L'entente entre la Catalogne et l'Espagne est impossible. Telle est en substance la conclusion qu'a tirée le président de la région, Artur Mas (Convergencia i Unio, CiU, nationaliste), de son entretien, jeudi à Madrid, avec le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy (Parti Populaire, PP, droite). «La réunion ne s'est pas bien passée», a résumé Mas, dont l'objectif était de convaincre Rajoy de son projet de «pacte fiscal».
Par cette formule, le gouvernement catalan entendait centraliser la gestion des impôts sur son territoire. La Catalogne aurait ensuite versé à l'État une somme destinée à payer les services de l'administration centrale et les investissements dans les autres régions. La méthode, qui ressemble au système aujourd'hui en place au Pays basque et en Navarre, aurait surtout permis à la région la plus riche du pays de réduire sa participation à la solidarité nationale.
Peine perdue. «Rajoy a été aimable et affable,a décrit Mas. Mais sa réponse a été franche. Il n'y a pas de marge pour le pacte fiscal.» Le chef du gouvernement, tout de même, a ouvert la porte à une négociation en 2013. «Mais la Catalogne ne peut répondre à ses aspirations par une simple amélioration du système actuel», a jugé le président de la Generalitat, le gouvernement catalan.
Le chef de l'exécutif espagnol n'a pas tenu de conférence de presse à l'issue de l'entretien. Les Espagnols attendaient surtout la réaction de Mas.«La voie du pacte fiscal est bloquée, il est inutile de nous entêter,a-t-il estimé. Nous devons à présent lancer une réflexion et prendre des décisions.» Mas a évoqué le débat de politique générale qui doit se dérouler la semaine prochaine au Parlement régional. La presse espagnole, ainsi que les adversaires de CiU tablent sur la convocation d'élections régionales anticipées.
«La nation catalane»
Volontairement ambigu, comme à chaque fois qu'il aborde la question de l'indépendance, Mas a alterné le chaud et le froid. Après avoir écarté «un débat en termes de rupture», il a évoqué la grande manifestation indépendantiste du 11 septembre dernier. Puis il a lancé: «Si la Catalogne veut tracer une route vers son avenir, on ne peut pas simplement lui opposer la Constitution.» En réponse implicite au roi d'Espagne, qui a appelé ses sujets à se rassembler et à renoncer aux «chimères», Mas a déclaré: «La Catalogne se considère comme une nation. On ne va pas changer cette réalité par des déclarations, même de très haut niveau.»
Ce discours flou permet à CiU de ratisser large, des sécessionnistes pressés d'en découdre avec Madrid jusqu'aux chefs d'entreprise inquiets pour leurs débouchés sur le marché espagnol. En pleine crise, la thèse du «pacte fiscal» avait l'avantage de fédérer les mécontentements en les dirigeant contre le pouvoir central. Pour être cohérent, Mas doit désormais s'éloigner un peu plus de l'Espagne. Par voie de communiqué, Rajoy a appelé la Generalitat à la «responsabilité».
Par Mathieu de Taillac
Par cette formule, le gouvernement catalan entendait centraliser la gestion des impôts sur son territoire. La Catalogne aurait ensuite versé à l'État une somme destinée à payer les services de l'administration centrale et les investissements dans les autres régions. La méthode, qui ressemble au système aujourd'hui en place au Pays basque et en Navarre, aurait surtout permis à la région la plus riche du pays de réduire sa participation à la solidarité nationale.
Peine perdue. «Rajoy a été aimable et affable,a décrit Mas. Mais sa réponse a été franche. Il n'y a pas de marge pour le pacte fiscal.» Le chef du gouvernement, tout de même, a ouvert la porte à une négociation en 2013. «Mais la Catalogne ne peut répondre à ses aspirations par une simple amélioration du système actuel», a jugé le président de la Generalitat, le gouvernement catalan.
Le chef de l'exécutif espagnol n'a pas tenu de conférence de presse à l'issue de l'entretien. Les Espagnols attendaient surtout la réaction de Mas.«La voie du pacte fiscal est bloquée, il est inutile de nous entêter,a-t-il estimé. Nous devons à présent lancer une réflexion et prendre des décisions.» Mas a évoqué le débat de politique générale qui doit se dérouler la semaine prochaine au Parlement régional. La presse espagnole, ainsi que les adversaires de CiU tablent sur la convocation d'élections régionales anticipées.
«La nation catalane»
Volontairement ambigu, comme à chaque fois qu'il aborde la question de l'indépendance, Mas a alterné le chaud et le froid. Après avoir écarté «un débat en termes de rupture», il a évoqué la grande manifestation indépendantiste du 11 septembre dernier. Puis il a lancé: «Si la Catalogne veut tracer une route vers son avenir, on ne peut pas simplement lui opposer la Constitution.» En réponse implicite au roi d'Espagne, qui a appelé ses sujets à se rassembler et à renoncer aux «chimères», Mas a déclaré: «La Catalogne se considère comme une nation. On ne va pas changer cette réalité par des déclarations, même de très haut niveau.»
Ce discours flou permet à CiU de ratisser large, des sécessionnistes pressés d'en découdre avec Madrid jusqu'aux chefs d'entreprise inquiets pour leurs débouchés sur le marché espagnol. En pleine crise, la thèse du «pacte fiscal» avait l'avantage de fédérer les mécontentements en les dirigeant contre le pouvoir central. Pour être cohérent, Mas doit désormais s'éloigner un peu plus de l'Espagne. Par voie de communiqué, Rajoy a appelé la Generalitat à la «responsabilité».
Par Mathieu de Taillac