Leral: M. Ndaw, le Sénégal comme l’ensemble des pays de la zone Afrique va passer au numérique le 17 juin 2015, comme stipulé et signé par le Sénégal à l’Union Internationale des Télécommunications de Genève. Quel est votre point de vue après avoir piloté avec succès les spécifications en Haïti et dans d’autres pays d'Afrique ?
Ndaw: Comme j’avais eu à le faire par écrit à plusieurs reprises, je pense que le Sénégal sera prêt techniquement pour le passage de l’analogique au numérique. Les compétences techniques ne manquent pas, elles sont disponibles ainsi que la volonté politique depuis Wade. Les craintes se situent plus au niveau de la stratégie de communication, de l’absence de stratégie de promotion et des moyens législatifs mis en oeuvre. On n’a rien lu, rien entendu et on ne voit rien venir alors que la transition c’est dans quelques mois seulement. La transition de l’analogique au numérique est abordé au Sénégal uniquement sous un prisme technologique alors qu’en réalité, le passage de l’analogique au numérique est avant tout l’affaire des chaines de télévision avant d’être une affaire technologique dépendant des opérateurs télécoms
Par exemple savez vous que les gens continuent d’importer des télévisions sans tuner TNT au Sénégal ? Alors que cela devrait non seulement être interdit mais la population doit le savoir et arrêter d’importer ce type de téléviseurs. La campagne d’informations aurait dû durer au moins un an. Mais jusqu’au moment où l’interview est réalisé, rien n’est fait. Cela aurait pu aussi être l’occasion pour le gouvernement sénégalais de booster les entreprises nationales en donnant les possibilité pour ces entreprises de fabriquer et d’installer des boîtiers TNT à bas prix pour les sénégalais, en plus de créer de nouveaux emplois, il n’en est rien. De grands pays et beaucoup plus développés que le Sénégal comme le Rwanda ou l’Afrique du Sud ne pourront par exemple réussir leur basculement car les décodeurs ne sont pas disponibles en quantité et beaucoup d’experts mettent en doute la capacité même pour l’Afrique du Sud à réussir ce basculement. Alors je vous laisse imaginer pour le Sénégal
Pouvez vous être plus explicite ?
Prenons un exemple. Savez vous quels seront les postes de téléviseurs qui ne pourront plus fonctionner à partir du 17 juin 2015. Le 17 juin 2015 c’est dans moins d’un an. Savez vous que certains téléviseurs devront être recyclés ou être équipés de décodeur pour fonctionner ? Savez vous par exemple ce que cela va coûter aux foyers sénégalais ? Est ce que c’est l’état sénégalais qui va leur payer leurs décodeurs ? Evidemment tout cela a un coup, qui va payer ? Aussi, où vais je déposer ma télé ? Je vais la jeter dans la nature ? Est ce que des centres de récupération et de recyclage des déchets electriques et electroniques sont prévus à Dakar, dans les grandes villes ou dans les régions ? Comment savoir si ma télé ne passe pas ? etc, etc… Toutes ces questions que le citoyen sénégalais se pose mérite des réponses claires, ce que ne fait pas le COTAN pour le moment, car il n’ont même pas de site internet, alors que cela devrait être la première des choses à faire après leur mise en place. Si l’Etat Sénégalais à travers le CONTAN ne fait rien pour la promotion de la TNT, ce dernier sera à n’en pas douter un gros flop aux retombées sociales, économiques et culturelles difficiles à mesurer. Je vous rappelle juste que le COTAN a été crée par un décret du 12 novembre 2013-1432 et qu’il est chargé de piloter, coordonner et mettre en œuvre toutes les activités liées au passage de l’analogique au numérique. Je dis bien toutes les activités. Pour le moment ce n’est pas le cas, le COTAN est certainement occupé à faire passer les 3000 kilomètres de fibre optique d’ici au 17 juin 2015, je ne sais pas comment ils vont faire avec toutes les contraintes inhérentes à ce type de projet. 3000 km de fibre optique ne se posent pas en 7 mois, ni 30 mois. A moins que le COTAN ne se branche pour plus de sagesse sur la fibre optique existante de la SONATEL ou celui des chinois de l’ADIE
Pourquoi au niveau législatif ?
Parce qu’il faudra réviser la législation existante et faire voter toutes les lois pour le passage de l’analogique au numérique, car ce passage se fera sous forme de loi débattu et budgétisé à l’assemblée nationale et pour le moment on n’en est loin. Il faudrait également budgétiser les ressources financières qui seront nécessaires, les différentes sources de financement disponibles afin d’intervenir en amont. Ceux qui ne pourront assurer financièrement ce passage aussi il va falloir les aider, mais sous quelle forme, quel sera le plan d’encadrement de l’aide? Pourquoi c’est la DVBT-2 qui va être utilisée ? Avantages, inconvénients ? Sous quelles formes seront attribuées les licences, le spectre, dans quels délais ? Quel sera l’offre commerciale des services de la TNT pour les utilisateurs ? Quels types de décodeurs adaptés au marché sénégalais faudra t’il acquérir ou fabriquer ? Je ne vois pas non plus de calendrier détaillé au niveau de l’organisation. Une plainte n’est pas exclue non plus contre l’état du Sénégalais concernant le passage. Des exemples le montrent au Kenya où le processus est contesté en justice, en Zambie également l’appels d’offres remportée par la société chinoise a été annulée, etc…
Il y a tellement de questions qui n’ont aucune réponse et le CONTAN s’emmure dans un silence virtuel qui n’augure rien de bon. J’ai l’impression qu’un flou entoure ce passage, ce flou est il maintenu volontairement ou non ? Généralement quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup.
Oui, mais en quoi le gouvernement est concerné, puisqu’un organisme nommé COTAN est chargé de gérer tout cela ?
Parce que ce passage est avant tout politique, vu la faible implication du pouvoir politique, j’ai des doutes, avant tout c’est le gouvernement qui gère les fréquences octroyées dans le cadre du dividende numérique. Le passage de l’analogique au numérique ce n’est pas seulement mettre en place une infrastructure TNT, un réseau de fibres optiques et une infrastructure 4G, si c’est cela le passage au numérique, le Sénégal sera prêt. Pas de doute la dessus. La SONATEL a une longueur d’avance à ce niveau
Vous êtes plutôt pessimiste et sévère pour le gouvernement ?
Non, c’est l’expérience qui parle. L’Etat doit faciliter le passage au numérique en jouant son rôle dans le programme du passage au numérique et les objectifs qu’il a défini au COTAN. Par exemple, je ne vois aucune des conditions préalables du passage au numérique remplies par le gouvernement. Quid de l’élaboration d’une politique de passage au numérique, quid de la politique législative et des instruments juridiques nécessaires du passage au numérique, parce que tout cela fera l’objet d’un projet de loi à l’assemblée nationale. Qui de la planification de l’arrêt de la diffusion analogique ? Quid du plan auquel doivent adhérer toutes les parties prenantes à savoir par exemple, les chaines de télé, qui je crois ne sont pas satisfaites de la façon dont les choses sont menées et je crois savoir que El Hadj Ndiaye de la 2STV parle même de cxxx. Quid du plan de financement du programme, des dispositions budgétaires, sur quelles bases ? Je rappelle que la transition devrait coûter plus de 45 milliards de CFA aux Sénégalais. Il y a tellement de questions sans réponses ce qui laisse la porte ouverte à toutes sortes de supputations. S’assurer enfin qu’un plan général pour la transition existe auquel toutes les parties prenantes adhèrent, etc... Toutes ces questions et j’en oublie certainement font que le gouvernement est en première ligne de ce bouleversement majeur pour la télévision au Sénégal.
Et si la transition ne se faisait pas à la date buttoir du 15 juin 2015 ?
Les conséquences seraient fâcheuses pour le Sénégal. Cette transition nommée GE89,régie par l’accord de Genève contient les assignations de fréquence pour les chaines de télévision ainsi que leurs caractéristiques. Les fréquences UHF sont gérées par l’IUT et le Sénégal a obtenu 60 fréquences en VHF et 329 fréquences en UHF pour les 27 localités selon les 4 zones choisies. Sur ces 4 zones, 196 assignations l’ont été à travers les 4 couches multiplexes pour tout le Sénégal. Au de la date buttoir, il a des risques de brouillage des signaux numériques et surtout d’écran noir avec des flocons. Des risques de collisions pour les avions qui survolent le Sénégal ne sont pas exclus non plus, les communications de la police, de la gendarmerie, des bateaux… Le risques existent et elles ne sont pas à négliger. Mais le Sénégal n'a pas le choix, il est obligé de réussir cette transition quitte à dépasser la date butoir
Ndaw: Comme j’avais eu à le faire par écrit à plusieurs reprises, je pense que le Sénégal sera prêt techniquement pour le passage de l’analogique au numérique. Les compétences techniques ne manquent pas, elles sont disponibles ainsi que la volonté politique depuis Wade. Les craintes se situent plus au niveau de la stratégie de communication, de l’absence de stratégie de promotion et des moyens législatifs mis en oeuvre. On n’a rien lu, rien entendu et on ne voit rien venir alors que la transition c’est dans quelques mois seulement. La transition de l’analogique au numérique est abordé au Sénégal uniquement sous un prisme technologique alors qu’en réalité, le passage de l’analogique au numérique est avant tout l’affaire des chaines de télévision avant d’être une affaire technologique dépendant des opérateurs télécoms
Par exemple savez vous que les gens continuent d’importer des télévisions sans tuner TNT au Sénégal ? Alors que cela devrait non seulement être interdit mais la population doit le savoir et arrêter d’importer ce type de téléviseurs. La campagne d’informations aurait dû durer au moins un an. Mais jusqu’au moment où l’interview est réalisé, rien n’est fait. Cela aurait pu aussi être l’occasion pour le gouvernement sénégalais de booster les entreprises nationales en donnant les possibilité pour ces entreprises de fabriquer et d’installer des boîtiers TNT à bas prix pour les sénégalais, en plus de créer de nouveaux emplois, il n’en est rien. De grands pays et beaucoup plus développés que le Sénégal comme le Rwanda ou l’Afrique du Sud ne pourront par exemple réussir leur basculement car les décodeurs ne sont pas disponibles en quantité et beaucoup d’experts mettent en doute la capacité même pour l’Afrique du Sud à réussir ce basculement. Alors je vous laisse imaginer pour le Sénégal
Pouvez vous être plus explicite ?
Prenons un exemple. Savez vous quels seront les postes de téléviseurs qui ne pourront plus fonctionner à partir du 17 juin 2015. Le 17 juin 2015 c’est dans moins d’un an. Savez vous que certains téléviseurs devront être recyclés ou être équipés de décodeur pour fonctionner ? Savez vous par exemple ce que cela va coûter aux foyers sénégalais ? Est ce que c’est l’état sénégalais qui va leur payer leurs décodeurs ? Evidemment tout cela a un coup, qui va payer ? Aussi, où vais je déposer ma télé ? Je vais la jeter dans la nature ? Est ce que des centres de récupération et de recyclage des déchets electriques et electroniques sont prévus à Dakar, dans les grandes villes ou dans les régions ? Comment savoir si ma télé ne passe pas ? etc, etc… Toutes ces questions que le citoyen sénégalais se pose mérite des réponses claires, ce que ne fait pas le COTAN pour le moment, car il n’ont même pas de site internet, alors que cela devrait être la première des choses à faire après leur mise en place. Si l’Etat Sénégalais à travers le CONTAN ne fait rien pour la promotion de la TNT, ce dernier sera à n’en pas douter un gros flop aux retombées sociales, économiques et culturelles difficiles à mesurer. Je vous rappelle juste que le COTAN a été crée par un décret du 12 novembre 2013-1432 et qu’il est chargé de piloter, coordonner et mettre en œuvre toutes les activités liées au passage de l’analogique au numérique. Je dis bien toutes les activités. Pour le moment ce n’est pas le cas, le COTAN est certainement occupé à faire passer les 3000 kilomètres de fibre optique d’ici au 17 juin 2015, je ne sais pas comment ils vont faire avec toutes les contraintes inhérentes à ce type de projet. 3000 km de fibre optique ne se posent pas en 7 mois, ni 30 mois. A moins que le COTAN ne se branche pour plus de sagesse sur la fibre optique existante de la SONATEL ou celui des chinois de l’ADIE
Pourquoi au niveau législatif ?
Parce qu’il faudra réviser la législation existante et faire voter toutes les lois pour le passage de l’analogique au numérique, car ce passage se fera sous forme de loi débattu et budgétisé à l’assemblée nationale et pour le moment on n’en est loin. Il faudrait également budgétiser les ressources financières qui seront nécessaires, les différentes sources de financement disponibles afin d’intervenir en amont. Ceux qui ne pourront assurer financièrement ce passage aussi il va falloir les aider, mais sous quelle forme, quel sera le plan d’encadrement de l’aide? Pourquoi c’est la DVBT-2 qui va être utilisée ? Avantages, inconvénients ? Sous quelles formes seront attribuées les licences, le spectre, dans quels délais ? Quel sera l’offre commerciale des services de la TNT pour les utilisateurs ? Quels types de décodeurs adaptés au marché sénégalais faudra t’il acquérir ou fabriquer ? Je ne vois pas non plus de calendrier détaillé au niveau de l’organisation. Une plainte n’est pas exclue non plus contre l’état du Sénégalais concernant le passage. Des exemples le montrent au Kenya où le processus est contesté en justice, en Zambie également l’appels d’offres remportée par la société chinoise a été annulée, etc…
Il y a tellement de questions qui n’ont aucune réponse et le CONTAN s’emmure dans un silence virtuel qui n’augure rien de bon. J’ai l’impression qu’un flou entoure ce passage, ce flou est il maintenu volontairement ou non ? Généralement quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup.
Oui, mais en quoi le gouvernement est concerné, puisqu’un organisme nommé COTAN est chargé de gérer tout cela ?
Parce que ce passage est avant tout politique, vu la faible implication du pouvoir politique, j’ai des doutes, avant tout c’est le gouvernement qui gère les fréquences octroyées dans le cadre du dividende numérique. Le passage de l’analogique au numérique ce n’est pas seulement mettre en place une infrastructure TNT, un réseau de fibres optiques et une infrastructure 4G, si c’est cela le passage au numérique, le Sénégal sera prêt. Pas de doute la dessus. La SONATEL a une longueur d’avance à ce niveau
Vous êtes plutôt pessimiste et sévère pour le gouvernement ?
Non, c’est l’expérience qui parle. L’Etat doit faciliter le passage au numérique en jouant son rôle dans le programme du passage au numérique et les objectifs qu’il a défini au COTAN. Par exemple, je ne vois aucune des conditions préalables du passage au numérique remplies par le gouvernement. Quid de l’élaboration d’une politique de passage au numérique, quid de la politique législative et des instruments juridiques nécessaires du passage au numérique, parce que tout cela fera l’objet d’un projet de loi à l’assemblée nationale. Qui de la planification de l’arrêt de la diffusion analogique ? Quid du plan auquel doivent adhérer toutes les parties prenantes à savoir par exemple, les chaines de télé, qui je crois ne sont pas satisfaites de la façon dont les choses sont menées et je crois savoir que El Hadj Ndiaye de la 2STV parle même de cxxx. Quid du plan de financement du programme, des dispositions budgétaires, sur quelles bases ? Je rappelle que la transition devrait coûter plus de 45 milliards de CFA aux Sénégalais. Il y a tellement de questions sans réponses ce qui laisse la porte ouverte à toutes sortes de supputations. S’assurer enfin qu’un plan général pour la transition existe auquel toutes les parties prenantes adhèrent, etc... Toutes ces questions et j’en oublie certainement font que le gouvernement est en première ligne de ce bouleversement majeur pour la télévision au Sénégal.
Et si la transition ne se faisait pas à la date buttoir du 15 juin 2015 ?
Les conséquences seraient fâcheuses pour le Sénégal. Cette transition nommée GE89,régie par l’accord de Genève contient les assignations de fréquence pour les chaines de télévision ainsi que leurs caractéristiques. Les fréquences UHF sont gérées par l’IUT et le Sénégal a obtenu 60 fréquences en VHF et 329 fréquences en UHF pour les 27 localités selon les 4 zones choisies. Sur ces 4 zones, 196 assignations l’ont été à travers les 4 couches multiplexes pour tout le Sénégal. Au de la date buttoir, il a des risques de brouillage des signaux numériques et surtout d’écran noir avec des flocons. Des risques de collisions pour les avions qui survolent le Sénégal ne sont pas exclus non plus, les communications de la police, de la gendarmerie, des bateaux… Le risques existent et elles ne sont pas à négliger. Mais le Sénégal n'a pas le choix, il est obligé de réussir cette transition quitte à dépasser la date butoir