Wade demande le blocage du décret, trop tard…
Tout commence jeudi dernier, lorsqu’à la faveur d’une audience à la suite de la rencontre du Conseil des ministres, Cheikh Tidiane Sy pose sa démission sur la table, alors que le Président échangeait avec lui sur son intention de compresser le nombre de Ministères. Après s’être précipité au bureau de l’éphémère ex-Garde des Sceaux, Me Madické Niang, Ousmane Ngom et Samuel Sarr se rendent chez Wade en groupe, avant d’autres audiences individuelles. Devant le chef de l’Etat, le trio affirme à Me Wade qu’accepter le départ de Cheikh Tidiane Sy serait une erreur, d’autant qu’il est un pilier du système, en plus d’être un homme à la loyauté indiscutable.
Mieux, ils estiment qu’accepter son départ serait un précédent dangereux, en plus d’ouvrir un autre front qui affaiblirait le Pouvoir. Dans la foulée, Wade reçoit aussi, comme nous le révélions, Pape Oumar Sakho. À la suite de cette rencontre, L’As a appris que le Président avait demandé au Premier ministre qu’on bloque le décret informant du transfert des pouvoirs de Cheikh Tidiane Sy démissionnaire. Coup de théâtre : le décret avait déjà été lu à la Rts. Or, le premier exemplaire transmis à la télévision nationale ne comportait même pas de signature officielle. C’est par la suite que le tir a été rectifié.
Tête-à-tête au sommet Wade-Cheikh Tidiane Sy
Entre-temps, les tractations s’intensifient, mais Cheikh Tidiane Sy, lui, reste intransigeant. Le week-end, Pape Oumar Sakho, qui a joué un rôle clef dans ce come-back, est encore reçu par le Président. Cheikh Tidiane Sy est travaillé au corps et c’est finalement dans la soirée du lundi qu’il accepte d’être reçu par Me Abdoulaye Wade. L’audience, selon plusieurs sources autorisées, est saisie par Cheikh Tidiane Sy pour poser les conditions de son retour aux affaires. Un retour qui, il faut le préciser, a été visé par plusieurs tentatives de sabotage.
Alors que les médiations étaient en cours pour recoller les morceaux, de fortes tractations étaient effectuées auprès du chef de l’Etat pour trouver un autre ministre de la Justice. Le nom d’Andrézia Vaz était ainsi au cœur des manœuvres. Pour autant, il n’a jamais été question d’un retour de Me Madické Niang à la Justice. Cela relevait de l’intox, puisque le chef de la Diplomatie lui-même faisait partie de ceux qui ont bataillé pour le retour de Cheikh Tidiane Sy.
Les dessous du retour d’Aïda Mbodji
Comme le come-back de Cheikh Tidiane Sy, le retour par la grande porte d’Aïda Mbodji a été torpillé à plusieurs reprises, mais l’aura de la mairesse de Bambey a fini par avoir raison de ses adversaires. A preuve, à la suite de sa visite dans le fief d’Aïda Mbodji, Me Wade ne s’est pas gêné, de retour à Dakar, de l’appeler au téléphone pour lui témoigner ses félicitations. Mieux, par la même occasion, le chef de l’Etat demandera à la nouvelle ministre de la Femme de lui passer ses partisans qui étaient autour d’elle ! Auparavant, devant des proches, Wade avait à plusieurs reprises affirmé que, depuis le départ d’Aïda Mbodji, il ne parvenait pas à trouver une ministre de la Femme qui l’égale. Et depuis quelques mois, Aïda Mbodji était au centre des plus hautes décisions de la République. Elle était ainsi présente à la réunion convoquée par le Président, le 18 mars, veille de la célébration de l’alternance, aux côtés de Souleymane Ndéné Ndiaye, Karim Wade, Ousmane Ngom, Habib Sy…
Ndèye Khady Diop, reléguée au rang de ministre de la Petite Enfance, s’était attirée à plusieurs reprises les foudres du chef de l’Etat en Conseil des ministres. À deux reprises, Me Wade a mis en cause la gestion du budget de son Ministère, avant d’y envoyer l’Inspection générale d’Etat (Ige). Comme pour ne pas arranger les choses, la Cellule de traitement des informations financières (Centif) est venue mettre en cause son directeur de cabinet et la sœur de Serigne Mboup, Ndèye Maguette Mboup, dans une opération de trois milliards.
Depuis plusieurs mois déjà, le retour d’Aïda Mbodji était calé, mais toujours torpillé. Des manœuvres qui avaient poussé la mairesse de Bambey à claquer la porte du Gouvernement. Consultée par le Pm pour occuper le Ministère de la Femme et de l’Entreprenariat féminin, elle avait été « rabaissée » au Ministère de la Transformation alimentaire, à la lecture du décret. Malgré la réticence de Wade à accepter sa démission, elle avait claqué la porte, en le mettant devant le fait accompli. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts désormais, à tel point que le patron des libéraux n’a pas hésité, lors de la dernière rencontre du Comité directeur, à affirmer que de toutes les femmes, seule Aïda Mbodji le défendait.
Malgré plusieurs manœuvres pour porter Awa Guèye Kébé au Ministère de la Femme, le Président a préféré remettre en poste Aïda Mbodji qui, selon des confidences faites par le chef de l’Etat à des proches, « est la seule à pouvoir faire de grandes mobilisations ».
Mauvais casting
Pour autant, le réaménagement d’hier est très différent du projet brandi par le Président, après avoir informé ses ministres de son intention de compresser le Gouvernement. Des sources autorisées affirment ainsi qu’il était retenu que Khadim Guèye quitte le Ministère de l’Agriculture. Ce dernier a été sauvé par la démission du Pds d’Aminata Tall, qui laisse un vide politique à Diourbel où milite le ministre de l’Agriculture. Le Président envisageait aussi de supprimer tous les Ministères délégués, à l’exception de celui du Budget. Mais le Ministre délégué à l’Energie a été finalement épargné, ce qui n’a pas été le cas pour celui délégué auprès du Ministre d’Etat, Ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie, chargé de la Coopération décentralisée et du Ministère délégué auprès du ministre de la Justice, chargé des Droits Humains, respectivement occupé par Astou Guèye et Coumba Gaye.
Cette dernière avait déjà été menacée par le Président en Conseil des ministres. Après sa volonté de poursuivre un compte-rendu malgré l’arrêt demandé par Wade, le chef de l’Etat lui avait lancé : « Tais toi, sinon je te vire tout de suite ». Son adversaire déclaré, le ministre de la Jeunesse, Mamadou Lamine Keita, a aussi échappé de peu au sabre présidentiel. Devant plusieurs ministres, le Président lui avait lancé : « Toi, je vais te changer », avant de lui dire plus tard, qu’il pourrait être maintenu du fait de sa base politique.
Serigne Modou Bousso Lèye, par contre, n’a pas eu la même chance. Son limogeage brutal est entouré du plus grand mystère. L’on évoque, comme seule explication, un problème personnel entre lui et un membre du Gouvernement. Quant à Ngoné Ndoye, il était déjà retenu de lui donner le Ministère de la Petite Enfance, lors du dernier réaménagement gouvernemental. Mais cette nomination éventuelle n’a jamais eu lieu, alors qu’il lui avait été demandé de transmettre son cv à la Présidence. À des proches, Me Wade a confié que ce réaménagement n’était que la première étape d’un vaste chamboulement. C’est dire…
Coumba Gaye, nommée ministre-conseiller chargé des jeunes la Présidence de la République
Coumba Gaye et ses partisans peuvent essuyer leurs larmes. Tard dans la nuit, Wade leur a donné un autre fromage. En effet, de sources sûres, Coumba Gaye a été « recyclée » et nommée, quelques heures après son limogeage, ministre-conseiller chargé des jeunes à la Présidence de la République. Un doublon puisque Mamadou Lamine Keita est dans le gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye ministre de la Jeunesse et des Loisirs. Ces tâtonnements donnent raison à cet observateur qui a qualifié de « faute d’Etat » la reconduction de Cheikh Tidiane Sy.
Wade pose un lapin à Innocence Ntap et la décharge
Malgré l’élection de représentativité des syndicats, Innocence Ntap a été déchargée de ses fonctions de ministre de la Fonction publique. C’est à la lecture du décret qu’elle a appris son départ, qui est le fruit de fortes manœuvres. Il y a des signes qui ne trompent pas. Avant-hier soir, Innocence Ntap était au Palais pour être reçue par le Président. Mais après quelques audiences, le Président s’est retranché dans ses appartements sans la recevoir.
Il faut dire que, pour beaucoup, c’est sa réticence à se ranger derrière Abdoulaye Baldé qui est à l’origine de son départ. Or, le patron des libéraux a misé sur Abdoulaye Baldé pour Ziguinchor.
CMG
Tout commence jeudi dernier, lorsqu’à la faveur d’une audience à la suite de la rencontre du Conseil des ministres, Cheikh Tidiane Sy pose sa démission sur la table, alors que le Président échangeait avec lui sur son intention de compresser le nombre de Ministères. Après s’être précipité au bureau de l’éphémère ex-Garde des Sceaux, Me Madické Niang, Ousmane Ngom et Samuel Sarr se rendent chez Wade en groupe, avant d’autres audiences individuelles. Devant le chef de l’Etat, le trio affirme à Me Wade qu’accepter le départ de Cheikh Tidiane Sy serait une erreur, d’autant qu’il est un pilier du système, en plus d’être un homme à la loyauté indiscutable.
Mieux, ils estiment qu’accepter son départ serait un précédent dangereux, en plus d’ouvrir un autre front qui affaiblirait le Pouvoir. Dans la foulée, Wade reçoit aussi, comme nous le révélions, Pape Oumar Sakho. À la suite de cette rencontre, L’As a appris que le Président avait demandé au Premier ministre qu’on bloque le décret informant du transfert des pouvoirs de Cheikh Tidiane Sy démissionnaire. Coup de théâtre : le décret avait déjà été lu à la Rts. Or, le premier exemplaire transmis à la télévision nationale ne comportait même pas de signature officielle. C’est par la suite que le tir a été rectifié.
Tête-à-tête au sommet Wade-Cheikh Tidiane Sy
Entre-temps, les tractations s’intensifient, mais Cheikh Tidiane Sy, lui, reste intransigeant. Le week-end, Pape Oumar Sakho, qui a joué un rôle clef dans ce come-back, est encore reçu par le Président. Cheikh Tidiane Sy est travaillé au corps et c’est finalement dans la soirée du lundi qu’il accepte d’être reçu par Me Abdoulaye Wade. L’audience, selon plusieurs sources autorisées, est saisie par Cheikh Tidiane Sy pour poser les conditions de son retour aux affaires. Un retour qui, il faut le préciser, a été visé par plusieurs tentatives de sabotage.
Alors que les médiations étaient en cours pour recoller les morceaux, de fortes tractations étaient effectuées auprès du chef de l’Etat pour trouver un autre ministre de la Justice. Le nom d’Andrézia Vaz était ainsi au cœur des manœuvres. Pour autant, il n’a jamais été question d’un retour de Me Madické Niang à la Justice. Cela relevait de l’intox, puisque le chef de la Diplomatie lui-même faisait partie de ceux qui ont bataillé pour le retour de Cheikh Tidiane Sy.
Les dessous du retour d’Aïda Mbodji
Comme le come-back de Cheikh Tidiane Sy, le retour par la grande porte d’Aïda Mbodji a été torpillé à plusieurs reprises, mais l’aura de la mairesse de Bambey a fini par avoir raison de ses adversaires. A preuve, à la suite de sa visite dans le fief d’Aïda Mbodji, Me Wade ne s’est pas gêné, de retour à Dakar, de l’appeler au téléphone pour lui témoigner ses félicitations. Mieux, par la même occasion, le chef de l’Etat demandera à la nouvelle ministre de la Femme de lui passer ses partisans qui étaient autour d’elle ! Auparavant, devant des proches, Wade avait à plusieurs reprises affirmé que, depuis le départ d’Aïda Mbodji, il ne parvenait pas à trouver une ministre de la Femme qui l’égale. Et depuis quelques mois, Aïda Mbodji était au centre des plus hautes décisions de la République. Elle était ainsi présente à la réunion convoquée par le Président, le 18 mars, veille de la célébration de l’alternance, aux côtés de Souleymane Ndéné Ndiaye, Karim Wade, Ousmane Ngom, Habib Sy…
Ndèye Khady Diop, reléguée au rang de ministre de la Petite Enfance, s’était attirée à plusieurs reprises les foudres du chef de l’Etat en Conseil des ministres. À deux reprises, Me Wade a mis en cause la gestion du budget de son Ministère, avant d’y envoyer l’Inspection générale d’Etat (Ige). Comme pour ne pas arranger les choses, la Cellule de traitement des informations financières (Centif) est venue mettre en cause son directeur de cabinet et la sœur de Serigne Mboup, Ndèye Maguette Mboup, dans une opération de trois milliards.
Depuis plusieurs mois déjà, le retour d’Aïda Mbodji était calé, mais toujours torpillé. Des manœuvres qui avaient poussé la mairesse de Bambey à claquer la porte du Gouvernement. Consultée par le Pm pour occuper le Ministère de la Femme et de l’Entreprenariat féminin, elle avait été « rabaissée » au Ministère de la Transformation alimentaire, à la lecture du décret. Malgré la réticence de Wade à accepter sa démission, elle avait claqué la porte, en le mettant devant le fait accompli. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts désormais, à tel point que le patron des libéraux n’a pas hésité, lors de la dernière rencontre du Comité directeur, à affirmer que de toutes les femmes, seule Aïda Mbodji le défendait.
Malgré plusieurs manœuvres pour porter Awa Guèye Kébé au Ministère de la Femme, le Président a préféré remettre en poste Aïda Mbodji qui, selon des confidences faites par le chef de l’Etat à des proches, « est la seule à pouvoir faire de grandes mobilisations ».
Mauvais casting
Pour autant, le réaménagement d’hier est très différent du projet brandi par le Président, après avoir informé ses ministres de son intention de compresser le Gouvernement. Des sources autorisées affirment ainsi qu’il était retenu que Khadim Guèye quitte le Ministère de l’Agriculture. Ce dernier a été sauvé par la démission du Pds d’Aminata Tall, qui laisse un vide politique à Diourbel où milite le ministre de l’Agriculture. Le Président envisageait aussi de supprimer tous les Ministères délégués, à l’exception de celui du Budget. Mais le Ministre délégué à l’Energie a été finalement épargné, ce qui n’a pas été le cas pour celui délégué auprès du Ministre d’Etat, Ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie, chargé de la Coopération décentralisée et du Ministère délégué auprès du ministre de la Justice, chargé des Droits Humains, respectivement occupé par Astou Guèye et Coumba Gaye.
Cette dernière avait déjà été menacée par le Président en Conseil des ministres. Après sa volonté de poursuivre un compte-rendu malgré l’arrêt demandé par Wade, le chef de l’Etat lui avait lancé : « Tais toi, sinon je te vire tout de suite ». Son adversaire déclaré, le ministre de la Jeunesse, Mamadou Lamine Keita, a aussi échappé de peu au sabre présidentiel. Devant plusieurs ministres, le Président lui avait lancé : « Toi, je vais te changer », avant de lui dire plus tard, qu’il pourrait être maintenu du fait de sa base politique.
Serigne Modou Bousso Lèye, par contre, n’a pas eu la même chance. Son limogeage brutal est entouré du plus grand mystère. L’on évoque, comme seule explication, un problème personnel entre lui et un membre du Gouvernement. Quant à Ngoné Ndoye, il était déjà retenu de lui donner le Ministère de la Petite Enfance, lors du dernier réaménagement gouvernemental. Mais cette nomination éventuelle n’a jamais eu lieu, alors qu’il lui avait été demandé de transmettre son cv à la Présidence. À des proches, Me Wade a confié que ce réaménagement n’était que la première étape d’un vaste chamboulement. C’est dire…
Coumba Gaye, nommée ministre-conseiller chargé des jeunes la Présidence de la République
Coumba Gaye et ses partisans peuvent essuyer leurs larmes. Tard dans la nuit, Wade leur a donné un autre fromage. En effet, de sources sûres, Coumba Gaye a été « recyclée » et nommée, quelques heures après son limogeage, ministre-conseiller chargé des jeunes à la Présidence de la République. Un doublon puisque Mamadou Lamine Keita est dans le gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye ministre de la Jeunesse et des Loisirs. Ces tâtonnements donnent raison à cet observateur qui a qualifié de « faute d’Etat » la reconduction de Cheikh Tidiane Sy.
Wade pose un lapin à Innocence Ntap et la décharge
Malgré l’élection de représentativité des syndicats, Innocence Ntap a été déchargée de ses fonctions de ministre de la Fonction publique. C’est à la lecture du décret qu’elle a appris son départ, qui est le fruit de fortes manœuvres. Il y a des signes qui ne trompent pas. Avant-hier soir, Innocence Ntap était au Palais pour être reçue par le Président. Mais après quelques audiences, le Président s’est retranché dans ses appartements sans la recevoir.
Il faut dire que, pour beaucoup, c’est sa réticence à se ranger derrière Abdoulaye Baldé qui est à l’origine de son départ. Or, le patron des libéraux a misé sur Abdoulaye Baldé pour Ziguinchor.
CMG