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Retrait des enfants de la rue: L’opération a-t-elle été bâclée ?

Le ministère de la Femme devrait avoir le triomphe modeste. L’opération de retrait de près de 200 enfants de la rue réalisée comme annoncé dans un communiqué, passe pour du saupoudrage. L’activité qui n’a vu la participation ni de la directrice de l’Enfance ni de celle de la responsable du Programme Enfance et de certains partenaires, a tout l’air d’avoir été bâclée. Assaillie de questions, lors des travaux de Commission, la ministre qui semble craindre un revers à la plénière aurait précipité cette opération, réalisée du 9 au 10 novembre dernier. C’est du moins le constat de certains acteurs, proches du ministère.


Rédigé par leral.net le Mardi 14 Novembre 2023 à 14:31 | | 0 commentaire(s)|

Retrait des enfants de la rue: L’opération a-t-elle été bâclée ?
Revoilà l’opération de retrait des enfants de la rue. Comme une foudre en pleine saison sèche, le quotidien national « Le Soleil » annonce en une « Opération « Mbeed mi du kër » à Dakar, 174 Sénégalais et étrangers retirés des rues ». Dans un communiqué rendu public par le ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des Enfants, on est plus précis. « (…) Durant la nuit du 9 au 10 novembre 2023, près de 200 enfants ont été retirés de la rue et logés au Centre Ginddi. Les procédures pour leur retour en famille sont en cours », annonce le même communiqué. L’opération, écrit le texte, a été réalisée dans le département de Dakar. « Le ministère de la Femme a déployé un dispositif pilote de surveillance et de retrait des enfants en situation des rues », ajoute le communiqué.

Et de poursuivre en écrivant : « Dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de protection des enfants contre toutes les formes d’abus et de maltraitance, le Ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des Enfants, en rapport avec ses partenaires, a déployé un dispositif pilote de surveillance et de retrait des enfants en situation de rue dans le département de Dakar, depuis le 9 novembre 2023 ».

Le ministère prévient qu’« à l’issue de la phase pilote, le dispositif sera élargi dans toutes les localités où la problématique se pose avec acuité ». Cette opération de retrait des enfants survient si brutalement, que nombre d’acteurs en arrivent à douter de sa crédibilité. « Une telle opération nécessite une préparation ! », alerte cet acteur, expliquant qu’une telle activité requiert l’implication des autres secteurs. « Ni la directrice de l’Enfance ni la responsable du Programme enfants, n’étaient présentes au cours du retrait de ces Sénégalais et étrangers », s’indigne notre source, rappelant que lors du retrait des Nigériens, il y avait aussi bien la directrice de l’Enfance, bras technique du ministère et les fonctionnaires des départements sectoriels.

« Moi, je n’étais même pas au courant », alerte Mamadou Wane dit Mao, coordonnateur de la Plateforme pour la promotion et la protection des droits de l’homme (Ppdh), mettant en doute la conduite de l’opération sans la participation des partenaires comme annoncé par le communiqué du ministère.

D'après le journal "Point Actu", des voix s’élèvent aussi pour fustiger ces chiffres présentés comme des « butins de guerre ». « Comment peut loger 200 enfants au Centre Ginddi, dont le mur de clôture s’est affaissé et dont la capacité d’accueil est de 120 enfants ? », s’interroge la même source, ajoutant qu’audit centre, il y avait déjà des garnements. « C’est un mauvais travail », s’indigne le même interlocuteur, qui a requis l’anonymat. La même source s’élève contre le procédé présentant comme une opération de retrait des enfants des rues. « Va à Lat-Dior, à partir de 20 heures, il n’y a que des drogués », prévient-il, remettant en cause la sincérité des « 174 Sénégalais et étrangers » prétendus retirés des rues.

En vérité, cette subite opération est loin d’être fortuite. Elle serait la conséquence immédiate des travaux de la Commission de la Santé, de la Population, des Affaires sociales et de la Solidarité nationale à l’Assemblée nationale. Au cours du conclave des parlementaires de cette commission du parlement, la question du retrait des enfants des rues était au centre des débats.

Comme du reste, selon une source proche du ministère, le chef de l’Etat ne cesse de s’en inquiéter et d’alerter chaque fois qu’il voit des enfants dans les rues de Dakar. Pour parer à la fureur des questions des députés à la plénière de l’assemblée nationale sur la problématique du retrait des enfants, les agents du ministère se sont dirigés au Camp Lat-Dior, où ils ont déniché des enfants en rupture familiale complète. Une catégorie sociale qui n’est pas du tout concernée par le programme de retrait des enfants de la rue.

En tout cas, Mamadou Wane Mao, fort d’une expérience d’une quinzaine d’années à l’UNICEF, en tant qu’administrateur du Programme Protection de l’enfant au Sénégal, trouve que ces opérations de retrait manquent de continuité. « On annonce un retrait, ensuite on arrête, ensuite retrait, puis on arrête », se désole-t-il. A l’en croire, cette activité ne doit jamais s’arrêter, elle doit être une partie intégrée dans le programme du gouvernement. « J’ai l’impression que c’est un éternel recommencement », constate-t-il.

Ousmane Wade