Un véritable fléau, qui tout en faisant le bonheur de certaines personnes, est, de plus en plus, décrié par les populations. ImageNul ne l’ignore. Les mœurs se dégradent au fil des ans au Sénégal. Et, la ville dakaroise est devenue un miroir de cette dégradation des us et coutumes. La capitale sénégalaise, belle de sa beauté africaine, s’enlaidit de plus en plus avec des phénomènes peu courants, il y a quelques années encore. La prostitution déguisée est devenue le recours principal des jeunes filles et de beaucoup de filles-mères soucieuses de join-dre les deux bouts en cette période de crise économique.
Parmi les nouvelles formes de prostitution en vogue à Dakar, celle qui se joue dans des «chambres closes» ou «chambres de passe» met à nu l’un des revers de la crise immobilière au Sénégal. En effet, depuis quelques années les populations de Dakar et des environs ne cessent de décrier l’envoléex des prix de la location immobilière. Malgré les interpellations des autorités par l’Assemblée nationale, rien n’est fait pour alléger la cherté du loyer. Et au même moment, les agences immobilières poussent comme des champignons presque partout. «S’il est très difficile de trouver des chambres de nos jours à Dakar, ce n’est pas seulement à cause de l’augmentation des prix. C’est surtout parce que beaucoup de propriétaires commencent par mener des activités louches avec leurs appartements mis en location», confesse Jean-Marc, un courtier réputé du quartier Baobab. Selon lui, «si les revenus de son job sont en baisse, ce n’est nullement à cause de l’augmentation des agences immobilières, mais simplement parce qu’il existe sur le marché de nouvelles règles et pratiques de location des chambres et appartements».
En réalité, de nombreux propriétaires confient, de plus en plus, leurs immeubles à des agences immobilières ou à des courtiers, non pour qu’ils les cèdent aux habituels locataires, mais plutôt à certains clients un peu plus particuliers ou plus exceptionnels. «Il n’est plus rare d’entendre les propriétaires dire qu’ils veulent des clients qui prendront les chambres de leurs appartements par jour», remarque Jean-Marc. Cette option dite «location journalière de chambre», est devenue plus rentable pour les propriétaires, qui usent de cette stratégie pour faire face à la cherté de la vie.
A ce niveau, certains logeurs défient toute réglementation, transformant ainsi leur bien immobilier en format hôtel ou en auberge (c’est selon). Les chambres ne sont pas cédées seulement par jour, mais aussi par nuitée et par heure. Un phénomène qui prend de l’ampleur et qui, par la même occasion, développe le système des «chambres closes» ou «chambres de passe» très courues par les belles de nuit, les jeunes prostituées clandestines et les Sénégalais adeptes des relations extraconjugales.
Interpellé sur cette nouvelle formule de location, Mohamed B., agent immobilier, indique que cette formule nouvelle «se fait de façon clandestine pour ne pas éveiller de soupçons». On se demande alors, si la multiplication des agences immobilières dans tous les quartiers de Dakar, n’est pas liée à ce phénomène ? Mohamed B. se veut catégorique : «Non, il existe en réalité très peu d’agences qui s’adonnent à cette pratique.» Les coupables sont ailleurs, dit-il. «Ce sont souvent les courtiers de connivence avec les propriétaires, qui développent ces pratiques.»
Qui fréquentent les «chambres closes» à Dakar ?
Les «chambres de passe» à Dakar ne sont plus méconnues des populations. On les trouve pratiquement dans tous les coins de la capitale. Des alentours des mosquées en passant par la proximité des écoles, aucune zone stratégique n’est occultée par les marchands de sexe, pour tirer bénéfice de leur business au vu et au su de tous. Les clients qui fréquentent ces endroits sont de plusieurs catégories. Djiby Mbaye, courtier de «chambre de passe» au quartier Fass Delorme en parle sans détour : «Nous louons ces chambres dans la journée, la plupart du temps aux élèves et étudiants qui ont de petites copines ou petits copains et qui cherchent de l’intimité. Mais à la nuit tombée, ce sont les grandes personnes qui veulent entretenir leurs relations extra conjugales qui viennent nous.» Selon Djiby, également à beaucoup de belles de nuit développent leur commerce sexuel clandestin dans les cadres «moins chers» qui foisonnent à Dakar.
Prenant pour prétexte la crise économique actuelle et les difficultés qu’elles rencontrent pour joindre les deux bouts, des jeunes filles fixent des rendez-vous à leurs amants ou amoureux dans ces «chambres closes» ou «chambres de passe» dès la fin des classes. Elles viennent y faire de la prostitution clandestine. «Après avoir connu la jeune fille, l’homme lui remet quelques billets pour satisfaire ses besoins», nous renseignent des logeurs. Qui, naturellement, ne voient aucun inconvénient à ce type de pratique. «Moi, je ne suis qu’un courtier. Je ne me mêle pas de ce qui se passe après dans les chambres que je loue. Ce qui m’importe, c’est de trouver des clients et de gagner ma vie. Certes, je sais à peu près ce qui s’y passe. Mais je ne suis pas là pour jouer les moralisateurs», a déclaré Djiby Mbaye en toute franchise. «En général, ce sont des jeunes filles adolescentes qui ont entre 14 et 17 ans et qui n’ont même pas franchi le cap de la 3e… Et une, deux fois, et trois fois avec des partenaires variés, cela devient une habitude pour elles.»
Face à cette réalité, les populations avoisinantes de ces endroits de débauche se plaignent d’une certaine ambiance qui les prive de sommeil. Sans compter les risques d’une mauvaise influence encourus par leurs enfants. D’après T. Seck, un habitant du quartier de la Médina où pullulent ces chambres, «le commerce du sexe est devenu un secteur d’activités comme les autres dans le paysage économique sénégalais, au vu de la multiplication des chambres de passe». Ce Sénégalais dont la maison est mitoyenne à celle d’un gérant de «chambres de passe» parle en connaissance de cause. «La multiplication des chambres de passe est une catastrophe pour la ville. On dit que le Sénégal est un pays musulman. J’en doute fort, à voir ce qui se passe ici à Fass et à la Médina.» Et Ibrahim Tall, un sexagénaire, d’abonder dans le même sens : «Comment peut-on tolérer ces espaces sataniques dans nos voisinages ?...»
Location de «chambres closes» : une activité très rentable !
Si certains courtiers se plaignent du développement de ce phénomène, au motif qu’il les prive de bien gagner leur vie, d’autres saluent les bonnes affaires qu’ils réalisent. «Nous trouvons beaucoup plus notre compte avec les grandes personnes. C’est-à-dire les clients de la nuit. Ce sont souvent des personnes âgées qui amènent leur maîtresse. Ils payent mieux que les clients de la journée qui, ne sont que des jeunes sans grands moyens, et bien mieux que les prostituées qui veulent s’abonner en payant des taux forfaitaires», se justifie M. Mbaye. Ainsi, la «chambre de passe» peut revenir entre 5 000 francs et 20 000 francs par heure, souligne-t-il. Les prix sont fixés en fonction de la qualité de chambre recherchée et de l’équipement intérieur. «Nous avons des chambres meublées, climatisées, et d’autres qui sont justes ventilées ou ne bénéficiant que de l’aération à partir des fenêtres.»
En termes de recettes journalières, il lui arrive de ramasser une somme comprise entre 100 000 et 500 000 francs Cfa, notamment vendredi, samedi et dimanche, jours de forte fréquentation de ces endroits de débauches. Contre des revenus de 50 000 à 100 000 francs Cfa mensuels, la différence est énorme, en effet.
On comprend donc aisément, au vu des précédentes révélations, les choix faits par des propriétaires immobiliers au profit des «chambres de passe». Souleymane Diop, étudiant en Dea de sociologie à l’Université de Dakar, estime que «ce commerce bon marché présente la photo du Sénégal actuel, qui est faite de sexe et de mœurs légères». Mais surtout, ces «chambres de passe» constituent «une véritable entrave au bon fonctionnement des hôtels et auberges de la capitale, qui sont aujourd’hui dans une position de concurrents, alors qu’ils sont supposés bénéficier de cet argent que les Sénégalais investissent pour satisfaire leur appétit libidinal». Mais n’y a-t-il pas quelque chose à faire si tant est qu’«aucune loi au Sénégal n’autorise l’ouverture d’une entreprise de ce genre» ?
Sans doute, il est important que les autorités prennent des mesures pour éradiquer ce mal. Le sociologue Souleymane Diop, dans le cadre de sa thèse de doctorat, compte attirer l’attention de l’Etat afin que de mesures correctives soient prises dans les plus bref délais. Une action transversale de plusieurs ministères dont ceux de l’Intérieur, de la Famille et de la Santé, s’impose «pour la préservation des mœurs».
Par Gilles Arsène TCHEDJI / arsene@lequotidn.sn
Parmi les nouvelles formes de prostitution en vogue à Dakar, celle qui se joue dans des «chambres closes» ou «chambres de passe» met à nu l’un des revers de la crise immobilière au Sénégal. En effet, depuis quelques années les populations de Dakar et des environs ne cessent de décrier l’envoléex des prix de la location immobilière. Malgré les interpellations des autorités par l’Assemblée nationale, rien n’est fait pour alléger la cherté du loyer. Et au même moment, les agences immobilières poussent comme des champignons presque partout. «S’il est très difficile de trouver des chambres de nos jours à Dakar, ce n’est pas seulement à cause de l’augmentation des prix. C’est surtout parce que beaucoup de propriétaires commencent par mener des activités louches avec leurs appartements mis en location», confesse Jean-Marc, un courtier réputé du quartier Baobab. Selon lui, «si les revenus de son job sont en baisse, ce n’est nullement à cause de l’augmentation des agences immobilières, mais simplement parce qu’il existe sur le marché de nouvelles règles et pratiques de location des chambres et appartements».
En réalité, de nombreux propriétaires confient, de plus en plus, leurs immeubles à des agences immobilières ou à des courtiers, non pour qu’ils les cèdent aux habituels locataires, mais plutôt à certains clients un peu plus particuliers ou plus exceptionnels. «Il n’est plus rare d’entendre les propriétaires dire qu’ils veulent des clients qui prendront les chambres de leurs appartements par jour», remarque Jean-Marc. Cette option dite «location journalière de chambre», est devenue plus rentable pour les propriétaires, qui usent de cette stratégie pour faire face à la cherté de la vie.
A ce niveau, certains logeurs défient toute réglementation, transformant ainsi leur bien immobilier en format hôtel ou en auberge (c’est selon). Les chambres ne sont pas cédées seulement par jour, mais aussi par nuitée et par heure. Un phénomène qui prend de l’ampleur et qui, par la même occasion, développe le système des «chambres closes» ou «chambres de passe» très courues par les belles de nuit, les jeunes prostituées clandestines et les Sénégalais adeptes des relations extraconjugales.
Interpellé sur cette nouvelle formule de location, Mohamed B., agent immobilier, indique que cette formule nouvelle «se fait de façon clandestine pour ne pas éveiller de soupçons». On se demande alors, si la multiplication des agences immobilières dans tous les quartiers de Dakar, n’est pas liée à ce phénomène ? Mohamed B. se veut catégorique : «Non, il existe en réalité très peu d’agences qui s’adonnent à cette pratique.» Les coupables sont ailleurs, dit-il. «Ce sont souvent les courtiers de connivence avec les propriétaires, qui développent ces pratiques.»
Qui fréquentent les «chambres closes» à Dakar ?
Les «chambres de passe» à Dakar ne sont plus méconnues des populations. On les trouve pratiquement dans tous les coins de la capitale. Des alentours des mosquées en passant par la proximité des écoles, aucune zone stratégique n’est occultée par les marchands de sexe, pour tirer bénéfice de leur business au vu et au su de tous. Les clients qui fréquentent ces endroits sont de plusieurs catégories. Djiby Mbaye, courtier de «chambre de passe» au quartier Fass Delorme en parle sans détour : «Nous louons ces chambres dans la journée, la plupart du temps aux élèves et étudiants qui ont de petites copines ou petits copains et qui cherchent de l’intimité. Mais à la nuit tombée, ce sont les grandes personnes qui veulent entretenir leurs relations extra conjugales qui viennent nous.» Selon Djiby, également à beaucoup de belles de nuit développent leur commerce sexuel clandestin dans les cadres «moins chers» qui foisonnent à Dakar.
Prenant pour prétexte la crise économique actuelle et les difficultés qu’elles rencontrent pour joindre les deux bouts, des jeunes filles fixent des rendez-vous à leurs amants ou amoureux dans ces «chambres closes» ou «chambres de passe» dès la fin des classes. Elles viennent y faire de la prostitution clandestine. «Après avoir connu la jeune fille, l’homme lui remet quelques billets pour satisfaire ses besoins», nous renseignent des logeurs. Qui, naturellement, ne voient aucun inconvénient à ce type de pratique. «Moi, je ne suis qu’un courtier. Je ne me mêle pas de ce qui se passe après dans les chambres que je loue. Ce qui m’importe, c’est de trouver des clients et de gagner ma vie. Certes, je sais à peu près ce qui s’y passe. Mais je ne suis pas là pour jouer les moralisateurs», a déclaré Djiby Mbaye en toute franchise. «En général, ce sont des jeunes filles adolescentes qui ont entre 14 et 17 ans et qui n’ont même pas franchi le cap de la 3e… Et une, deux fois, et trois fois avec des partenaires variés, cela devient une habitude pour elles.»
Face à cette réalité, les populations avoisinantes de ces endroits de débauche se plaignent d’une certaine ambiance qui les prive de sommeil. Sans compter les risques d’une mauvaise influence encourus par leurs enfants. D’après T. Seck, un habitant du quartier de la Médina où pullulent ces chambres, «le commerce du sexe est devenu un secteur d’activités comme les autres dans le paysage économique sénégalais, au vu de la multiplication des chambres de passe». Ce Sénégalais dont la maison est mitoyenne à celle d’un gérant de «chambres de passe» parle en connaissance de cause. «La multiplication des chambres de passe est une catastrophe pour la ville. On dit que le Sénégal est un pays musulman. J’en doute fort, à voir ce qui se passe ici à Fass et à la Médina.» Et Ibrahim Tall, un sexagénaire, d’abonder dans le même sens : «Comment peut-on tolérer ces espaces sataniques dans nos voisinages ?...»
Location de «chambres closes» : une activité très rentable !
Si certains courtiers se plaignent du développement de ce phénomène, au motif qu’il les prive de bien gagner leur vie, d’autres saluent les bonnes affaires qu’ils réalisent. «Nous trouvons beaucoup plus notre compte avec les grandes personnes. C’est-à-dire les clients de la nuit. Ce sont souvent des personnes âgées qui amènent leur maîtresse. Ils payent mieux que les clients de la journée qui, ne sont que des jeunes sans grands moyens, et bien mieux que les prostituées qui veulent s’abonner en payant des taux forfaitaires», se justifie M. Mbaye. Ainsi, la «chambre de passe» peut revenir entre 5 000 francs et 20 000 francs par heure, souligne-t-il. Les prix sont fixés en fonction de la qualité de chambre recherchée et de l’équipement intérieur. «Nous avons des chambres meublées, climatisées, et d’autres qui sont justes ventilées ou ne bénéficiant que de l’aération à partir des fenêtres.»
En termes de recettes journalières, il lui arrive de ramasser une somme comprise entre 100 000 et 500 000 francs Cfa, notamment vendredi, samedi et dimanche, jours de forte fréquentation de ces endroits de débauches. Contre des revenus de 50 000 à 100 000 francs Cfa mensuels, la différence est énorme, en effet.
On comprend donc aisément, au vu des précédentes révélations, les choix faits par des propriétaires immobiliers au profit des «chambres de passe». Souleymane Diop, étudiant en Dea de sociologie à l’Université de Dakar, estime que «ce commerce bon marché présente la photo du Sénégal actuel, qui est faite de sexe et de mœurs légères». Mais surtout, ces «chambres de passe» constituent «une véritable entrave au bon fonctionnement des hôtels et auberges de la capitale, qui sont aujourd’hui dans une position de concurrents, alors qu’ils sont supposés bénéficier de cet argent que les Sénégalais investissent pour satisfaire leur appétit libidinal». Mais n’y a-t-il pas quelque chose à faire si tant est qu’«aucune loi au Sénégal n’autorise l’ouverture d’une entreprise de ce genre» ?
Sans doute, il est important que les autorités prennent des mesures pour éradiquer ce mal. Le sociologue Souleymane Diop, dans le cadre de sa thèse de doctorat, compte attirer l’attention de l’Etat afin que de mesures correctives soient prises dans les plus bref délais. Une action transversale de plusieurs ministères dont ceux de l’Intérieur, de la Famille et de la Santé, s’impose «pour la préservation des mœurs».
Par Gilles Arsène TCHEDJI / arsene@lequotidn.sn