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Réhabilitation du collecteur HANN-FANN : 10 milliards de Fcfa pour éviter le déguerpissement

L’éventuel effondrement du collecteur « Fann-Hann » a plongé les riverains des zones de Ouagou Niayes, Niarry Tally, Hlm et Bopp dans la panique. Ils exigent à tout prix des solutions pour prévenir la catastrophe. Pourtant, certains ne veulent pas entendre parler de déguerpissement.


Rédigé par leral.net le Vendredi 2 Septembre 2011 à 11:15 | | 0 commentaire(s)|

Réhabilitation du collecteur HANN-FANN : 10 milliards de Fcfa pour éviter le déguerpissement
A la rue Casamance, à l’air libre, se trouve l’atelier de coiffure jouxtant le collège Adama Ndiaye. Des menuisiers rabotent et coupent les planches. A côté, se situe un atelier de coiffure où le tenancier coiffe un client. Ils gagnent leur vie sur cette chaussée, au-dessus du collecteur vétuste. Ils sont aussi conscients qu’ils peuvent perdre leur vie dans leur atelier. « Nous sommes en danger. Nous vivons en permanence avec les odeurs. La nuit, je sens une douleur à la poitrine, mais que faire ? Il faut que nous travaillons pour gagner notre vie », confesse le coiffeur. Il se lève. Venez, nous dit-il. Il s’arrête sur le regard du collecteur qui vomit une eau noirâtre qui coule sur la rue Casamance de Bopp en passant devant la mosquée « toucouleur » en construction. «Il y a eu une grande fissure sur cette chaussée en 2008. L’eau était partout. Les élèves du collège étaient sortis pour barrer la route. Il y a de réels risques », s’exprime Amadou Touré.

Dans la cour du collège, le principal Adama Kanté supervise les travaux de réhabilitation. Les yeux cachés derrière des lunettes de soleil, le principal ne cache pas ses inquiétudes.


Certains s’accrochent à leur villa


« L’odeur des eaux nous incommode. Des élèves toussent. Nous faisons face à un vrai problème de salubrité. D’après tout ce que nous avons entendu ces derniers jours, il y a de quoi être inquiet. Les autorités doivent réagir rapidement pour trouver une solution », dit Adama Kanté.

En amont de la rue, nous voici au restaurant La Nature. Des ballots, des mallettes obstruent l’entrée. Ici, se trouve une station de bus de transport en commun. Des passagers descendent des taxis au moment où des apprentis rangent des sacs dans les porte-bagages d’un bus. Les clients sont nombreux. Plusieurs d’entre eux sont assis sur l’itinéraire du collecteur. En face, près de la pharmacie El Mamadou Seydou Bâ, un retraité, Lamine Ndiaye, chevelure blanche, parcourt un journal. Ce retraité qui vit à Bopp depuis plus de 20 ans, s’inquiète de la situation depuis le passage du préfet.

Bref, la sérénité n’y est plus. « Beaucoup d’habitants ne savaient pas qu’ils étaient en danger, mais depuis que les radios, les journaux, les télévisions ont relaté les risques, tout le monde est sur le qui-vive. Il faut le reconnaître, ce n’est pas prudent. Le pire peut intervenir du jour au lendemain », s’inquiète Lamine Ndiaye, propriétaire de la maison numéro 122. Pour lui, la solution est entre les mains des techniciens. « Il appartient aux techniciens et ingénieurs de décider ou pas du départ des populations», souligne Lamine Ndiaye.

A la villa 418, le regard du collecteur est dans la cour. La maison a été une fois envahie. Mais ce signal et les maladies ne semblent pas ébranler la vieille mère couverte d’un voile tombant jusqu’aux épaules. « Je ne veux pas une autre maison. Je demande tout simplement que l’on répare cette canalisation. L’odeur nous empêche de respirer », lâche la vieille Awa Thiam. Loin de là, Aïssatou Diallo, habitant la maison jouxtant la pharmacie de la Corniche des Hlm, est aussi gagnée par la peur. « Nous avons peur. Mais nous ne pouvons rien faire. Où aller lorsqu’on est responsable de famille », s’interroge la dame.


Prévenir à tout prix la catastrophe


A l’ombre des imposants immeubles de couleur ocre, les lunettes de correction visées sur le nez, le président des délégués de quartier des Hlm 5, El Hadj Issa Cissé, est serein. « Le danger, c’est près de la route aux Hlm 4 et 5. La canalisation n’est pas si grande, même s’il y a quelques maisons qui sont au-dessus d’elle», résume-t-il. Il préfère que l’on situe la responsabilité. « L’Etat est le seul responsable. Aujourd’hui, beaucoup personnes ont construit sur la canalisation », s’empresse-t-il d’ajouter. Trouvé aux abords du jardin public situé entre le marché et Ouagou Niayes, Malick Bâ pense qu’il est encore temps pour prévenir une éventuelle catastrophe. « Nous sommes sur une bombe, il n’y a pas de solutions de rechange. Ces bâtiments ont 65 ans, leur coût de construction sont amortis. Ils n’ont plus de charge locative. C’est l’Etat qui doit agir », estime-t-il. Ces propos rappellent à bien des égards, ceux du maire de Grand-Dakar, Jean Baptiste Diouf. Il préconise le déguerpissement. « Les 51 villas ne valent pas plus que la vie des 300.000 Dakarois. Il faut déguerpir les maisons avant qu’une deuxième tragédie nous arrive », soutenait-il. En attendant, l’odeur pestilentielle est ambiante à travers plusieurs ruelles de Ouagou Niayes, la capacité d’évacuation de la canalisation étant dépassée depuis belle lurette.

Le Soleil

( Les News )