Le Coronavirus ne menace pas que notre santé. Économiquement parlant aussi, l’épidémie fait des ravages. Les Etats ne font plus confiance aux produits en provenance de la 2e puissance économique mondiale et la Chine elle- même, afin de ne pas voir ses relations commerciales entachées par ce virus, ne souhaite plus voir ses marchandises, potentiellement infectées, atteindre d’autres contrées.
À en croire Moustapha Diagne, gérant de l’entreprise Diagne Frères, spécialisée dans le transport de marchandises et la vente de pièces détachées de poids lourds, les autorités chinoises, ont mis leurs entreprises au vert : « On aurait dû reprendre le travail le 11 février, mais actuellement, l’Etat chinois a ordonné aux sociétés de fermer jusqu’à nouvel ordre. Pour nous, c’est compliqué, il y a rupture. (…) Chaque mois, nous importons 3 à 5 containers. Ça représente des millions. On ne peut même pas estimer les pertes ».
Du côté des allées du Centenaire devenues le « Little China » de Dakar, les tenanciers de boutiques, souvent Chinois, ne veulent plus parler du coronavirus. Leurs employés expliquent que les arrivages sont moins fréquents. Si les activités continuent de tourner, c’est uniquement parce que les arrières boutiques étaient bien achalandées ; des stocks qui finiront forcément par s’épuiser…
Non seulement la Chine met un frein à ses exportations mais les compagnies aériennes également ont pris de mesure. Omed Voyage et Ada Voyage, deux agences dakaroises spécialisées dans le transport aérien en ont fait les frais. « Les gens voyagent en Chine pour acheter des marchandises mais ils ne partent plus pour le moment. Les avions ne décollent plus. Les compagnies annulent les vols. Pour les clients, c’est un peu compliqué parce que à cause de cela, ils ont bloqué beaucoup de marchés. Ils ne peuvent plus vendre. Ça les pénalise. Alors, au lieu de partir en Chine, (les commerçants) voyagent à Dubaï, en Turquie ou en Inde pour acheter leurs marchandises ».
Mais là encore, la situation est incertaine. Si l’on en croit Moustapha Diagne qui a l’habitude de s’approvisionner à l’étranger, Dubaï n’est pas une destination viable sur le long terme. En tant que haut lieu du commerce mondial, les entrepôts de l’émirat arabe sont, eux aussi, en grande partie approvisionnés ou manufacturés par Pékin. Par ricochet, si l’épidémie de coronavirus continue de sévir, le contenu de leurs étals va également s’appauvrir nécessairement.
Depuis une dizaine d’années, la République populaire de Chine s’est attelée à consolider ses relations avec le continent africain, jusqu’à devenir le deuxième partenaire commercial du Sénégal. Difficile dans ces conditions d’envisager une cessation totale des relations entre les deux pays, comme l’ont fait les Etats-Unis ou encore l’Allemagne.
D’après l’économiste et chercheur Thierno Thioune, qui insiste sur la nécessité de faire prévaloir la santé des populations sur la santé économique du pays, une telle mesure aurait même des conséquences désastreuses. « Le partenariat que la Chine et le Sénégal ont, est très important dans la demande intérieure. La majorité de ce qui se vend sur les grands marchés de notre capitale vient de la Chine. Ces produits sont bons marchés et accessibles. Nous sommes un pays avec une classe moyenne encore faible, donc même si les produits sont de moindre qualité, ils permettent aux populations démunies d’y avoir accès. (…)
Interdire les importations va créer de l’inflation. Les niveaux d’exposition ne sont pas les mêmes, les conséquences seront bien plus désastreuses chez nous que dans les pays qui ont un meilleur niveau de revenus. Les produits de substitutions ne pourront pas être atteints par le niveau de revenus des ménages ».
D’après la Direction du Commerce extérieur, aucune mesure concernant une éventuelle restriction des échanges commerciaux avec Pékin n’est encore envisagée. Fallou Mbow Fall, Directeur adjoint, se veut rassurant : en 2005, les autorités avaient su faire face à l’épidémie de grippe aviaire en interdisant l’importation de volailles ; il en sera de même si le coronavirus se rapproche de nos frontières.
Sachant que la Chine représente 10,7% du volume des importations du Sénégal (chiffres de l’ANSD pour l’année 2017), mettre fin ou même ralentir le rythme des échanges commerciaux avec Pékin, reviendrait à priver notre population de 10,7% de ses besoins. Une décision qui impacterait en premier lieu, le pouvoir d’achat des classes les plus populaires, et qui aurait des conséquences nettement plus désastreuses sur l’économie sénégalaise que sur celles des pays disposant d’un niveau de stabilité financière solide.
senenews
À en croire Moustapha Diagne, gérant de l’entreprise Diagne Frères, spécialisée dans le transport de marchandises et la vente de pièces détachées de poids lourds, les autorités chinoises, ont mis leurs entreprises au vert : « On aurait dû reprendre le travail le 11 février, mais actuellement, l’Etat chinois a ordonné aux sociétés de fermer jusqu’à nouvel ordre. Pour nous, c’est compliqué, il y a rupture. (…) Chaque mois, nous importons 3 à 5 containers. Ça représente des millions. On ne peut même pas estimer les pertes ».
Du côté des allées du Centenaire devenues le « Little China » de Dakar, les tenanciers de boutiques, souvent Chinois, ne veulent plus parler du coronavirus. Leurs employés expliquent que les arrivages sont moins fréquents. Si les activités continuent de tourner, c’est uniquement parce que les arrières boutiques étaient bien achalandées ; des stocks qui finiront forcément par s’épuiser…
Non seulement la Chine met un frein à ses exportations mais les compagnies aériennes également ont pris de mesure. Omed Voyage et Ada Voyage, deux agences dakaroises spécialisées dans le transport aérien en ont fait les frais. « Les gens voyagent en Chine pour acheter des marchandises mais ils ne partent plus pour le moment. Les avions ne décollent plus. Les compagnies annulent les vols. Pour les clients, c’est un peu compliqué parce que à cause de cela, ils ont bloqué beaucoup de marchés. Ils ne peuvent plus vendre. Ça les pénalise. Alors, au lieu de partir en Chine, (les commerçants) voyagent à Dubaï, en Turquie ou en Inde pour acheter leurs marchandises ».
Mais là encore, la situation est incertaine. Si l’on en croit Moustapha Diagne qui a l’habitude de s’approvisionner à l’étranger, Dubaï n’est pas une destination viable sur le long terme. En tant que haut lieu du commerce mondial, les entrepôts de l’émirat arabe sont, eux aussi, en grande partie approvisionnés ou manufacturés par Pékin. Par ricochet, si l’épidémie de coronavirus continue de sévir, le contenu de leurs étals va également s’appauvrir nécessairement.
Depuis une dizaine d’années, la République populaire de Chine s’est attelée à consolider ses relations avec le continent africain, jusqu’à devenir le deuxième partenaire commercial du Sénégal. Difficile dans ces conditions d’envisager une cessation totale des relations entre les deux pays, comme l’ont fait les Etats-Unis ou encore l’Allemagne.
D’après l’économiste et chercheur Thierno Thioune, qui insiste sur la nécessité de faire prévaloir la santé des populations sur la santé économique du pays, une telle mesure aurait même des conséquences désastreuses. « Le partenariat que la Chine et le Sénégal ont, est très important dans la demande intérieure. La majorité de ce qui se vend sur les grands marchés de notre capitale vient de la Chine. Ces produits sont bons marchés et accessibles. Nous sommes un pays avec une classe moyenne encore faible, donc même si les produits sont de moindre qualité, ils permettent aux populations démunies d’y avoir accès. (…)
Interdire les importations va créer de l’inflation. Les niveaux d’exposition ne sont pas les mêmes, les conséquences seront bien plus désastreuses chez nous que dans les pays qui ont un meilleur niveau de revenus. Les produits de substitutions ne pourront pas être atteints par le niveau de revenus des ménages ».
D’après la Direction du Commerce extérieur, aucune mesure concernant une éventuelle restriction des échanges commerciaux avec Pékin n’est encore envisagée. Fallou Mbow Fall, Directeur adjoint, se veut rassurant : en 2005, les autorités avaient su faire face à l’épidémie de grippe aviaire en interdisant l’importation de volailles ; il en sera de même si le coronavirus se rapproche de nos frontières.
Sachant que la Chine représente 10,7% du volume des importations du Sénégal (chiffres de l’ANSD pour l’année 2017), mettre fin ou même ralentir le rythme des échanges commerciaux avec Pékin, reviendrait à priver notre population de 10,7% de ses besoins. Une décision qui impacterait en premier lieu, le pouvoir d’achat des classes les plus populaires, et qui aurait des conséquences nettement plus désastreuses sur l’économie sénégalaise que sur celles des pays disposant d’un niveau de stabilité financière solide.
senenews