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SEPT ANS D’ACTIVITES FINANCIERES ISLAMIQUES AU SENEGAL: La BIS déroule


Rédigé par leral.net le Mardi 15 Avril 2025 à 19:11 | | 0 commentaire(s)|

« Equitable » et « éthique » sont les caractéristiques principales de son activité de banque et malgré un total bilan qui dépasse les 1000 milliards de Fcfa et une troisième place sur la trentaine de banques au Sénégal, les subtilités de la finance islamique sont souvent méconnues. Le 12 avril dernier à Dakar, les responsables de la Banque islamique du Sénégal (BIS) ont décidé de sortir des bureaux pour aller au contact des populations.
SEPT ANS D’ACTIVITES FINANCIERES ISLAMIQUES AU SENEGAL: La BIS déroule
Ijara, Istisna, Mudaraba, Musharaka, Sukuk, Qard Hassan… Il y a ceux qui ne la connaissent pas et qui demandent ce que c’est ; il y a surtout ceux qui en entendent parler et qui ne distinguent pas la différence entre le produit de la Banque islamique du Sénégal (BIS) et la banque conventionnelle. « Ce sont souvent les questions qui nous reviennent », indique Mme Aminata Faye Seck, Directrice générale de la Banque islamique du Sénégal (BIS).
 
Elle intervenait à l’occasion d’un panel que sa structure a organisé le 12 avril dernier à Dakar et qui a réuni un parterre de oulémas, de spécialistes et autres non initiés à la finance islamique. Si la finance islamique semble se présenter comme un système concurrent du système financier « conventionnel », sa particularité réside dans son modèle financier basé sur la conformité avec les principes de la charia, la loi islamique.
 
Au Sénégal, la production 2022 a fait ressortir un taux de conformité de 99,25% pour les financements et 100% pour les dépôts. Par ailleurs, comme l’expliquent les spécialistes de la BIS, la finance islamique distingue les modes de financement « avec participation » et « sans participation ».
 
Prenons le financement «avec participation» qui repose sur le principe de partage des pertes et profits et où, dans un cas, la banque se contente d’apporter le capital financier à l’entrepreneur. On parle alors de moudaraba, contrat de partenariat passif s’apparentant au fonctionnement d’une société en commandite dans le système financier classique. La banque (l’associé bailleur de fonds) ne dispose d’aucun droit de regard sur la gestion du projet et en cas d’échec, la perte en capital est totalement supportée par la banque ; à l’inverse, dans le cas d’une mouchara, la banque peut intervenir dans la gestion du projet. De par ses modalités de fonctionnement, ce partenariat actif entre l’entrepreneur et la banque se rapproche d’une joint-venture couramment rencontrée en finance classique. En cas d’échec, la perte est supportée par l’ensemble des associés (deux au minimum) selon l’apport en capital préalablement effectué par chacun. Quant aux opérations "sans participation" qui concernent essentiellement les opérations à caractére commercial (achat ou vente d'actif), le mourabaha et l'ijara sont les contrats les plus utilisés. Le premier est un contrat de vente soumis à des clauses  précises issues des principes énoncés par la charia. Dans ce cas, la banque islamique joue le rôle d’intermédiaire financier entre l’acheteur et le vendeur et achète au comptant un bien pour le compte d’un client, pour ensuite lui revendre à un prix augmenté d’une marge bénéficiaire.
 
 
Entre prêt classique et « prêt » islamique 
 
Un individu décide d’acheter un bien (par exemple une voiture). La banque achète pour le compte du client ce bien et devient ainsi co-investisseur avec l’emprunteur. Le remboursement s’effectuera sous forme de versements de loyers augmentés d’une marge bénéficiaire. Cette marge ne s’apparente pas à un intérêt (Riba) puisqu’elle correspond à la transformation d’un paiement de court terme en long terme, autorisée par la loi islamique.
 
Jusqu’ici, il n’existe pas de différence significative entre l’octroi d’un prêt par une banque classique et une banque islamique. Mais de manière simple, Imam Dame Ndiaye, président de la Ligue des Imams et Prédicateurs du Sénégal (LIPS), explique « l’effort fourni dans le cas d’une vente et qui ne peut être quantifié et  l’octroi d’un prêt classique assujetti d’un intérêt qui ne sert qu’à couvrir un risque ». Aussi en finance islamique, si l’emprunteur présente des difficultés dans le cadre du remboursement de son prêt, la banque ne peut facturer des pénalités de retard (aucune réalité ne le justifie : il n’existe pas d’actif sous-jacent). « Ces subtilités ne sont pas toujours perceptibles et c’est pourquoi nous nous évertuons à expliquer ce qui fait la conformité d’un produit de finance islamique », précise la Directrice générale  de la BIS.   
 
 
57 % de l’épargne nationale
 
Dans son Instruction 002-003-2018 entrée en vigueur le 21 Mars 2018, la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) distingue deux catégories : les Etablissement de Crédit exerçant exclusivement l’activité Bancaire conforme aux principes et règles de la Finance Islamique et les Etablissements de Crédit l’exerçant partiellement à travers une Branche dédiée. La Banque islamique du Sénégal (BIS) est dans la première catégorie. En seulement sept (7) années d’activités, la BIS se place aujourd’hui à la troisième marche au podium du classement des banques au Sénégal. L’évolution remarquable de la Bis est à la mesure d’un total bilan de plus de 1000 milliards de Fcfa ; une implantation d’une cinquantaine d’agences sur le territoire sénégalais et à travers lesquelles 57 % de l’épargne nationale est collectée par ladite banque islamique. De plus, selon sa Directrice générale, Madame Aminata Faye Seck, « La Bis vient de finaliser une augmentation de capital qui passe de 20 à 50 milliards de Fcfa. »
 
Par la BIS, la finance islamique gagne du terrain au Sénégal. Un terrain propice avec une population à majorité musulmane(95%), soucieuse d’une finance éthique, non spéculative et basée sur l’économie réelle et qui, à travers ses différents instruments et produits et leurs rendements, constituent une véritable opportunité pour le financement de l’économie, la relance de l’emploi, la lutte contre la pauvreté, entre autres. A la faveur de la dernière loi bancaire adoptée à l’Assemblée nationale, la BIS est en passe de se lancer dans la microfinance islamique à travers le projet « Buchra ».
 
Le challenge, selon Madame Aminata Faye Seck de la BIS, « Se hisser plus haut et gagner davantage de parts de marché et cela passe par davantage de proximité géographique, mais aussi, adapter nos offres en termes d’innovation technologique à travers le digital. »
 
Parfaitement intégrée au système capitaliste, la finance islamique en utilise tous les rouages, tant et si bien que ses capitaux semblent désormais indispensables à la bonne marche de l’économie mondiale. Symbole de l’intégration de la finance islamique dans l’économie globale, il existe même un « indice Dow Jones du marché islamique ».
Malick NDAW
 
 
 



Source : https://www.lejecos.com/SEPT-ANS-D-ACTIVITES-FINAN...

La rédaction