Quatre ans presque exactement après la tournée à l'étranger de Barack Obama, alors candidat à la Maison-Blanche, c'est au tour de Mitt Romney de tenter de se donner une stature internationale avec un voyage de six jours, qui a commencé mercredi en Grande-Bretagne et se poursuivra par Israël et la Pologne. Ce «test» sur la scène internationale du candidat républicain ne ressemble en rien à celui de son rival. L'équipe de campagne de Romney avait laissé entendre avant son départ que ce serait une tournée aux ambitions modestes, au cours de laquelle le gouverneur s'appliquerait à «écouter et apprendre».
En 2008, le sénateur Obama s'était rendu dans les zones de conflits, au Moyen-Orient et aussi en Europe où le premier candidat noir à la Maison-Blanche avait été accueilli en rock star. Mitt Romney, grand inconnu sur la scène internationale, a opté, lui, pour un voyage à risques limités. La Grande-Bretagne et Israël sont les deux alliés les plus proches des États-Unis. La Pologne, qui ne fait plus partie depuis longtemps des priorités de Washington, est quant à elle un pays où Barack Obama jouit d'une popularité bien inférieure à celle dont il bénéficie dans le reste de l'Europe occidentale. Le candidat républicain y rencontrera le héros de la guerre froide Lech Walesa, mais, selon le Washington Post, il aurait des difficultés à trouver les 2000 invités espérés pour créer un événement dans la capitale.
Des défaillances «troublantes»
Les visites à l'étranger, routine dans les campagnes présidentielles américaines, comportent toujours un élément de danger pour le candidat, dont les moindres faits et gestes sont observés à la loupe par les médias américains. Hélas, pour Mitt Romney, son voyage a commencé par des couacs. Il n'avait pas encore posé les pieds sur le sol britannique qu'il faisait déjà l'objet d'une polémique et à peine avait-il atterri qu'il commettait lui-même son premier impair diplomatique. Le Daily Telegraph a prêté à l'un de ses conseillers des propos sur Obama qui peuvent passer pour racistes. «Nous partageons le même héritage anglo-saxon et Mitt Romney pense que la relation privilégiée (avec la Grande-Bretagne) est quelque chose de spécial (…). La Maison-Blanche n'a pas pleinement pris en considération l'histoire que nous partageons», aurait déclaré ce conseiller. Mitt Romney s'est empressé de condamner la remarque, mais l'occasion était trop belle pour le camp Obama. Le stratège du président, David Axelrod, a jugé ces déclarations «incroyablement choquantes».
Quant à Mitt Romney, il a provoqué la consternation en Grande-Bretagne, en critiquant dans une interview pour la chaîne NBC l'organisation des Jeux olympiques de Londres, jugeant «troublantes» et «peu encourageantes» les défaillances de la société chargée de la sécurité des JO. Jeudi, il a tenté de rattraper sa bourde alors qu'il enchaînait les rencontres avec David Cameron, Tony Blair et nombre d'autres personnalités politiques britanniques.
Avec le premier ministre, qui n'a pas manqué de lui assurer que son pays «serait à la hauteur» des JO, l'entretien a été bref. Les deux hommes ont beau être tous deux de droite, leurs partis respectifs se sont considérablement éloignés. Et David Cameron, qui qualifie Barack Obama d'«ami», s'était gardé de rencontrer Romney lors de sa récente visite à Washington.
Le candidat républicain devrait recevoir un accueil plus chaleureux en Israël. Il entretient de bonnes relations avec Benyamin Nétanyahou depuis leur expérience commune dans la finance à Boston. Il sera également plus aisé à ce dernier de faire la différence avec Barack Obama, qui a des rapports compliqués avec le premier ministre de l'État hébreu.
Vague promesse
Israël est, comme la Grande-Bretagne, un territoire de prédilection pour la chasse au vote des Américains de l'étranger et aux portefeuilles des donateurs. Mitt Romney y courtisera un électorat conservateur largement acquis. Mais celui qui est surtout connu à l'étranger pour sa religion mormone et sa richesse personnelle mettra-t-il à profit cette occasion pour dévoiler les grands traits de sa politique étrangère pour l'instant largement réduite à la dénonciation de celle de son rival et à la vague promesse d'un retour à une Amérique puissante, modèle de liberté?
Le président Obama, qui jouit d'un très net avantage dans l'opinion en matière de politique étrangère, le presse d'abattre ses cartes. À quelque cent jours de l'élection, il lui est demandé d'être beaucoup plus clair sur des dossiers cruciaux comme le Proche-Orient, la guerre en Syrie, le retrait en Afghanistan, le dossier nucléaire iranien ou la Chine, même si l'économie reste l'enjeu principal de la bataille.
Les deux candidats se rejoignent dans les sondages
Donné vainqueur haut la main de l'élection présidentielle il y a encore trois mois dans les sondages, le président sortant démocrate, Barack Obama, a vu son avance fondre face à son rival républicain Mitt Romney.
À un peu plus de trois mois du scrutin du mardi 6 novembre, le chef de l'État est même crédité pour la première fois d'un score inférieur. Il serait à 46 % contre 47 pour l'ancien gouverneur du Massachusetts, selon une enquête CBS/New York Times. Un autre sondage, réalisé par Daily Kos/SEIU State of the Nation, place quant à lui les deux hommes ex aequo, à 46 %.
Barack Obama pâtit du moral au plus bas des ménages américains, de plus en plus soucieux de la dégradation de l'économie. 55 % des personnes interrogées jugent sa gestion de la crise déficiente. Avec un taux de chômage stabilisé autour de 8 % et qui refuse obstinément de baisser, seuls 24 % des Américains estiment que l'horizon s'éclaircit, contre 33 % en avril.
Plus préoccupant encore, et bien qu'il conserve les faveurs du vote latino, Barack Obama est contesté sur le plan personnel, alors même que son charisme constituait un de ses principaux atouts face à un candidat républicain sans réel panache. Le président démocrate ne recueille plus que 36 % d'opinions favorables, contre 42 % en avril.
Par Adèle Smith
Par Service infographie du Figaro
En 2008, le sénateur Obama s'était rendu dans les zones de conflits, au Moyen-Orient et aussi en Europe où le premier candidat noir à la Maison-Blanche avait été accueilli en rock star. Mitt Romney, grand inconnu sur la scène internationale, a opté, lui, pour un voyage à risques limités. La Grande-Bretagne et Israël sont les deux alliés les plus proches des États-Unis. La Pologne, qui ne fait plus partie depuis longtemps des priorités de Washington, est quant à elle un pays où Barack Obama jouit d'une popularité bien inférieure à celle dont il bénéficie dans le reste de l'Europe occidentale. Le candidat républicain y rencontrera le héros de la guerre froide Lech Walesa, mais, selon le Washington Post, il aurait des difficultés à trouver les 2000 invités espérés pour créer un événement dans la capitale.
Des défaillances «troublantes»
Les visites à l'étranger, routine dans les campagnes présidentielles américaines, comportent toujours un élément de danger pour le candidat, dont les moindres faits et gestes sont observés à la loupe par les médias américains. Hélas, pour Mitt Romney, son voyage a commencé par des couacs. Il n'avait pas encore posé les pieds sur le sol britannique qu'il faisait déjà l'objet d'une polémique et à peine avait-il atterri qu'il commettait lui-même son premier impair diplomatique. Le Daily Telegraph a prêté à l'un de ses conseillers des propos sur Obama qui peuvent passer pour racistes. «Nous partageons le même héritage anglo-saxon et Mitt Romney pense que la relation privilégiée (avec la Grande-Bretagne) est quelque chose de spécial (…). La Maison-Blanche n'a pas pleinement pris en considération l'histoire que nous partageons», aurait déclaré ce conseiller. Mitt Romney s'est empressé de condamner la remarque, mais l'occasion était trop belle pour le camp Obama. Le stratège du président, David Axelrod, a jugé ces déclarations «incroyablement choquantes».
Quant à Mitt Romney, il a provoqué la consternation en Grande-Bretagne, en critiquant dans une interview pour la chaîne NBC l'organisation des Jeux olympiques de Londres, jugeant «troublantes» et «peu encourageantes» les défaillances de la société chargée de la sécurité des JO. Jeudi, il a tenté de rattraper sa bourde alors qu'il enchaînait les rencontres avec David Cameron, Tony Blair et nombre d'autres personnalités politiques britanniques.
Avec le premier ministre, qui n'a pas manqué de lui assurer que son pays «serait à la hauteur» des JO, l'entretien a été bref. Les deux hommes ont beau être tous deux de droite, leurs partis respectifs se sont considérablement éloignés. Et David Cameron, qui qualifie Barack Obama d'«ami», s'était gardé de rencontrer Romney lors de sa récente visite à Washington.
Le candidat républicain devrait recevoir un accueil plus chaleureux en Israël. Il entretient de bonnes relations avec Benyamin Nétanyahou depuis leur expérience commune dans la finance à Boston. Il sera également plus aisé à ce dernier de faire la différence avec Barack Obama, qui a des rapports compliqués avec le premier ministre de l'État hébreu.
Vague promesse
Israël est, comme la Grande-Bretagne, un territoire de prédilection pour la chasse au vote des Américains de l'étranger et aux portefeuilles des donateurs. Mitt Romney y courtisera un électorat conservateur largement acquis. Mais celui qui est surtout connu à l'étranger pour sa religion mormone et sa richesse personnelle mettra-t-il à profit cette occasion pour dévoiler les grands traits de sa politique étrangère pour l'instant largement réduite à la dénonciation de celle de son rival et à la vague promesse d'un retour à une Amérique puissante, modèle de liberté?
Le président Obama, qui jouit d'un très net avantage dans l'opinion en matière de politique étrangère, le presse d'abattre ses cartes. À quelque cent jours de l'élection, il lui est demandé d'être beaucoup plus clair sur des dossiers cruciaux comme le Proche-Orient, la guerre en Syrie, le retrait en Afghanistan, le dossier nucléaire iranien ou la Chine, même si l'économie reste l'enjeu principal de la bataille.
Les deux candidats se rejoignent dans les sondages
Donné vainqueur haut la main de l'élection présidentielle il y a encore trois mois dans les sondages, le président sortant démocrate, Barack Obama, a vu son avance fondre face à son rival républicain Mitt Romney.
À un peu plus de trois mois du scrutin du mardi 6 novembre, le chef de l'État est même crédité pour la première fois d'un score inférieur. Il serait à 46 % contre 47 pour l'ancien gouverneur du Massachusetts, selon une enquête CBS/New York Times. Un autre sondage, réalisé par Daily Kos/SEIU State of the Nation, place quant à lui les deux hommes ex aequo, à 46 %.
Barack Obama pâtit du moral au plus bas des ménages américains, de plus en plus soucieux de la dégradation de l'économie. 55 % des personnes interrogées jugent sa gestion de la crise déficiente. Avec un taux de chômage stabilisé autour de 8 % et qui refuse obstinément de baisser, seuls 24 % des Américains estiment que l'horizon s'éclaircit, contre 33 % en avril.
Plus préoccupant encore, et bien qu'il conserve les faveurs du vote latino, Barack Obama est contesté sur le plan personnel, alors même que son charisme constituait un de ses principaux atouts face à un candidat républicain sans réel panache. Le président démocrate ne recueille plus que 36 % d'opinions favorables, contre 42 % en avril.
Par Adèle Smith
Par Service infographie du Figaro