Comment concevoir qu'un peuple puisse se donner un président, un gouvernement, des députés, des sénateurs, des maires, sur la base d'espérances, et que ces élus puissent ensuite en réaliser l'exact opposé? Le Sénégal s'abîme dans la crise et le chômage frappe son peuple, l'extrême pauvreté progresse, quand les autorités politiques sablent le champagne pour célébrer des retrouvailles d'une famille en décomposition. Bien des choses d'une grande complexité, notamment la crise mondiale, se combinent pour produire ces effets et contribuer à maintenir le pays dans le bourbier où on l'enfonce. Mais tout montre que, parmi ces facteurs, la volonté du peuple trompée, nos institutions et les pratiques qu'elles induisent jouent un rôle déterminant. Aujourd'hui qu'est ce la république du Sénégal sinon la possession du pouvoir par un seul homme? Sa constitution est un chiffon de papier qui porte la signature de millions de sénégalais. Son président est un monarque entouré de ses corps domestiques. Lui seul ordonne et décide, dans ce régime de monarchie élective. n'est ce pas là un coup d'Etat permanent? D'aucuns pensaient que suite à la grande raclée du 22 mars, le roi président et sa cours avaient compris le message du peuple, mais hélas, son discours à la nation du 3 avril a confirmé sa position de toujours «c'est à moi de décider ce qu'il faut décider», en décidant, tout seul comme d'habitude, d'expérimenter un régime jamais vu dans aucun pays (un président, un vice-président, un premier ministre, un parlement bicaméralisme, un conseil économique et social). Montesquieu ne saurait définir un tel régime, plus contemporain, Maurice du Verger aurait du mal à classer ce régime. La constitution, norme suprême, doit restée pour un état démocratique une garantie en tout domaine. Le peuple souverain a seul le droit d'en faire un chiffon de papier si tant est qu'il le désir. Aucune institution de la république n'est au dessus de la constitution, encore moins une famille politique quelconque. Il est bien dit à l'article 4 de la constitution «les partis politiques et coalitions de partis politiques concourent à l'expression du suffrage.» Ce qui veut dire entre aautres, une fois ce suffrage exprimé, il va s'en dire que c'est la voix du peuple dans sa diversité qui s'est exprimée, par conséquent sa volonté doit être respectée et non détournée. Si la coalition Béno Ligay Sénégal avait annoncé clairement qu'une fois ses conseillers élus, ces derniers allaient s'associer avec ceux de la coalition Sopi pour administrer les collectivités locales, le peuple aurait voté autrement sans nul doute. Car comme disait le Premier ministre Français Michel Roccard «Partis, gouvernement, parlement ne sont ni fondés, ni légitimés à vouloir autre chose que ce que veulent les français» ici les sénégalais. Cette coalition donne ainsi raison à J.J. Rousseau dans sa contestation de la démocratie représentative «on croit se choisir un représentant alors qu'on se donne un maître.» Certes la démocratie libérale classique se satisfait de l'autonomie des gouvernants, mais elle sait aussi que le choix d'un bulletin de vote pour la désignation de représentants est l'acte essentiel. Et qu'à l'évidence cette intervention est trop rare, trop épisodique pour que s'estompe le clivage entre gouvernants et gouvernés.
Ce qui conduit ces élus à tenir le même discours que Condorcet député à la Convention «le peuple m'a envoyé non pour soutenir ses opinions mais pour exposer les miennes.» Cette désinvolture à l'égard des citoyens, des électeurs, motivée par la poursuite d'une position de «présidentiable» ne devrait pas être l'œuvre d'un homme qui se veut homme d'État. C'est le cas de le dire. Mais quand le président fait édicter une loi personnelle (loi Sada Ndiaye), quand le président exclus des députés élus par le peuple, quand le président décrète la dissolution de Conseil des collectivités locales, quant le président décide de qui sera maire ou président de conseil d'une collectivité, alors il peut effectivement placé qui il veut en position d'être choisi pour sa succession, un «présidentiable.» Le 22 mars 2009, le peuple souverain a démontré qu'il ne dormait pas, que même agonisant, il reste maître du jeu. La voie passant par la mairie de Dakar étant sans issue, on nous trace avec une baguette magique celle passant par une vice-présidence. J'ai toujours dit que le peuple sénégalais sait ce qu'il veut et surtout ce qu'il ne veut pas. Mais au fait qui ont discrédité l'alternance du 19 mars 2000?
Alioune Ndao Fall
Chargé de la Diaspora Apr
Ce qui conduit ces élus à tenir le même discours que Condorcet député à la Convention «le peuple m'a envoyé non pour soutenir ses opinions mais pour exposer les miennes.» Cette désinvolture à l'égard des citoyens, des électeurs, motivée par la poursuite d'une position de «présidentiable» ne devrait pas être l'œuvre d'un homme qui se veut homme d'État. C'est le cas de le dire. Mais quand le président fait édicter une loi personnelle (loi Sada Ndiaye), quand le président exclus des députés élus par le peuple, quand le président décrète la dissolution de Conseil des collectivités locales, quant le président décide de qui sera maire ou président de conseil d'une collectivité, alors il peut effectivement placé qui il veut en position d'être choisi pour sa succession, un «présidentiable.» Le 22 mars 2009, le peuple souverain a démontré qu'il ne dormait pas, que même agonisant, il reste maître du jeu. La voie passant par la mairie de Dakar étant sans issue, on nous trace avec une baguette magique celle passant par une vice-présidence. J'ai toujours dit que le peuple sénégalais sait ce qu'il veut et surtout ce qu'il ne veut pas. Mais au fait qui ont discrédité l'alternance du 19 mars 2000?
Alioune Ndao Fall
Chargé de la Diaspora Apr