Je ne croyais pas si bien dire. Et pourtant, dix ans plus tard, dans le cadre de son exercice de repentance, le président DIOUF dira : « …Mais de voir émerger, quand je suis devenu président, ce mouvement indépendantiste poussé par ce prêtre que je n’ose pas qualifier, cela m’a beaucoup déçu… Une fois que l’on a mis le doigt dans l’engrenage de la violence… parce qu’il n’y avait pas de revendication sérieuse, cela devient du banditisme… » (Rewmi.com, édition du mercredi 13 octobre 10).
Ce prêtre, alors secrétaire général du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), que le président DIOUF dit ne pas oser qualifier aujourd’hui, s’appelait l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, qui se qualifiait lui-même, au moyen de sa propre devise sacerdotale, comme un ‘‘prêtre pour l’éternité, pour mettre dans le monde la vérité, la charité, la justice et la paix, en établissant dans les cœurs le Règne de Dieu.’’
Cette devise sacerdotale, somme toute prémonitoire quant à la trajectoire du prêtre, toute sa vie durant, lui collait à la peau, intimement, et même à l’extrême, qui forçait alors respect, de la part de tous et de chacun. Et donc respect, aussi, de la part du président Abdou DIOUF, fût-ce à son corps défendant.
1/…
Pour mémoire : l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, comme prêtre et comme patron du MFDC, jusqu’à sa mort le 14 janvier 07, n’avait jamais fait l’objet de quelque sanction que ce fût de la part de la hiérarchie en l’Eglise catholique, en vertu, précisément, justement, de ce que le combat que le prêtre incarnait était, en soi, un combat juste, parce que légitime. Prêtre, l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR le fut donc jusqu’au bout.
Aussi, était-ce au prêtre et au secrétaire général du MFDC, que l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR fut, sans équivoque aucune, que le président Abdou DIOUF, toujours dans son élan de repentance, tendit la main, jadis, en guise de réconciliation mutuelle.
Or, en vertu de cette dynamique de réconciliation entre les deux hommes – si tant est que l’un et l’autre fussent fondamentalement sincères en l’occurrence – l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR nous ayant quittés, le président Abdou DIOUF s’honorerait certainement, sinon à honorer la mémoire du prêtre disparu, du moins à s’incliner devant sa mémoire, ne fût-ce qu’au travers de l’un de ces silences qui fondent généralement la particularité vertueuse des grands hommes.
Quoi qu’il en soi, et pour la mémoire de l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, souvenons-nous de ce qui suit :
‘‘Nous sommes le 26 décembre 1982, quand la gouvernance de Ziguinchor, ce cœur de la ville-capitale du Sud, bât la chamade. Ziguinchor est, en effet, en effervescence. Ses artères emplissent de foules innombrables, composées d’enfants, de femmes et d’hommes, tous marchant bras ballants. Seuls quelques uns arborent des drapeaux tout blancs, symbolisant ainsi le caractère hautement pacifique et bon-enfant de la marche. Des slogans, plutôt provocateurs, fusent de partout, parmi lesquels : ‘‘Liberté’’, ‘‘Justice’’, ‘‘Indépendance’’, etc. A la vue des foules qui affluent vers le palais de la gouvernance, les sentinelles de l’Etat s’affolent et, au moyen de rapports exagérément tendancieux, qu’ils leur transmettent en temps réel, excitent les autorités qui, à leur tour, ne savent où donner de la tête.
‘‘Le palais de la gouvernance, faut-il le rappeler, est un lieu sacré pour l’Etat, un grand symbole de la République en terre casamançaise, en ce qu’il abrite la plus haute autorité qui incarne l’Etat en Casamance : le gouverneur. Le drapeau sénégalais y flotte tous les jours, qui rappelle à qui en douterait que la Casamance est une partie intégrante de la République du Sénégal. Seulement les manifestants n’en auront cure et, symbole pour symbole, vont descendre ce drapeau et le plier soigneusement, observant à ce titre tous les égards républicains qui lui sont dus, avant de le restituer à qui de droit.
…2/…
‘‘C’est alors que la panique s’empare des autorités, à Ziguinchor comme à Dakar. Echaudées par cet affront des populations à leur encontre et, par-dessus tout, se sentant humiliées, ces dernières ordonnent aux forces de l’ordre – en fait à l’armée ! – de tirer, sans sommation, à balles réelles, dans les foules, tuant au moins deux cents manifestants. L’irréparable, en termes humains, culturels, socio-économiques et politiques, est alors commis en Casamance, à la faveur d’une perte de sang-froid pathétique et surprenante de la part des autorités avec, à leur tête, le chef de l’Etat, le président Abdou DIOUF.’’
Au regard de ce qui précède, et à l’évidence, il est historiquement avéré que la seule réponse, que le président Abdou DIOUF avait opposée aux Casamançais en colère – mais qui exprimaient on ne pouvait plus pacifiquement leur colère en cette journée du 26 décembre 1982 – était la violence ; une violence aussi aveugle et disproportionnée que féroce et ravageuse. Ce fut, à la limite, du banditisme politique.
Est-ce, donc, à cette violence, dont il était par ailleurs le seul responsable, que le président Abdou DIOUF fait aujourd’hui allusion quand il dit : « Une fois que l’on a mis le doigt dans l’engrenage de la violence…, cela devient du banditisme… » ?
En tout état de cause, toujours pour mémoire : tel ministre de la République, sous le magistère du président Abdou DIOUF, faisait l’objet d’une suspicion, voire d’une accusation certaine, de la part des autorités quant à sa prétendue collusion d’avec le MFDC. Les plus zélées ou les plus imprudentes ou encore les plus médisantes d’entre ces dernières prétendaient même que le ministre en question était le véritable leader de la rébellion casamançaise, qui parvinrent ainsi à convaincre le président DIOUF d’interdire à ce dernier l’accès au conseil des ministres pendant plusieurs mois. Si donc le « problème casamançais » n’était qu’une affaire de quelques bandits, fussent-ils illuminés, comment le président Abdou DIOUF et ses sbires pourraient-ils imaginer une seule fois que l’un des leurs, et pas des moindres, pouvait être de ces bandits là ? N’était-ce pas plutôt le caractère légitime de la révolte casamançaise qui faisait craindre, au président sénégalais et aux plus obscurs d’entre ses collaborateurs, que cette dernière ne fût incarnée puis exploitée politiquement par le leader politique incriminé ?
Auquel cas, la « cause casamançaise » aurait prospéré, nécessairement, du moins à leurs yeux ; tandis que le président Abdou DIOUF aurait été convaincu de forfaiture, en l’occurrence pour avoir nommé ministre cette personne, du reste si injustement accusée de déloyauté à l’égard de son mentor.
…3/…
Au demeurant, au nom de l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, à titre posthume, et pour sa mémoire, je qualifie Monsieur Abdou DIOUF d’ancien Ministre du Plan de la République du Sénégal et le reconnais comme tel.
Au nom de l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, à titre posthume, et pour sa mémoire, je qualifie Monsieur Abdou DIOUF d’ancien Premier Ministre de la République du Sénégal et le reconnais comme tel.
Au nom de l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, à titre posthume, et pour sa mémoire, je qualifie Monsieur Abdou DIOUF d’ancien Président de la République du Sénégal et d’ancien Secrétaire Général du Parti Socialiste (PS), et le reconnais comme tel.
Au nom de l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, à titre posthume, et pour sa mémoire, je qualifie Monsieur Abdou DIOUF de Secrétaire Général en exercice de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et le reconnais comme tel.
Cependant, au nom de l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, à titre posthume, et pour sa mémoire, je dénie, avec gravité, et sans appel, à l’ancien Ministre du Plan, à l’ancien Premier Ministre, à l’ancien Président de la République et ancien Secrétaire Général du PS, et au Secrétaire Général en exercice de l’OIF, le droit de souiller la mémoire du prêtre disparu.
Villeurbanne, le 14 octobre 2010
Jean-Marie François BIAGUI
Secrétaire Général du MFDC
Ce prêtre, alors secrétaire général du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), que le président DIOUF dit ne pas oser qualifier aujourd’hui, s’appelait l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, qui se qualifiait lui-même, au moyen de sa propre devise sacerdotale, comme un ‘‘prêtre pour l’éternité, pour mettre dans le monde la vérité, la charité, la justice et la paix, en établissant dans les cœurs le Règne de Dieu.’’
Cette devise sacerdotale, somme toute prémonitoire quant à la trajectoire du prêtre, toute sa vie durant, lui collait à la peau, intimement, et même à l’extrême, qui forçait alors respect, de la part de tous et de chacun. Et donc respect, aussi, de la part du président Abdou DIOUF, fût-ce à son corps défendant.
1/…
Pour mémoire : l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, comme prêtre et comme patron du MFDC, jusqu’à sa mort le 14 janvier 07, n’avait jamais fait l’objet de quelque sanction que ce fût de la part de la hiérarchie en l’Eglise catholique, en vertu, précisément, justement, de ce que le combat que le prêtre incarnait était, en soi, un combat juste, parce que légitime. Prêtre, l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR le fut donc jusqu’au bout.
Aussi, était-ce au prêtre et au secrétaire général du MFDC, que l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR fut, sans équivoque aucune, que le président Abdou DIOUF, toujours dans son élan de repentance, tendit la main, jadis, en guise de réconciliation mutuelle.
Or, en vertu de cette dynamique de réconciliation entre les deux hommes – si tant est que l’un et l’autre fussent fondamentalement sincères en l’occurrence – l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR nous ayant quittés, le président Abdou DIOUF s’honorerait certainement, sinon à honorer la mémoire du prêtre disparu, du moins à s’incliner devant sa mémoire, ne fût-ce qu’au travers de l’un de ces silences qui fondent généralement la particularité vertueuse des grands hommes.
Quoi qu’il en soi, et pour la mémoire de l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, souvenons-nous de ce qui suit :
‘‘Nous sommes le 26 décembre 1982, quand la gouvernance de Ziguinchor, ce cœur de la ville-capitale du Sud, bât la chamade. Ziguinchor est, en effet, en effervescence. Ses artères emplissent de foules innombrables, composées d’enfants, de femmes et d’hommes, tous marchant bras ballants. Seuls quelques uns arborent des drapeaux tout blancs, symbolisant ainsi le caractère hautement pacifique et bon-enfant de la marche. Des slogans, plutôt provocateurs, fusent de partout, parmi lesquels : ‘‘Liberté’’, ‘‘Justice’’, ‘‘Indépendance’’, etc. A la vue des foules qui affluent vers le palais de la gouvernance, les sentinelles de l’Etat s’affolent et, au moyen de rapports exagérément tendancieux, qu’ils leur transmettent en temps réel, excitent les autorités qui, à leur tour, ne savent où donner de la tête.
‘‘Le palais de la gouvernance, faut-il le rappeler, est un lieu sacré pour l’Etat, un grand symbole de la République en terre casamançaise, en ce qu’il abrite la plus haute autorité qui incarne l’Etat en Casamance : le gouverneur. Le drapeau sénégalais y flotte tous les jours, qui rappelle à qui en douterait que la Casamance est une partie intégrante de la République du Sénégal. Seulement les manifestants n’en auront cure et, symbole pour symbole, vont descendre ce drapeau et le plier soigneusement, observant à ce titre tous les égards républicains qui lui sont dus, avant de le restituer à qui de droit.
…2/…
‘‘C’est alors que la panique s’empare des autorités, à Ziguinchor comme à Dakar. Echaudées par cet affront des populations à leur encontre et, par-dessus tout, se sentant humiliées, ces dernières ordonnent aux forces de l’ordre – en fait à l’armée ! – de tirer, sans sommation, à balles réelles, dans les foules, tuant au moins deux cents manifestants. L’irréparable, en termes humains, culturels, socio-économiques et politiques, est alors commis en Casamance, à la faveur d’une perte de sang-froid pathétique et surprenante de la part des autorités avec, à leur tête, le chef de l’Etat, le président Abdou DIOUF.’’
Au regard de ce qui précède, et à l’évidence, il est historiquement avéré que la seule réponse, que le président Abdou DIOUF avait opposée aux Casamançais en colère – mais qui exprimaient on ne pouvait plus pacifiquement leur colère en cette journée du 26 décembre 1982 – était la violence ; une violence aussi aveugle et disproportionnée que féroce et ravageuse. Ce fut, à la limite, du banditisme politique.
Est-ce, donc, à cette violence, dont il était par ailleurs le seul responsable, que le président Abdou DIOUF fait aujourd’hui allusion quand il dit : « Une fois que l’on a mis le doigt dans l’engrenage de la violence…, cela devient du banditisme… » ?
En tout état de cause, toujours pour mémoire : tel ministre de la République, sous le magistère du président Abdou DIOUF, faisait l’objet d’une suspicion, voire d’une accusation certaine, de la part des autorités quant à sa prétendue collusion d’avec le MFDC. Les plus zélées ou les plus imprudentes ou encore les plus médisantes d’entre ces dernières prétendaient même que le ministre en question était le véritable leader de la rébellion casamançaise, qui parvinrent ainsi à convaincre le président DIOUF d’interdire à ce dernier l’accès au conseil des ministres pendant plusieurs mois. Si donc le « problème casamançais » n’était qu’une affaire de quelques bandits, fussent-ils illuminés, comment le président Abdou DIOUF et ses sbires pourraient-ils imaginer une seule fois que l’un des leurs, et pas des moindres, pouvait être de ces bandits là ? N’était-ce pas plutôt le caractère légitime de la révolte casamançaise qui faisait craindre, au président sénégalais et aux plus obscurs d’entre ses collaborateurs, que cette dernière ne fût incarnée puis exploitée politiquement par le leader politique incriminé ?
Auquel cas, la « cause casamançaise » aurait prospéré, nécessairement, du moins à leurs yeux ; tandis que le président Abdou DIOUF aurait été convaincu de forfaiture, en l’occurrence pour avoir nommé ministre cette personne, du reste si injustement accusée de déloyauté à l’égard de son mentor.
…3/…
Au demeurant, au nom de l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, à titre posthume, et pour sa mémoire, je qualifie Monsieur Abdou DIOUF d’ancien Ministre du Plan de la République du Sénégal et le reconnais comme tel.
Au nom de l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, à titre posthume, et pour sa mémoire, je qualifie Monsieur Abdou DIOUF d’ancien Premier Ministre de la République du Sénégal et le reconnais comme tel.
Au nom de l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, à titre posthume, et pour sa mémoire, je qualifie Monsieur Abdou DIOUF d’ancien Président de la République du Sénégal et d’ancien Secrétaire Général du Parti Socialiste (PS), et le reconnais comme tel.
Au nom de l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, à titre posthume, et pour sa mémoire, je qualifie Monsieur Abdou DIOUF de Secrétaire Général en exercice de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et le reconnais comme tel.
Cependant, au nom de l’Abbé Augustin Diamacoune SENGHOR, à titre posthume, et pour sa mémoire, je dénie, avec gravité, et sans appel, à l’ancien Ministre du Plan, à l’ancien Premier Ministre, à l’ancien Président de la République et ancien Secrétaire Général du PS, et au Secrétaire Général en exercice de l’OIF, le droit de souiller la mémoire du prêtre disparu.
Villeurbanne, le 14 octobre 2010
Jean-Marie François BIAGUI
Secrétaire Général du MFDC