La relance de l’économie n’est pas encore gagnée. Pour le moment, les indicateurs ne sont pas rassurants. Dans le classement Doing Business 2012, le Sénégal avance à reculons. Sur 183 pays, le Sénégal occupe une place peu honorable (166ème) et se trouve loin derrière les pays comme la Gambie, le Ghana. Soit un recul de 12 places par rapport à 2012. Depuis 2007, le Sénégal n’a pas réussi à descendre en deçà de la 146ème place. Le niveau élevé de perception de la corruption reste également élevé. Dans le classement de l’Indice de perception de la corruption de Transparency International, le Sénégal occupe la 94ème place sur 176. La mise en place de la Cour de répression de l’enrichissement illicite qui a déjà initié des enquêtes contre les dignitaires de l’ancien régime permettrait à terme d’améliorer l’environnement des affaires, espère le président de la République, Macky Sall. Pour lui la justice reste un dispositif central dans le dispositif de mise à niveau de cet environnement. Elle doit rester indépendante et neutre afin de rassurer les investisseurs. « Nous allons faire la lumière et la traque des biens mal acquis tout en respectant les principes constitutionnels de la présomption d’innocence », a-t-il déclaré. En attendant, pour financer l’économie, l’Etat compte notamment sur le secteur privé national. Celui-ci reste encore très dépendant de la commande publique et peine souvent à recouvrer la dette consentie à l’Etat que le président Macky Sall promet de rembourser avant la fin du mois.
L’Etat compte également sur les investissements directs étrangers (Ide) qui sont fortement présents dans le secteur des mines que le président entend ouvrir au secteur privé national. Toutefois, selon le document de la situation économique et financière en 2011 et perspectives en 2012 « les investissements directs étrangers (IDE), suite à une forte augmentation sur la période 2006-2008 (+25%), … ont de nouveau diminué avec l’ajournement (ou retard dans l’exécution) de certains projets d’envergure (minerai de fer par Arcelor Mittal, Zone économique spéciale par Jafza). D’après la stratégie nationale de développement économique et social 2013-2017 « les Investissements Directs Etrangers (IDE) ont été relativement faibles (58 millions de dollars US), avant de connaître un dynamisme entre 2005 et 2009. Ils représentent en moyenne 2,8% de la Formation brute de capital fixe ». Quant aux dépenses publiques, elles font face à des contraintes de financement qui risquent de compromettre les finances publiques. On note une détérioration des indicateurs de la dette publique. Une conjoncture difficile confirmée par le ministre de l’Economie et des Finances lors du Conseil présidentiel sur l’investissement. Il a tiré la sonnette d’alarme sur le niveau d’endettement du pays même si, après l’élection de Macky Sall, le Fmi s’est dit optimiste quant au potentiel de croissance de l’économie sénégalaise sur le long terme. Il préconise une « une politique budgétaire prudente pour préserver la viabilité de la dette à long terme ». Une cause entendue par le premier ministre Abdoul Mbaye qui avait déclaré lors de sa déclaration de politique générale qu’une stratégie de gestion de la dette à moyen terme devait être finalisée en fin septembre 2012. Il annonçait dans la même lancée le « reprofilage » de la dette en recourant plus à des emprunts concessionnels au détriment des emprunts extérieurs et en privilégiant « les instruments de long terme pour les émissions de titres publics ». Dans le même sillage, le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Kane faisait remarquer le 30 novembre dernier, rapporte l’Aps, que le profilage a déjà commencé. « Nous avons entamé le processus de reprofilage de notre dette qui consiste à voir à quelles conditions on va emprunter », a-t-il dit.
En 2011, on est déjà au dessus du niveau de la dette d’avant l’annulation
Mais de quelle marge de manœuvre dispose le gouvernement compte tenu de l’éventualité des chocs exogènes ? En effet, comme tous les pays en voie de développement, les facteurs extérieurs échappent à tout contrôle, pèsent sur les politiques économiques, restent très prégnants et faussent souvent les prévisions. C’est ainsi que « la cible de déficit budgétaire pour 2012 a été révisée à la hausse (à 6,4 % du PIB) pour tenir compte de facteurs exogènes », selon un bulletin du Fmi de juillet dernier. Ces facteurs sont notamment les effets de la sécheresse sahélienne et la dégradation de la conjoncture internationale. En outre, le rapport sur la viabilité de la dette de 2008 avait prévu que les ratios de solvabilité ainsi que les ratios de liquidité au cours de la période 2008-2017 seront en détérioration progressive. En revanche, les scénarios les plus pessimistes tablaient sur un encours de la dette publique rapporté au Pib de 35,3% en 2012. Or il se chiffre à 42,1% en 2012, soulignent les dernières statistiques de la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee). A ce rythme, le Sénégal risque de crever le seuil de 70% fixé par l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Ces chiffres inquiètent au premier chef le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Kane qui n’a eu de cesse ces dernières semaines de rappeler que la reconstitution de la dette est en bonne voie avec « une dette publique qui s’élève à 3.041 milliards de FCfa composée d’une dette intérieure de 753 milliards et une dette extérieure de 2.160 milliards ». Il ajoute : « cette dette globale de 3.041 milliards doit être comparée à ce qu’elle était en 2006, c’est-à-dire 1.200 milliards. Nous l’avons quasiment triplée entre 2006 et 2012 ».
D’après la Stratégie nationale de développement économique et sociale (Sndes), « les ratios du service de la dette rapportés aux recettes budgétaires se sont détériorés remettant en cause la viabilité de la dette publique qui semble vulnérable en raison du profil actuel de la croissance économique ». Une analyse qui rejoint celle d’Amadou Kane et qui met un bémol sur les prévisions optimistes du dernier rapport sur la viabilité de la dette. Des préoccupations d’autant plus légitimes que « l’encours de la dette publique totale est projeté à 3321,1 milliards en 2013 (soit 43% du PIB). Ce qui traduit une augmentation de 9,2% par rapport à 2012. Depuis l’annulation de la dette en 2006, les indicateurs d’endettement ne cessent de prendre l’ascenseur d’année en année. L’encours de la dette totale fait ressortir une augmentation de 15,9 % en 2011 (soit une dette totale de 2539,2 milliards) par rapport à 2010. En 2011, on est déjà au dessus du niveau de la dette d’avant l’annulation qui s’élevait à 2465 milliards (soit plus de 100 milliards de plus). Bien qu’encore loin du plafond de soutenabilité de la dette fixée à 70%, le rythme soutenu de l’augmentation de la dette publique indique une tendance « préoccupante » qui risque de contredire les projections ambitieuses si des mesures correctives ne sont pas prises. Pour le moment, la croissance forte et soutenue qui permet de renverser la tendance n’est pas encore au rendez-vous. Selon le rapport 2012-2013 sur la situation économique et sociale, le taux de croissance du PIB réel est projeté à 3,7% en 2012 et 4,3% en 2013 contre de 2,6% en 2011. La forte demande sociale qui exige plus de dépenses réduit davantage la marge de manœuvre du gouvernement.
Aliou NIANE
L’Etat compte également sur les investissements directs étrangers (Ide) qui sont fortement présents dans le secteur des mines que le président entend ouvrir au secteur privé national. Toutefois, selon le document de la situation économique et financière en 2011 et perspectives en 2012 « les investissements directs étrangers (IDE), suite à une forte augmentation sur la période 2006-2008 (+25%), … ont de nouveau diminué avec l’ajournement (ou retard dans l’exécution) de certains projets d’envergure (minerai de fer par Arcelor Mittal, Zone économique spéciale par Jafza). D’après la stratégie nationale de développement économique et social 2013-2017 « les Investissements Directs Etrangers (IDE) ont été relativement faibles (58 millions de dollars US), avant de connaître un dynamisme entre 2005 et 2009. Ils représentent en moyenne 2,8% de la Formation brute de capital fixe ». Quant aux dépenses publiques, elles font face à des contraintes de financement qui risquent de compromettre les finances publiques. On note une détérioration des indicateurs de la dette publique. Une conjoncture difficile confirmée par le ministre de l’Economie et des Finances lors du Conseil présidentiel sur l’investissement. Il a tiré la sonnette d’alarme sur le niveau d’endettement du pays même si, après l’élection de Macky Sall, le Fmi s’est dit optimiste quant au potentiel de croissance de l’économie sénégalaise sur le long terme. Il préconise une « une politique budgétaire prudente pour préserver la viabilité de la dette à long terme ». Une cause entendue par le premier ministre Abdoul Mbaye qui avait déclaré lors de sa déclaration de politique générale qu’une stratégie de gestion de la dette à moyen terme devait être finalisée en fin septembre 2012. Il annonçait dans la même lancée le « reprofilage » de la dette en recourant plus à des emprunts concessionnels au détriment des emprunts extérieurs et en privilégiant « les instruments de long terme pour les émissions de titres publics ». Dans le même sillage, le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Kane faisait remarquer le 30 novembre dernier, rapporte l’Aps, que le profilage a déjà commencé. « Nous avons entamé le processus de reprofilage de notre dette qui consiste à voir à quelles conditions on va emprunter », a-t-il dit.
En 2011, on est déjà au dessus du niveau de la dette d’avant l’annulation
Mais de quelle marge de manœuvre dispose le gouvernement compte tenu de l’éventualité des chocs exogènes ? En effet, comme tous les pays en voie de développement, les facteurs extérieurs échappent à tout contrôle, pèsent sur les politiques économiques, restent très prégnants et faussent souvent les prévisions. C’est ainsi que « la cible de déficit budgétaire pour 2012 a été révisée à la hausse (à 6,4 % du PIB) pour tenir compte de facteurs exogènes », selon un bulletin du Fmi de juillet dernier. Ces facteurs sont notamment les effets de la sécheresse sahélienne et la dégradation de la conjoncture internationale. En outre, le rapport sur la viabilité de la dette de 2008 avait prévu que les ratios de solvabilité ainsi que les ratios de liquidité au cours de la période 2008-2017 seront en détérioration progressive. En revanche, les scénarios les plus pessimistes tablaient sur un encours de la dette publique rapporté au Pib de 35,3% en 2012. Or il se chiffre à 42,1% en 2012, soulignent les dernières statistiques de la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee). A ce rythme, le Sénégal risque de crever le seuil de 70% fixé par l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Ces chiffres inquiètent au premier chef le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Kane qui n’a eu de cesse ces dernières semaines de rappeler que la reconstitution de la dette est en bonne voie avec « une dette publique qui s’élève à 3.041 milliards de FCfa composée d’une dette intérieure de 753 milliards et une dette extérieure de 2.160 milliards ». Il ajoute : « cette dette globale de 3.041 milliards doit être comparée à ce qu’elle était en 2006, c’est-à-dire 1.200 milliards. Nous l’avons quasiment triplée entre 2006 et 2012 ».
D’après la Stratégie nationale de développement économique et sociale (Sndes), « les ratios du service de la dette rapportés aux recettes budgétaires se sont détériorés remettant en cause la viabilité de la dette publique qui semble vulnérable en raison du profil actuel de la croissance économique ». Une analyse qui rejoint celle d’Amadou Kane et qui met un bémol sur les prévisions optimistes du dernier rapport sur la viabilité de la dette. Des préoccupations d’autant plus légitimes que « l’encours de la dette publique totale est projeté à 3321,1 milliards en 2013 (soit 43% du PIB). Ce qui traduit une augmentation de 9,2% par rapport à 2012. Depuis l’annulation de la dette en 2006, les indicateurs d’endettement ne cessent de prendre l’ascenseur d’année en année. L’encours de la dette totale fait ressortir une augmentation de 15,9 % en 2011 (soit une dette totale de 2539,2 milliards) par rapport à 2010. En 2011, on est déjà au dessus du niveau de la dette d’avant l’annulation qui s’élevait à 2465 milliards (soit plus de 100 milliards de plus). Bien qu’encore loin du plafond de soutenabilité de la dette fixée à 70%, le rythme soutenu de l’augmentation de la dette publique indique une tendance « préoccupante » qui risque de contredire les projections ambitieuses si des mesures correctives ne sont pas prises. Pour le moment, la croissance forte et soutenue qui permet de renverser la tendance n’est pas encore au rendez-vous. Selon le rapport 2012-2013 sur la situation économique et sociale, le taux de croissance du PIB réel est projeté à 3,7% en 2012 et 4,3% en 2013 contre de 2,6% en 2011. La forte demande sociale qui exige plus de dépenses réduit davantage la marge de manœuvre du gouvernement.
Aliou NIANE