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Revalorisation de la culture Saafi : L’association « Safen Be » met en lumière son identité


Rédigé par leral.net le Mardi 8 Août 2017 à 16:11 | | 0 commentaire(s)|

 

Lors du panel, le chercheur anthropologue Aliou Dionne (photo) est revenu sur les particularités des Saafis. Lors du panel, le chercheur anthropologue Aliou Dionne (photo) est revenu sur les particularités des Saafis.
 


Pour mieux vulgariser la culture sérère saafi, l’association « Safen Be » a organisé, samedi, un panel et un défilé de mode aux couleurs de leur marque « Puloh Kur Saafi » (venant du pays saafi). Lors du panel, le chercheur anthropologue, Aliou Dionne, est revenu sur les particularités des Saafis.

Pour la conservation de leur culture et de leur langue, les membres de l’association « Safen Be » ont exposé, samedi dernier, à la Maison Douta Seck de Dakar, la richesse du patrimoine saafi. Un défilé de mode mettant en valeur la culture de ce sous-groupe sérère a permis aux membres de l’association, de faire connaître leur ligne de vêtement, « Puloh Keur Sa » ou « fabriqué en pays saafi ». Selon le responsable de l’association, Ibrahima Dramé Diouf, « le mot «Safen Be» illustre leur détermination à faire connaître la langue saafi ».

Dans ce sens, la ligne de vêtement « Puloh Kur Saafi », dont les tee-shirts sont les premiers articles disponibles, a pour ambition de montrer leur origine, leur appartenance et aussi, de vulgariser les cultures de partage et de solidarité avec les autres ethnies du pays.

Auparavant, le chercheur en anthropologie Aliou Dionne, lors du panel, est revenu sur les origines du Saafi. Le chercheur à l’Ifan indique que les Saafis, comme l’ensemble des Sérères, sont venus d’Egypte, de l’Ethiopie, du Soudan et dans leur migration, ils sont arrivés au nord du fleuve Sénégal avant d’arriver au sud, dans la zone de Diass. Dans son exposé, il rappelle que « Saafi désigne le peuple, le terroir est appelé Safene, la langue est Safi-Safi ».  

Codification unique des sous-groupes 
« Si on fait l’analyse de la langue saafi et de la langue des Sérères du Sine, il y a une très grande différence ; on trouvera quelques mots que nous partageons, mais l’essentiel est différent. Les activités culturelles se ressemblent aussi souvent. Par exemple, il y a ce que l’on appelle le rituel du Mbayiid qui est une fête de résistance animée par le rythme des mortiers, parce que les Saafis ignorent les castes et animaient leurs activités culturelles avec le battement des mortiers et non les tambours », laisse entendre le spécialiste.

Revenant sur les liens entre les Saafis et les autres groupes sérères de la zone, il indique que Saafi englobe les 5 sous-groupes appelés « Janguines » que Léopold Sédar Senghor avait instauré pour essayer « de nous établir l’alphabet pour nous donner cette qualification au niveau international pour pouvoir distinguer les 5 sous-groupes de Thiès constitués des Saafis, des Nones, des Likhar, des Siliis et des Ndouts ». Compte tenu des ressemblances linguistiques, M. Dionne tranche qu’il n’y a que trois composantes de l’ethnie sérère, notamment le Sérère Sine, le Sérère du Baol et du Diégueme qui se comprennent ; le Saafi, le None et le Likhar qui se comprennent et enfin le groupe du Ndout et du Sili qui se comprennent aussi.

Le chercheur en anthropologie culturelle, Aliou Dionne, pense ainsi que ces différentes composantes sérères ont été divisées par les colons qui ont voulu mieux régner, en les qualifiant en fonction des zones géographiques. Il salue, cependant, les codifications des différentes langues même s’il pense qu’il fallait faire une codification unique des sous-groupes qui se comprennent.

« On travaille sur l’alphabétisation et la codification. Le président Wade nous a permis de codifier la langue saafi en 2004, le Sérère None est également codifié, de même que le Ndout, le Palor et le Likhar. Il fallait avoir la même codification pour le None, le Likhar et le Saafi qui ont le même alphabet, de même que le Ndout et le Sili, mais on a commis l’erreur de codifier ces langues séparément », explique l’anthropologue.

En outre, Aliou Dionne pense que c’est un grand combat qu’il faut mener pour la revalorisation de la culture saafi, qui est menacée par la culture arabo-islamique et la modernité.

Oumar KANDE

 
 
 

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