES, en plus des 200 milliards consacrés à la remise partielle de la dette fiscale constatée au 31 décembre 2019, et des 302 milliards consacrés au paiement des fournisseurs de l’Etat, les pouvoirs publics devraient avoir le courage de revenir sur les lois, décrets ou redevances ( ils sont nombreux !) qui ne militent pas en faveur de la compétitivité de l’entreprise sénégalaise. J’en citerai deux à titre d’exemple :
• Le Décret 2018-1943 du 26 octobre 2018 instituant une taxe parafiscale au profit du Fonds de Soutien au secteur de l’énergie dénommée : « Taxe sur l’énergie à usage industriel » de l’ordre de 2,5% . Cette mesure vient encore alourdir les charges des industriels qui étaient jusque-là déjà élevées. A l’heure où « l’électricité pour tous » est un axe majeur de la politique d’équité sociale et territoriale du Chef de l’Etat, nous ne comprenons pas cette mesure destinée exclusivement aux entreprises industrielles ;
• La loi-2018-10 du 30 mars 2018 modifiant certaines dispositions générales du Code Général des Impôts. La taxe sur les corps gras alimentaires contenue dans cette loi pénalise l’industrie au profit des importations. Elle est perçue « ad valorem » sur le chiffre d’affaires des industriels alors que les importateurs l’acquittent au cordon douanier. Cette distorsion est bien sur accentuée par les valeurs de correction, sous déclarations, exonérations constatées au niveau des Douanes.
Si la tendance haussière des facteurs de production se poursuit, certaines industries pourraient opter pour une délocalisation de leurs activités, ce qui ne serait pas sans conséquence pour notre économie.
Il me paraît important de revoir la pléthore de taxes et redevances instituées surtout en 2018 qui avait été décrétée année sociale , quel paradoxe.
Même si le budget de l’Etat du Sénégal provient en majorité de la fiscalité, la période post Covid-19 doit nous pousser à changer de paradigme et à inventer de nouvelles techniques de financements innovants pour alimenter les régies financières en lieu et place à l’asphyxie des ménages et des entreprises . Ce qui a certes orienté l’action du Gouvernement depuis septembre 2013, c’est l’emploi, le progrès social et la relance économique , mais tirons les nombreuses leçons de cette pandémie et apportons les correctifs nécessaires pour nous diriger vers un nouveau modèle de développement économique qui nous rendra réellement indépendant à tous les points de vue.
Changeons de voie. Repensons notre avenir économique .Pour y arriver, nous suggérons aux pouvoirs publics d’organiser les Etats Généraux de l’Economie ( comme l’Italie le fait en ce moment) afin de la moderniser et de lui donner une toute autre orientation car après le Covid 19 plus rien ne sera comme avant. Notre souveraineté, l’économie et notre société qui souffre de croissantes inégalités devraient, entre autres, y être discutées.
Marie Bâ Aidara Economiste Ecrivain
Ancien Ministre
Vice-Président Africa-WIC
mariebabacarba@gmail.com
Un peu partout on assiste à un triomphe de l’Etat keynésien car la crise économique globale qui est en train de découler de la crise du coronavirus rappelle combien le rôle de l’Etat régulateur est salvateur. La bonne vieille planche est ressortie à Washington comme à Pékin. Laissés à eux-mêmes , les marchés boursiers se sont effondrés . Pour une fois, chinois, européens et américains sont d’accord : la main invisible d’Adam SMITH ne peut sauver le marché. D’où les mesures interventionnistes prises un peu partout ( Etats Unis, Allemagne, Grande Bretagne etc….).
Au Sénégal, nous saluons les mesures prises contenues dans le document intitulé : Programme de Résilience Economique et Social ( PRES), seulement nous pensons que les Autorités devraient mettre un accent particulier sur le secteur de l’Agriculture et de l’élevage afin d’assurer la sécurité alimentaire. Une véritable stratégie devrait être élaborée pour en définitive cultiver ce que nous mangeons et développer un véritable label sénégalais et pouvoir même exporter afin d’obtenir des devises dans l’immédiat. Le 28 mars 2020 , Le ministre de l’agriculture et de l’équipement rural a annoncé une stratégie de sécurité alimentaire, concernant le riz, le blé et le niébé. A cet effet, un Conseil présidentiel sur l’agriculture et la sécurité alimentaire ( Directive Présidentielle donnée depuis des années déjà) devrait être organisé afin de résoudre la lancinante question alimentaire.
Il urge de nous mobiliser afin de relancer l’économie à travers, entre autres, les mesures ci-dessous :
1/Vulgariser les travaux de la cellule nationale de crise qui avait été mise en place le 18 mars dernier. A mon avis, cette cellule devrait, entre autres, mesurer l’impact réel de la crise sur tous les secteurs porteurs de croissance. Cela aura pour avantage de redéfinir l’ordre des priorités. A mon avis, l’agriculture peut demeurer la Priorité Numéro 1 du Gouvernement , suivie de la Santé, Priorité Numéro 2 et du Tourisme qui viendrait en troisième position .
La pandémie nous aura appris que le Gouvernement a eu tort d’avoir drastiquement baissé le budget de la santé dans la loi de Finances (LFI) 2020.
2/ Booster les secteurs porteurs de croissance , sans oublier le secteur informel et la question énergétique à travers la poursuite du développement des énergies renouvelables. Accorder une attention particulière à l’agro-industrie et à l’artisanat qui doivent pouvoir s’exporter afin de renverser la tendance structurellement déficitaire de notre balance commerciale dont le déficit se situe à 206,1 milliards de FCFA au mois d’avril 2020 selon la Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE) .
3/ Accorder la part belle au Secteur Privé qui est, en réalité le moteur de la croissance. Poursuivre plus que par le passé l’accompagnement du Secteur Privé car le Chef de l’Etat avait, en novembre 2018 , en perspective de la réunion du Club de Paris invité le Secteur Privé à s’approprier la vision du renouveau industriel et productif et à jouer un rôle prioritaire dans l’exécution de la phase 2 (2019/2023) du Plan Sénégal Emergent (PSE).
Dans le PRES, en plus des 200 milliards consacrés à la remise partielle de la dette fiscale constatée au 31 décembre 2019, et des 302 milliards consacrés au paiement des fournisseurs de l’Etat, les pouvoirs publics devraient avoir le courage de revenir sur les lois, décrets ou redevances ( ils sont nombreux !) qui ne militent pas en faveur de la compétitivité de l’entreprise sénégalaise. J’en citerai deux à titre d’exemple :
• Le Décret 2018-1943 du 26 octobre 2018 instituant une taxe parafiscale au profit du Fonds de Soutien au secteur de l’énergie dénommée : « Taxe sur l’énergie à usage industriel » de l’ordre de 2,5% . Cette mesure vient encore alourdir les charges des industriels qui étaient jusque-là déjà élevées. A l’heure où « l’électricité pour tous » est un axe majeur de la politique d’équité sociale et territoriale du Chef de l’Etat, nous ne comprenons pas cette mesure destinée exclusivement aux entreprises industrielles ;
• La loi-2018-10 du 30 mars 2018 modifiant certaines dispositions générales du Code Général des Impôts. La taxe sur les corps gras alimentaires contenue dans cette loi pénalise l’industrie au profit des importations. Elle est perçue « ad valorem » sur le chiffre d’affaires des industriels alors que les importateurs l’acquittent au cordon douanier. Cette distorsion est bien sur accentuée par les valeurs de correction, sous déclarations, exonérations constatées au niveau des Douanes.
Si la tendance haussière des facteurs de production se poursuit, certaines industries pourraient opter pour une délocalisation de leurs activités, ce qui ne serait pas sans conséquence pour notre économie.
Il me paraît important de revoir la pléthore de taxes et redevances instituées surtout en 2018 qui avait été décrétée année sociale , quel paradoxe.
Même si le budget de l’Etat du Sénégal provient en majorité de la fiscalité, la période post Covid-19 doit nous pousser à changer de paradigme et à inventer de nouvelles techniques de financements innovants pour alimenter les régies financières en lieu et place à l’asphyxie des ménages et des entreprises . Ce qui a certes orienté l’action du Gouvernement depuis septembre 2013, c’est l’emploi, le progrès social et la relance économique , mais tirons les nombreuses leçons de cette pandémie et apportons les correctifs nécessaires pour nous diriger vers un nouveau modèle de développement économique qui nous rendra réellement indépendant à tous les points de vue.
Changeons de voie. Repensons notre avenir économique .Pour y arriver, nous suggérons aux pouvoirs publics d’organiser les Etats Généraux de l’Economie ( comme l’Italie le fait en ce moment) afin de la moderniser et de lui donner une toute autre orientation car après le Covid 19 plus rien ne sera comme avant. Notre souveraineté, l’économie et notre société qui souffre de croissantes inégalités devraient, entre autres, y être discutées.
Marie Bâ Aidara Economiste Ecrivain
Ancien Ministre
Vice-Président Africa-WIC
mariebabacarba@gmail.com