Montrez-moi votre visage et je vous dirais combien vous gagnez. Des chercheurs de l’université de Toronto (Canada) ont réussi à montrer que les traits d’un visage permettent, dans une certaine mesure, de déterminer le milieu social d’une personne, son bonheur, mais aussi ses compétences. Il s’avère que les individus aux traits heureux, ont tendance à être issus d’un milieu aisé et réussir professionnellement. Explications.
Bjornsdottir et Rule, deux chercheurs en psychologie expérimentale dont Le Point se fait l'écho, ont mené trois études complémentaires qui s’articulent toutes autour d’un centre névralgique : les inégalités sociales. Quand l’une se penche sur le degré de pauvreté, l’autre se concentre sur le degré de bonheur, et la dernière sur les compétences.
La première expérience met en lumière la corrélation entre les visages d’inconnus et leur milieu socio-culturel. Les chercheurs ont photographié des étudiants aux expressions neutres, qui ne montrent aucune émotion. Il ont demandé à un panel de sondés de catégoriser le milieu social de chaque visage. Dans leurs réponses, les chercheurs ont remarqué que leurs sondés se réfugiaient derrière le stéréotype selon lequel : si quelqu’un a l’air heureux, il est riche. Et inversement.
En vérifiant, les chercheurs ont découvert que leurs sondés avaient vu juste.
Riche ou pauvre : de l'expression neutre au bonheur
L’argent ferait-il alors réellement le bonheur ? Et ce bonheur peut-il se glisser sur un visage quand celui-ci ne montre aucune émotion ? Il y a des indices cachés, et les résultats sont sans équivoque : lorsqu’une personne a pour habitude de montrer une émotion au cours de sa vie, sa structure faciale se modifie au fil du temps. Et l’expression neutre en est transformée.
La réponse est donc là : si quelqu’un a pour habitude de sourire, son visage s’en souvient. Pis, il donne l’impression aux autres qu’il est issu d’un milieu aisé.
La dernière expérience est allée un cran au-dessus et rejoint le postulat de départ : les stéréotypes et les inégalités sociales sont omniprésents. Les chercheurs parlent même de discriminations conscientes ou inconscientes. Il a été demandé à un autre groupe de personnes d’estimer la probabilité que chaque étudiant soit embauché comme comptable. Encore une fois, les clichés parlent d’eux-mêmes : les étudiants aux allures tristes – et donc issus de milieux défavorisés – ne seraient pas susceptibles d’être embauchés.
Riche ou pauvre : l'ascenseur social hors service
D'autres études font écho au travail des chercheurs de Toronto et démontrent que le milieu d’origine d’une personne est encore tenu responsable de son niveau socio-professionnel.
C'est le cas de la récente étude de France Stratégie relayée par Le Journal de l'Economie qui met en lumière les "inégalités de chances". Elle énonce : "Plus l'origine sociale (de quelqu'un, ndlr) est modeste, moins l’individu a de chances d’avoir un niveau de vie élevé". Et ces inégalités sont encore bien trop importantes en France selon la même étude.
Selon l’OCDE, cité par l'Arc Info, il faudrait compter cinq à six générations pour sortir de la pauvreté et atteindre un jour un seuil moyen. On parle de 150 ans, soit plus qu’une vie individuelle. C’est ce que l’on appelle communément l’ascenseur social, et il se reflète directement sur votre visage.
Planet.fr