Au Sénégal, les médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes, sont en mouvement d’humeur
depuis deux jours, pour réclamer de meilleures conditions de travail. Une grève de 48 heures largement suivie sur toute l’étendue du territoire nationale. A l’exception des urgences, le mot d’ordre concerne toutes les
activités non urgentes.
Il n’y a pas eu de consultations ni de rendez-vous à l’hôpital depuis deux jours avec la grève du Samess (Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal). Seules les ur- gences sont assurées. Ces praticiens réclament de meilleures conditions de travail. A part les ur- gences, tout a été “bloqué”. Le mot d’ordre a été largement suivi sur toute l’étendue du territoire nationale. Que ce soit à Dakar, à Thiès, à Ziguinchor, à Linguère ou à Matam, le mot d’avertissement a été respecté à la lettre et à 100% par les blouses blanches. D’abord à Dakar, à l’hôpital Roi Baudouin de Guédiawaye, les services qui étaient habituellement fréquentés n’ont pas vu l’ombre d’un méde- cin. Ce sont les services de consul- tations externes, de pédiatrie et de radiologie qui sont désemplis de leurs patients en raison de la grève de 48 heures décrétée par le Sames. Ici, beaucoup de patients se sont retrouvé sans prise en charge. Sauf les urgences, comme le rappelle le major Adama Gou- diaby qui a tenu au respect du ser- vice minimum. “Dans pareille situation, il y a le service minimum qui est assuré. Ce sont les ur- gences. En ce qui concerne les ren- dez-vous, j’ai instruit à toutes les secrétaires des dispositions pour que ces rendez-vous ne soient pas reportés à une date lointaine. Il faudra tout faire pour que dès la semaine prochaine tous ces pa- tients qui devraient bénéficier de consultations puissent être pris en charge. Je suis en train de veiller à la continuité de sorte qu’il n’y ait
pas de couacs dans les services. Il y a des cas qu’on ne peut pas gérer. Il y a des médecins sur place qui assurent le service minimum en gynécologie, en pédiatrie, au SAU (service d’accueil d’urgence), le la- boratoire comme la radiologie éga- lement, autant pour le bloc opératoire aussi”, a-t-il assuré.
Tout comme à Linguère où les médecins des districts sanitaires ont largement suivi le mot d’ordre, leurs camarades de Thiès ont été aussi absents des lieux. A l’hôpital régional de Thiès, tous les rendez- vous ont été renvoyés. Le secré- taire général du Sames section Thiès, Dr Cheikh Diop, explique entre autres raisons qui ont motivé ce mouvement d’arrêt. Notam- ment l’insuffisance en ressources humaines. “Beaucoup de patients se plaignent de la durée d’attente dans les hôpitaux parce qu’il n’y a pas assez de médecins. Ils ne sont pas assez nombreux. Il y a des ren- dez-vous où ils sont tenus d’atten- dre un à deux mois avant de voir un spécialiste. L’Etat doit penser au recrutement. Déjà, il y a des spé- cialises qui sont là et qui chôment. Il faut que l’Etat s’investisse dans ce sens en recrutant du personnel médical, des pharmaciens et des chirurgiens-dentistes pour soula- ger la population”, a -t-il expliqué.
Il dénonce aussi la panne répéti- tive du scanner qui, dit-il, concerne toute la population de Thiès qui va inciter les populations à aller dans
les structures privées où ça coûte excessivement cher”.
A l’hôpital Amadou Sakhir Ndié- guène de Thiès, le chef du service administratif et financier, Mariama Cissokho Sow, parle de mouve- ment suivi à la lettre par les méde- cins qui font les consultations et les actes opératoires. Elle informe que, dans cette grève, seules les urgences sont respectées comme l’a instruit le syndicat gréviste. Ce qui ne manque pas de consé- quence en termes de surcharge de travail dans les services des ur- gences. “ C’est clair. Si la moitié des médecins ne travaillent pas, dit- elle, cela se ressent à l’hôpital”. Le chef du service des urgences dudit établissement de santé, Dr Cheikh Ahmed Tidiane Ndiaye, abonde dans le même sens. “Il y aura un grand impact dans la prise en charge des malades parce que de- puis ce matin (Ndlr : hier) il y a des patients qui devaient être consul- tés en consultation normale et qui viennent au niveau des urgences”, a-t-il laissé entendre.
Ici, comme partout ailleurs à l’instar de Ziguinchor, les médecins ont croisé les bras pour 48 heures. Les patients qui se sont déplacés n’ont pas trouvé le personnel mé- dical sur place. “Cette grève va causer beaucoup de dégâts sur la vie des gens”, a dit ce patient qui demande aux médecins de surtout penser aux sénégalais goorgorlou qui n’ont pas les moyens d’aller se
faire soigner dans le privé, en sous- région ou à l’étranger.
Le mouvement d’humeur s’est fait fortement ressenti du côté des patients qui vont devoir “gérer” leur mal, deux jours durant. Déjà, à côté du Sames, l’Association des médecins internes et anciens in- ternes des hôpitaux et le Collectif des médecins en spécialisation ont aussi décrété un mot d’ordre de 48 heures sur toute l’étendue du ter- ritoire national. Ils dénoncent la persistance des mauvaises condi- tions de travail et l’inaction du gouvernement par rapport à leurs revendications.
Source : https://letemoin.sn/2025/02/19/sames-les-medecins-...