
« Le rejet de la loi interprétative sur l’amnistie par le Conseil constitutionnel n’est pas un simple épisode technique. Il révèle une faille structurelle profonde : le réformisme, même sincère, devient inopérant lorsqu’il évolue à l’intérieur d’un cadre conçu, non pour évoluer, mais pour se reproduire. Ce qui devait être un geste de réparation s’est heurté à un redoutable mur constitutionnel, hérité d’un autre temps, d’un autre esprit. Face à ce revers, Pastef doit avoir le courage de regarder la réalité en face : ce n’est pas une simple contrariété procédurale, mais un signal d’alerte. Il devient urgent de réajuster la stratégie, pour que les promesses de rupture ne soient plus systématiquement piégées dans les interstices du vieux système.
La Constitution sénégalaise actuelle, fruit des compromis et des verrouillages successifs des régimes antérieurs, reste marquée par un présidentialisme centralisé, où l’autorité de l’exécutif est plus sanctuarisée que contrôlée. Les contre-pouvoirs existent sur le papier, mais leur activation reste souvent conditionnée à des logiques d’allégeance, de fidélité institutionnelle ou de calcul politique. Le Conseil constitutionnel, censé être le gardien impartial de la norme, a longtemps agi comme une extension silencieuse du pouvoir en place. Et depuis l’alternance, force est de constater que le nouveau pouvoir n’a pas encore enclenché les ruptures nécessaires, pour rompre d'avec cette architecture.
En vérité, ce que découvre Pastef, c’est la force d’inertie d’un État profond. Un État qui ne tombe pas avec une alternance électorale, qui ne plie pas devant un discours, qui ne s’efface pas à l’arrivée d’une nouvelle majorité. Il encaisse, absorbe et neutralise. Son objectif n’est pas de réformer, mais de survivre. Sa nature, c’est la perpétuation.
Dans cet écosystème verrouillé, chaque tentative de réforme se heurte à des mécanismes de résistance intégrés. Aujourd’hui encore, l’administration sénégalaise, la justice, les autorités de régulation, sont imprégnées de cette culture du réflexe, de l’allégeance, de la peur du désordre. Tant que leur logique interne, leur composition humaine et leur culture organisationnelle ne seront pas profondément repensées, la gouvernance de Pastef restera figée, sans prise sur le réel.
Il ne s’agit pas de jeter l’État aux orties, mais de le refonder méthodiquement. Cela suppose une révision constitutionnelle audacieuse, une reconfiguration en profondeur des institutions et une revalorisation claire de la souveraineté populaire; comme source légitime de toute autorité. Car sans cela, le pouvoir actuel ne sera qu’une version optimisée de l’héritage qu’il prétendait dépasser. Et l’État profond, dans sa forme actuelle, pourra toujours continuer de bloquer la rupture. »
Cheikh Seck
Conseiller en Stratégies - Montréal
cheikhseck313@gmail.com
La Constitution sénégalaise actuelle, fruit des compromis et des verrouillages successifs des régimes antérieurs, reste marquée par un présidentialisme centralisé, où l’autorité de l’exécutif est plus sanctuarisée que contrôlée. Les contre-pouvoirs existent sur le papier, mais leur activation reste souvent conditionnée à des logiques d’allégeance, de fidélité institutionnelle ou de calcul politique. Le Conseil constitutionnel, censé être le gardien impartial de la norme, a longtemps agi comme une extension silencieuse du pouvoir en place. Et depuis l’alternance, force est de constater que le nouveau pouvoir n’a pas encore enclenché les ruptures nécessaires, pour rompre d'avec cette architecture.
En vérité, ce que découvre Pastef, c’est la force d’inertie d’un État profond. Un État qui ne tombe pas avec une alternance électorale, qui ne plie pas devant un discours, qui ne s’efface pas à l’arrivée d’une nouvelle majorité. Il encaisse, absorbe et neutralise. Son objectif n’est pas de réformer, mais de survivre. Sa nature, c’est la perpétuation.
Dans cet écosystème verrouillé, chaque tentative de réforme se heurte à des mécanismes de résistance intégrés. Aujourd’hui encore, l’administration sénégalaise, la justice, les autorités de régulation, sont imprégnées de cette culture du réflexe, de l’allégeance, de la peur du désordre. Tant que leur logique interne, leur composition humaine et leur culture organisationnelle ne seront pas profondément repensées, la gouvernance de Pastef restera figée, sans prise sur le réel.
Il ne s’agit pas de jeter l’État aux orties, mais de le refonder méthodiquement. Cela suppose une révision constitutionnelle audacieuse, une reconfiguration en profondeur des institutions et une revalorisation claire de la souveraineté populaire; comme source légitime de toute autorité. Car sans cela, le pouvoir actuel ne sera qu’une version optimisée de l’héritage qu’il prétendait dépasser. Et l’État profond, dans sa forme actuelle, pourra toujours continuer de bloquer la rupture. »
Cheikh Seck
Conseiller en Stratégies - Montréal
cheikhseck313@gmail.com