De notre envoyée spéciale à Denver
Pour le premier duel de la campagne présidentielle, tout le monde ou presque s'attendait à ce que le président écrase son adversaire, qui se trouvait sous forte pression en raison de mauvais sondages et d'une séquence calamiteuse de gaffes en série ces dernières semaines. Mais rien de tel ne s'est produit. Au contraire. Ce mercredi soir aura clairement été la soirée de Mitt Romney, sorti renforcé d'un débat de fond poli et technique, où Obama est apparu plutôt désengagé, se battant sans brio pour défendre son bilan économique mitigé.
Il est 19 heures piles mercredi soir à Denver. Les deux épouses des candidats, Michelle en bleu roi, et Ann en blanc, se sont embrassées avant de prendre place au premier rang dans l'auditoire, dans un amphithéâtre du campus de l'université de Denver. Jim Lehrer, le modérateur, journaliste chevronné qui a animé de tels duels maintes fois, s'est assis dos à la salle et face à l'estrade. «Silence absolu», a-t-il intimé à la salle. Il annonce que le débat sera consacré aux affaires intérieures et divisé en six chapitres, dont trois sur l'économie… Les deux hommes font leur apparition et se saluent en souriant. C'est parti pour 90 minutes d'un débat courtois et détaillé. Une vraie conversation de fond, sans concessions, mais sans coups d'éclats.
Le professeur et l'étudiant
Ce qui frappe d'entrée dès les premiers segments de discussion, consacrés aux emplois et aux impôts, c'est à quel point le gouverneur Romney est à l'aise, bien préparé. Contrairement aux anticipations des médias, il est à la fois calme et offensif, reprenant la parole pour préciser ses intentions ou nier les accusations d'Obama, tandis que le président semble moins présent. Obama l'accuse à plusieurs reprises de vouloir préparer des réductions d'impôts de 5000 milliards de dollars pour les classes les plus riches et se demande comment dans ces conditions il sera possible d'équilibrer le budget sans imposer durement les classes moyennes. Romney réfute à plusieurs reprises, puis revient sur son programme, basé, dit-il sur la croissance de l'économie et notamment celle des PME, profondément frappées, dit-il par les mesures d'imposition d'Obama. «Vos mesures vont coûter 700.000 emplois au pays», avertit-il. Le débat devient complexe mais Romney reste maître de ses sujets, de Medicare à la réforme de la santé. «Il avait l'air du professeur et Obama de l'étudiant», notera plus tard, l'ancien maire de New York, Rudolf Giuliani.
Les deux hommes à l'issue du débat. Crédits photo : POOL/REUTERS
À plusieurs reprises, les deux hommes tombent d'accord, notamment sur la nécessité d'investir dans l'éducation pour construire l'économie du futur. Mais ils sont en opposition sur la philosophie générale, et notamment sur le rôle de l'État, qu'Obama voit comme un moyen de créer un marchepied pour donner sa chance à tous, tandis que Romney fait confiance en général au privé.
Les républicains rayonnent
À plusieurs reprises, Romney attaque sur le bilan économique, parlant «d'une voie qui est mauvaise et n'a pas apporté le succès». Obama, lui, ne tente à aucun moment de tirer partie de la vidéo malheureuse, où l'on voit Romney affirmer qu'il ne doit pas s'occuper des 47% d'Américains qui veulent vivre comme des assistés… Pourquoi?
Après le débat, il suffit de jeter un coup d'œil aux «spin docteurs» qui se baladent dans «l'allée des interprétations», pour comprendre qui a gagné. Les républicains rayonnent. Rob Portman, le sénateur de l'Ohio qui a préparé Mitt Romney, jouant le rôle d'Obama pendant une demi douzaine de rencontres», se dit «très content» de la prestation de son champion. «On a vu le vrai Mitt, loin de la caricature qui a été peinte de lui», se réjouit-il. Le jeune sénateur cubain Marco Rubio affirme que le débat va changer la dynamique de l'élection.
Côté démocrate, David Axelrod, l'un des principaux conseillers d'Obama, paraît sur la défensive. Quand un reporter lui demande s'il confirme avoir dit que Romney pourrait avoir un rebond de popularité, il n'exclut pas que cela se produise... Lui et David Plouffe, le stratège de la campagne du président, parlent d'une campagne de fond, plus large qu'un débat. Mais les faits sont là. Romney a été bon et pourrait bien gagner la confiance de certains déçus d'Obama qui hésitaient à lui redonner.
Par Laure Mandeville
Pour le premier duel de la campagne présidentielle, tout le monde ou presque s'attendait à ce que le président écrase son adversaire, qui se trouvait sous forte pression en raison de mauvais sondages et d'une séquence calamiteuse de gaffes en série ces dernières semaines. Mais rien de tel ne s'est produit. Au contraire. Ce mercredi soir aura clairement été la soirée de Mitt Romney, sorti renforcé d'un débat de fond poli et technique, où Obama est apparu plutôt désengagé, se battant sans brio pour défendre son bilan économique mitigé.
Il est 19 heures piles mercredi soir à Denver. Les deux épouses des candidats, Michelle en bleu roi, et Ann en blanc, se sont embrassées avant de prendre place au premier rang dans l'auditoire, dans un amphithéâtre du campus de l'université de Denver. Jim Lehrer, le modérateur, journaliste chevronné qui a animé de tels duels maintes fois, s'est assis dos à la salle et face à l'estrade. «Silence absolu», a-t-il intimé à la salle. Il annonce que le débat sera consacré aux affaires intérieures et divisé en six chapitres, dont trois sur l'économie… Les deux hommes font leur apparition et se saluent en souriant. C'est parti pour 90 minutes d'un débat courtois et détaillé. Une vraie conversation de fond, sans concessions, mais sans coups d'éclats.
Le professeur et l'étudiant
Ce qui frappe d'entrée dès les premiers segments de discussion, consacrés aux emplois et aux impôts, c'est à quel point le gouverneur Romney est à l'aise, bien préparé. Contrairement aux anticipations des médias, il est à la fois calme et offensif, reprenant la parole pour préciser ses intentions ou nier les accusations d'Obama, tandis que le président semble moins présent. Obama l'accuse à plusieurs reprises de vouloir préparer des réductions d'impôts de 5000 milliards de dollars pour les classes les plus riches et se demande comment dans ces conditions il sera possible d'équilibrer le budget sans imposer durement les classes moyennes. Romney réfute à plusieurs reprises, puis revient sur son programme, basé, dit-il sur la croissance de l'économie et notamment celle des PME, profondément frappées, dit-il par les mesures d'imposition d'Obama. «Vos mesures vont coûter 700.000 emplois au pays», avertit-il. Le débat devient complexe mais Romney reste maître de ses sujets, de Medicare à la réforme de la santé. «Il avait l'air du professeur et Obama de l'étudiant», notera plus tard, l'ancien maire de New York, Rudolf Giuliani.
Les deux hommes à l'issue du débat. Crédits photo : POOL/REUTERS
À plusieurs reprises, les deux hommes tombent d'accord, notamment sur la nécessité d'investir dans l'éducation pour construire l'économie du futur. Mais ils sont en opposition sur la philosophie générale, et notamment sur le rôle de l'État, qu'Obama voit comme un moyen de créer un marchepied pour donner sa chance à tous, tandis que Romney fait confiance en général au privé.
Les républicains rayonnent
À plusieurs reprises, Romney attaque sur le bilan économique, parlant «d'une voie qui est mauvaise et n'a pas apporté le succès». Obama, lui, ne tente à aucun moment de tirer partie de la vidéo malheureuse, où l'on voit Romney affirmer qu'il ne doit pas s'occuper des 47% d'Américains qui veulent vivre comme des assistés… Pourquoi?
Après le débat, il suffit de jeter un coup d'œil aux «spin docteurs» qui se baladent dans «l'allée des interprétations», pour comprendre qui a gagné. Les républicains rayonnent. Rob Portman, le sénateur de l'Ohio qui a préparé Mitt Romney, jouant le rôle d'Obama pendant une demi douzaine de rencontres», se dit «très content» de la prestation de son champion. «On a vu le vrai Mitt, loin de la caricature qui a été peinte de lui», se réjouit-il. Le jeune sénateur cubain Marco Rubio affirme que le débat va changer la dynamique de l'élection.
Côté démocrate, David Axelrod, l'un des principaux conseillers d'Obama, paraît sur la défensive. Quand un reporter lui demande s'il confirme avoir dit que Romney pourrait avoir un rebond de popularité, il n'exclut pas que cela se produise... Lui et David Plouffe, le stratège de la campagne du président, parlent d'une campagne de fond, plus large qu'un débat. Mais les faits sont là. Romney a été bon et pourrait bien gagner la confiance de certains déçus d'Obama qui hésitaient à lui redonner.
Par Laure Mandeville