Mais en toute hypothèse, on ne saurait sous-estimer la portée à la fois pratique et symbolique des déclarations de Benoît XVI sur ce sujet; des déclarations d’autant plus surprenantes que l’actuel pape avait – l’an dernier – déclenché sur ce thème une vaste polémique. C’était en mars 2009 lors d'un voyage au Cameroun et en Angola quand, condamnant de manière radicale méthode préventive, il était allé jusqu’à déclarer qu’elle était de nature à aggraver la situation épidémiologique.
Virage à 180 ° donc; ou presque. Dans un livre d'entretiens à paraître mardi 23 novembre, Benoît XVI estime pour la première fois que l'usage du préservatif peut dans certains cas se justifier. L’information a été donnée dans la soirée du 20 novembre via l'Osservatore Romano qui a créé la surprise en publiant des extraits de l'ouvrage «Lumière du monde - le pape, l'Eglise et les signes du temps», composé d'entretiens accordés en juillet dernier au journaliste catholique allemand Peter Seewald dans la résidence papale de Castel Gandolfo.
Benoît XVI y évoque l'utilisation du préservatif par des prostitué(e)s comme «un premier pas vers la moralisation». Il ajoute toutefois que les préservatifs ne sont «pas la façon de venir à bout du mal de l'infection par le VIH». Mais quelles formes de prostitution le pape évoque-t-il? L’affaire est peut-être ici un peu plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord, comme l’évoque une dépêche de l’agence Reuters mandée en fin de soirée du 20 novembre depuis le Vatican.
Extraits :
A la question « Voulez-vous dire que l'Eglise catholique n'est de fait pas opposée en principe à l'usage de préservatifs ? » Benoît XVI répond : « Bien entendu, elle ne considère pas cela comme une solution véritable ni morale, mais dans tel ou tel cas il peut néanmoins y avoir, dans l'intention de réduire le risque d'infection, un premier pas dans un mouvement vers une manière différente, une manière plus humaine, de vivre la sexualité. » Curieusement, dans les traductions anglaise, française et allemande du livre, le pape donne l'exemple d'une justification possible du préservatif lorsqu'il est utilisé par « un homme prostitué » - ce qui distinguerait ce cas de son utilisation comme moyen contraceptif, que l'Eglise condamne. Mais les extraits en italien cités par L'Osservatore Romano lui attribuent les mots ‘’una prostituta’’ (une prostituée). Il n'était pas possible dans l'immédiat d'obtenir une clarification à ce sujet.»
Conscient de l’interprétation qui pourra être faite de ses propos, Benoît XVI fait tout pour les relativiser:
«Se polariser sur le préservatif signifie une banalisation du sexe et c'est exactement le danger que beaucoup de gens considèrent le sexe non plus comme une expression de leur amour, mais comme une sorte de drogue, qu'ils s'administrent eux-mêmes».
Doctrine du moindre mal
Dans les rangs des spécialistes de la lutte contre le sida, les premiers commentaires n’ont guère tardés. Pour Michel Sidibé, directeur du programme Onusida, la nouvelle position du pape constitue «un pas en avant significatif et positif. Cette avancée reconnaît qu'un comportement sexuel responsable et l'usage du préservatif ont un rôle important dans la prévention du VIH-sida». A l’inverse l'association française Act Up-Paris estime que «le pape est encore loin du compte (...) Si le pape veut vraiment lutter contre l'épidémie, il faut qu'il aille beaucoup plus loin».
Au-delà de la relativisation qu’entend faire le pape de ses propres déclarations, l’affaire est d’une très haute portée à la fois symbolique et pratique. Benoît XVI commence en effet, pour la première fois semble-t-il, à faire sienne la doctrine du moindre mal dans ce domaine. Il rejoint ainsi la position de certains dignitaires catholiques qui, face à la progression du fléau, estimaient depuis plusieurs années déjà que les condamnations solennelles, radicales et récurrentes de l’usage du préservatif à des fins préventives étaient elles-mêmes condamnables. Certains responsables chrétiens allaient même jusqu’à estimer qu’elles avaient des conséquences criminelles.
Mais au-delà même du sida, cette nouvelle et spectaculaire inflexion de la position vaticane viendra immanquablement fragiliser la position de l’Eglise quant à la contraception et plus généralement sur toutes les formes de dissociation de la sexualité humaine de la reproduction, position elle-aussi très critiquée chez une majorité des catholiques pratiquants. Comment accepter le recours au préservatif à des fins de prévention infectieuse (qui plus est) dans le cadre de la prostitution et le condamner en tant qu’outil de prévention des naissances?
Que faire de l'encyclique «Humanae Vitae»?
Condamnée par beaucoup, jugée définitivement obsolète par nombre de fidèles la position du Vatican n’avait pour elle que sa profonde cohérence interne. En prônant la chasteté absolue avant le mariage et l’absolue fidélité réciproque ensuite, en décrétant que la vie humaine commençait avec la fécondation d’un ovocyte par un spermatozoïde, en condamnant toute forme de contraception mécanique ou hormonale de même que l’ensemble des techniques d’assistance médicale à la procréation, le Vatican avait délibérément choisi de ne pas accompagner l’évolution des sciences, de la médecine et des mœurs.
Les nouveaux propos de Benoît XVI sur le préservatif ouvrent aujourd’hui une brèche dont les conséquences pourraient être rapidement fatales à l’ensemble de l’édifice; un édifice patiemment construit et défendu depuis la célèbre encyclique «Humanae Vitae» (De la vie humaine) promulguée par Paul VI en 1968. Conscient des risques encourus, Benoît XVI prend soin de souligner que «les grandes lignes d'“Humanae Vitae” demeurent justes». Jusqu’à quand?
Pour mesurer l’évolution du chemin parcouru, il n’est pas inutile de rappeler l’essentiel des échanges entendus il y a précisément 21 ans à Rome lors d’une conférence internationale organisée par le Vatican et consacrée au sida et que je couvrais pour Le Monde; conférence qui devait conclure en substance que chasteté reste la seule méthode licite de prévention de cette maladie transmissible.
Il y a 21 ans, une position sans compromis
Le Vatican avait alors invité quelques-uns des plus grands noms de la recherche sur le sida qui dressèrent un tableau déjà apocalyptique de la réalité de l'épidémie et de sa progression. Face à eux de nombreux responsables ecclésiastiques, certains venus pour apprendre et beaucoup pour tenter de faire partager leurs convictions quant à la justesse des positions officielles du Vatican sur les outils légitimes de la lutte.
L'essentiel ou presque avait alors été dit par Mgr Fiorenzo Angelini, alors président du Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé. Oui au soutien, au réconfort, et à l'accompagnement des malades vers la mort; non à toute entreprise ségrégationniste et à tout compromis quant à l'utilisation des préservatifs. L'anathème fut jeté de diverses manières, certains n'hésitant nullement à envisager toutes les situations pour défendre leur thèse. Ainsi le redoutable Mgr Elio Sgreccia, alors directeur du centre de bioéthique de l'université catholique du Sacré-Coeur (Rome), qui estimait qu'un couple dans lequel l'un des conjoints était contaminé par le VIH ne devait envisager comme attitude que «l'abstention de tout rapport sexuel, l'éducation devant porter dans ce cas sur l'apprentissage de l'auto contrôle des pulsions sexuelles», ce qui correspondait, selon lui, «à un niveau de vertu extraordinaire»:
«Le préservatif n'est pas une thérapeutique préventive du sida. D’abord parce qu’existe la chasteté. Ensuite parce que son emploi du préservatif donne l'illusion d'une sexualité sûre et sans danger. Or, des travaux qui ont été un moment tenus secrets démontrent que ce n'est pas vrai dans 15 à 16 % des cas. »
Et chasteté encore et toujours dans les cas où l'homme et la femme d'un couple sont contaminés puisqu’il fallait, dans ce cas, éviter la procréation sans avoir recours à une méthode contraceptive. Et Mgr Sgreccia d’ajouter que dans une telle situation, les relations sexuelles en dehors des périodes fertiles de la femme (pour prévenir les grossesses) ne pouvaient être envisagées compte tenu du danger de surinfection que de telles relations pourraient faire courir aux conjoints.
30 millions de malades de plus qu'il y a 21 ans
Nous gardons aussi en mémoire l’intervention du Pr Rocco Buttiglione, vice-recteur de l'Académie internationale de philosophie (Liechtenstein). Ce dernier soutenait que s'il ne pouvait être à proprement parler considéré comme un «châtiment de Dieu» (au sens de l'Ancien Testament), le sida pouvait malgré tout être l'expression d'un châtiment. Cette maladie mortelle sexuellement transmissible n'était certes pas, selon lui, l'expression d'une «vengeance divine» mais pouvait être considérée d'une certaine manière comme un signe de la présence de Dieu, la souffrance du malade devant avoir une signification positive, à la fois pour lui et pour la collectivité : la maladie n'existe que pour que la guérison puisse venir.
Pour le reste: condamnations virulentes des campagnes publicitaires «obscènes» en faveur de l'utilisation des préservatifs masculins ainsi que de la presse coupable de «déshumaniser la maladie»; promotion en fanfare «des armes morales et spirituelles» ainsi que de la compassion vis-à-vis des séropositifs et des malades que l’on qualifiait alors volontiers de «sidatiques».
«Bien sûr, je n'attendais pas que l'Eglise fasse la promotion des préservatifs, m’avait alors dit le Pr Luc Montagnier (Institut Pasteur de Paris) qui participait activement à cette conférence. Mais je pensais qu'elle pouvait au minimum en tolérer l'usage auprès des catholiques. Au nom précisément, du respect de la personne humaine.» C’était en novembre 1989. On comptait alors plus de 600.000 cas de sida dans le monde et près de dix millions de personnes contaminées et, à ce titre, contagieuses.
Vingt-et-un ans plus tard, Jean Paul II n’est plus, le Pr Montagnier est devenu prix Nobel 2008 de médecine et Benoît XVI accepte de parler d’un possible usage préventif des préservatifs. 21 ans plus tard, et sans faire le décompte des millions de morts prématurées, on estime désormais à plus de trente millions le nombres des personnes contaminées.
Jean-Yves Nau
Virage à 180 ° donc; ou presque. Dans un livre d'entretiens à paraître mardi 23 novembre, Benoît XVI estime pour la première fois que l'usage du préservatif peut dans certains cas se justifier. L’information a été donnée dans la soirée du 20 novembre via l'Osservatore Romano qui a créé la surprise en publiant des extraits de l'ouvrage «Lumière du monde - le pape, l'Eglise et les signes du temps», composé d'entretiens accordés en juillet dernier au journaliste catholique allemand Peter Seewald dans la résidence papale de Castel Gandolfo.
Benoît XVI y évoque l'utilisation du préservatif par des prostitué(e)s comme «un premier pas vers la moralisation». Il ajoute toutefois que les préservatifs ne sont «pas la façon de venir à bout du mal de l'infection par le VIH». Mais quelles formes de prostitution le pape évoque-t-il? L’affaire est peut-être ici un peu plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord, comme l’évoque une dépêche de l’agence Reuters mandée en fin de soirée du 20 novembre depuis le Vatican.
Extraits :
A la question « Voulez-vous dire que l'Eglise catholique n'est de fait pas opposée en principe à l'usage de préservatifs ? » Benoît XVI répond : « Bien entendu, elle ne considère pas cela comme une solution véritable ni morale, mais dans tel ou tel cas il peut néanmoins y avoir, dans l'intention de réduire le risque d'infection, un premier pas dans un mouvement vers une manière différente, une manière plus humaine, de vivre la sexualité. » Curieusement, dans les traductions anglaise, française et allemande du livre, le pape donne l'exemple d'une justification possible du préservatif lorsqu'il est utilisé par « un homme prostitué » - ce qui distinguerait ce cas de son utilisation comme moyen contraceptif, que l'Eglise condamne. Mais les extraits en italien cités par L'Osservatore Romano lui attribuent les mots ‘’una prostituta’’ (une prostituée). Il n'était pas possible dans l'immédiat d'obtenir une clarification à ce sujet.»
Conscient de l’interprétation qui pourra être faite de ses propos, Benoît XVI fait tout pour les relativiser:
«Se polariser sur le préservatif signifie une banalisation du sexe et c'est exactement le danger que beaucoup de gens considèrent le sexe non plus comme une expression de leur amour, mais comme une sorte de drogue, qu'ils s'administrent eux-mêmes».
Doctrine du moindre mal
Dans les rangs des spécialistes de la lutte contre le sida, les premiers commentaires n’ont guère tardés. Pour Michel Sidibé, directeur du programme Onusida, la nouvelle position du pape constitue «un pas en avant significatif et positif. Cette avancée reconnaît qu'un comportement sexuel responsable et l'usage du préservatif ont un rôle important dans la prévention du VIH-sida». A l’inverse l'association française Act Up-Paris estime que «le pape est encore loin du compte (...) Si le pape veut vraiment lutter contre l'épidémie, il faut qu'il aille beaucoup plus loin».
Au-delà de la relativisation qu’entend faire le pape de ses propres déclarations, l’affaire est d’une très haute portée à la fois symbolique et pratique. Benoît XVI commence en effet, pour la première fois semble-t-il, à faire sienne la doctrine du moindre mal dans ce domaine. Il rejoint ainsi la position de certains dignitaires catholiques qui, face à la progression du fléau, estimaient depuis plusieurs années déjà que les condamnations solennelles, radicales et récurrentes de l’usage du préservatif à des fins préventives étaient elles-mêmes condamnables. Certains responsables chrétiens allaient même jusqu’à estimer qu’elles avaient des conséquences criminelles.
Mais au-delà même du sida, cette nouvelle et spectaculaire inflexion de la position vaticane viendra immanquablement fragiliser la position de l’Eglise quant à la contraception et plus généralement sur toutes les formes de dissociation de la sexualité humaine de la reproduction, position elle-aussi très critiquée chez une majorité des catholiques pratiquants. Comment accepter le recours au préservatif à des fins de prévention infectieuse (qui plus est) dans le cadre de la prostitution et le condamner en tant qu’outil de prévention des naissances?
Que faire de l'encyclique «Humanae Vitae»?
Condamnée par beaucoup, jugée définitivement obsolète par nombre de fidèles la position du Vatican n’avait pour elle que sa profonde cohérence interne. En prônant la chasteté absolue avant le mariage et l’absolue fidélité réciproque ensuite, en décrétant que la vie humaine commençait avec la fécondation d’un ovocyte par un spermatozoïde, en condamnant toute forme de contraception mécanique ou hormonale de même que l’ensemble des techniques d’assistance médicale à la procréation, le Vatican avait délibérément choisi de ne pas accompagner l’évolution des sciences, de la médecine et des mœurs.
Les nouveaux propos de Benoît XVI sur le préservatif ouvrent aujourd’hui une brèche dont les conséquences pourraient être rapidement fatales à l’ensemble de l’édifice; un édifice patiemment construit et défendu depuis la célèbre encyclique «Humanae Vitae» (De la vie humaine) promulguée par Paul VI en 1968. Conscient des risques encourus, Benoît XVI prend soin de souligner que «les grandes lignes d'“Humanae Vitae” demeurent justes». Jusqu’à quand?
Pour mesurer l’évolution du chemin parcouru, il n’est pas inutile de rappeler l’essentiel des échanges entendus il y a précisément 21 ans à Rome lors d’une conférence internationale organisée par le Vatican et consacrée au sida et que je couvrais pour Le Monde; conférence qui devait conclure en substance que chasteté reste la seule méthode licite de prévention de cette maladie transmissible.
Il y a 21 ans, une position sans compromis
Le Vatican avait alors invité quelques-uns des plus grands noms de la recherche sur le sida qui dressèrent un tableau déjà apocalyptique de la réalité de l'épidémie et de sa progression. Face à eux de nombreux responsables ecclésiastiques, certains venus pour apprendre et beaucoup pour tenter de faire partager leurs convictions quant à la justesse des positions officielles du Vatican sur les outils légitimes de la lutte.
L'essentiel ou presque avait alors été dit par Mgr Fiorenzo Angelini, alors président du Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé. Oui au soutien, au réconfort, et à l'accompagnement des malades vers la mort; non à toute entreprise ségrégationniste et à tout compromis quant à l'utilisation des préservatifs. L'anathème fut jeté de diverses manières, certains n'hésitant nullement à envisager toutes les situations pour défendre leur thèse. Ainsi le redoutable Mgr Elio Sgreccia, alors directeur du centre de bioéthique de l'université catholique du Sacré-Coeur (Rome), qui estimait qu'un couple dans lequel l'un des conjoints était contaminé par le VIH ne devait envisager comme attitude que «l'abstention de tout rapport sexuel, l'éducation devant porter dans ce cas sur l'apprentissage de l'auto contrôle des pulsions sexuelles», ce qui correspondait, selon lui, «à un niveau de vertu extraordinaire»:
«Le préservatif n'est pas une thérapeutique préventive du sida. D’abord parce qu’existe la chasteté. Ensuite parce que son emploi du préservatif donne l'illusion d'une sexualité sûre et sans danger. Or, des travaux qui ont été un moment tenus secrets démontrent que ce n'est pas vrai dans 15 à 16 % des cas. »
Et chasteté encore et toujours dans les cas où l'homme et la femme d'un couple sont contaminés puisqu’il fallait, dans ce cas, éviter la procréation sans avoir recours à une méthode contraceptive. Et Mgr Sgreccia d’ajouter que dans une telle situation, les relations sexuelles en dehors des périodes fertiles de la femme (pour prévenir les grossesses) ne pouvaient être envisagées compte tenu du danger de surinfection que de telles relations pourraient faire courir aux conjoints.
30 millions de malades de plus qu'il y a 21 ans
Nous gardons aussi en mémoire l’intervention du Pr Rocco Buttiglione, vice-recteur de l'Académie internationale de philosophie (Liechtenstein). Ce dernier soutenait que s'il ne pouvait être à proprement parler considéré comme un «châtiment de Dieu» (au sens de l'Ancien Testament), le sida pouvait malgré tout être l'expression d'un châtiment. Cette maladie mortelle sexuellement transmissible n'était certes pas, selon lui, l'expression d'une «vengeance divine» mais pouvait être considérée d'une certaine manière comme un signe de la présence de Dieu, la souffrance du malade devant avoir une signification positive, à la fois pour lui et pour la collectivité : la maladie n'existe que pour que la guérison puisse venir.
Pour le reste: condamnations virulentes des campagnes publicitaires «obscènes» en faveur de l'utilisation des préservatifs masculins ainsi que de la presse coupable de «déshumaniser la maladie»; promotion en fanfare «des armes morales et spirituelles» ainsi que de la compassion vis-à-vis des séropositifs et des malades que l’on qualifiait alors volontiers de «sidatiques».
«Bien sûr, je n'attendais pas que l'Eglise fasse la promotion des préservatifs, m’avait alors dit le Pr Luc Montagnier (Institut Pasteur de Paris) qui participait activement à cette conférence. Mais je pensais qu'elle pouvait au minimum en tolérer l'usage auprès des catholiques. Au nom précisément, du respect de la personne humaine.» C’était en novembre 1989. On comptait alors plus de 600.000 cas de sida dans le monde et près de dix millions de personnes contaminées et, à ce titre, contagieuses.
Vingt-et-un ans plus tard, Jean Paul II n’est plus, le Pr Montagnier est devenu prix Nobel 2008 de médecine et Benoît XVI accepte de parler d’un possible usage préventif des préservatifs. 21 ans plus tard, et sans faire le décompte des millions de morts prématurées, on estime désormais à plus de trente millions le nombres des personnes contaminées.
Jean-Yves Nau